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Sénèque le Jeune
 
Sénèque le Jeune Lettres à Lucilius
 
Traduction par Joseph Baillard.
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''../'', Hachette, 1914, 2 (<abbr>p.</abbr> 15-19).
 
<span itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/MediaObject"></span>{{Cadre italien |titre = Questions sur la lettre de Sénèque
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{{Cadre italien |titre = Questions sur la lettre de Sénèque
|texte = Quelle est ici la divergence avec Epicure ?
 
L'ami est remplaçable. Expliquer.
 
Si l'amour est la "folie de l'amitié", comment définir l'amitié ? }}
 
Quelle est la fausse amitié contraire à l'autarcie ?
 
expliquer :
"La solitude nous est aussi odieuse que la société de nos semblables nous est attrayante ; et comme la nature rapproche l’homme de l’homme, de même encore un instinct pressant l’invite à se chercher des amis." Quel est le paradoxe? }}
== LETTRE IX. Pourquoi le sage se fait des amis. ==
Épicure a-t-il raison de blâmer, dans une de ses lettres, ceux qui disent que le sage se suffit à lui-même et partant n’a pas besoin d’amis ? voilà ce que tu veux savoir. Épicure s’attaquait à Stilpon et à ceux qui voient le bien suprême dans une âme ''qui ne souffre de rien''. L’ambiguïté est inévitable, si nous voulons rendre άπάθειαν par un seul mot précis et mettre ''impatientiam'' : car on pourra comprendre le contraire de ce que nous donnons à entendre. Nous voulons désigner l’homme qui repousse tout sentiment du mal, et on l’entendrait de celui pour qui tout mal est insupportable : vois donc s’il n’est pas mieux de dire ''une âme invulnérable'', ou une âme ''placée en dehors de toute souffrance''. Voici en quoi nous différons des Mégariques : notre sage est invincible à toutes les disgrâces, mais il n’y est pas insensible ; le leur ne les sent même pas. Le point commun entre eux et nous, c’est que le sage se suffit : toutefois il désire en outre les douceurs de l’amitié, du voisinage, du même toit, bien qu’il trouve en soi assez de ressources. Il se suffit si bien à lui-même, que souvent une partie de lui-même lui suffit, s’il perd une main par la maladie ou sous le fer de l’ennemi. Qu’un accident le prive d’un œil, il est satisfait de ce qui lui reste : mutilez, retranchez ses membres, il demeurera aussi serein que quand il les avait intacts. Les choses qui lui manquent, il ne les regrette pas ; mais il préfère n’en pas être privé. Si le sage se suffit, ce n’est pas qu’il ne veuille point d’ami ; c’est qu’il peut s’en passer ; et quand je dis qu’il le peut, j’entends qu’il en souffre patiemment la perte. Il ne sera jamais sans un ami ; il est maître de le remplacer sitôt qu’il le veut. Comme Phidias, s’il perd une statue, en aura bientôt fait une autre ; ainsi le sage, ce grand artiste en amitié, trouve à remplir la place vacante. Comment, dis-tu, peut-il faire si vite un ami ? Je te le dirai si tu veux bien que dès à présent je te paye ma dette, et que pour cette lettre nous soyons quittes. Hécaton a dit : « Voici une recette pour se faire aimer sans drogues, ni herbe, ni paroles magiques de sorcière. Aimez, on vous aimera<small><sup>22</sup></small>. » Ce qu’il y a de différence pour l’agriculteur entre moissonner et semer existe entre tel qui s’est fait un ami et tel qui s’en fait un. Le philosophe Attale disait souvent : « Il est plus doux de faire que d’avoir un ami, comme l’artiste jouit plus à peindre son tableau qu’à l’avoir peint. » Occupé qu’il est à son œuvre avec tant de sollicitude, que d’attraits pour lui dans cette occupation même ! L’enchantement n’est plus si vif quand, l’œuvre finie, sa main a quitté la toile ; alors il jouit du fruit de son art : il jouissait de l’art même lorsqu’il tenait le pinceau. Dans nos enfants l’adolescence porte plus de fruits ; mais leurs premiers ans charment davantage.