« La science de la finance/Le financement de l'économie » : différence entre les versions

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La stabilité des prix pourrait être définie par un taux d'inflation égal à zéro, mais ce n'est pas souhaitable, parce que l'économie serait en permanence au bord d'un précipice. La déflation tend à s'alimenter elle-même. Elle pousse à la récession et fait ainsi faiblir la demande, ce qui pousse les prix à la baisse, et donc à davantage de déflation. Même une faible déflation initiale peut ainsi avoir des effets catastrophiques. Comme le taux d'inflation reste variable, même si l'inflation est correctement maîtrisée, il vaut mieux qu'il reste supérieur à zéro, afin de diminuer le risque de déflation. Un taux moyen de 2% par exemple (c'est la cible d'inflation habituellement adoptée par les banques centrales) laisse aux autorités monétaires une marge de manœuvre pour réagir en cas de tendances déflationnistes. Si la cible était de 0%, la déflation pourrait s'installer avant que les autorités monétaires aient le temps de réagir (Bernanke, Laubach, Mishkin, Posen, 1999).
 
== Chômage et finance ==
 
=== Le sous-emploi de la richesse intérieure ===
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Les projets d'une économie peuvent être plus ou moins coûteux en travail. Il y a du chômage s'il y a trop peu de projets ou s'ils ne sont pas assez coûteux en travail. Le problème du chômage est donc un problème de gestion du portefeuille de tous les projets d'une économie.
 
La banque centrale peut indirectement augmenter ou diminuer la richesse intérieure, quand elle crée de l'argent ou quand elle refuse d'en créer, parce qu'elle peut aider les agents à réaliser des projets profitables, ou au contraire les en empêcher.
 
=== L'inefficacité et l'instabilité du marché des fonds prêtables ===
 
De nombreux projets ne pourraient pas être réalisés si ceux qui s'y engagent ne pouvaient pas emprunter tout ou partie des fonds qu'il faut avancer. Bien sûr une tel emprunt n'est en général pas gratuit. On s'engage à céder une partie des profits du projet pour rembourser le prêt. Le taux d'intérêt détermine la part de profit prélevée par le prêteur.
 
Qu'il y ait des fonds prêtables est bien sûr favorable à l'emploi puisque cela permet de financer des projets coûteux en travail qui ne pourraient pas être réalisés autrement. Mais les adeptes du marchéisme vont plus loin. Ils affirment qu'une économie de marché ne pourrait pas connaître de chômage élevé et persistant, qu'elle devrait être toujours au plein emploi, ou toujours y revenir après un choc temporaire, pourvu qu'on laisse les marchés fonctionner et donc que tous les prix soient variables, y compris les salaires et les taux d'intérêt. Leur raisonnement est le suivant. S'il y a une baisse d'activité, une partie de la main d'œuvre est sous-employée. Elle est rendue disponible pour de nouveaux projets qui deviennent ainsi davantage profitables. Cette hausse de la profitabilité des projets potentiels incite les emprunteurs à emprunter davantage. Plus d'emprunteurs met une pression à la hausse sur les taux d'intérêt, ce qui incite les prêteurs à prêter davantage, et donc à financer davantage de projets, ce qui fait baisser le chômage. De cette façon toute baisse d'activité serait compensée par une hausse et l'économie devrait être stabilisée au plein emploi. Tout écart au plein emploi ne devrait être que temporaire. Mais cet équilibre général de plein emploi grâce aux marché des fonds prêtables n'est qu'une vision de théoricien. La réalité est très différente.
 
Le marchéisme suppose que les agents voient toutes leurs opportunités et s'en saisissent. Bien sûr ils recherchent leur intérêt et ils le voient parfois, mais ils sont loin d'être omniscients. Même s'ils ont conscience de leurs opportunités, celles-ci sont en général risquées, et leurs risques sont difficiles à évaluer. Il y a toujours un risque de mauvaise évaluation du risque.
 
En période de récession les risques économiques augmentent. Croire qu'une augmentation des taux d'intérêt pourrait suffire pour inciter les prêteurs à prêter davantage ignore cette augmentation du risque. Pour se protéger, les prêteurs se réfugient vers les projets les moins risqués, et ce ne sont pas forcément des projets coûteux en travail. Une augmentation des taux d'intérêt peut ne pas suffire à les inciter à prêter si les projets sont considérés comme trop risqués. Une récession offre de nouvelles opportunités, mais les espoirs de recettes futures et donc de profits sont réduits, les emprunteurs ne sont donc pas incités à s'engager dans de nouveaux projets.
 
Le marchéisme est injuste parce qu'il incite à faire payer aux travailleurs non-propriétaires les coûts d'une récession, parce qu'ils devraient accepter, en plus d'éventuelles baisses de salaire, que les propriétaires prélèvent une part plus importante des profits.
 
La prise en compte de la perception des risques conduit à une vision de l'instabilité financière (Hyman Minsky) qui semble beaucoup plus réaliste que celle de l'équilibre général. La confiance alimente la confiance et peut conduire à des excès d'optimisme, et à la surchauffe de l'économie. Inversement la méfiance alimente la méfiance et peut conduire à des excès de pessimisme, et à une récession persistante. L'interdépendance des agents renforce cette instabilité. Quand tout le monde est pessimiste, on n'a pas forcément intérêt à être optimiste, parce qu'on a en général besoin de la prospérité des autres pour être soi-même prospère.
 
== Le pouvoir monétaire ==