« Précis d'épistémologie/La parole » : différence entre les versions

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Un locuteur agit sur ceux qui l'écoutent. Il veut toujours attirer leur attention sur ce qu'il dit. Pour savoir ce qu'il fait quand il dit ce qu'il dit, il doit donc savoir ce que les auditeurs en font, ou ce qu'ils pourraient en faire. Un locuteur doit être capable de se mettre à la place des auditeurs et comprendre ce qu'ils comprennent, sinon il ne se comprend pas vraiment lui-même. Inversement, pour savoir quoi faire avec ce qu'on leur dit, les auditeurs doivent comprendre les intentions du locuteur, pourquoi il dit ce qu'il dit. Ils doivent donc être capables de se mettre à la place du locuteur et de comprendre ce qu'il fait, sinon ils ne comprennent pas vraiment ce qu'on leur dit. La compréhension des paroles est une des formes de la compréhension mutuelle, où chacun connaît les autres et lui-même, et sait qu'il est connu par les autres de la même façon qu'il les connaît.
 
Une description peut être communiquée pour elle-même. Dans ce cas simple, le locuteur comprend ce qu'il dit s'il sait ce qu'il décrit, et l'auditeur comprend ce qui est dit dès qu'il imagine ce qui est décrit. Mais évidemment il y a beaucoup d'autres usages de la parole que la communication des descriptions. Savoir décrire ce qu'on perçoit et savoir imaginer ce qui est décrit ne sont que la partie la plus fondamentale de la compréhension du langage. Elle est fondamentale parce que tous les autres usages du langage se servent de descriptions.
 
Wittgenstein nous a invité à ne pas séparer l'étude de la signification du langage de celle de son usage :
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Quand on définit la compréhension seulement par l'usage, même les machines montrent qu'elles peuvent comprendre un langage, parce qu'elles peuvent obéir aux ordres qu'on leur donne. Le test de Turing consiste à mettre à l'épreuve la capacité d'une machine à comprendre ce qu'on lui dit. Un expérimentateur discute avec la machine sans savoir si les réponses qu'elle donne lui sont fournies par un autre être humain, ou si elles résultent d'un programme de calcul (Turing 1950). A l'issue de la discussion, l'expérimentateur doit deviner s'il s'agit d'une discussion avec une machine ou avec un être humain.
 
Mais la compréhension du langage n'est pas n'importe quel usage. La parole influence l'imagination et la volonté de ceux qui l'entendent. Les usages du langage requièrent l'imagination et la volonté. S'il n'y pas d'imagination et de volonté, il ne s'agit pas vraiment de compréhension du langage mais seulement d'une technique de transmission de l'information.
(...)
 
Une description peut être communiquée pour elle-même. Dans ce cas simple, le locuteur comprend ce qu'il dit s'il sait ce qu'il décrit, et l'auditeur comprend ce qui est dit dès qu'il imagine ce qui est décrit. Mais évidemment il y a beaucoup d'autres usages de la parole que la communication des descriptions. Savoir décrire ce qu'on perçoit et savoir imaginer ce qui est décrit ne sont que la partie la plus fondamentale de la compréhension du langage. Elle est fondamentale parce que tous les autres usages du langage se servent de descriptions.
 
== Les cadres théoriques, l'a priori et la connaissance des êtres abstraits ==