« Précis d'épistémologie/La perception, l'imagination et la réflexion » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications |
|||
Ligne 47 :
=== La perception est conceptuelle ===
Une représentation est conceptuelle lorsqu'elle attribue des concepts aux objets qu'elle représente. Les concepts sont des propriétés ou des relations. Une propriété, ou une qualité, est
La perception attribue automatiquement des concepts aux objets perçus. La perception visuelle attribue des qualités visuelles (couleur, luminosité, texture, forme...) aux objets vus. Il en va de même pour les autres formes de perception sensorielle.
On distingue parfois les représentations iconiques, telles que les images visuelles, et les représentations conceptuelles, qui peuvent être formulées avec des mots. Mais cette distinction n'est pas fondamentale. Une image visuelle attribue des qualités visuelles à tous ses points, elle est donc déjà conceptuelle. Inversement une description verbale telle que bleu-blanc-rouge peut être considérée comme une image d'un drapeau, parce que les mots sont alignés comme les parties qu'ils représentent.
Percevoir, c'est déjà concevoir. Percevoir, imaginer et concevoir sont essentiellement la même chose. Il s'agit toujours de produire des représentations internes qui préparent à l'action.
Lorsqu'un être est perçu, il est toujours perçu avec des qualités ou des relations. Un être sans concepts, une sorte de chose en soi, à laquelle on n'attribue aucun concept, ne peut pas être perçu. Les êtres ne viennent jamais complètement nus. Ils sont toujours habillés avec les concepts que la perception leur a attribués.
Ligne 90 ⟶ 94 :
== La perception de soi-même ==
Pour se préparer à l'action, connaître son environnement ne suffit pas, il faut aussi se connaître soi-même, ne serait-ce que pour connaître sa position et ses capacités.
La perception de son propre corps peut être considérée comme une sorte de
Mais la connaissance de soi-même semble être plus que la perception de son corps, parce que l'âme est en permanence un témoin d'elle-même.
Si je vois que le ciel est bleu, je suis pas seulement informé sur l'état du ciel, je suis également informé sur moi-même
La réflexion est la connaissance de soi-même en tant qu'âme, c'est à dire en tant qu'être qui perçoit, imagine, ressent, veut, ou toute activité intérieure dont nous prenons conscience. La réflexion accompagne naturellement la perception du monde extérieur. Elle est presque une composante nécessaire de la perception parce qu'en percevant, on se connaît soi-même en tant qu'être qui perçoit. Une représentation n'apporte pas que des informations sur l'objet représenté, elle peut aussi en dire beaucoup sur la façon de le représenter. La connaissance du mode de représentation est de nature réflexive. On se connaît soi-même en connaissant sa relation à l'objet qu'on se représente. Par exemple, quand on se souvient, on sait qu'on se souvient, on se connaît soi-même en tant qu'être capable de se souvenir, et on ne pourrait pas faire la différence entre un souvenir et la perception du présent si on ne le savait pas.▼
Pour percevoir l'environnement il faut des organes sensoriels qui relient l'intérieur à l'extérieur. Même pour la perception de l'intérieur du corps, il y a une une interface sensorielle entre le système nerveux et le reste du corps qui est perçu. Faut-il en conclure que la réflexion requiert des organes sensoriels ? Y a-t-il une interface sensorielle entre le moi perçu et le moi qui perçoit ? Lorsque je sais que je vois le ciel, est-ce un œil introspectif qui me montre que je vois le ciel ? Non, parce qu'il n'y a pas de séparation entre un moi qui perçoit et un moi perçu, entre un intérieur et un extérieur, donc pas d'interface sensorielle. Tout se passe à l'intérieur. Toutes les informations sur l'agent, en tant qu'il perçoit, qu'il imagine et qu'il agit, sont déjà présentes à l'intérieur de l'agent. Pour développer ses facultés de réflexion il lui suffit d'exploiter ces sources intérieures d'information. Un organe sensoriel de réflexion n'est pas nécessaire parce que les informations recherchées sont déjà présentes à l'intérieur.▼
▲Pour percevoir l'environnement il faut des organes sensoriels qui relient l'intérieur à l'extérieur. Même pour la perception de l'intérieur du corps, il y a
▲La réflexion accompagne naturellement la perception du monde extérieur. Elle est presque une composante nécessaire de la perception parce qu'en percevant, on se connaît soi-même en tant qu'être qui perçoit. Une représentation n'apporte pas que des informations sur l'objet représenté, elle peut aussi en dire beaucoup sur la façon de le représenter. La connaissance du mode de représentation est de nature réflexive. On se connaît soi-même en connaissant sa relation à l'objet qu'on se représente. Par exemple, quand on se souvient, on sait qu'on se souvient, on se connaît soi-même en tant qu'être capable de se souvenir, et on ne pourrait pas faire la différence entre un souvenir et la perception du présent si on ne le savait pas.
== Pourquoi les perceptions peuvent-elles êtres vraies ? ==
|