« Précis d'épistémologie/La perception, l'imagination et la réflexion » : différence entre les versions

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L'imagination est la production de représentations internes.
 
La perception d'origine sensorielle est une forme de l'imagination, stimulée et guidée par les sens. Les représentations internes sont produites à partir des signaux fournis par les organes sensoriels.
 
Les représentations de l'environnement présent ne sont pas forcément d'origine sensorielle. Si par exemple je suis dans un endroit familier, je peux me représenter la disposition des lieux même dans l'obscurité. Je sais que divers objets sont présents et où ils sont alors que je ne les perçois pas directement.
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De façon générale nos représentations du présent sont issues à la fois d'informations sensorielles et d'informations mémorisées. Par exemple lorsque nous saisissons un objet familier, le geste est préparé de façon à s'adapter au poids de l'objet. Si nous anticipons mal le poids le geste n'est pas adapté. Cela montre que nous avons une représentation interne du poids avant que nous tenions l'objet dans la main. Le poids est donc représenté avant que les capteurs de tension musculaire ne fournissent cette information. On peut dire que le poids a été imaginé, mais on peut aussi dire qu'il a été perçu indirectement à partir de l'image visuelle, grâce à un savoir mémorisé sur le poids ordinaire d'un tel objet.
 
La perception et l'imagination sont souvent pensées en opposition. Ce qui est perçu est présent, ce qui est seulement imaginé ne l'est pas. Mais cette opposition interdit de parler de l'imagination du présent et de définir la perception comme une forme de l'imagination.
 
Au sens strict retenu dans ce livre, la perception est seulement l'imagination du présent. Mais on peut aussi définir la perception en un sens plus général et parler de la perception du passé (la remémoration, et plus généralement toute forme d'imagination du passé), du futur (l'anticipation), de l'imaginaire (rêver à des êtres qui n'existent pas) et même des êtres abstraits (le savoir abstrait, mathématique par exemple). Ainsi entendues la perception et l'imagination sont synonymes.
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La perception attribue automatiquement des concepts aux objets perçus. La perception visuelle attribue des qualités visuelles (couleur, luminosité, texture, forme...) aux objets vus. Il en va de même pour les autres formes de perception sensorielle.
 
On distingue parfois les représentations iconiques, telles que les images visuelles, et les représentations conceptuelles, qui peuvent être formulées avec des mots. Mais cette distinction n'est pas fondamentale. Une image visuelle attribue des qualités visuelles à tous ses points, elle est donc déjà conceptuelle. Inversement une description verbale telle que bleu-blanc-rouge peut être considérée comme une image d'undu drapeau français, parce que les mots sont alignés comme les parties qu'ils représentent.
 
Percevoir, c'est déjà concevoir. Percevoir, imaginer et concevoir sont essentiellement la même chose. Il s'agit toujours de produire des représentations internes qui préparent à l'action.
 
Lorsqu'un être est perçu, il est toujours perçu avec des qualités ou des relations. Un être sans concepts, une sorte de chose en soi, à laquelle on n'attribue aucun concept, ne peut pas être perçu. Les êtres ne viennent jamais complètement nus. Ils sont toujours habillés avec les concepts que la perception leur a attribués (Kant 1787).
 
Pour qu'un objet soit perçu, il faut au minimum un détecteur qui signale la présence de l'objet. Le signal émis par le détecteur est une représentation interne de l'objet perçu. Il détermine également un concept attribué à l'objet : la qualité d'être détectable par ce détecteur, ou même plus précisément, la qualité de pouvoir déclencher le signal de détection émis par le détecteur. Une détection attribue automatiquement à l'objet détecté la qualité de faire partied'être desun objetsobjet qui peuventpeut être ainsi détectésdétecté. Le même signal de détection peut servir de représentation de l'objet détecté et en même temps de représentation du concept attribué à cet objet, parce que l'objet est identifié par son concept. Les êtres sont représentés par les concepts qui leur sont attribués. Par exemple « l'arbre dans la cour » est une expression qui se sert du concept d'être un arbre dans la cour pour représenter un arbre.
 
Un concept est déterminé par l'ensemble des systèmes de détection qui signalent la présence d'un objet en lui attribuant ce concept. Cette définition ne vaut pas seulement pour la perception sensorielle et les concepts empiriques. Elle peut être généralisée parce que toute unité de traitement de l'information peut être considérée comme un système de détection. Une unité de traitement de l'information produit des signaux en sortie à partir de signaux reçus en entrée. Un signal en sortie peut être considéré comme un signal de détection des signaux en entrée qui l'on produit.