« Vol balistique et missiles balistiques » : différence entre les versions

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*contre de grands navires de combat (porte-avions) qui se déplaçant. L’ogive doit donc reconnaître la cible et l’intercepter. L’intérêt du missile balistique tient dans la très grand vitesse de l’ogive qui interdit toute défense.<ref group="note">{{IMG}}{{zh}}[http://i.imgur.com/Ee0MhAs.jpg Trajectoire Qian étudié par la Chine pour une ogive de type planeur hypersonique]</ref>
*contre des objectifs lointains momentanément fixes imposant peu d’effets collatéraux et donc une très grande précision. L’intérêt du missile balistique de moyenne portée, c’est son temps de réponse (une dizaine de minutes) beaucoup plus bref que l’intervention d’un avion bombardier.
 
 
 
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Les missiles balistiques se classent aujourd'hui en deux groupes selon qu’ils emportent un arme nucléaire, ou non.
 
Initialement, leur développement n’a eu cesse de les rendre leles plus aboutis possible pour cause de stratégie nucléaire. C’est l’élément moteur de leur développement jusqu’à en venir aux missiles balistiques aboutis, intercontinentaux, invulnérables et imparables munis d'armes nucléaires multiples dont sont dotés certains États.
 
La stratégie nucléaire fait l’objet d’une brève analyse en fin de ce livre.
 
Pour autant elle n’a pas exclu l’emploi tactique de missiles balistiques dotés d’armes conventionnelles. En effet, - soit parce que les premiers missile balistiques ont été exportés par certains États, soit parce que leur puissance militaire donnait de l’appétit à d’autres, soit aussi parce que le progrès technique s’exportant lui aussi rendait leur réalisation de plus en plus accessible, soit encore parce que certains États même munis d'armearmes nucléaires y trouvaient un avantage tactique important, - quoi qu’il en soit, plusieurs Etats se sont trouvés en position de se doter de missiles balistiques emportant des explosifs classiques et de les perfectionner.
 
L’emport de charge conventionnelles par les missiles balistiques confère en effet à celui qui en est doté un bénéfice tactique important dû à la grande vitesse d'arrivée des arme sur leurs cibles, ce qui les rend très difficilement interceptables.
Mais, comme il a toujours été de l’épée et du bouclier, l’arme « missile balistique conventionnel » a fait naître le bouclier « défense anti-missile balistique »
 
L’emport de charges conventionnelles par les missiles balistiques confère en effet à celui qui en est doté un bénéfice militaire important dû à la grande vitesse d'arrivée des arme sur leurs cibles qui rend la défense et donc l’interception de ces armes et leur destruction très difficile.
 
=== Destruction des armes des missiles balistiques ===
Pour détruire les armes d'un missile balistique on peut:
*soit détruire le missile balistique lui-même avant qu'il les ait lancées;
* soit détruire les armes un fois lancées sur leurs trajectoires (elliptiques).
Seuls les États-Unis d'Amérique ont envisagé la destruction d'un missile balistique pendant sa phase propulsée par un avion équipé d'un faisceau laser, dit ''Air Borne Laser'' (ABL) capable de détruire les missiles balistiques durant leurs phases propulsées. Ils en ont aujourd'hui abandonné le principe opérationnel en ne conservant qu'un seul avion ABL pour poursuivre la recherche technique. Il est certain que la permanence en vol au plus près de la base de lancement d'un missile balistique ennemi est un challenge opérationnel difficile à satisfaire.
 
Seuls les États-Unis d'Amérique ont envisagé la destruction d'un missile balistique pendant sa phase propulsée par un avion équipé d'un faisceau laser, dit ''Air Borne Laser'' (ABL), capable de détruire les missiles balistiques durant leurs phases propulsées. Ils en ont aujourd'hui abandonné le principe en ne conservant qu'un seul avion ABL pour poursuivre la recherche technique.
La défense contre les missiles balistiques porte donc aujourd'hui sur la seule défense contre les armes balistiques. Différents modes d'action son possibles, chacun examiné ci-dessous. Ils font tous intervenir un missile, qu'il soit balistique ou non.
 
