« La politique monétaire/Les chefs d'orchestre : les banques centrales » : différence entre les versions

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Le dernier point est qu'une inflation élevée est souvent une inflation fortement variable dans le temps. Cette '''volatilité de l'inflation''' favorise les entreprises financières, au détriment des autres. Plusieurs études estiment qu'une hausse de 10% de l'inflation augmente de plusieurs pourcents la part du PIB gagnée par les sociétés financières. En conséquence, l'inflation aide le transfert des ressources aux banques et organismes financiers. De plus, elle empêche les entrepreneurs et investisseurs d'estimer le rendement réel de leurs investissements. Pour se prémunir contre une mauvaise anticipation d'inflation, les investisseurs vont anticiper le pire des cas, l'inflation la plus haute possible. Les taux nominaux vont donc être très importants et le taux réel anticipé a des chances d'être plus élevé que sa valeur naturelle. Dit autrement, les investisseurs augmenteront les taux d'intérêts pour se prémunir contre le risque d'inflation. Cette hausse des taux entraine une baisse de la production, par des mécanismes que nous aborderons dans quelques chapitres. Ce phénomène disparait quand la banque centrale s'engage à respecter une cible d'inflation : les agents économiques s'attendront à une inflation égale à la cible, et ne négocieront pas une prime de risque liée à l'inflation. Les taux réels sont donc légèrement abaissés, favorisant la production.
 
====Les effets macroéconomiques du ciblage de l'inflation====
Si on fait la somme de ces effets, on remarque qu'une forte inflation a un effet délétère sur la production et le pouvoir d’achat. Elle augmente les taux réels, ce qui réduit l'investissement et la production. Elle fait baisser le pouvoir d'achat des ménages et sucre leur épargne, ce qui réduit investissement et production. Elle réduit la valeur des impôts, ce qui pousse l'état à réduire les dépenses et à taxer. Elle entraine des coûts pour les entreprises, qui doivent les compenser d'une manière ou d'une autre. Et enfin, elle détourne la monnaie vers le secteur financier, d'une manière qui ne favorise pas l'économie réelle (elle favorise les intermédiaires des transactions, pas l'investissement productif). Par contre, une inflation légère favorise un tout petit peu la situation du chômage, par une baisse légère des salaires réels. Limiter l'inflation est donc une bonne politique, dans une certaine mesure.
 
On verra dans quelques chapitres que cecibler systèmel'inflation permet de lutter efficacement contre les récessions et stabilise l'économie autour du plein emploi. Quand une récession a lieu, elle se traduit le plus souvent par une diminution de l'inflation, si ce n'est par une déflation. En effet, le déclin de la production entraine une baisse des salaires ainsi qu'une augmentation du chômage. Les ménages achetant moins et devant se serrer la ceinture, les entreprises doivent baisser leurs prix pour garder leurs bénéfices. Pour éviter cela, la banque centrale peut alors stimuler la demande et lutter contre la récession directement à la source. Elle n'a pas les mains liées par le contrôle des taux de change ou par les réserves en or. Ce système permet aussi à la banque centrale de créer suffisamment d'argent pour lutter contre la récession, mais pas suffisamment pour entrainer des dégâts. Les situations d'hyperinflation sont notamment impossibles si la banque centrale s'engage à respecter son objectif de 2% d'inflation.
 
==Indépendance==