« Précis d'épistémologie/La perception, l'imagination et la réflexion » : différence entre les versions

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== Le savoir des fictions ==
 
Par l'imagination nous pouvons combiner des représentations dans des configurations nouvelles que nous n'avons jamais perçues. Les parties ont été perçues, mais leur assemblage est inventé, il est purement imaginaire, il représente un être fictif, une sorte de chimère. En assemblant des fragments d'images sensorielles, comme un patchwork, nous pouvons créer une image d'un être qui n'existe pas. De même en assemblant des concepts nous pouvons créer des représentations d'êtres qui n'ont jamais existé et qui n'existeront peut-être jamais. Par l'abstraction nous séparons les concepts des réalités qu'ils représentent. Par l'imagination nous les assemblons dans des configurations nouvelles et créons ainsi des fictions. L'imagination et l'abstraction sont créatrices. Par séparation et composition nous pouvons inventer toutes les possibilités conceptuelles que nous voulons. Nous découvrons ainsi la richesse des concepts et la liberté créatrice qu'ils nous donnent.
 
Toutes ces fictions de l'imagination sont en principe parfaitement connaissables, parce qu'elles ne sont rien de plus que des êtres imaginés. Nous connaissons nos fictions simplement en nous connaissant nous-mêmes, en tant qu'êtres qui imaginent.
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Le travail du romancier est semblable à celui du mathématicien. Il pose des conditions, une situation initiale et des contraintes, puis il expose leurs conséquences, souvent inéluctables, de la même façon qu'un mathématicien démontre des théorèmes à partir d'axiomes et d'hypothèses. Quand nous imaginons des fictions, nous pouvons utiliser pleinement nos capacités à inférer. Il ne s'agit pas seulement d'inventer des assemblages de représentations, il s'agit surtout d'imaginer tout ce qui en résulte, tout ce que notre dynamique intérieure de production de représentations par inférence peut fournir à partir de ces inventions. De cette façon l'imagination des fictions est une exploration de soi-même. Nous découvrons nos capacités de connaissance par inférence.
 
Toute connaissance d'un être peut aider à connaître ceux qui lui sont semblables, parce qu'une partie de ce qui est vrai de lui est également vrai des autres. Comme les fictions sont toujours plus ou moins semblables à des êtres réels, elles peuvent servir à les connaître. En imaginant des fictions, nous pouvons exercer et développer nos facultés de représentation et d'inférence sur des êtres typiques, fictifs mais suffisamment semblables à certaines réalités pour servir à la connaissance du réel. Nous découvrons ainsi la richesse des concepts et la liberté créatrice qu'ils nous donnent, parce que nous pouvons toujours imaginer de nouvelles possibilités conceptuelles.
 
== La réflexion ==