« Pathologie moléculaire/chromosomes » : différence entre les versions

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Certaines régions chromosomiques sont soumises à empreinte parentale, c’est-à-dire qu'un allèle parental seulement s’exprime. Par exemple, dans la région 11p15.5, les allèles maternels des gènes du chromosome 11 d’origine maternelle sont le siège d’une inhibition de leur expression par une méthylation régionale de l’ADN. Si cette région chromosomique d’origine maternelle est perdue lors d’un événement chromosomique, l’expression du gène sera perdue car l’allèle maternel exprimé est perdu et l’expression de l’allèle paternel est inhibée par sa méthylation.
 
Ainsi, une disomie uniparentale de la région 11p15.5 entraîne une perte totale de l’expression de gènes suppresseurs de tumeurs d’expression maternelle, comme H19 ou CDKN1C, codant pour la protéine p57(KIP2), et une surexpression par duplication des gènes promoteurs de croissance d’expression paternelle, comme IGF2. Cet événement est à l’origine du syndrome de Wiedemann-Beckwith lorsqu’il est constitutionnel. Lorsqu’il est somatique, il est participe à la tumorigenèse de plusieurs types tumoraux comme le néphroblastome, le rhabdomyosarcome embryonnaire, l’hépatoblastome ou le corticosurrénalome. En fonction de l’allèle touché, les phénotypes obtenus seront très différents. Pour 11p15.5, la délétion de l’allèle maternel provoque un syndrome de Wiedemann-Beckwith avec gigantisme (MIM.130650), la perte d’expression de l’allèle paternel un syndrome de Silver-Russel avec petite taille (MIM.180860).
 
Dans la région 15q11-q13, également soumise à empreinte, la délétion de la région 15q11-q13 maternelle région 15q11-q13 paternelle portant le gène d’expression maternelle UBE3A est à l’origine du syndrome d’Angelman (MIM.105830); la délétion de la région 15q11-q13 paternelle portant le gène d’expression paternelle SNRPN est à l’origine du syndrome de Prader-Willi (MIM.176270).
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De plus, selon le type cellulaire dans lequel il survient, un même remaniement créant un même gène de fusion peut être à l’origine de types tumoraux différents. Ainsi, la translocation t(12;15)(p13;q25) crée un gène de fusion ETV6/NTRK3. Elle peut être à l’origine d’un fibrosarcome congénital dans les tissus mous, un néphrome mésoblastique cellulaire dans le rein, une leucémie myéloïde chronique dans la moelle osseuse, un carcinome mammaire sécrétoire dans le sein.
 
Ces remaniements peuvent impliquer les gènes codants pour deux types principaux de protéines : des récepteurs à tyrosine kinase ou des facteurs de transcription.
 
Le gène de fusion BCR-ABL1 causé par la translocation t(9;22)(q34;q11) constitue le prototype d’un remaniement impliquant un gène codant pour une tyrosine kinase. La protéine chimérique résultante associe le domaine catalytique tyrosine kinase de ABL1 avec un domaine d’oligomérisation de BCR qui entraîne une activation constitutive de la protéine de fusion à la surface de la cellule. (voir Pathologie des protéines à tyrosine kinase).
 
La réalisation d’un caryotype tumoral ou d’une étude par FISH a donc également des enjeux thérapeutiques car il peut permettre de désigner une cible thérapeutique comme ABL1. Ainsi, 5% des leucémies lymphoblastiques aigües pré-T de l'adulte expriment une protéine de fusion ABL1-NUP214 sensible à l’imatinib. Il est à noter que cette anomalie est portée par un épisome extra-chromosomique invisible en cytogénétique conventionnelle.