« Bonheur, morale, et philosophie épistolaire » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Balise : Éditeur de wikicode 2017
Balise : Éditeur de wikicode 2017
Ligne 102 :
===La logique de l'excès===
{{Question|Les plaisirs tels la beuverie ou la drogue mènent-ils au bonheur?
Regarder :
Notons l'importance de l'imagination et de l'illusion qui jouent contre la vérité pour parvenir à la joie. Il y a là quelque chose de surprenant, du moins du point de vue moral. La joie est excessive, à la recherche de la démesure - d'où l'emploi des superlatifs dans ce début de texte. A titre d'exemple, boire et se droguer sont des chemins faciles pour y parvenir. Qualifiant les adeptes de ce type de plaisirs "d' abrutis', on comprend très vite que Descartes désapprouve ces excès car impropres à l'homme raisonnable. Mais il y a d'autres excès. L'érudition par exemple.
[https://www.canal-u.tv/video/cerimes/images_du_monde_visionnaire.10206/IMAGES DU MONDE VISIONNAIRE]
Fonds Eric Duvivier
Un film d'Henri Michaux, réalisé par Eric Duvivier.
Musique Gilbert Amy.
Ce film se propose de montrer les types d’images, et leurs façons spéciales d’apparaître et de disparaître, qu’un sujet quelconque, soumis à l’action de certaines substances psychotropes, voit défiler en son imagination avec une clarté extrême et sans l’intervention de sa volonté. Deux genres de visions, dont on a ici accusé les différences plutôt que les ressemblances, correspondent donc à deux hallucinogènes.
Notons'''A Noter''' l'importance de l'imagination et de l'illusion qui jouent contre la vérité pour parvenir à la joie. Il y a là quelque chose de surprenant, du moins du point de vue moral. La joie est excessive, à la recherche de la démesure - d'où l'emploi des superlatifs dans ce début de texte. A titre d'exemple, boire et se droguer sont des chemins faciles pour y parvenir. Qualifiant les adeptes de ce type de plaisirs "d' abrutis', on comprend très vite que Descartes désapprouve ces excès car impropres à l'homme raisonnable. Mais il y a d'autres excès. L'érudition par exemple.}}
 
Lire La lettre à Elisabeth du 3 novembre 1647 et comparer avec un texte de Rabelais : [https://fr.wikisource.org/wiki/Pantagruel/%C3%89dition_Marty-Laveaux,_1868/Chapitre_8#/ Pantagruel 8]. Quel est le risque avec l'érudition ? Constituer un dossier sur cette thématique}}
 
{{Cadre|Du droit civil, je veulx que tu saiches par cueur les beaulx textes et me les confere avecques philosophie. Et, quand à la congnoissance desfaictz de nature, je veulx que tu te y adonne curieusement : qu'il n'y ayt mer, riviere ny fontaine, dont tu ne congnoisse les poissons ; tous les oyseaulx de l'air, tous les arbres, arbustes et fructices des forestz, toutes les herbes de la terre, tous les metaulx cachez au ventre des abysmes, les pierreries de tout Orient et Midy, rien ne te soit incongneu. Puis songeusement revisite les livres des medicins Grecs, Arabes et Latins, sans contemner les Thalmudistes et Cabalistes, et par frequentes anatomies, acquiers toy parfaicte congnoissance de l'aultre monde, qui est l'homme. Et, par lesquelles heures du jour commence à visiter les sainctes lettres : premierement, en Grec, le Nouveau Testament et Epistres des Apostres, et puis, en Hebrieu, le Vieulx Testament. Somme, que je voy un abysme de science. Car, doresnavant que tu deviens homme et te fais grand, il te fauldra yssir de ceste tranquillité et repos d'estude, et apprendre la chevalerie et les armes pour defendre ma maison, et nos amys secourir en tous leurs affaires contre les assaulx des malfaisans. Et veux que, de brief tu essaye combien tu as proffité, ce que tu ne pourras mieulx faire que tenent conclusions en tout sçavoir, publiquement, envers tous et contre tous, et hantant les gens lettrez qui sont tant à Paris comme ailleurs. Mais parce que, selon le saige Salomon, sapience n'entre poinct en ame malivole et science sans conscience n'est que ruine de l'ame, il te convient servir, aymer et craindre Dieu, et en luy mettre toutes tes pensées et tout ton espoir, et par foy formée de charité, estre à luy adjoinct, en sorte que jamais n'en soys désamparé par peché. Aye suspectz les abus du monde. Ne metz ton cueur à vanité, car ceste vie est transitoire, mais la parolle de Dieu demeure eternellement. Soys serviable à tous tes prochains et les ayme comme toy mesmes. Revere tes precepteurs ; fuis les compaignies des gens esquelz tu ne veulx point resembler, et, les graces que Dieu te a données, icelles ne reçoipz en vain. Et, quand tu congnoistras que auras tout le sçavoir de par delà acquis, retourne vers moy, affin que je te voye et donne ma benediction devant que mourir. Mon filz, la paix et grace de Nostre Seigneur soit avecques toy. Amen. De Utopie. ce dix septiesme jour du moys de mars.
Ton père,
GARGANTUA "}}
 
 
 
{{Question|Il y a d'autres excès. L'érudition par exemple.
Lire La lettre à Elisabeth du 3 novembre 1647 et comparer avec unle texte ci-dessus de Rabelais : [https://fr.wikisource.org/wiki/Pantagruel/%C3%89dition_Marty-Laveaux,_1868/Chapitre_8#/ Pantagruel 8]. Quel est le risque avec l'érudition ? Constituer un dossier sur cette thématique}}
 
