« Précis d'épistémologie/La perception, l'imagination et la réflexion » : différence entre les versions

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Les associations et les inférences muettes font qu'il n'y a pas de frontière nette entre la perception sensorielle et l'imagination du présent.
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Au sens strict retenu dans ce livre, la perception est seulement l'imagination du présent. Mais on peut aussi définir la perception en un sens plus général et parler de la perception du passé (la remémoration, et plus généralement toute forme d'imagination du passé), du futur (l'anticipation), de l'imaginaire (rêver à des êtres qui n'existent pas) et même des êtres abstraits (le savoir abstrait, mathématique par exemple). Ainsi entendues la perception et l'imagination sont synonymes.
 
== Les associations et les inférences muettes ==
 
La plupart des représentations internes influencent les actions non directement en commandant les muscles mais indirectement, en participant à la production d'autres représentations. Les représentations internes, sauf peut-être celles qui servent directement à commander les effecteurs, ont toujours pour fonction de produire, modifier ou supprimer d'autres représentations internes, ou au moins de participer à la dynamique de production des représentations internes.
 
Comme le cerveau est une machine massivement parallèle, une représentation peut exciter ou inhiber de nombreuses autres représentations. C'est pourquoi les représentations sont en général produites en associations. Des représentations qui s'excitent mutuellement sont éveillées simultanément.
 
Une inférence consiste à passer d'une condition à une conséquence. La conséquence est une représentation produite, inférée, à partir des représentations qui déterminent la condition. Si ces représentations sont verbales, une inférence est une étape d'un raisonnement, mais il n'est pas nécessaire que les représentations soient verbales. La perception procède par inférence muette dès qu'elle relie des conséquences et des conditions.
 
Une inférence est une sorte particulière d'association. Il faut que le lien d'excitation de la conséquence par la condition soit suffisamment fort pour que la conséquence soit toujours éveillée lorsque la condition l'est.
 
Les inférences peuvent être enchaînées parce que les conséquences peuvent être elles-mêmes des conditions qui ont des conséquences, et ainsi de suite. Les enchaînements d'inférences muettes ressemblent beaucoup à un raisonnement. La suite des représentations des conditions et de leurs conséquences est semblable à celle de leurs descriptions verbales enchaînées dans un raisonnement.
 
La perception sensorielle est à la sensation ce que la raison est à l'intuition. Les intuitions viennent spontanément mais il faut raisonner à partir d'elles pour développer le savoir rationnel auquel elles conduisent parfois. De même les sensations sont produites spontanément par les sens mais il faut procéder par inférence, produire de nouvelles représentations internes, pour développer une perception bien informée de l'être perçu. La perception sensorielle est comme un raisonnement sur les sensations.
 
Les associations et les inférences muettes font qu'il n'y a pas de frontière nette entre la perception sensorielle et l'imagination du présent. Lorsqu'une représentation a été produite par inférence, comme conséquence d'une condition déjà perçue, on peut dire qu'elle est imaginée mais on peut aussi dire qu'elle est perçue indirectement à partir de la perception de la condition.
 
== Imaginer pour simuler les autres âmes ==
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La connaissance des bons schémas fait toute la différence entre l'expert et le néophyte. Un expert n'a souvent besoin que d'un coup d'œil pour analyser correctement une situation et tirer les conclusions qui s'imposent, parce qu'il connaît déjà les schémas qui permettent de la comprendre et il n'a qu'à vérifier leur adaptation. Un néophyte est submergé par le flot de nouvelles informations, ne sait pas quoi regarder, ne distingue pas l'essentiel du négligeable et se pose rarement les bonnes questions, parce qu'il ne connaît pas les schémas qui lui permettraient d'organiser sa perception de la situation.
 
Pour comprendre comment les schémas sont utilisés pour contrôler la perception et l'imagination, on a besoin d'un modèle qui explique la volonté, l'attention et la formation des croyances. Il sera présenté dans un [[Précis d'épistémologie/ Les émotions, la volonté et l'attention| prochain chapitre]].
 
== L'imagination créatrice ==