La défense contre les missiles balistiques ne porte donc aujourd'hui que sur leurs armes. À ce titre le terme devient impropre: on ne se défend pas contre des missiles balistiques mais contre des armes, petites et très rapides.
Les missiles dits « anti missiles balistiques » diffèrent en effet selon la nature de l’arme qu’ils ont à intercepter. Elle a été lancée par un [[missile balistique]] qui, plus ou moins performant, lui a donnée une vitesse plus ou moins grande <ref group="note"> On peut envisager de détruire non pas l’arme mais le missile balistique lui-même avant qu’il ne s’en sépare et donc pendant les quelques minutes de sa phase propulsée. Ceci se ferait avec un puissant laser embarqué dans un avion. Outre la question de la permanence en vol se pose celle de la technologie qui relève d’un immense challenge industriel. Aussi le américains ont-ils abandonné le programme dont le [[Boeing YAL-1 Airborne Laser]] était le démonstrateur en n’en conservant que la principe pour faire avancer la technologie [https://fas.org/sgp/crs/weapons/RL32123.pdf] </ref>
 
===Les modes d'action===
La difficulté de l’interception vient essentiellement de la vitesse de l’arme à intercepter<ref group="note"> ''Contrairement à ce qui est souvent dit, les intercepteurs ne sont pas liés à la zone défendue (théâtre ou territoire), mais à la nature de la menace, et en particulier à la vitesse de rentrée de cette menace'' (Extrait de la page 64 du rapport du Sénat déjà cité) </ref>. À cette vitesse est lié obligatoirement un parcours dans l’espace plus ou moins prononcé (cf.[[missile balistique]], trajectoire elliptique)
Plusieurs modes d'action sont possibles. Il ont été appelés dans la littérature: ''endo-atmosphériques, haut-endo-atmosphériques, oxo-atmosphériques''.
[[File:Missile balistique 13.pdf|thumb|Maturité]]
Ces termes manquent de clarté. Pour les comprendre: trois observations techniques préalables et simples.
{{message galerie}}
On distingue ainsi<ref name=" Encyclopédie des sous-marins français"> Encyclopédie des sous marins français, Rédaction collective sous la direction de Thierry d'Arbonneau, Tome 6, Éditions SPE Barthélémy, 2013, {{ISBN|2-912838-57-6 }}. Cet ouvrage traite de la défense anti missiles balistiques dans les pages 244 à 251. </ref> :
*les armes des missiles balistiques de première génération qui, soit ne s’en séparent pas (Scud…) soit s’en séparent (génération qui suit) mais ne leur donnent pas une vitesse très grande. Elles peuvent accroître leurs portées en utilisant l’atmosphère par un rebond (qui modifie la trajectoire <ref> ibd. {{p.|17}}</ref>), ce que faisait le français Hadès et fait le SS26 [[Iskander]] russe.
Ce qui les caractérise toutes c’est bien d’arriver sur leur cible dans l’atmosphère à une vitesse de l’ordre ou un peu supérieure celle des avions de combat les plus rapides. (armes des Scud, des No-Dong et des premiers missile balistiques à deux étages…);
*les armes des missiles balistiques des dernières générations, extrêmement rapides, qui arrivent sur leurs cibles telles des étoiles filantes.
Ce qui les caractérise, c’est un parcours dans l’espace très important.
*les armes des missiles balistiques de portées et de vitesses intermédiaires.
Ce qui les caractérisent, c'est un parcours spatial qui n’est pas important et une vitesse trop grande l'arrivée pour être traitées comme des avions.
 
'''Première observation'''. La très grande vitesse oblige à détruire par collision et non plus par explosion d’une charge.
Explication. Prendre le cas d’une arme qui se déplace à 5km/s (ce n’est pas la plus rapide) vers laquelle on envoie une arme de défense qui irait à la même vitesse (il faut intercepter loin et donc vite).
La vitesse de rapprochement est de 5+5 = 10km/s soit 1 mètre en un dixième de milli-seconde. En moins d’un dixième de milli-seconde l’arme de défense doit décider de l’instant de son explosion, à calculer pour que l’explosif détone et place à bonne distance le barreau d’acier destructeur qui l’entoure afin de toucher sans erreur l’arme assaillante.
La réalité technique rend la décision impossible en un temps aussi court. Seule la collision permet la destruction.
On ne parle plus d’arme mais de « véhicule tueur » (Kill Vehicle, KV en anglais) qui va à la rencontre de l’arme assaillante.
 
