« Mémoire/Le modèle de Baddeley » : différence entre les versions

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m Suppression d'une répétition : "le fait que"
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[[File:Mémoires de travail.png|centre|vignette|upright=2.0|Mémoires de travail]]
 
L'existence de mémoire séparées se basefonde autant sur des arguments expérimentaux que de l'étude de cas cliniques. Nous verrons bientôt les arguments expérimentaux, mais nous allons d'abord évoquer les cas cliniques de dissociations. De nombreux patients, la plupart ayant subis un AVC ou une lésion cérébrale, ont une MCT verbale parfaitement conservée couplée avec de lourds déficits de la MCT visuo-spatiale. L'exemple typique est celui du patient KF, étudié par Elisabeth Warrington. Celui-ci a un empan mnésique de 2, avec une absence totale d'effet de récence en MCT. Cependant, ce déficit n'apparait qu'avec une présentation orale des items et disparait lorsque les items sont présentés visuellement. Le déficit inverse, à savoir une MCT verbale altérée avec préservation de la MCT visuo-spatiale, existe aussi. Le cas classique est celui du patient LE, un ancien sculpteur aujourd'hui incapable de mémoriser temporairement des informations visuelles. Cependant, il faut signaler que sa capacité à mémoriser des informations spatiales est conservée : il sait se repérer dans son environnement, se déplacer dans des lieux connus, etc. D'autres cas montrent une dégradation de leur mémoire spatiale, alors que leur mémoire visuelle est conservée.
 
==Boucle phonologique==
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* et un '''système de répétition''', chargé de répéter mentalement le contenu de l’entrepôt phonologique.
 
L'existence de ce système a été postulée pour rendre compte d'expériences sur les listes de mots, chiffres, lettres. AÀ vrai dire, c'est cette mémoire à court terme qui était étudiée dans les expériences mentionnées jusqu'à présent.
 
===Effet de similarité phonologique===
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* vide, rance, large, mieux, centre.
 
Vous remarquerez que les listes 1 et 3 sont plus difficiles que les autres. Il faut dire que les mots qu'elles contiennent se prononcent de la même façon. Du fait de leur prononciations similaires, les mots de la liste interférent entre eux, diminuant l'empan. ParEn contrerevanche, ce n'est pas le cas dans les autres listes, dont les mots se prononcent différemment. Cet effet est supposé provenir lors du rappel des informations depuis la mémoire à court-terme. Les informations n’interfèrent pas dans la boucle phonologique, lors de leur stockage. Par contreCependant, le mécanisme de rappel des informations depuis la boucle phonologique n'est pas parfait et a tendance à confondre les informations similaires.
 
Cependant, cet effet disparaitdisparaît sous certaines conditions. Premièrement, il disparaitdisparaît avec des listes de mots très longues, qui dépassent de loin la taille de l'empan mnésique usuel. Ensuite, il disparaitdisparaît dans les tâches de '''répétition articulatoire''', où les sujets doivent mémoriser une liste de mots, tout en prononçant à voix haute un mot en boucle. Dans de telles conditions, la boucle articulatoire n'est plus utilisée, la mémoire à long-terme prenant la relève.
 
===Effet de longueur du mot===
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* éléphant, misérable, médiocrité, anticonformiste, dépravation.
 
La première est nettement plus facile que la seconde, vu que ses mots étant sont nettement plus courts et contiennent nettementcontenant moins de syllabes.
 
===Effet de la suppression de la répétition subvocale===
 
Pour vérifier que la boucle phonologique est bien impliquée dans l'effet précédent, il suffit d’empêcher le cobaye de répéter mentalement les mots qui lui sont donnés. Pour cela, on ajoute une tâche de Brown-Petterson entre chaque mot. L'effet de la longueur du mot disparaitdisparaît : les mots longs sont alors aussi bien rappelés que les mots courts. Pour estimer la durée de ce processus de répétition subvocale, on peut essayer de se baserfonder sur la longueur à partir de laquelle un mot commence à être difficilement mémorisable. Cette longueur dépend des personnes, qui peuvent lire ou parler plus ou moins vite. Mais dans tous les cas, le taux de mémorisation chute brutalement pour les mots qui mettent plus de deux secondes à prononcer.
 
