« Neurosciences/La latéralisation cérébrale » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 66 :
===Le langage===
 
L'étude de la latéralisation du langage est de loin la plus connue du grand public. Beaucoup pensent que le langage est localisé dans l’hémisphère gauche, cette simplification étant courante dans la vulgarisation scientifique et dans la culture générale. Dans les faits, c'est aussi faux que vrai. Il est vrai que des lésions dans l'hémisphère gauche causent des déficits particulièrement visibles et francs, alors que ceux dans hémisphère droit sont beaucoup plus subtils et "limités". Les lésions dans l’hémisphère gauche induisent, chez la majorité des individus, soit une perte de la parole, soit des troubles de la compréhension. A contrario, des lésions du cerveau droit causent des problèmes au niveau de la prosodie, à savoir la gestion des intonations et des indices émotionnels du langage. Ils se traduisent soit par une difficulté à utiliser les intonations, soit à le produire (la voix devient monotone). Il existe quelques cas où la latéralisation est inversé, à savoir que ces déficits apparaissent pour l'autre hémisphère. Au niveau du vocabulaire et de la sémantique, les déficits sont variables chez les sujets. La réalité est que le cerveau tout entier se charge du langage parlé et écrit, que ce soit pour comprendre le langage que pour le produire. La subtilité est que le langage n'est pas une fonction intellectuelle unique, mais un ensemble de traitements linguistiques divers : syntaxe/grammaire, vocabulaire, prosodie (intonations et indices émotionnels présents dans la voix), etc. Dans les grandes lignes, l’hémisphère gauche est surtout spécialisé dans la grammaire et la syntaxe, alors que le droit s'occupe de ses aspect émotionnels (prosodie, intonations). Le vocabulaire et la sémantique (le sens des mots et des phrases) est répartie dans les deux hémisphères, mais avec un petite avantage pour l'hémisphère gauche. Nous reviendrons sur ce sujet dans le chapitre sur le langage, à la fin de ce cours.
 
Il est vrai que des lésions dans l'hémisphère gauche causent des déficits particulièrement visibles et francs, alors que ceux dans hémisphère droit sont beaucoup plus subtils et "limités". Les lésions dans l’hémisphère gauche induisent, chez la majorité des individus, soit une perte de la parole, soit des troubles de la compréhension. A contrario, des lésions du cerveau droit causent des problèmes au niveau de la prosodie, à savoir la gestion des intonations et des indices émotionnels du langage. Ils se traduisent soit par une difficulté à utiliser les intonations, soit à le produire (la voix devient monotone). Au niveau du vocabulaire et de la sémantique, les déficits sont variables chez les sujets. Il existe quelques cas où la latéralisation est inversée, à savoir que ces déficits apparaissent pour l'autre hémisphère. Ces quelques sujets semblent être à la répartition hémisphérique du langage ce que les gauchers sont à la préférence manuelle.
 
[[File:SplitBrainExperiments.jpg|vignette|Expériences sur des sujets split-brain.]]
 
Ces observations sur les patients cérébrolésés sont confirmées par l'étude des patients ''split-brain''. En temps normal, ces patients ne présentent pas de troubles évidents du langage ou de la mémoire. Mais si on présente les informations sur un seul hémisphère, les choses changent. Les premières observations de patients split-brain, où le corps calleux est sectionné, ont été réalisées par Sperry dans les années 1960. Ces études présentaient un objet dans un hémichamp visuel : ainsi, c'est l'hémisphère contro-latéral qui reçoit l'information, et lui seul. La toute première expérience utilisait un flash lumineux dans un hémichamp visuel. Les sujets ne prétendaient avoir vu ce flash que quand celui-ci était présenté dans l'hémichamp droit. Par contre, les patients pouvaient pointer le doigt vers la direction du flash, quel que soit l'hémisphère concerné. D'autres expériences demandaient à un sujet de nommer un objet présenté dans un hémichamp visuel. Pour la grosse majorité des sujets, les objets doivent être présentés dans l'hémichamp visuel droit, sans quoi ils ne peuvent être nommés. Et c'est la même chose si le sujet doit toucher l'objet pour l'identifier, preuve que ce n'est pas la vision qui est en cause, ni le toucher. En somme, c'est l'hémisphère gauche qui semble prendre en charge le langage parlé. Pour vérifier cette hypothèse, les chercheurs ont demandé aux sujets d'utiliser l'objet présenté au lieu de le nommer (par exemple, écrire ou dessiner si l'objet présenté est un stylo). Dans ces conditions, les sujets réussissent quel que soit l'hémichamp visuel de présentation. Ce n'est donc pas la reconnaissance des objets qui latéralisée, mais le langage parlé. Mais certains sujets arrivent malgré tout à décrire l'objet de manière assez vague s'il est présenté sur l'hémisphère droit, alors qu'ils ont un hémisphère gauche dominant pour le langage : par exemple, ils diront "une chose ronde", au lieu de dire "ballon". Mais même ainsi, les tâches qui demandent de nommer un objet seront toujours nettement mieux réussies par l’hémisphère gauche. L'hémisphère droit semble cependant avoir un léger avantage pour reconnaitre des images, des pictogrammes, ou des visages.
 
Dans une étude de 1977, Brenda Milner utilisa le test de Wada pour quantifier la corrélation entre latéralisation cérébrale du langage et préférence manuelle (droitier/gaucher). Les deux sont corrélés, même si beaucoup de gauchers ont un cerveau gauche pour le langage. Les résultats précis de l'étude sont :
 
* 98% des droitiers et 70% des gauchers ont une latéralisation à gauche pour le langage ;
* 2% des droitiers et 30% des gauchers ont une latéralisation à droite.
 
Nous reviendrons sur ce sujet dans le chapitre sur le langage, à la fin de ce cours.
 
<noinclude>