'''Deuxième observation'''. Aller à la rencontre impose une détection par détecteur infra-rouge.
=== Différentes modalités d'interception ===
Explication.Ce mode de détection est passif. On ne perd pas le temps d’envoyer une onde (radar) et d’en attendre l’écho, même s’il s’agit d’une onde électromagnétique. Le traitement du signal est beaucoup plus immédiat en infrarouge tandis que l’arme qui a été échauffée pendant la phase propulsée (frottement de l’air au départ sur la coiffe et après largage sur l’arme tant qu’il reste de l’atmosphère) est vue par le détecteur du véhicule tueur comme « chaude » sur un fond de ciel « froid », ce qui est parfait pour la détection infrarouge.
 
'''Troisième observation''', importante conséquence de la deuxième. Un détecteur infrarouge impose un système de refroidissement continu à des températures extrêmement basses (-XXX°C) à installer dans le véhicule tueur, lequel va être très échauffé pendant le parcours dans l’atmosphère à la rencontre de la cible.
====Endo- atmosphérique ====
Conséquence.
L’atmosphère pose un problème à la détection infrarouge. Il n’y a plus de problème dans l’espace, très froid. Il y en a un peu dans la très haute atmosphère dont le faible nombre de molécules d’air ne provoque pas, pour autant, un échauffement qui interdirait le fonctionnement. Enfin le détecteur infrarouge ne peut pas fonctionner dans un atmosphère dense.
 
L’intercepteur des armes lentes (2 à 3 km/s) est un missile de défense anti aérienne initialement prévu pour la destruction des avions (Patriot, SM3 de base, SAMP/T)<ref> Rapport d’information du Sénat n°733 fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur la défense antimissile balistique. Session extraordinaire 2010-2011. Enregistré à la Présidence du Sénat le 6 juillet 2011. {{p.|46}} et 200.</ref> dont il convient quand même de développer des versions plus performantes dérivées de la défense antiaérienne<ref> ibd. {{p.|68}} </ref>. On parle alors de « défense aérienne élargie » <ref> ibd. {{p.|46}}</ref> et d’interception « atmosphérique » oui « endo-atmosphérique », c’est-à-dire dans les deux cas: ''dans l’atmosphère''.
 
On va donc distinguer:
Les missiles (tactiques) intercepteurs utilisent l’air pour se mouvoir. Fortement améliorés pour traiter des armes assaillantes plus petites et un peu plus rapides que les avions, ils deviennent alors redoutables pour ces derniers (le russe [[S-400 Triumph]] par exemple).
 
*les armes rapides ou très rapides des missiles balistiques à deux ou trois étages qui, tirées de loin (de 5000 à 10.000 km) passent au moins un quart d’heure voire jusqu’à une demie heure dans l’espace sur leur trajectoire elliptique.
Les armes lentes ont une portée maximum de quelques centaines de kilomètres. Elles sont donc utilisées contre des villes proches du point de lancement ou, surtout, contre des troupes au sol dans un théâtre d’opération qui, lui aussi, leur est proche. C’est ce qui a fait appeler les missiles anti-balistiques chargés de les intercepter:« missiles de théâtre »<ref name="ibd45"> ibd. {{p.|45}}</ref>.
Là on peut envoyer dans l’espace un Véhicule tueur, lancé comme une arme par un missile balistique sur une trajectoire calculée pour faire se rencontrer l’arme assaillante et le véhicule défenseur.
 
On parle de défense dans l’espace en la disant « hors de l’atmosphère » ou « exo-atmosphérique ».
====Exo- atmosphérique ====
[[File:Missile balistique 16.pdf|thumb|Portées]]
Les armes très rapides (6 à {{unité|7|km/s}}) ont une portée minimum de l’ordre de 500 à {{unité|1000|km}} et maximum de {{unité|10000|km}}. Elles peuvent aller très loin mais aussi très près <ref group="note"> ''En effet un théâtre comme un territoire peuvent être agressés par des missiles balistiques de vitesses très variées, y compris des missiles à haute vitesse tirés à portée très inférieure à leur portée maximale, mais conservant à la rentrée leur vitesse initiale'' (Extrait de la page 64 du rapport du Sénat déjà cité).</ref> et être donc lancées quasiment aux mêmes faibles portées que les armes lentes. Ils peuvent ainsi avoir pour cible un très grand territoire où, dans tous les cas, leur vitesse d’arrivée (autour de Mach 8 ) les rend imparables.
 
