« Philosophie/Thalès de Milet/Theodor Gomperz » : différence entre les versions

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| colspan="3" height="25"|<div style="text-align: center;">Études sur [[Philosophie/Thalès de Milet|Thalès de Milet]]</centerdiv>
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| <div style="text-align: center;">'''[[Philosophie/Thalès de Milet/Theodor Gomperz|Notice de Theodor Gomperz]]''' - - '''[[Philosophie/Thalès de Milet/Tannery|Thalès et ses emprunts à l'Egypte, par P. Tannery]]''' - - '''[[Philosophie/Thalès de Milet/L'École milésienne|L'École milésienne]]'''</centerdiv>
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<div style="text-align: center;">[[s:Theodor Gomperz|Theodor Gomperz]]
 
 
''Les penseurs de la Grèce : histoire de la philosophie antique'', tome I, livre I, chapitre 1, II.</centerdiv>
 
 
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<div align="justify" style="position: relative; width: 600px" text-indent: 3em;>
:« Thalès de Milet{{Refl|1}} passe pour l'initiateur de tout ce mouvement. Cet homme extraordinaire était le produit d'un croisement de races ; le sang grec, le sang carien et le sang phénicien circulaient dans ses veines. Aussi était-il doué des aptitudes les plus diverses de la population de l'Ionie, et la tradition a entouré sa figure des couleurs les plus chatoyantes. Tantôt elle nous montre en lui le type du sage, étranger au monde, abîmé dans ses recherches, et qui se laisse tomber dans un puits en regardant les astres ; tantôt elle lui fait utiliser ses connaissances en vue d'un gain personnel ; une autre fois, s'il. faut en croire ce qu'on nous raconte, il donne à ses compatriotes, les Ioniens de l'Asie-Mineure, un conseil étonnamment sage et prévoyant : il s'agissait de créer une institution absolument inconnue aux Grecs de cette époque, un état fédératif. Sans aucun doute, il était tout ensemble marchand, homme d'État, ingénieur, mathématicien et astronome. Il avait acquis sa grande culture dans des voyages loin-tains : il était allé jusqu'en Égypte, où l'énigme des crues du Nil l'avait préoccupé. Le premier, il a fait de l'art rudimentaire de l'arpentage - où les Égyptiens ne voyaient que le moyen de résoudre tel ou tel problème donné - la géométrie déductive proprement dite, fondée sur des propositions générales. Une des démonstrations élémentaires de cette science porte encore aujourd'hui son nom. On rapporte, et le fait n'a rien en soi d'incroyable, qu'il indiqua à ses maîtres égyptiens le moyen, vainement cherché par eux, de mesurer la hauteur des Pyramides. Il leur fit observer qu'à l'heure où l'ombre d'un homme ou d'un objet quelconque est égale à leur grandeur réelle, l'ombre de ces monuments ne pouvait ni dépasser leur hauteur véritable, ni lui être inférieure. A la science babylonienne - avec les éléments de laquelle il avait pu se familiariser à Sardes{{Refl|2}} - il emprunta la loi du retour périodique des éclipses, qui lui permit de prédire, au grand étonnement de ses compatriotes, l'éclipse totale de soleil du 28 mai 585. Car il est impossible qu'il soit arrivé à ce résultat théoriquement, vu l'idée enfantine qu'il se faisait de la forme de la terre : celle d'un disque plat reposant sur l'eau{{Refl|3}}. Ses connaissances météorologiques eurent vraisemblablement la même origine{{Refl|4}}. On sait qu'il les fit servir à des buts pratiques, que, grâce à elles, il put prévoir une récolte d'olives particulièrement abondante, louer de nombreux pressoirs et réaliser ainsi un sensible profit. Les notions astronomiques qu'il acquit servirent les navigateurs de sa patrie, qui alors parcouraient les mers et faisaient le commerce avec beaucoup plus d'ardeur que tous les autres Grecs. Il leur fit voir que, de toutes les constellations, la Petite Ourse est celle qui indique le plus exactement le Nord. Qu'il ait écrit des livres, cela reste incertain ; il n'est guère probable qu'il ait fait connaître de cette manière sa doctrine sur l'essence des choses{{Refl|5}}. Car Aristote la connaît, mais il ignore sur quoi Thalès la fondait, et il en parle d'une façon purement conjecturale{{Refl|6}}. La nourriture des plantes et des animaux est humide, et la chaleur de la vie se dégage de l'humidité ; d'autre part, la semence des plantes et des animaux est constituée d'éléments humides ; tels sont, suivant Aristote, les motifs qui ont conduit Thalès à déclarer que l'eau, principe de tout ce qui est humide, est aussi la matière primordiale. Ces considérations l'ont-elles en effet déterminé ? Ou bien - et dans ce cas en quelle mesure ? - a-t-il été influencé par des spéculations plus anciennes, grecques ou étrangères? Cela est aussi peu clair pour nous, à l'heure actuelle du moins, que son attitude à l'égard de la religion{{Refl|7}}.
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{{Refa|7}}La conception de Thalès : une terre flottant, comme un disque de bois, sur l'eau; et un univers rempli de matière primordiale, c'est-à-dire envisagé comme une masse liquide, s'accorde, comme le fait voir Tannery, Pour l'histoire de la science hellène, pp. 70 sq., en une certaine mesure avec l'idée égyptienne de l'eau primordiale Nun, divisée en deux masses séparées. Les anciens Babyloniens admettaient pareillement un Océan supérieur et un Océan inférieur; cf. Fritz Hommel, Der babylonische Ursprung der aegyptischen Kultur, Munich 1892, p. 8. On peut comparer aussi avec le livre de la Genèse, I 7. La concordance entre la doctrine fondamentale de Thalès et celle de la secte mi juive des Sampséens reste tout à fait obscure; cf. Hilgenfeld, Judentum und Judenchristentum, p. 98, d'après Epiphan. Haeres, 19, 1 ; cf. aussi Plutarque, sur les Syriens, ''Quaest. conviv.'', VIII 8, 4 (Mor., 891, 7 sq., Dübner). La tendance actuelle est de considérer Thalès comme un simple intermédiaire entre étrangers et Grecs ; cette tendance a pourtant contre elle la façon dont la meilleure autorité, Eudème, op. cit., parle des travaux géométriques de Thalès et du rapport dans lequel ils se trouvent avec la mathématique égyptienne.
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