« La science de la finance/Le financement de l'économie » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
Ligne 63 :
 
La prise en compte de la perception des risques conduit à une vision de l'instabilité financière (Hyman Minsky) qui semble beaucoup plus réaliste que celle de l'équilibre général. La confiance alimente la confiance et peut conduire à des excès d'optimisme, et à la surchauffe de l'économie. Inversement la méfiance alimente la méfiance et peut conduire à des excès de pessimisme, et à une récession persistante. L'interdépendance des agents renforce cette instabilité. Quand tout le monde est pessimiste, on n'a pas forcément intérêt à être optimiste, parce qu'on a en général besoin de la prospérité des autres pour être soi-même prospère.
 
==Les taux bas sont un bien commun==
 
==Illiquidité, insolvabilité et prêt en dernier ressort==
S'il y a une ruée sur une banque, c'est à dire que beaucoup de déposants veulent récupérer leur argent en même temps, une banque peut être illiquide tout en étant solvable. Dire qu'elle est illiquide veut dure ici qu'elle n'a pas la trésorerie suffisante pour s'acquitter de ses obligations. Elle doit donc se déclarer en faillite. Mais elle est solvable, parce que ses actifs, et en particulier tous les prêts qu'elle a consentis sont supérieurs au passif. Il suffirait qu'on lui prête la trésorerie nécessaire pour qu'elle échappe à la faillite et qu'elle rembourse ultérieurement tous ses créanciers. Afin de protéger le système bancaire contre ce risque d'illiquidité, les banques centrales acceptent désormais de jouer le rôle de prêteur en dernier ressort. Si une banque est solvable, et si personne ne veut lui prêter, la banque centrale s'engage à lui avancer les fonds nécessaires, à un taux légèrement supérieur au taux sur le marché. Bien sûr il faut que la banque centrale juge que la banque est solvable, et elle demande des garanties.
 
==Les opérations des banques centrales==
 
==Les politiques monétaires contracycliques et la maîtrise de l'inflation==
 
Une banque centrale a toujours les moyens de refroidir une économie en surchauffe et donc de lutter contre l'inflation., Ilparce luiqu'elle suffitest d'imposeren position dominante sur le marché des haussesfonds prêtables. Si elle refuse de prêter l'argent qu'elle peut créer, elle fait monter les taux d'intérêt pouret dissuaderdissuade ainsi les agents de s'engager dans certains de leurs projets. Mais ellesles banques centrales ne veulent pas abuser de ces hausses de taux, parce que des taux élevés sont mauvais pour le développement économique. En période de prospérité, elles cherchent donc à maintenir les taux à un niveau assez bas, et elles les relèvent seulement pour lutter contre une éventuelle inflation. Si tout va bien, l'économie bénéficie ainsi à la fois d'une inflation faible et maîtrisée et de taux d'intérêt assezpeu basélevés. De ce point de vue, on peut se réjouir que les banques centrales aient acquis le pouvoir qui est le leur aujourd'hui.
 
Si l'économie souffre du sous-emploi, le pouvoir d'une banque centrale est beaucoup plus limité. Elle est incitée à baisser les taux d'intérêt, ne serait-ce que pour lutter contre les tendances déflationnistes, pour maintenir l'inflation à un niveau suffisant pour s'éloigner du risque de déflation. Mais il y a un plancher, elle ne peut pas, ou guère, faire descendre les taux en dessous de zéro, et même des taux trop proches de zéro peuvent être considérés comme dangereux, parce qu'ils lèsent les agents qui ont besoin de placer leur argent sans risques et d'une façon liquide, comme les compagnies d'assurance par exemple, et parce qu'ils incitent à prendre des risques inconsidérés.
 
Lorsqu'une économie est en sous-capacité, la politique monétaire peut ne pas suffire pour relancer l'activité. Les banques centrales peuvent inciter les agents à emprunter, en baissant les taux, mais elles ne peuvent pas les obliger à s'engager dans des projets. En période de pessimisme, même des taux très bas ne suffisent pas pour qu'on s'engage, parce qu'il faut toujours rembourser le principal, et si le projet a un risque de perte, on craint de rester endetté.
 
Si la récession est tellement grave qu'il y a un danger de déflation, et si la banque centrale a déjà baissé les taux d'intérêt au plus bas, elle a encore de pouvoir de donner l'argent qu'elle crée pour relancer l'activité et lutter contre la déflation.
 
==L'inflation permanente et la politique monétaire à coups de massue==