*les armes moins rapides des missiles balistiques, soit à un étage particulièrement élaboré ou à deux étages encore techniquement insuffisamment bien construits.
Ce qui les caractérise, c’est d’avoir un très long parcours prévisible <ref> ibd. {{p.|64}} </ref> dans l’espace au cours duquel on peut les intercepter. L’intercepteur est un objet assez complexe, dit « kill véhicule (KV) ». Il intercepte dans l'espace, sur le parcours spatial de l'arme en étant lancé par un missile balistique sur une trajectoire définie par le système d’alerte et d’interception spatiale. On parle de « défense de territoire » et d’interception « exo-atmosphérique », c’est-à-dire : ''dans l’espace, très loin de l’atmosphère’'<ref name="ibd45" />.
Là il n’y a plus de parcours spatial suffisamment long pour pouvoir intercepter dans l’espace. On ne peut intercepter au plus tôt qu’en très haute atmosphère. Le Véhicule tueur doit être amené au contact par un missile constamment propulsé jusqu’à l’impact qui devient donc lui-même le Véhicule tueur.
 
On parle de défense en haute atmosphère, là où les molécules d’air sont assez peu nombreuses pour ne pas réchauffer le détecteur infrarouge et le rendre inopérant. Et on utilise le terme « haut-endo-atmosphérique ».
====Haut endo- atmosphérique ====
 
Les armes de la troisième catégorie, ni lentes ni très rapides (4 à 5 km/s) posent un problème particulier. Leur trajet dans l’espace est trop court pour y être interceptées mais leur vitesse d’arrivé interdit de les traiter par un missile de défense aérienne élargie. L’intercepteur est un missile proche du missile balistique parce qu’extrêmement véloce tout au long de son parcours assez long (plusieurs dizaines de kilomètres) qui intercepte lui-même au moyen d'une détection infrarouge propre à l’interception spatiale. Ce sont ces conditions d’emploi dans l’espace alors qu’il reste encore de l’air d’une atmosphère raréfiée qui font parler d’interception « haut endo atmosphérique » c’est-à-dire: ''dans la partie finale de l’atmosphère''. À la fin de l’atmosphère et début de l’espace alors qu’il reste encore des molécules d’air significatives qui compliquent la détection infrarouge (voir plus loin: détection infrarouge).
 
*les armes peu rapides des missile balistiques mono-étages
==== Cas particulier de l’emploi d’armes nucléaires ====
Là il n’y a plus de parcours suffisant en haute atmosphère. L’apogée du parcours elliptique de ces armes leur confère une trajectoire atmosphérique dans de l’air plus ou moins dense. La détection infrarouge n’est plus possible..
Ce qui sauve la défense, c’est que ces armes ont une vitesse (relativement) faible, un peu supérieure à celle des meilleurs avions de chasse. La défense va donc agir avec les missiles normalement utilisés contre les avions, après en avoir sensiblement amélioré leurs performances.
 
On parle de « défense aérienne élargie » ou «endo-atmosphérique".
Tant que la technologie n’a pas permis la réalisation de satellites de surveillance (avec leur détection infrarouge) et d’énormes radars (avec leur capacité de trajectographie lointaine d'objets très petits), seul des tirs nucléaires peuvent détruire les armes nucléaires balistiques assaillantes.
 
Américains et russes, seuls à pouvoir se doter de telles capacités, sont convenus par le [[traité ABM]] de 1972 d’en limiter l’implantation à deux sites.
 
Contrairement à ce qui est souvent dit, l’interception n’est pas liés à la zone défendue (théâtre ou territoire), mais à la nature de la menace, et en particulier à la vitesse de rentrée de cette menace.
Les américains ont construit des intercepteurs tels les [[Sprint (armement)]], [[LIM-49A Spartan]], [[MIM-14 Nike-Hercules]] dotés d’armes nucléaires, certaines privilégiant l’émission de neutrons pour détruire les composants électroniques des armes nucléaires assaillantes et en interdire l’explosion. Pour autant ils en ont abandonné le principe, même si le traité ABM le leur permettait. Le premier et le seul système qu'ils ont déployé (à Grand Forks dans le Dakota du Nord) a été fermé par décision du Congrès six mois après sa mise en service<ref name="Le Duel"> Le duel USA-URSS dans l'espace. Jean-Pierre Clerc et Paul Iorcète, Autrement Éditions, 1986 {{p.|28}}</ref>.
 
