« La politique monétaire/Les chefs d'orchestre : les banques centrales » : différence entre les versions

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Des prix stables sont favorables pour l'économie, pour diverses raisons assez peu intuitives. Si on demande quels sont les défauts de l'inflation à une personne lambda, celle-ci dira que l'inflation cause une perte du pouvoir d'achat en rognant les salaires et l'épargne. C'est intuitif : si les prix montent, à salaire égal, le pouvoir d'achat des salaires diminue. Même chose pour l'épargne : si l'épargne reste constante, une hausse des prix réduit le pouvoir d'achat de l'épargne. Mais un économiste ne serait pas d'accord avec ce raisonnement. Sur le long-terme, l'inflation fait monter tous les prix de l'économie, y compris les salaires et les taux d'intérêts (qui sont le prix du travail et de l'épargne). Une inflation égale à 5% fera certes monter les prix des biens et services de 5%, mais les salaires vont croitre au même pourcentage, même chose pour les taux d'intérêts qui vont augmenter de 5%. On n'observera donc aucune perte de pouvoir d'achat des salaires, de même pour l'épargne. Bref, l'inflation ne modifie pas les variables réelles, ce qui fait qu'elle n'a pas d'effets macroéconomiques notables. Mais ce raisonnement, bien que valide sur le long-terme, a cependant quelques exceptions et faiblesses qui font qu'il est imprécis : l'inflation a bien des effets macroéconomiques, qu'il convient de réduire le plus possible.
 
En premier lieu, l'inflation influence certaines dettes. Les dettes à taux variables ne sont pas influencées par l'inflation : leur taux augmente avec celle-ci, ce qui fait que leur taux réel reste le même. Par contre, les dettes à taux fixe sont rognées par l'inflation : leur taux nominal étant fixe, une augmentation de l'inflation réduit leur taux réel. Un cas particulier est d'ailleurs celui de la monnaie, qui est un actif dont le taux nominal est de zéro. L'inflation fait perdre son pouvoir d'achat à a monnaie, son taux de rendement réel étant de <math>- \pi</math>. On peut voir l'inflation comme une '''taxe sur la détention d'espèces''', qui touche surtout les ménages qui détiennent une grande partie de leur patrimoine sous la forme de monnaie. Par contre, les ménages quiavec détiennentdes uneactions grande partieou de leur patrimoine sous la forme dl'actifsimmobiliers ne sont pas pénalisés par l'inflation, le prix des actifs augmentant en même temps que l'inflation. Ainsi, un patrimoine mobilier ou immobilier se valorisera au même rythme que l'inflation des prix immobilier, là où la monnaie ne sera pas rémunérée (ou très peu, en ce qui concerne les placements très liquides comme le livret A). Généralement, les ménages "riches" font partie des ménages investis en actifs protégés de l'inflation, les ménages modestes étant au contraire les plus touchés. La taxe d'inflation est donc une taxe fiscalement régressive, dont le taux diminue avec le patrimoine et les revenus.
 
IlDe plus, il ne faut pas croire que les ménages et entreprises ne réagissent pas à cette taxe d'inflation. Les ménages tentent de s'en prémunir en dépensantréduisant leurs encaisses monétaires par divers mécanismes. Ils peuvent dépenser le plus vite possible leur argent, ce qui augmente la vélocité de la monnaie. Ils peuvent aussi réduireplacer leleur plusmonnaie possibledurant leursquelques encaissesjours monétairesou ensemaines, lesentre plaçantle surtemps des comptesils d'épargnereçoivent faiblementleur rémunérés,argent suret lesquelsle ilstemps font deils nombreuxveulent retraitsle pourdépenser. honorerTypiquement, chaque dépense. Lesles ménages vontpeuvent régulièrement à la banque pour retirerplacer leur argent depour leursquelques comptesjours épargneou assez souventsemaines, àet chaqueles fois qu'ilsretirer ontjuste besoinavant de faire des dépenses. Ils vont donc plus souvent à la banque pour retirerfaire leurdes argentretraits, ce qui entraîne l'apparition de divers coûts, appelés '''coûts de semelle''' (Shoe leather cost en anglais). Ce nom, d'inspiration comique, provientvient du fait que les voyages incessants à la banque lors des épisodes de forte inflation sont censés user plus vite les semelles des ménages.
 
Une autre raison est que l'inflation n'a pas un effet immédiat sur les salaires, vu que de nombreux salaires sont fixes à court-terme. De nombreux salaires ne sont pas réévalués en même temps que l'inflation, ce qui entraîne une baisse de pouvoir d'achat, qui peut cependant être compensée quand les salaires sont "dé-fixés". Cela a autan d'effets positifs que négatifs. On a vu dans le chapitre précédent que ce mécanisme a été mis en avant par Keynes pour lutter contre les récessions : la baisse des salaires réels diminue le chômage, dans une certaine mesure. Cependant, cette baisse de pouvoir d'achat peut aussi réduire la consommation, heurtant le PIB. Or, qui dit baisse de PIB dit augmentation du chômage ! On voit que cette baisse des salaires induite par l'inflation a des effets positifs si elle ne réduit pas trop le pouvoir d'achat, du moins pas suffisamment pour avoir un effet sur les ventes. Une légère inflation, proche de quelques pourcents, est donc utile pour l'économie. À l'inverse, une forte inflation se traduira par une baisse des dépenses, déclenchant une récession temporaire.