« Neurosciences/Les méthodes pour étudier le cerveau » : différence entre les versions

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==La méthode des lésions : l'usage de l'anatomie==
 
La première méthode est la '''méthode des lésions''', une méthode anatomique ancienne qui a longtemps eu son heure de gloire et qui reste encore une méthode très utilisée. Celle-ciElle étudieconsiste les patients cérébrolésés, età notammentétudier les conséquences de lésions cérébrales en fonction de leur localisation. LaLe théorieprincipe cachéecaché derrière cette méthode est la ''théorie localisationiste'', qui postule que chaque portion du cerveau a une fonction bien précise. :Par exemple, telle portion du cerveau serait impliquée dans la mémoire, telle autre dans le langage, et ainsi de suite. En conséquence, toute lésion d'une aire cérébrale devrait retenir sur la ou les facultés associées. Ainsi, si la lésion d'une aire entraine un déficit mnésique, on peut clairement dire que celle-ci est impliquée dans la mémoire. Cette méthodethéorie a donné nombre de résultats importants dans le domaine des neurosciences, certains cas comme celui d'H.M ou de Phinéas Gage étant devenus iconiques. Le seul défaut de cette méthode est que les lésions localisées sont relativement rares, la majorité des AVC ou traumatismes ayant des conséquences assez dispersées dans le cerveau ou touchant de très nombreuses aires cérébrales. La théorielocalisationiste "une aire = une fonction" peut aussi être critiquée, dans une certaine mesure, ce qui brouille les interprétations des observations lésionnelles ! N'oublions pas que la corrélation aire lésée <-> trouble fonctionnel est une corrélation, pas une causalité ! LesMais variabilitésdans inter-individuellesles peuventfaits, aussila poserméthode problèmesdes :lésions sia unpermis patientde léségrandes auavancées lobedans temporalle adomaine des troublesneurosciences duet langage,elle ilcomplète separfaitement peutles que d'autres ne soient pas dans leméthodes mêmeplus casrécentes.
 
Historiquement, cette méthode a été l'une des première à être utilisée. Dès 1860, le savant Paul Broca a étudié le cas d'un patient surnommé "Tan", qu'une lésion dans l'hémisphère gauche avait privé de langage. Ce patient ne pouvait plus parler correctement et son discours se résumait à quelques mots isolés, sans phrase, ni grammaire, ni syntaxe. A son autopsie, Broca détermina que la lésion responsable était localisée dans une petite portion de l'hémisphère gauche, dans son lobe frontal. Et c'est ainsi que la première corrélation entre aire et fonction fût découverte. Par la suite, d'autres cas similaires, comme ceux du patient H.M ou de Phinéas Gage, sont devenus iconiques et sont mentionnés dans tout cours de neurosciences ou de neurologie qui se respecte.
 
Pour fonctionner cette méthode demande plusieurs conditions. Premièrement, il faut identifier fidèlement les déficits causés par la ou les lésions. Les neurologues disposent de toute une batterie de test neuropsychologiques qui permettent d'étudier l'attention, la mémoire, le langage et d'autres fonctions intellectuelles élaborées. Les neurologues disposent de batteries de tests neurologiques pour tester la sensibilité et la motricité de leurs patients. Sans de tels tests, difficile d'associer un déficit à une lésion. Notons que ces tests ne sont apparus de nulle part, mais proviennent d'années de recherches et sont raffinés au fur et à mesure des observations et de l'évolution des connaissances en neurologie. Plus rarement, les tests neuropsychologiques doivent être inventés ou fabriqués par les chercheurs, afin de tester leurs théories.
 
Deuxièmement, il faut pouvoir localiser la lésion responsable, ce qui demande d'étudier le cerveau du ou des patients. Historiquement, cette méthode demandait de faire une autopsie du patient pour localiser la lésion, mais ce n'est plus le cas de nos jours, grâce à l'évolution des méthodes de neuroimagerie. En théorie, si le cerveau ne présente qu'une lésion unique bien marquée, on peut raisonnablement supposer que c'est cette lésion qui est responsable des déficits observés, même si certains cas peuvent être trompeurs. Mais il arrive qu'un patient aie des lésions particulièrement étendues, ou alors des lésions aux bords flous, voire des lésions multiples. Dans le cas de lésions multiples, on a du mal à savoir laquelle est responsable de tel déficit, on ne sait pas comment attribuer chaque déficit à la lésion qui correspond. On peut parfois se débrouiller si l'on sait que telle lésion est ancienne et que telle autre est récente, si on dispose de l'historique du patient, mais rien de bien folichon dans les cas pratiques. Les lésions étendues sont aussi tout problématiques, pour les mêmes raisons. Et c'est clairement un défaut de cette approche, vu que les lésions localisées sont relativement rares, la majorité des AVC ou traumatismes ayant des conséquences assez dispersées dans le cerveau ou touchant de très nombreuses aires cérébrales.
 
Enfin, les variabilités inter-individuelles peuvent aussi poser problèmes : si un patient lésé au lobe temporal a des troubles du langage, il se peut que d'autres ne soient pas dans le même cas. Pour éliminer ce genre de biais, les scientifiques doivent disposer d'un grand nombre de cas similaires. Si la quasi-totalité des patients atteint d'une lésion localisée présente le même trouble, la corrélation aire<->fonction est alors assez certaine. Mais dans le cas où le déficit est inconstant à lésions identiques, la corrélation est alors plus frustre et l'influence de l'aire lésée sur la fonction testée est sans doute indirecte.
 
==Les méthodes directes==