Les russes aujourd’hui conservent une défense de Moscou par armes nucléaires qui ont succédé à leur [[:en:ABM-1 Galosh|ABM-1 Galosh]] initial
 
=== Différentes façons d'intercepter ===
La dénonciation par les américains du traité ABM en 2002 est due à leur supériorité technologique à ce moment là. Elle résulte des travaux lancés par l’[[Initiative de défense stratégique]]. Ils commençaient à disposer des moyens (satellites, radars, moyens de calcul temps réel) qui leur permettaient de réaliser et de positionner dans le monde là où cela leur était utile les effecteurs (désormais non nucléaires) à venir (SM3 blockII B, THAAD, GBI).ce que le traité ABM leur aurait interdit. Bien d’autres raisons ont été aussi avancées [https://www.lesechos.fr/11/01/2002/LesEchos/18570-154-ECH_la-fin-du-traite-abm.htm]
 
====Endo- atmosphérique ====
 
L’intercepteur des armes lentes (2 à 3 km/s) est un missile de défense anti aérienne initialement prévu pour la destruction des avions dont il convient de développer des versions plus performantes.
=== Différentes façons d'intercepter ===
 
Ce sont des missiles (dits tactiques) qui utilisent l’air pour se mouvoir. Fortement améliorés pour traiter des armes assaillantes plus petites et un peu plus rapides que les avions, ils deviennent alors redoutables pour ces derniers.
====Dans l'atmosphère ====
L'interception dans l'atmosphère est commune à tous les missiles anti aériens. Elle est connue et n'est pas décrite ici.
 
Les armes lentes ont une portée maximum de quelques centaines de kilomètres. Elles sont donc utilisées contre des villes proches du point de lancement ou, surtout, contre des troupes au sol dans un théâtre d’opération qui, lui aussi, leur est proche. On parle alors de « défense de théâtre »
====Dans l'espace ====
 
L’interception dans l'atmosphère est commune à tous les missiles anti aériens. Elle est connue et n'est pas décrite ici.
Le [[détecteur infrarouge]] est le moyen privilégié pour repérer une arme assaillante dans l’espace.
Dans l’espace, le fond du ciel est froid<ref group="note"> C’est la découverte faite en 1965 du rayonnement à 2,7°Kelvin [http://web.archive.org/web/20090210221615/http://www.asc-csa.gc.ca:80/fra/educateurs/ressources/combinaison/temperature.asp] par Penzias et Wilson, prix Nobel </ref>. L’arme assaillante a été chauffée pendant le parcours propulsé sous l’effet de la résistance de l’air. Elle est facilement détectable sur fond de ciel froid en infrarouge.
 
Un [[détecteur infrarouge]] nécessite un très fort refroidissement. Le milieu spatial lui est favorable parce que très froid, ce qui nécessite moins d'efforts pour refroidir.
Par ailleurs, dans l’espace, les trajectoires (cf. [[missile balistique]]) sont mathématiquement déterminées<ref> Rapport du Sénat déjà cité, {{p.|47}} </ref>. La connaissance du début de la trajectoire de l’arme suffit pour déterminer où cette arme va se trouver ensuite, tout au long de son parcours à venir <ref group="note"> La sonde Rosetta, par exemple, a été placée en 2004 sur une trajectoire calculée pour lui faire rencontrer une comète dont la trajectoire est connue... en 2014, soit 10 ans après.</ref>{{,}}<ref> Encyclopédie des sous marins français, Tome 6, {{p.|247}} </ref> et l'intercepter. Mais attention: les vitesses sont très importantes. La vitesse de rapprochement de l’arme <ref> Rapport du Sénat déjà cité {{p.|67}}</ref>(qui va à environ 7 km/s) et de l’intercepteur qui va environ à la même vitesse est de l’ordre de 10 (14 au plus) km/s soit {{unité|1|mètre}} en un dixième de milliseconde.
[[File:Missile balistique 17.pdf|thumb|Kill Vehicle]]
Aucun système de destruction par radar déterminant la distance et ordonnant la mise à feu d’un explosif qui projette des débris qui vont détruire la cible ne peut calculer la destruction à provoquer dans ces laps de temps incroyablement court<ref> Encyclopédie des sous marins français, Tome 6, {{p.|248}} et Rapport du Sénat déjà cité {{p.|70}} </ref>. Seule solution: aller à la rencontre - et donc au choc de l’arme par l’intercepteur - en faisant se croiser les trajectoires. Si elles pouvaient être parfaitement déterminées, un intercepteur fait d'une masse d'acier lancée par un missile balistique sur une trajectoire ad hoc conviendrait. Or cette trajectoire (qu'il va falloir déterminer, voir ci-dessous) sera toujours imparfaite. Il faut que l'objet intercepteur puisse réaliser les petites et dernières corrections de trajectoire qui s'imposeront pour aller au choc. D'où son appellation de "Kill Vehicle (KV)" ou "véhicule tueur" qui apporte sa contribution avec son détecteur infrarouge et ses moteurs <ref> ibd. {{p.|249}} </ref> (figure b ci-contre) juste avant le choc.
 
