« Neurosciences/Le métabolisme des neurotransmetteurs » : différence entre les versions

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==Le métabolisme des monoamines==
 
Les monoamines sont fabriquées à partir de précurseurs et plus précisément d'acides aminés (d'où le nom de mono'''amines'''). L'acide aminé dépend cependant du neurotransmetteur en question. Les monoamines sont dérivées des acides aminés suivants : l'histidine, le tryptophane et la tyrosine/phénylalanine. Vous remarquerez qu'il y a moins de précurseurs que de monoamines et c'est normal : certaines monoamines partagent le même précurseur aminé, quand certaines ne sont pas fabriquées à partir d'une autre monoamine. Par exemple, la dopamine, la noradrénaline et l'adrénaline sont toutes synthétisées à partir d'un même précurseur : la tyrosine. Il en est de même pour la sérotonine et la mélatonine, qui sont toutes deux fabriquées à partir d'un même précurseur : le tryptophane, un acide aminé. Dans les grandes lignes, on distingue trois grandes classes de monoamines, qui sont synthétisées à partir d'un précurseur identique : l'histamine est à part, les cathécolaminescatécholamines (dopamine, noradrénaline, adrénaline) et les tryptamines (sérotonine et apparentés).
 
Le métabolisme des monoamines implique un grand nombre d"enzymes et de co-enzymescoenzymes, dont certaines sont impliquées dans la fabrication de plusieurs monoamines. Par exemple, la dopa-decarboxylase est l'enzyme qui fabrique la sérotonine, la dopamine et l'histamine, à partir de leurs précurseurs respectifs. La même enzyme est donc utilisée pour synthétiser plusieurs monoamines différentes. Le même cas a lieu pour la dégradation des monoamines, seules quelques enzymes suffisent à détruire toutes les monoamines. Les monoamines sont toutes dégradées par quelques enzymes : la '''COMT''' et les '''monoamines oxydases'''. De ce fait, nous devons présenter le métabolisme des monoamines ensemble, en séparant quelques voies métaboliques distinctes, mais qui partagent les enzymes citées précédemment.
 
[[File:Synthèse des monoamines, version détaillée.png|centre|vignette|upright=3.0|Synthèse des catécholamines, version détaillée]]
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[[File:Dopamine beta-monooxygenase reaction.svg|centre|vignette|upright=1.5|Transformation de la dopamine en noradrénaline par la Dopamine bêta-mono-oxygènase.]]
 
La transformation de la noradrénaline en adrénaline demande une enzyme : la '''Noradrénaline N-méthyl transférase'''. Cette réaction demande une certaine quantité de SAM-e, un composé chimique utilisé en médecine naturelle pour d'éventuels effeteffets (encore non-prouvés, mais suspectés) sur la dépression.
 
[[File:Synthèse des catécholamines, version détaillée.png|centre|vignette|upright=2.0|Synthèse des catécholamines, version détaillée]]
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Le processus commence par la transformation du tryptophane en 5-HTP (5-hydrotryptophane), une réaction catalysée par la ''tryptophane-décarboxylase''. La réaction a besoin de la présence de plusieurs co-enzymes, dont la tétrahydrobioptérine et quelques "minéraux" (du Fer, de l'Oxygène). Cette réaction chimique ne se produit pas que dans le cerveau, mais partout dans le corps. Sur la totalité du tryptophane converti en 5-HT, seule une minorité est converti dans le cerveau même : la majorité est transformée dans le sang.
 
Le 5-HTP est est ensuite convertitconverti en sérotonine par l'intermédiaire de la ''dopa-décarboxylase'', une enzyme qui catalyse aussi la transformation de lévodopa en dopamine. Cette réaction chimique a besoin, pour fonctionner, de la présence de vitamine B6. Cela explique pourquoi une carence en vitamine B6 entraine une sous-production de sérotonine, ce qui peut se traduire par une dépression ou d'autres symptômes. Pour information, vous trouverez peut-être du 5-HT en automédication dans certaines pharmacies, pour soigner des troubletroubles liés à la sérotonine, comme l'insomnie, la dépression ou d'autres problèmes du quotidien (stress, nervosité, ...). L'idée est d'augmenter la production de sérotonine, en fournissant le 5-HT nécessaire à sa fabrication. Malheureusement, cette stratégie a peu de chances de marcher pour une raison assez simple : 90% du 5-HT absorbé en métabolisé en sérotonine dans le sang, avant d'arriver au cerveau. Et la sérotonine sanguine ne peut pas rejoindre le cerveau, qui protégé par ce qu'on appelle la barrière hémato-encéphalique, une barrière qui empêche le passage de certaines molécules du sang vers le cerveau. On devine donc que la supplémentation en 5-HT a peu de chances d'agir sur le cerveau.
 
[[File:5-HTP decarboxylation (en).svg|centre|vignette|upright=2.0|Transformation du 5-HTP en sérotonine (5-HT) par la dopa-décarboxylase.]]
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Comme dit plus haut, les monoamines sont dégradées par plusieurs enzymes. Les deux enzymes les plus importantes sont : les monoamine-oxydases, au nombre de deux (MAO-A et MAO-B) et la cathécolamine-methyl-transferase (COMT). Là où la COMT est spécialisée dans la dégradation des catécholamines, les monoamine-oxydase (MAO) dégradent toutes les monoamines, sauf peut-être à l'exception de l'histamine chez certains animaux. Ces enzymes régulent la quantité de monoamines dans les synapses et elles sont impliquées dans de nombreux processus neurologiques et psychiatriques
 
