« La politique monétaire/Le contrôle de l'inflation par la banque centrale » : différence entre les versions

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Pour contrôler l'inflation, la banque centrale peut agir sur deux leviers : son taux directeur, ou la quantité de monnaie qu'elle émet. Ces deux instruments ne peuvent cependant pas être utilisés en même temps, toute variation des taux entraînant une variation de la quantité de monnaie, et réciproquement. Dans ce qui va suivre, nous allons étudier ce qui se passe quand la banque centrale manipule les taux et quand elle manipule la quantité de monnaie.
 
Le comportement de la banque centrale se modélise relativement bien par une '''fonction de réaction de la banque centrale''', qui détermine comment la banque centrale fixe ses taux d'intérêts ou la masse monétaire en fonction de l'inflation mesurée. Cette fonction précise comment la banque centrale tente de fixer le taux d'intérêt réel, le seul à avoir un effet sur l'économie/anticipée. Cette fonction de réaction est cependant une simplification mathématique qui ne capture pas les subtilités du fonctionnement des banques centrales. Les taux d'intérêts sont décidés par des comités internes aux banques centrales, ce qui rend la modélisation du comportement d'un tel groupe relativement compliquée. Rares sont les banques centrales qui suivent une véritable règle, qui dicterait laleur fixationconduite duet tauxleur d'intérêtcomportement de manière fine. Dans les faits, les banques centrales suivent parfois des politiques discrétionnaires, qui dépendent fortement de la conjoncture économique. Cela arrive notamment dans les situations de crises bancaire ou suite à des récessions. Les fonctions de réaction qui vont suivre sont donc à voir comme des simplifications théoriques, aptes pour la modélisation, mais dont l'intérêt normatif est faible.
 
Dans ce chapitre, nous allons étudier deux cas : celui où la banque centrale contrôle les taux d'intérêts et celui où elle contrôle la masse monétaire. Dans le premier cas, nous allons voir comment la banque centrale fixe ses taux d'intérêts, en réaction à l'inflation ou à l'écart de production. Ce n'est que dans la seconde section que nous verrons comment la banque centrale gère la masse monétaire. La raison à cela est que la majorité des banques centrales fixe les taux d'intérêts et non la masse monétaire. Le premier cas est donc plus fréquent dans la réalité, ce qui justifie de le voir en premier.
 
==Le contrôle des taux directeurs==
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On peut interpréter ce mécanisme d'une autre manière : elle agit sur la quantité de monnaie en faisant varier les taux. Dans les grandes lignes, l'argent des agents économiques se répartit entre actifs et monnaie, les rapports variant selon les taux. L'influence des taux passe par l'effet de substitution entre actif et monnaie. En faisant varier le taux d'intérêt, la banque centrale va rendre les actifs plus ou moins rentables que la monnaie. En conséquence, les obligations deviennent très rentables : les agents vont donc convertir leur monnaie en actif. Cela a pour effet de diminuer la quantité de monnaie en circulation, et donc l'inflation. En faisant baisser les taux, la situation inverse prévaut : les agents convertissent leurs obligations en monnaie, augmentant la quantité de monnaie en circulation. Il faut noter que si les taux sont proches de zéro, monnaie et obligations deviennent des substituts parfaits : la banque centrale perd donc le contrôle de l'inflation.
 
==La fonction de réaction de la banque centrale==
 
Le comportement de la banque centrale se modélise relativement bien par une '''fonction de réaction de la banque centrale''', qui détermine comment la banque centrale fixe ses taux d'intérêts en fonction de l'inflation mesurée. Cette fonction précise comment la banque centrale tente de fixer le taux d'intérêt réel, le seul à avoir un effet sur l'économie. Cette fonction de réaction est cependant une simplification mathématique qui ne capture pas les subtilités du fonctionnement des banques centrales. Les taux d'intérêts sont décidés par des comités internes aux banques centrales, ce qui rend la modélisation du comportement d'un tel groupe relativement compliquée. Rares sont les banques centrales qui suivent une véritable règle, qui dicterait la fixation du taux d'intérêt. Dans les faits, les banques centrales suivent parfois des politiques discrétionnaires, qui dépendent fortement de la conjoncture économique. Cela arrive notamment dans les situations de crises bancaire ou suite à des récessions. Les fonctions de réaction qui vont suivre sont donc à voir comme des simplifications théoriques, aptes pour la modélisation, mais dont l'intérêt normatif est faible.
 
===La règle de Taylor===
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On retombe donc sur la fonction de réaction précédente, si ce n'est que le coefficient <math>k</math> change quelque peu. On voit que la banque centrale ne prend en compte que l'inflation et se moque des mesures du chômage ou du PIB, alors que sa fonction de perte en tient compte ! Cibler l'inflation suffit donc parfaitement pour obtenir un résultat optimal au niveau de l'écart de production.
 
==Le contrôle de la masse monétaire==
 
Rares sont les banques centrales qui gèrent activement la masse monétaire. Les raisons à cela sont multiples, allant d'une sombre histoire d'instabilité de la demande de monnaie à des contraintes techniques. Une de ces raisons tient dans le fait que la banque centrale contrôle en fait la base monétaire et non la masse monétaire. Cela peut sembler un détail, vu que ces deux grandeurs sont reliées par un multiplicateur monétaire, mais ce dernier n'est pas constant et est soumis à des variations assez soutenues. En conséquence, contrôler la base monétaire ne signifie pas forcément contrôler la masse monétaire.
 
===La règle de Friedmann de croissance de la masse monétaire===
 
Quelques économistes ont tenté de définir ce que serait une politique monétaire optimale, capable de gérer au mieux la masse monétaire. Certains l'ont définie par une règle de fixation de la masse monétaire, équivalente à la règle de Taylor, mais pour la masse monétaire. Le premier à l'avoir fait fût Friedmann, qui donna son nom à la '''règle de Friedmann de croissance de la masse monétaire'''. Celle-ci est au demeurant particulièrement simple : elle consiste à faire croître la masse monétaire d'un pourcentage fixe chaque année, proche de 3%.
 
L'idée cachée derrière cette règle est simplement d'obtenir une politique contracyclique, qui réduit l'ampleur des récessions et des booms. Lors d'une récession, la masse monétaire s'effondre et une forte baisse de l'inflation s'ensuit. La contrer demande de créer de la monnaie bien plus rapidement que la production ne croit, ce qui induit une hausse de l'inflation. A l'inverse, la masse monétaire croit lors des booms, bien plus vite que la production. On peut alors les contrer en utilisant une politique contractionniste, réduisant donc l'inflation. La règle de Friedmman fait exactement ceci, en gardant le taux de croissance de la masse monétaire fixe. Pour comprendre pourquoi, rappelons la règle tirée de la théorie quantitative de la monnaie : <math>\overline{M} = \overline{PIB} + \overline{P}</math>. Si <math>\overline{PIB}</math> chute, l'inflation <math>\overline{P}</math> ne peut que croitre, pour garder <math>\overline{M}</math> constant. Et inversement en cas d'augmentation de <math>\overline{PIB}</math>.
 
Ce faisant une chute de la production
 
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