« Neurosciences/Le vieillissement du système nerveux » : différence entre les versions

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Pour parler du vieillissement cérébral, il est d'usage de faire la distinction entre vieillissement normal et vieillissement pathologique. Le second fait référence au vieillissement lié à des maladies pathologiques comme Alzheimer ou Parkinson, tandis que le premier fait référence au vieillissement sans maladies cérébrales liées à l'âge. Cependant, la distinction entre les deux peut parfois être assez difficile à faire, comme on le verra plus tard. Le fait est que les manifestations des maladies neurodégénératives sont assez proches des manifestations du vieillissement normal, la seule différence étant l'intensité. Le vieillissement normal s'accompagne en effet de pertes de mémoire, de manifestations comportementales et d'une baisse des fonctions intellectuelles. Les mécanismes liés au vieillissement,comme la production de plaques amyloides ou de protéine dans la maladie l'Alzheimer, sont aussi courant dans le vieillissement normal. Encore une fois, seule l'intensité permet de faire la distinction, mais sans que ce critère soit fiable à 100%. Par exemple, le diagnostic de la maladie d'Alzheimer est particulièrement compliqué, par manque de marqueurs biologiques francs en-dehors des résultats de l'autopsie. C'en est à tel point que l'autopsie ne confirme pas le diagnostic dans 30 à 15% des cas !
 
===VariationLa réduction de la taille du cerveau===
 
Avec le développement, le cerveau voit naturellement sa taille augmenter, du moins dans les limites de la boite crânienne. Les processus de synaptogenèse, entrainant la naissance de synapses, d'axones et de dendrites, vont naturellement augmenter la masse du cerveau. Il en est de même pour les processus de neurogenèse. L'augmentation du poids du cerveau qui en découle est essentiellement concentrée sur les premières années de vie, et atteint une valeur plateau vers 3 à 5 ans. Le poids du cerveau augmente alors très lentement durant l'adolescence et le début de la vie adulte, avant de diminuer légèrement au-delà. Cette diminution est pour partie liée à la perte de substance blanche, mais aussi à a perte de volume des neurones qui rétrécissent.
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[[File:Brain weight age.gif|centre|vignette|upright=2.0|Poids du cerveau en fonction de l'âge.]]
 
===Les déficits cognitifs et comportementaux===
===Variations cognitives et comportementales===
 
Toutes les aires du cerveau ne vieillissent pas la même vitesse : certaines sont plus atteintes par l'âge. Cela se traduit par des modifications de comportement ou de performances dans certaines tâches cognitives ou sensorimotrices. Cette atrophie entraine une baisse de l'attention et de la concentration. Les capacités cognitives liées à l'attention et la concentration sont aussi touchées : la mémoire de travail diminue, le langage se fait plus difficile, la vigilance diminue, etc. La mémoire se fait plus fragile, avec cependant une variabilité assez forte suivant la personne : certaines ont une mémoire de jeune homme, tandis que d'autres sujets ont des déficits plus marqués. La motricité et les performances sensorielles tendent aussi à diminuer progressivement : les aliments perdent leur gout, les mouvements plus lents et plus rares, l’audition est moins bonne, etc. Les autres troubles, comme des troubles du comportement (apathie, retrait social, émoussement émotionnel léger) arrivent généralement plus tard, quand le cortex frontal (sous le front) commence à perdre en volume. Cela arrive quand les aires du cerveau situées sous le front (le cortex frontal) commencent à s'atrophier.
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Les aires cérébrales en charge de la mémoire (l’hippocampe, ainsi que le cortex temporal) sont parmi les plus fragiles. Cette atrophie joue un rôle dans l'apparition des troubles mnésiques, les plus visibles lors du vieillissement. Le fait est que les pertes mnésiques liées au vieillissement concernent les souvenirs récents, les souvenirs anciens étant relativement conservés par le vieillissement normal. Cela vient du fait que l'atrophie touche plus fortement l'hippocampe, une aire cérébrale chargée de mémoriser les souvenirs récents, comme on le verra dans les derniers chapitres. L'hippocampe perd généralement une bonne partie de son volume et s'atrophie au cours du vieillissement. Il faut notamment signaler que l'atrophie de l'hippocampe est légère dans le vieillissement normal, mais devient nettement plus marquée dans la maladie l'Alzheimer, d'où les pertes mnésiques caractéristiques de cette maladie. Il faut cependant signaler que les troubles mnésiques sont assez variables suivant les individus : certains vieillards d'un âge avancé gardent une mémoire de jeune homme, tandis que d'autres personnes du même âge auront des déficits plus ou mins marqués, sans que l'on sache réellement quelle est l'origine d'une telle disparité.
 
===VieillissementLe vieillissement des neurones===
 
[[File:Known age-related electrophysiological and morphological changes in neurons.jpg|droite|vignette|Modifications des neurones avec l'âge.]]
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Contrairement à ce que prétend une idée reçue, il n'y a pas de perte des neurones : celle-ci est en effet très légère avec l'âge, si tant est qu'elle existe. Par contre, les neurones tendent à devenir plus petits : leur soma (corps cellulaire) diminue en taille, se réduit. L'exception à cette règle provient des maladies neurodégénératives, telle Alzheimer, qui se caractérisent par une mort progressive, mais importante, des neurones. La diminution du poids du cerveau dépend essentiellement de la perte de substance blanche, à savoir une réduction du nombre de synapses, d'axones et de dendrites. De plus, avec l'âge, les axones conduisent moins bien l'influx nerveux : les gaines de myéline qui entourent les axones se dégradent et se réduisent progressivement. La figure de droite résume graphiquement ces changements.
 
===VieillissementLe vieillissement moléculaire===
 
Avec le vieillissement, on observe des modifications de la chimie du cerveau. Par exemple, la production de certains neurotransmetteurs chute avec l'âge, sans compter que certains récepteurs synaptiques deviennent plus rares. Par exemple, la dopamine se fait de plus en plus rare avec le vieillissement, ce qui est en partie responsable d'une baisse de la mobilité et de l'attention chez le vieillard. Et la dopamine n'est pas la seule concernée : la sérotonine et le glutamate sont aussi concernés, de même que l'acétylcholine.