Ensuite, d'autres expériences ont testé la '''suppression de la répétition à haute voix'''. Il apparait que l'on mémorise mieux les listes de mots quand elles sont prononcées à haute voix que silencieusement. De même, on observe un phénomène d'interférence avec la parole. Si, juste après chaque présentation d'un mot, on demande aux cobayes de prononcer un autre mot que celui à mémoriser à haute voix, la mémorisation dans la boucle phonologique est alors fortement affectée, et devient inférieure à celle obtenue avec une tâche de Brown-Petterson.
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===Effet des sons distracteurs===
 
Enfin, on peut mentionner les expériences faisant appel à des '''sons distracteurs'''. Dans ces expériences, les sujets doivent mémoriser une liste écrite de mots/chiffres. Ceux-ci sont présentés en même temps qu'un son (un bruit blanc ou un mot d'une langue étrangère), que les sujets doivent ignorer. Un exemple de ce type d'étude est celle de Colle & Welsh (1976), dont les résultats ne s'expliquent correctement qu'avec un système de répétition articulatoire. Dans cette étude, les mots présentés en même temps qu'un bruit blanc sont mémorisés avec des performances identiques à celle d'un groupe contrôle. ParEn contrerevanche, les mots présentés en même temps que de la parole sont nettement moins bien mémorisés. L'explication est que le système de répétition articulatoire est utilisé pour traduire l'écrit en oral, transduction perturbée par les distracteurs verbaux.
 
==Calepin Visuo-spatial==
 
Outre nos capacités verbales, le cerveau gère aussi des images mentales, ses capacités d'imagerie étant impressionnantes. Autant dire que l'existence d'une mémoire de travail visuelle, où les informations sont encodées par des images mentales, n'est pas étonnante. Celle-ciElle s'appellese lenomme '''calepin visuo-spatial'''.
 
===Codage visuel===
 
Pour prouver l'existence d'un tel codage visuel, les chercheurs ont utilisé des expériences de parcours mental. On fait mémoriser aux cobayes unela carte d'une île, contenant un lac, une hutte et un rocher. On leur demande de parcourir mentalement le chemin qui mène de la hutte au rocher, ou tout autre endroit de l'ilel’île. Le temps mis par les cobayes pour faire cette traversée est proportionnel à la distance du trajet : le trajet s'effectue toujours à la même vitesse. D'autres expériences utilisées sont les expériences de rotation mentale. Dans ces expériences, on montre deux formes géométriques à des cobayes, et on leur demande de vérifier si ces deux formes sont différentes, ou s'il s'agit de la même forme présentée sous un angle différent. Pour faire cette vérification, le cobaye va devoir faire tourner mentalement l'objet, et appuyer sur un bouton poussoir quand il a fini. Statistiquement, le temps mis pour faire la rotation est presque proportionnel à l'angle de rotation.
 
[[File:Shepard.PNG|centre|vignette|upright=2.0|Expérience de rotation mentale.]]
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===Capacité===
 
L'étude de la capacité de la MDT visuelle se basefonde sur des expériences dites de détection de changement. On présente une image au sujet durant un certain temps, suivie par une seconde image après quelques secondes de noir entre les deux. Le sujet doit dire si les deux images présentées sont identiques ou non. Le sujet doit catégoriser ainsi une succession de paires d'images, certaines paires ayant des images identiques, d'autres des images différentes. Pour donner un exemple, on peut prendre l'étude de Phillips, datée de 1974. Les sujets de cette étude se voyaient présenter des plateaux d'échec de complexité variable : de 4 * 4 cases pour les plus simples à 8 * 8 cases pour les plus complexes. Les délais de présentation entre les deux plateaux variaient entre 0 à 9 secondes. Il se trouve que dans cette expériences (et dans toutes les autres du même type), les performances diminuaient avec le délai inter-image. D'une détection quasi-parfaite avec un délai inférieur à la seconde, les performances chutaient au-delà. Cela suggère que la MDT visuelle a une capacité limitée.
 