====La juste mesure====
 
{{Question|La juste mesure : en quoi les mathématiques sont-elles un modèle pour la morale?
Ligne 265 ⟶ 277 :
 
 
{{Cadre|titre=La question de la maladie|contenu=Madame, Mon voyage ne pouvait être accompagné d'aucun malheur, puisque j'ai été si heureux, en le faisant, que d'être en la souvenance de Votre Altesse ; la très favorable lettre, qui m'en donne des marques, est la chose la plus précieuse que je pusse recevoir en ce pays. Elle m'aurait entièrement rendu heureux, si elle ne m'avait appris que la maladie qu'avait Votre Altesse, auparavant que je partisse de La Haye, lui a encore laissé quelques restes d'indisposition en l'estomac. Les remèdes qu'elle a choisis, à savoir la diète et l'exercice, sont, à mon avis, les meilleurs de tous, après toutefois ceux de l'âme, qui a sans doute beaucoup de force sur le corps, ainsi que montrent les grands changement que la colère, la crainte et les autres passions excitent en lui. Mais ce n'est pas directement par sa volonté qu'elle conduit les esprits dans les lieux où ils peuvent être utiles ou nuisibles ; c'est seulement en voulant ou pensant à quelque autre chose. Car la construction de notre corps est telle, que certains mouvements suivent en lui naturellement de certaines pensées : comme on voit que la rougeur du visage suit de la honte, les larmes de la compassion, et le ris de la joie. Et je ne sache point de pensée plus propre pour la conservation de la santé, que celle qui consiste en une forte persuasion et ferme créance, que l'architecture de nos corps est si bonne que, lorsqu'on est une fois sain, on ne peut pas aisément tomber malade, '''si ce n'est qu'on fasse quelque excès notable''', ou bien que l'air ou les autres causes extérieures nous nuisent ; et qu'ayant une maladie, on peut aisément se remettre par la seule force de la nature, principalement lorsqu'on est encore jeune. Cette persuasion est sans doute beaucoup plus vraie et plus raisonnable, que celle de certaines gens, qui, sur le rapport d'un astrologue ou d'un médecin, se font accroire qu'ils doivent mourir en certain temps et par cela seul deviennent malades, et même en meurent assez souvent, ainsi que j'ai vu arriver à diverses personnes. Mais je ne pourrais manquer d'être extrêmement triste, si je pensais que l'indisposition de Votre Altesse durât encore ; j'aime mieux espérer qu'elle est toute passée; et toutefois le désir d'en être certain me fait avoir des passions extrêmes de retourner en Hollande.
{{Cadre définition|titre=La question de la maladie|contenu=
Madame,
Mon voyage ne pouvait être accompagné d'aucun malheur, puisque j'ai été si heureux, en le faisant, que d'être en la souvenance de Votre Altesse ; la très favorable lettre, qui m'en donne des marques, est la chose la plus précieuse que je pusse recevoir en ce pays. Elle m'aurait entièrement rendu heureux, si elle ne m'avait appris que la maladie qu'avait Votre Altesse, auparavant que je partisse de La Haye, lui a encore laissé quelques restes d'indisposition en l'estomac. Les remèdes qu'elle a choisis, à savoir la diète et l'exercice, sont, à mon avis, les meilleurs de tous, après toutefois ceux de l'âme, qui a sans doute beaucoup de force sur le corps, ainsi que montrent les grands changement que la colère, la crainte et les autres passions excitent en lui. Mais ce n'est pas directement par sa volonté qu'elle conduit les esprits dans les lieux où ils peuvent être utiles ou nuisibles ; c'est seulement en voulant ou pensant à quelque autre chose. Car la construction de notre corps est telle, que certains mouvements suivent en lui naturellement de certaines pensées : comme on voit que la rougeur du visage suit de la honte, les larmes de la compassion, et le ris de la joie. Et je ne sache point de pensée plus propre pour la conservation de la santé, que celle qui consiste en une forte persuasion et ferme créance, que l'architecture de nos corps est si bonne que, lorsqu'on est une fois sain, on ne peut pas aisément tomber malade, '''si ce n'est qu'on fasse quelque excès notable''', ou bien que l'air ou les autres causes extérieures nous nuisent ; et qu'ayant une maladie, on peut aisément se remettre par la seule force de la nature, principalement lorsqu'on est encore jeune. Cette persuasion est sans doute beaucoup plus vraie et plus raisonnable, que celle de certaines gens, qui, sur le rapport d'un astrologue ou d'un médecin, se font accroire qu'ils doivent mourir en certain temps et par cela seul deviennent malades, et même en meurent assez souvent, ainsi que j'ai vu arriver à diverses personnes. Mais je ne pourrais manquer d'être extrêmement triste, si je pensais que l'indisposition de Votre Altesse durât encore ; j'aime mieux espérer qu'elle est toute passée; et toutefois le désir d'en être certain me fait avoir des passions extrêmes de retourner en Hollande.
Je me propose de partir d'ici, dans quatre ou cinq jours, pour passer en Poitou et en Bretagne, où sont les affaires qui m'ont amené ; mais sitôt que je les aurai pu mettre un peu en ordre, je ne souhaite rien tant que de retourner vers les lieux ou j'ai été si heureux que d'avoir l'honneur de parler quelquefois à Votre Altesse. Car, bien qu'il y ait ici beaucoup de personnes que j'honore et estime, je n'y ai toutefois encore rien vu qui me puisse arrêter. Et je suis, au-delà de tout ce que je puis dire, etc.