« La politique monétaire/Les chefs d'orchestre : les banques centrales » : différence entre les versions

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En premier lieu, l'inflation influence certaines dettes. Les dettes à taux variables ne sont pas influencées par l'inflation : leur taux augmente avec celle-ci, ce qui fait que leur taux réel reste le même. Par contre, les dettes à taux fixe sont rognées par l'inflation : leur taux nominal étant fixe, une augmentation de l'inflation réduit leur taux réel. Un cas particulier est d'ailleurs celui de la monnaie, qui est un actif dont le taux nominal est de zéro. L'inflation fait perdre son pouvoir d'achat à a monnaie, son taux de rendement réel étant de <math>- \pi</math>. On peut voir l'inflation comme une '''taxe sur la détention d'espèces''', qui touche surtout les ménages qui détiennent une grande partie de leur patrimoine sous la forme de monnaie. Généralement, les ménages "riches" font partie des ménages investis en actifs protégés de l'inflation, les ménages modestes étant au contraire les plus touchés. La taxe d'inflation est donc une taxe fiscalement régressive, dont le taux diminue avec le patrimoine et les revenus. De plus, il ne faut pas croire que les ménages et entreprises ne réagissent pas à cette taxe d'inflation. Les ménages tentent de s'en prémunir en réduisant leurs encaisse, en dépensant immédiatement leur argent et en réduisant leur épargne de précaution. Cela entraîne l'apparition de divers coûts, appelés coûts de semelle (''Shoe leather cost'' en anglais). Ce nom, d'inspiration comique, vient du fait que les voyages incessants à la banque lors des épisodes de forte inflation sont censés user plus vite les semelles des ménages.
 
Enfin, l'inflation influence la perception des impôts par divers mécanismes assez contre-intuitifs. En premier lieu, elle réduit la valeur des impôts reçus par l’état. Il existe un certain temps entre le versement des revenus par les ménages, la perception des impôts et leur dépense par l'état. Et durant ce temps, l'inflation rogne la valeur des impôts perçus. Mais l'effet tient surtout que les impôts sont perçus sur des revenus nominaux et non sur des valeurs réelles. Dans le cas des revenus du capital, cela entraine une augmentation du taux d'imposition par rapport au taux réellement appliqué (celui définit dans la loi). Et si on tient compte de certaines déductions et réductions d'impôts, cela altère l'attractivité de certains investissements. Les niches fiscales deviennent nettement plus attractives que prévu, et les agents sur-investissent dans celles-ci. Il y a beaucoup d'autres effets de l'inflation sur la perception des impôts ou sur les investissements dépendants des taux d'imposition. Tout cela cause un manque à gagner pour l'état, qui doit être compensé d'une manière ou d'une autre, par une réduction des dépenses ou une augmentation des taxes. Et les effets sont très souvent assez larges, bien plus que pour la taxe d'inflation ou les autres effets. On estime que cela réduit les ressources fiscales de quelques pourcents, la valeur exacte dépendant du pays.
Une autre raison est que l'inflation n'a pas un effet immédiat sur les salaires, vu que de nombreux salaires sont fixes à court-terme. De nombreux salaires ne sont pas réévalués en même temps que l'inflation, ce qui entraîne une baisse de pouvoir d'achat, qui peut cependant être compensée quand les salaires sont "dé-fixés". Cela a autan d'effets positifs que négatifs. On a vu dans le chapitre précédent que ce mécanisme a été mis en avant par Keynes pour lutter contre les récessions : la baisse des salaires réels diminue le chômage, dans une certaine mesure. Cependant, cette baisse de pouvoir d'achat peut aussi réduire la consommation, heurtant le PIB. Or, qui dit baisse de PIB dit augmentation du chômage ! On voit que cette baisse des salaires induite par l'inflation a des effets positifs si elle ne réduit pas trop le pouvoir d'achat, du moins pas suffisamment pour avoir un effet sur les ventes. Une légère inflation, proche de quelques pourcents, est donc utile pour l'économie. À l'inverse, une forte inflation se traduira par une baisse des dépenses, déclenchant une récession temporaire.
 
Enfin, une forte inflation réduit la valeur des impôts reçus par l’état. Le mécanisme est similaire à la baisse des salaires réels, mais appliqué aux impôts. La hausse des prix ayant lieu avant la perception des impôts, ceux-ci voient leur valeur réelle diminuer. Cela cause un manque à gagner pour l'état, qui doit être compensé d'une manière ou d'une autre, par une réduction des dépenses ou une augmentation des taxes.
 
Un autre problème est que si l'inflation est vraiment forte, les prix doivent être mis à jour régulièrement par les entreprises. Cette mise à jour des prix n'est pas gratuite pour les entreprises, celles-ci devant changer les étiquettes, les menus, les catalogues, etc. De tels '''coûts de menu''' sont préjudiciables à la rentabilité des entreprises. Et il faut aussi parler de la mise à jour des salaires ou des taux d'intérêts. Si l'inflation est vraiment forte, les entreprises doivent mettre à jour les salaires fréquemment (tous les mois ou tous les ans). Dans certains cas, les salaires peuvent même être indexés sur l'inflation. Dans les deux cas, cela a un coût pour les entreprises
 
Une autre raison est que l'inflation n'a pas un effet immédiat sur les salaires, vu que de nombreux salaires sont fixes à court-terme. De nombreux salaires ne sont pas réévalués en même temps que l'inflation, ce qui entraîne une baisse de pouvoir d'achat, qui peut cependant être compensée quand les salaires sont "dé-fixés". Cela a autant d'effets positifs que négatifs, mais cela entraine une baisse temporaire du pouvoir d'achat des salaires.
 
[[File:Volatilityofinflation.PNG|vignette|Volatilité de l'inflation.]]