L'ensemble des expériences de ce type semble indiquer une capacité proche de 3 à 4 items. Pour donner un exemple de ces expériences, qui visent à mesurer précisément la capacité de la MDT visuelle, on peut citer l'étude de Luck et Vogel (1997). Dans celle-ci, on présentait des images contenant des carrés colorés aux sujets. Là encore, les sujets devaient détecter un changement dans la couleur des carrés, ou dans leur position. En augmentant le nombres de carrés, la performance suivait un motif assez simple : la performance décline doucement à moins de 4 carrés, mais devient abrupte pour de courtes durées au-delà.
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==Tampon épisodique==
 
Si l'on soumet des cobayes à des tâches demandant de retenir des listes de mots, l'ajout d'une tâche de Brown-Petterson ou l'utilisation d'une tâche de suppression articulatoire va supprimer les phénomènes d'interférences phonétiques. Cependant, on voit apparaitreapparaître des interférences sémantiques : plus les mots appartiennent à la même catégorie ou sont proches sémantiquement, plus le taux de rappel est mauvais. Cette observation peut être attribuée à l'existence d'une mémoire à long-terme dans une certaine mesure, mais sans être vraiment compatiblescompatible avec le modèle précédent. Mais d'autresDautres observations ne peuvent s'expliquer simplement avec le modèle précédent. Par exemple De plus, dans les tâches de répétition articulatoire, les cobayes arrivent tout de même à retenir quelques mots en mémoire à court terme. De plusmême, la taille de cet empan est différente de la taille de la boucle phonologique : les cobayes retiennent environ 4 items, au lieu des 7 que la boucle phonologique peut permettre. Enfin, les expériences d'apprentissage de listes de mots et de phrases donnent des empans totalement différents : de 5 à 6 mots dans une liste de mots à 15 à 20 mots pour l'apprentissage d'une phrase. Une telle capacité dépasse de loin celle de la boucle phonologique verbale et du calepin visuo-spatial.
 
De même, quand on lit un texte, qu'on réfléchit, ou qu'on cherche à résoudre un problème, il est évident que notre mémoire de travail est mise à contribution. MaisNéanmoins, les données sur lesquelles on travaille ne sont ni des images, ni des données verbales : ce sont des concepts, des informations qui ont une signification. Dans ces conditions, le calepin visuo-spatial et la boucle phonologique ne peuvent pas servir à stocker ces concepts. Pour gérer les éléments porteurs de signification, la mémoire de travail doit fatalement contenir un sous-composant, en plus de la boucle phonologique et du calepin visuo-spatial.
 
Rendre compte de ces observations demande de postuler une nouvelle forme de mémoire. Pour cela, le modèle de la mémoire de travail a adapté dans les années 2000, par ses auteurs, pour rajouter une autre MCT contenant des informations épisodiques ou sémantiques. Cette MCT s'appelle le '''tampon épisodique''', ou encore l'{{lang|en|executive buffer}}. Il est supposé que cette mémoire serait en lien direct avec la mémoire à long terme. Ce tampon épisodique aurait une capacité de quatre items maximum, capacité qui serait cependant influencée par le phénomène de chunking, qui aurait lieu dans cette mémoire. Il est aussi supposé que les informations dans ce tampon seraient autant visuelles que verbales ou conceptuelles. Le tampon permettrait de lier entre elles ces représentations, histoire de former des chunks cohérents.
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Quelques théories sur l'oubli en MCT disent, pour rappel, que les items à retenir s'effacent avec le temps. Une façon de contrer cet effacement progressif est de rafraichir les items. Une des capacités du superviseur attentionnel est de rafraichir le contenu des différentes MCT. Attention : le terme « rafraichir » est différent de « répéter ». La raison est simple : répéter sera réservé au mécanisme de répétition utilisé par la boucle phonologique, la répétition articulatoire. Le superviseur attentionnel dispose d'un autre processus de répétition séparé, capable d'intervenir dans toutes les mémoires à court terme : on l’appellera le rafraichissement.
 
Pour expliquer les observations obtenues avec ce genre d'épreuves, divers modèles ont été crée. Le plus abouti à l'heure actuelle est le modèles TBRS (Time Based Refreshing Sharing), crée par des chercheurs français. Ce modèle se basefonde sur quatre axiomes de base. Premièrement, les tâches d'empan complexes utilisent l'attention pour maintenir et traiter les informations en mémoire de travail. Cette attention sert à traiter, mais aussi maintenir les informations en mémoire de travail : ce mécanisme de rafraîchissement attentionnel permet d'éviter l'oubli des informations en mémoire de travail.
 
Deuxièmement, les traitements et le rafraîchissement des informations s'effectuent les uns après les autres : l'attention est focalisée sur un objet à la fois. La mémoire de travail utilise traitements et rafraîchissement de manière séquentielle. L'administrateur central va ainsi constamment switcher entre traitements et rafraîchissement, rafraîchissant et traitant les chunks les uns après les autres en mémoire de travail.