====Exo- atmosphérique ====
 
[[File:Missile balistique 16.pdf|thumb|Portées]]
Les armes très rapides (6 à 7|km/s) ont une portée minimum de l’ordre de 500 à 1000 km et maximum de 10000 km. Elles peuvent aller très loin mais aussi très près. Un théâtre comme un territoire peuvent être agressés par des missiles balistiques de vitesses très variées, y compris des missiles à haute vitesse tirés à portée très inférieure à leur portée maximale, mais conservant à la rentrée leur vitesse initiale et être donc lancées quasiment aux mêmes faibles portées que les armes lentes. Ils peuvent ainsi avoir pour cible un très grand territoire où, dans tous les cas, leur vitesse d’arrivée (autour de Mach 8 ) les rend imparables.
 
Ce qui les caractérise, c’est d’avoir un très long parcours prévisible dans l’espace au cours duquel on peut les intercepter. L’intercepteur ( le véhicule tueur) est un objet complexe. Il intercepte dans l'espace, sur le parcours spatial de l'arme en étant lancé par un missile balistique sur une trajectoire définie par le système d’alerte et d’interception spatiale.
 
Dans l’espace, les trajectoires sont mathématiquement déterminées. La connaissance du début de la trajectoire de l’arme suffit pour déterminer où cette arme va se trouver ensuite, tout au long de son parcours à venir <ref group="note"> La sonde Rosetta, par exemple, a été placée en 2004 sur une trajectoire calculée pour lui faire rencontrer une comète dont la trajectoire est connue... en 2014, soit 10 ans après.</ref> et l'intercepter.[[File:Missile balistique 17.pdf|thumb|Kill Vehicle]]
 
Aller à la rencontre - et donc au choc de l’arme par l’intercepteur - en faisant se croiser les trajectoires. Si elles pouvaient être parfaitement déterminées, un intercepteur fait d'une masse d'acier lancée par un missile balistique sur une trajectoire ad hoc conviendrait. Or cette trajectoire (qu'il va falloir déterminer, voir ci-dessous) sera toujours imparfaite. Il faut que l'objet intercepteur puisse réaliser les petites et dernières corrections de trajectoire qui s'imposeront pour aller au choc. D'où son appellation de "Kill Vehicle (KV)" ou "véhicule tueur" qui apporte sa contribution avec son détecteur infrarouge et ses moteurs (figure b ci-contre) juste avant le choc.
 
 
Déroulement de l’interception exo-atmosphérique.
'''L'interception de déroule de la façon suivante:'''
 
La trajectoire de l’arme assaillante est déterminée par les observations successives d’un satellite puis d’un radar<ref name="Alain Charmeau"> Une défense anti missile européenne, Alain Charmeau, Revue de Défense nationale, {{n°|702}}, novembre 2007</ref> (dans les schémas la Terre est représentée plate).
 
[[File:Missile balistique 18.pdf|center|thumb|700px|Interception spatiale]]
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*Le KV est lancé quelques minutes après sur la trajectoire calculée (ellipse2, en pointillé) pour que le choc se produise en 6. Mais la trajectoire calculée par le radar ne peut être parfaite. Doté d’une capacité de détection infrarouge, le KV dès qu’il est « en vue » de l’arme assaillante (image 4) recalcule de façon fine la trajectoire de collision et corrige les erreurs en se déplaçant un peu selon quatre axes à l’aide de ses quatre moteurs fusée tout en poursuivant sa trajectoire (image 4 agrandie en 5) ce qui conduit à la collision prévue en 6.
 
 
 
====Haut- endo - atmosphérique ====
 
Les armes ni lentes ni très rapides (4 à 5 km/s) posent, on l’a dit, un problème particulier. Leur trajet dans l’espace est trop court pour y être interceptées mais leur vitesse d’arrivé interdit de les traiter par un missile de défense aérienne élargie.
 
