« Précis d'épistémologie/La parole » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 57 :
 
La pensée solitaire est une sorte de vie sociale imaginaire. On intériorise par l'imagination la comédie humaine, comme si toute la société pouvait vivre et parler sur la scène intérieure.
 
Comme les agents se construisent par l'imagination et la volonté, et comme ils peuvent influencer par la parole les imaginations et les volontés des autres agents, ils peuvent chacun agir sur la façon dont les autres se construisent. Par la parole ils se construisent, ils se forment, ils se développent tous ensemble.
 
On se construit par la parole, parce qu'on s'en sert pour imaginer et vouloir, mais on peut aussi dire que c'est la parole qui nous construit.
 
Comme la parole peut être partagée, elle est une ressource commune de construction de soi-même. Nous pouvons tous recevoir les mêmes bienfaits de la parole pour nous former.
 
(...)
Ligne 75 ⟶ 81 :
 
On peut dire des principes qu'ils donnent à leurs termes des significations abstraites, ou qu'ils déterminent abstraitement leur signification, parce que la connaissance des principes fait partie de la compréhension du langage. Pour se comprendre le locuteur et l'auditeur doivent connaître les mêmes principes parce que les raisonnements font partie de la préparation à l'action, parce qu'on a souvent besoin de raisonner pour savoir quoi faire de la parole.
 
Pour développer un savoir théorique sur le savoir, il faut définir un cadre théorique qui nous permette de raisonner sur lale productiondéveloppement du savoir. C'est précisément la principale ambition du présent livre.
 
== La liberté d'interprétation ==
Ligne 106 ⟶ 114 :
Lorsque nous prouvons une conclusion par une raisonnement logique, les prémisses déterminent des conditions suffisantes de vérité. Quelle que soit l'interprétation choisie, si les prémisses sont vraies, alors la conclusion est vraie. Les raisonnements ne servent pas qu'à prouver, ils servent aussi à expliciter des conditions de vérité. Pour comprendre un théorème, il faut connaître sa preuve, parce qu'elle donne des conditions de vérité qui précisent comment il faut l'interpréter.
 
== LeLa savoirvérité mathématique ==
 
Un cadre théorique peut être identifié au système des principes qui déterminent les façons correctes de raisonner avec les concepts qu'ils emploient. Formellement, un système de principes est un ensemble d'axiomes et de définitions. Il définit une théorie, qui peut être conçue comme l'ensemble de tous les énoncés prouvables à partir des principes, les théorèmes de la théorie. Une théorie donne une signification abstraite aux noms avec lesquels elle forme ses énoncés, parce que ses principes peuvent être admis comme vrais par définition de leurs termes. On dit parfois des axiomes qu'ils sont des définitions déguisées, parce qu'ils servent à donner une signification à leurs termes, donc à les définir.
Ligne 132 ⟶ 140 :
Les théories purement abstraites sont parfois d'une utilité prodigieuse pour connaître la réalité concrète. On peut s'étonner de la déraisonnable efficacité des mathématiques pour les sciences de la Nature (Wigner 1960).
 
Le savoir logique, c'est à dire la capacité à reconnaître la correction logique des raisonnements, et plus généralement toutes les formes du savoir théorique, sont des formes du savoir sur le savoir. Pour reconnaître la correction logique nous devons réfléchir, nous devons nous connaître nous-mêmes en tant que raisonneurs. Les théories sont nos inventions. Pour connaître tout ce qu'elles révèlent, nous devons nous connaître nous-mêmes en tant que faiseurs de théories.
 
Pour développer un savoir théorique sur le savoir, il faut définir un cadre théorique qui nous permette de raisonner sur la production du savoir. C'est précisément la principale ambition du présent livre.
 
Le savoir sur le savoir est fondamental pour développer toutes les formes de savoir parce qu'en se connaissant lui-même comme être capable de produire du savoir, un agent devient capable de le produire.
 
== Le savoir éthique parlant ==
 
Une parole est un savoir éthique lorsqu'elle sert à évaluer des actions ou des comportements. Nous pouvons dire nos motivations et traduire en mots les inférences muettes qui évaluent les actions. Nous pouvons ainsi nous donner des lois, des principes éthiques, auxquels nous attachons notre volonté.
 
Un savoir éthique parlant ressemble à une théorie abstraite. Il s'énonce avec des principes dont la vérité est admise par la définition d'un idéal.
 
Le savoir éthique sur le savoir consiste à évaluer le savoir, donc à définir un idéal du savoir, le savoir tel qu'il doit être. Le chapitre suivant montrera qu'il est fondamental pour le développement du savoir pleinement rationnel.
 
 
Comme les agents se construisent par l'imagination et la volonté, et comme ils peuvent influencer par la parole les imaginations et les volontés des autres agents, ils peuvent chacun agir sur la façon dont les autres se construisent. Par la parole ils se construisent, ils se forment, ils se développent tous ensemble.
 
On se construit par la parole, parce qu'on s'en sert pour imaginer et vouloir, mais on peut aussi dire que c'est la parole qui nous construit.
 
Comme la parole peut être partagée, elle est une ressource commune de construction de soi-même. Nous pouvons tous recevoir les mêmes bienfaits de la parole pour nous former.