Les ''M''ono''A''mine-''O''xydase (MAO) sont au nombre de deux : la MAO-A et la MAO-B. Ces deux enzymes ne dégradent pas exactement les mêmes neurotransmetteurs. Là où la MAO-A dégrade toutes les monoamines, la MAO-B est plus spécialisée dans la dégradation de la dopamine. Cette différence a une utilité clinique, dans le sens où cibler telle ou telle MAO n'aura pas les mêmes effets. Les médicaments qui agissent sur la MAO-A auront une action générale, à la fois noradrénergique, dopaminergique et sérotoninergique, alors que les médicaments agissant sur la MAO-B seront exclusivement dopaminergiques. Les médicaments en question sont des inhibiteurs de la monoamine-oxydase, qui empêchent les MAO de fonctionner, réduisant la destructeursdestruction des neurotransmetteurs ciblés. Les inhibiteurs de la MAO-A sont des médicaments qui ont pour but d'augmenter la quantité de sérotonine, de noradrénaline et de dopamine cérébrale. Ils étaient utilisés comme anti-dépresseurs, mais ont aujourd'hui été remplacés par les inhibiteurs de récapture de la sérotonine, plus spécifiques (ces derniers agissent seulement sur la sérotonine, pas sur les autres monoamines). D'autres médicaments inhibent exclusivement la monoamine-oxydase B et servent de dopaminergiques. Ils sont utilisés dans le traitement de la maladie de Parkinson.
 
[[File:Dopamine metabolism fncir-07-00102-g008.jpg|vignette|Dégradation de la dopamine par la COMT et la MAO, illustration simplifiée.]]
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===Les troubles métaboliques liés aux neurotransmetteurs aminés===
 
Chez certaines personnes, la production de glutamate-décarboxylase est déficiente, ce qui fait que le glutamate n'est pas transforméetransformé en GABA. Par exemple, on suppose que c'est le cas chez les patients atteints du '''syndrome de l'homme raide''', une maladie caractérisée par une rigidité musculaire et une déformation de la posture, parfois accompagnés de spasmes musculaires. Chez ces patients, le sang contient des anticorps dirigés contre lale glutamate décarboxylase, ce qui fait que cette enzyme ne peut pas fonctionner comme elle le devrait. Mais le grand nombre de patients avec des anticorps de ce type qui ne déclenche pas la maladie montre que cela ne suffit pas expliquer l'apparition de la maladie.
 
Précédemment dans le chapitre, nous avons vu que la glycine est dégradée principalement par le ''Glycine Cleveage System''. Chez certains patients, les gènes qui codent pour les enzymes de ce système sont endommagés ou mutés. Le système enzymatique ne fonctionne pas correctement et la glycine s'accumule dans le corps, entrainant divers troubles neurologiques connus sous le nom d''''encéphalopathie liée à la glycine'''. Ses symptômes principaux sont des crises épileptiques (et plus précisément des crises myocloniques) avec apnées, des troubles du tonus musculaire, un retard mental, des troubles de la conscience et parfois des malformations cérébrales. Il existe plusieurs formes, suivant la protéine touchée (rappelons que le ''Glycine Cleveage System'' est un ensemble de quatre enzymes), qui sont de sévérités diverses.
* Dans la forme néonatale, la maladie se déclare dès les premiers jours de vie, avec de profondes crises épileptiques, une hypotonie (faible tonus musculaire), une apnée qui demande une respiration artificielle dans 80% des cas, et des troubles de la conscience allant d’une simple léthargie jusqu'au coma. Les patients récupèrent une respiration normale au bout du premier mois de vie, mais conservent des crises épileptiques et un profond retard mental. Le pronostic est extrêmement mauvais pour ces patients, dont la plupart meurtmeurent dès les premières années de vie.
* Dans la forme infantile, les symptômes apparaissent dans l'enfance. On observe des crises épileptiques avec un retard mental, mais peu de troubles de la conscience. Mais on y retrouve les crises épileptiques, ainsi que les troubles respiratoires potentiellement léthauxlétaux. Les patients expriment souvent des troubles du tonus musculaire, avec une faiblesse musculaire permanente (hypotonie). Le pronostic de ces cas est moins piremauvaise que pour la forme précédente, mais il est tout de même particulièrement mauvais.
* Dans les formes tardives, les symptômes sont plus légers que pour les formes précédentes. Les patients ont un retard mental plus modéré, qui peut même être absent, mais qui est le symptôme principal de la maladie. Les symptômes se limitent à de l'épilepsie (mais certains patients sont épargnés) et des troubles moteurs. Ces formes sont beaucoup plus rares que les autres.
 
La '''déficience en ''Succinic-semialdehyde-déhydrogènase''''' est une carence rare en ''Succinic-semialdehyde-déhydrogènase'', une enzyme impliquée dans la dégradation du GABA. Elle est causée par une mutation d'un gène unique, qui code seul l'enzyme incriminée, et ne touche que quelques centaines de personnes dans le monde. AÀ cause de cette déficience, le GABA et quelques molécules dérivées (dont le GHB) s'accumulent dans le corps et le cerveau. Plus précisément, le GABA est bien dégradé en acide succinique semi-aldhéhyde, mais ce dernier n'est plus dégradé en acide succinique. CCeCe dernier s'accumule donc dans le cerveau et le corps, causant de nombreux symptômes neurologiques. Elle se manifeste pendant la première année de vie par l'apparition progressive de déficits neurologiques divers. On observe un retard mental combiné à des troubles moteurs, comme une mauvaismauvaise coordination des mouvements (ataxie), des réflexes atténués (hyporéflexies), ou des troubles du tonus musculaire (hypotonie et dystonies). Près de ma moitié des patients est atteint d'épilepsie, ou encore de troubles psychiatriques (hallucinations, anxiété, dépression, T.O.C, troubles de l'attention, agressivité, autres).
 
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