L’intercepteur est un missile proche du missile balistique par son énorme capacité de propulsion afin d’être extrêmement véloce tout au long de son parcours assez long (plusieurs dizaines de kilomètres). Il intercepte lui-même au moyen d'une détection infrarouge
 
La complexité de cette détection vient de ce que le détecteur infrarouge doit rester à une température très faible alors qu’il est échauffé par le frottement de l’air résiduel ce qui complexifie sa technologie. Par ailleurs c’est tout le missile qu’il faut, in fine déplacer latéralement pour rencontrer la cible la et non pas un (petit ) Kill Vehicle, comme il en est pour l’interception dans l’espace. Aussi la capacité de ces intercepteurs est-elle limitée à des armes pas trop rapides ce qui correspond à un portée maximum de 3000km environ.
 
==== Cas particulier de l’emploi d’armes nucléaires ====
 
Tant que la technologie n’a pas permis la réalisation de satellites de surveillance (avec leur détection infrarouge) et d’énormes radars (avec leur capacité de trajectographie lointaine d'objets très petits), seul des tirs nucléaires peuvent détruire les armes nucléaires balistiques assaillantes.
 
Américains et russes, seuls à pouvoir se doter de telles capacités, sont convenus par le [[traité ABM]] de 1972 d’en limiter l’implantation à deux sites.
 
Les américains ont construit des intercepteurs tels les [[Sprint (armement)]], [[LIM-49A Spartan]], [[MIM-14 Nike-Hercules]] dotés d’armes nucléaires, certaines privilégiant l’émission de neutrons pour détruire les composants électroniques des armes nucléaires assaillantes et en interdire l’explosion. Pour autant ils en ont abandonné le principe, même si le traité ABM le leur permettait. Le premier et le seul système qu'ils ont déployé (à Grand Forks dans le Dakota du Nord) a été fermé par décision du Congrès six mois après sa mise en service<ref name="Le Duel"> Le duel USA-URSS dans l'espace. Jean-Pierre Clerc et Paul Iorcète, Autrement Éditions, 1986 {{p.|28}}</ref>.
 
Les russes aujourd’hui conservent une défense de Moscou par armes nucléaires qui ont succédé à leur [[:en:ABM-1 Galosh|ABM-1 Galosh]] initial
 
La dénonciation par les américains du traité ABM en 2002 est due à leur supériorité technologique à ce moment là. Elle résulte des travaux lancés par l’[[Initiative de défense stratégique]]. Ils commençaient à disposer des moyens (satellites, radars, moyens de calcul temps réel) qui leur permettaient de réaliser et de positionner dans le monde là où cela leur était utile les effecteurs (désormais non nucléaires) à venir (SM3 blockII B, THAAD, GBI).ce que le traité ABM leur aurait interdit. Bien d’autres raisons ont été aussi avancées [https://www.lesechos.fr/11/01/2002/LesEchos/18570-154-ECH_la-fin-du-traite-abm.htm]
 
 
 
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[[File:Sbx underway.jpg|thumb|Radar de détection des armes balistiques très rapides et de très longue portée]]
Plusieurs satellites de détection en infrarouge sont nécessaires <ref> Rapport du Sénat déjà cité {{p.|53}} </ref> dont l’un se trouvera bien placé pour saisir l’instant même d’allumage du missile balistique assaillant, en donner les caractéristiques (analyse de la lumière émise propre à des catégories de missiles) et informer le radar de la trajectoire ce qui lui permettra de se mettre en position d'attente.
 
Ce qui est demandé au radar, la trajectographie de l’arme, en fait un outil d’une remarquable complexité. Il doit "voir" à plusieurs milliers de kilomètres un objet conique qui s'est séparé du missile balistique (l'ogive) de toute petite dimension (diamètre de la base de l'ordre de 50cm, hauteur de l'ordre de 150cm) . Une raison pour le placer au plus près de la menace, l'autre étant la rotondité de la Terre et donc le besoin de voir l'objet au-dessus de l'horizon du radar le plus tôt possible. Selon la géographie le radar sera implanté au sol, ou en mer comme le [[ Sea-based X-band Radar ]] américain.
 
