« Précis d'épistémologie/La perception, l'imagination et la réflexion » : différence entre les versions

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=== La perception est conceptuelle ===
 
Une représentation est conceptuelle lorsqu'elle attribue des concepts aux objets qu'elle représente. Les concepts sont des propriétés ou des relations. Une propriété, ou une qualité, est d'unattribuée uniqueà un objet. Une relation est entre plusieurs objets. Lorsqu'une relation est entre deux objets, on peut considérer qu'elle est une propriété du couple. Une relation entre trois objets est une propriété du triplet, et ainsi de suite pour les relations entre davantage d'objets.
 
La perception attribue automatiquement des concepts aux objets perçus. La perception visuelle attribue des qualités visuelles (couleur, luminosité, texture, forme...) aux objets vus. Il en va de même pour les autres formes de perception sensorielle.
 
On distingue parfois les représentations iconiques, telles que les images visuelles, et les représentations conceptuelles, qui peuvent être formulées avec des mots. Mais cette distinction n'est pas fondamentale. Une image visuelle attribue des qualités visuelles à tous ses points, elle est donc déjà conceptuelle. Inversement une description verbale telle que bleu-blanc-rouge peut être considérée comme une image d'un drapeau, parce que les mots sont alignés comme les parties qu'ils représentent.
 
Percevoir, c'est déjà concevoir. Percevoir, imaginer et concevoir sont essentiellement la même chose. Il s'agit toujours de produire des représentations internes qui préparent à l'action.
 
Lorsqu'un être est perçu, il est toujours perçu avec des qualités ou des relations. Un être sans concepts, une sorte de chose en soi, à laquelle on n'attribue aucun concept, ne peut pas être perçu. Les êtres ne viennent jamais complètement nus. Ils sont toujours habillés avec les concepts que la perception leur a attribués.
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== La perception de soi-même ==
 
Pour se préparer à l'action, connaître son environnement ne suffit pas, il faut aussi se connaître soi-même, ne serait-ce que pour connaître sa position et ses capacités.
La réflexion est la perception de soi-même. Elle est donc la production de représentations internes de l'agent lui-même.
 
La perception de son propre corps peut être considérée comme une sorte de réflexionperception de soi-même. Par exemple les informations fournies par les capteurs de tension musculaire permettent de construire un modèle interne du corps, de la position des membres et des efforts auxquels ils sont soumis.
 
Mais la connaissance de soi-même semble être plus que la perception de son corps, parce que l'âme est en permanence un témoin d'elle-même.
La réflexion est plus que la perception des diverses parties de l'intérieur du corps. Un agent peut se représenter lui-même en tant qu'agent, qui perçoit son environnement, qui imagine et qui agit.
 
Si je vois que le ciel est bleu, je suis pas seulement informé sur l'état du ciel, je suis également informé sur moi-même, sur ma relation à mon environnement, à savoir que je vois le ciel, je me connais moi-même en tant qu'être qui perçoit le ciel.
 
La réflexion est la connaissance de soi-même en tant qu'âme, c'est à dire en tant qu'être qui perçoit, imagine, ressent, veut, ou toute activité intérieure dont nous prenons conscience. La réflexion accompagne naturellement la perception du monde extérieur. Elle est presque une composante nécessaire de la perception parce qu'en percevant, on se connaît soi-même en tant qu'être qui perçoit. Une représentation n'apporte pas que des informations sur l'objet représenté, elle peut aussi en dire beaucoup sur la façon de le représenter. La connaissance du mode de représentation est de nature réflexive. On se connaît soi-même en connaissant sa relation à l'objet qu'on se représente. Par exemple, quand on se souvient, on sait qu'on se souvient, on se connaît soi-même en tant qu'être capable de se souvenir, et on ne pourrait pas faire la différence entre un souvenir et la perception du présent si on ne le savait pas.
Pour percevoir l'environnement il faut des organes sensoriels qui relient l'intérieur à l'extérieur. Même pour la perception de l'intérieur du corps, il y a une une interface sensorielle entre le système nerveux et le reste du corps qui est perçu. Faut-il en conclure que la réflexion requiert des organes sensoriels ? Y a-t-il une interface sensorielle entre le moi perçu et le moi qui perçoit ? Lorsque je sais que je vois le ciel, est-ce un œil introspectif qui me montre que je vois le ciel ? Non, parce qu'il n'y a pas de séparation entre un moi qui perçoit et un moi perçu, entre un intérieur et un extérieur, donc pas d'interface sensorielle. Tout se passe à l'intérieur. Toutes les informations sur l'agent, en tant qu'il perçoit, qu'il imagine et qu'il agit, sont déjà présentes à l'intérieur de l'agent. Pour développer ses facultés de réflexion il lui suffit d'exploiter ces sources intérieures d'information. Un organe sensoriel de réflexion n'est pas nécessaire parce que les informations recherchées sont déjà présentes à l'intérieur.
 
Pour percevoir l'environnement il faut des organes sensoriels qui relient l'intérieur à l'extérieur. Même pour la perception de l'intérieur du corps, il y a une une interface sensorielle entre le système nerveux et le reste du corps qui est perçu. Faut-il en conclure que la réflexion requiert des organes sensoriels ? Y a-t-il une interface sensorielle entre le moi perçu et le moi qui perçoit ? Lorsque je sais que je vois le ciel, est-ce un œil introspectif qui me montre que je vois le ciel ? Non,Il parcesemble que non, qu'il n'y a pas de séparation entre un moi qui perçoit et un moi perçu, entre un intérieur et un extérieur, donc pas d'interface sensorielle. Tout se passe à l'intérieur. Toutes les informations sur l'agent, en tant qu'il perçoit, qu'il imagine, etqu'il ressent ou qu'il agitveut, sont déjà présentes à l'intérieur de l'agent. Pour développer ses facultés de réflexion il lui suffit d'exploiter ces sources intérieures d'information. Un organe sensoriel de réflexion n'est pas nécessaire parce que les informations recherchées sont déjà présentes à l'intérieur.
La réflexion accompagne naturellement la perception du monde extérieur. Elle est presque une composante nécessaire de la perception parce qu'en percevant, on se connaît soi-même en tant qu'être qui perçoit. Une représentation n'apporte pas que des informations sur l'objet représenté, elle peut aussi en dire beaucoup sur la façon de le représenter. La connaissance du mode de représentation est de nature réflexive. On se connaît soi-même en connaissant sa relation à l'objet qu'on se représente. Par exemple, quand on se souvient, on sait qu'on se souvient, on se connaît soi-même en tant qu'être capable de se souvenir, et on ne pourrait pas faire la différence entre un souvenir et la perception du présent si on ne le savait pas.
 
PourLa seréflexion préparerest àfondamentale pour développer l'action, connaître son environnement neintelligence. suffitPar pasexemple, il faut aussi se connaître soi-même, ne serait-ce que pour connaître sa position et ses capacités. Unun agent doitpeut souvent imaginer comment agir avant d'agir. De cette façon, se savoir capable le rend capable. Dès qu'il anticipe correctement les résultats des actions qu'il pourrait entreprendre il se rend capable de les atteindre. C'estEn pourquoise laconnaissant réflexionlui-même estcomme auun cœurêtre dequi imagine, ladonc préparationen réfléchissant à l'actionses capacités, il découvre comment les développer. Réfléchir à nos capacités nous rend capable.
 
== Pourquoi les perceptions peuvent-elles êtres vraies ? ==