« La science de la finance/Le financement de l'économie » : différence entre les versions

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La valeur de l'or pouvait varier parce qu'une même quantité d'or pouvait permettre d'acheter des quantités variables des autres biens. Si tous les prix des autres bien augmentaient, cela faisait automatiquement diminuer la valeur de l'or, et inversement si tous les prix diminuaient. Pour mesurer les variations de valeur de l'or, il fallait donc mesurer les variations de tous les prix dans l'économie. Il en va de même dans une économie où la monnaie n'est pas convertible en or. Pour mesurer les variations de valeur de la monnaie, il faut mesurer les variations de tous les prix.
 
La valeur de la monnaie est définie par son pouvoir d'achat (Fisher 1911). On la calcule en raisonnant sur un panier défini de biens économiques. Les variations du prix de ce panier représentent alors les variations du pouvoir d'achat. Un indice des prix à la consommation est ainsi calculé sur un panier qui contient tous les biens et services consommés pendant l'année. Le taux d'inflation est alors défini comme le taux annuel de variation de cet indice.
 
Le changement des modes de vie fait que le taux d'inflation sur une longue période (des décennies) est impossible à calculer précisément, et qu'il ne peut pas non plus être interprété sans ambiguïté. Chaque année de nouveaux biens et services apparaissent et d'anciens disparaissent ou sont modifiés. Cela pose une difficulté pour le calcul de l'inflation, parce que le panier de biens et services varie au cours du temps. Les statisticiens résolvent cette difficulté en raisonnant sur des biens équivalents, mais le résultat du calcul dépend de leur jugement sur ces équivalences entre l'ancien et le nouveau. Comme d'une année sur l'autre, le panier de consommation varie peu, l'incertitude sur le taux annuel d'inflation qui en résulte est faible. Mais si on compare des paniers très différents, parce que la consommation varie beaucoup en une ou plusieurs décennies, l'incertitude est beaucoup plus élevée.
 
Un taux d'inflation très élevé, on parle alors d'hyperinflation, est évidemment néfaste pour l'économie. Si les salariés doivent être payés tous les jours et dépenser immédiatement leur salaire, parce que le pouvoir d'achat diminue fortement d'un jour au suivant, l'économie ne peut pas fonctionner normalement. Mais un taux d'inflation élevé, 20% annuel, par exemple, n'est pas aussi évidemment néfaste. Le taux mensuel est de <math>1.20^{1/12}-1\approx 0.015=1.5%</math> est suffisamment faible pour que les salariés puissent dépenser normalement leurs salaires mensuels. Quels sont alors les coûts d'une telle inflation, élevée, mais d'une façon modérée ? Si l'inflation pouvait être exactement et certainement anticipée, les coûts pourraient être relativement faibles. Les agents auraient à modifier régulièrement leurs prix (la valse des étiquettes, des menus...) et à tenir compte de l'inflation dans tous leur calculs économiques. Mais l'inflation ne peut pas être exactement et certainement anticipée. Cela rend l'activité économique plus risquée. Les prêteurs sont lésés par une hausse non-anticipée de l'inflation, et les emprunteurs par une baisse. C'est cette augmentation du risque qui est probablement le coût le plus élevé qu'une inflation élevée mais modérée fait payer. En ciblant un taux d'inflation très faible, les banques centrales rendent l'activité économique beaucoup moins risquée (et suppriment les coûts de la valse des étiquettes).
 
==Le danger de la déflation et la stabilité des prix==
La déflation se produit lorsque le taux d'inflation est négatif. Elle doit être considérée comme une catastrophe économique, parce que cela incite à renoncer à ses projets et parce que cela enfonce les débiteurs dans leur endettement et les pousse à la faillite. Lorsque la déflation s'installe, tout se passe comme si l'argent qui dort rapportait un revenu, parce que sa valeur augmente avec le temps, et tous les agents sont incités à retarder leurs achats, parce qu'ils anticipent une baisse des prix. Les dettes augmentent de valeur, parce que les remboursements futurs sont fixés alors que leur valeur augmente.