Les missiles anti-missiles balistiques sont, pour la première génération, des missiles balistiques dont l’arme nucléaire est remplacée par un Kill Véhicule. C'est la cas du [[Ground-Based Interceptor]] (GBI) en Alaska. On cherche ensuite à les améliorer pour qu’il aillent encore plus vite, le temps dévolu à l’interception étant très court. Il faut un missile balistique qui atteigne la vitesse de {{unité|6| km/s}} en une minute et non pas en trois minute comme le GBI.<ref>Air & Cosmos {{n°|2085}} du 6 juillet 2007, {{p.|19}}. </ref>
 
 
====À la limite de l'atmosphère ====
 
L’interception est effectuée par un missile (tactique) de très forte puissance propulsive pour gagner très rapidement la haute atmosphère et dirigé vers la cible par son détecteur infrarouge.
La complexité de cet type d’interception vient de ce que le détecteur infrarouge doit rester à une température très faible alors qu’il est échauffé par le frottement de l’air résiduel ce qui complexifie sa technologie. Par ailleurs c’est tout le missile qu’il faut conduire vers la cible pour la détruire par collision et non pas un (petit ) Kill Vehicle, comme il en est pour l’interception dans l’espace. Aussi la capacité de ces intercepteurs est-elle limitée à des armes pas trop rapides ce qui correspond à un portée maximum de {{unité|3000|km}} <ref> Rapport du Sénat déjà cité, {{p.|67}} </ref>
 
 
===Exemples d'interceptions===
 
Des exemples sont utiles. En effet des analystes qui se sont penchés il y a quelques années sur l’interception à haute vitesse dont ils doutaient beaucoup utilisaient l’expression suivante: « c’est comme si l’on voulait arrêter un balle de fusil avec une autre balle de fusil ».
 
Première observation. Une balle de fusil a, au sortir du canon, a une vitesse de l’ordre de 1000m/s.
Comme on l’a vu plus haut, à 1 km/s on ne va pas bien loin. D’évidence parler de la vitesse d’une balle de fusil c’est n’avoir rien compris aux trajectoires elliptiques des armes ni à la mécanique de Newton appliquée à la Terre.
 
Deuxième observation. Il convient de dire: on va détruire une arme qui va de quatre à sept fois plus vite qu’une balle de fusil par un véhicule qui va presque sept fois plus vite et cela fonctionne.
On le montre ci-dessous.
 
 
 
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Les américains ont conduit de nombreuses interceptions dans la partie spatiale (dite par eux ''midcourse'') de la trajectoire de l'arme assaillante avec le programme Ground-Based Midcourse Défense [[:en:Ground-Based Midcourse Defense|Ground-Based Midcourse Defense]] . L’article Wikipédia qui y est consacré est riche d’enseignements sur les difficultés rencontrées. On voit (essai IFT5) que dans les premiers essais la maquette de l’arme assaillante émettait sa position GPS pour faciliter l’interception.
 
La Chine n’a pas fait de même. Elle a choisi pour première cible le 11 janvier 2007 <ref>Magazine « Aviation Week and Space technology » du 11 janvier 2007</ref> un de ses vieux satellites, ce qui, incidemment, a créé plus de mille débris dans un espace proche qui en a déjà trop.<ref name="À la conquête de l’espace"> À la conquête de l’espace, Jacques Villain, Éditions Vuibert Ciel &Espace, 2007, {{p.|210}} </ref> L’idée est la même: faciliter l’action du missile balistique qui va lancer le KV par une connaissance sûre de la trajectoire de l’objet à détruire. Celle de tous les satellites est évidemment parfaitement connue, longtemps avant le tir du KV ce qui facilite les choses.
 
La première difficulté étant résolue - lancer le KV et lui faire rencontrer sa cible - il reste à valider la seconde: disposer d’un système d’alerte capable de fournir le plus tôt possible la trajectoire de la cible, l’arme assaillante, au missile balistique qui va lancer le KV.
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La Chine a fait sa première interception complète le 11 janvier 2010 montrant ainsi au monde le seuil technologique qu’elle avait atteint [http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2010/01/la-chine-teste-un-syst%C3%A8me-antimissile.html], tant dans la destruction (assez facile) des satellites que celle (plus difficile) des armes balistiques.
 
Des voix se sont élevés contre la maîtrise militaire de l’espace, dite « arsenalisation de l’espace » [http://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/rap-info/i0688.pdf.]mais d’autres l’estiment inéluctable et observent le retard de l’Europe<ref name="Alain Charmeau"></ref>.
 
 
====Haut- endo atmosphériques (atmosphère raréfiée) ====
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=Réflexion sur les armes nucléaires=