« Mémoire/La récupération en mémoire déclarative » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
mAucun résumé des modifications
Ligne 52 :
A l'heure actuelle, on ne sait pas du tout d'où proviennent ces différences. Certains scientifiques supposent que le processus de rappel et de reconnaissances sont différents. Les tests de reconnaissances présentent directement l'information à rappeler. En conséquence, la reconnaissance d'un item va automatiquement activer celui-ci en mémoire. Il s'agit donc d'un accès direct à l'information mémorisée. Elle se base purement sur un processus de familiarité, qui permet de reconnaître des choses connues. Il s'agit d'un processus relativement primitif, qui rate rarement. La reconnaissance serait un processus automatique unitaire, basé sur l'activation directe des informations reconnues. L'activation d'une information en mémoire détermine sa facilité à être récupérée : plus elle est forte, plus la probabilité de récupération est grande. De plus, le concept possède une certaine force, qui définit s'il est plus ou moins facile à rappeler, à activation égale. La simple perception d'une information en permettrait l'activation immédiate : le sujet aurait alors juste à se souvenir si le mot perçu appartient à la liste, ce qui correspond à la mémoire de la source (supposée de type épisodique). Par contre, le rappel libre ou indicé ne présentent pas l'information à rappeler et n'activent pas directement l'information. Le rappel demanderait de rechercher l'information en mémoire, celle-ci n'étant pas activée directement. Ce processus de recherche serait sépcifique au rappel, mais n'interviendrait pas en reconnaissance.
 
==RappelLes mécanismes du rappel libre et indicé : l'amorçage==
 
Il est intuitif que donner des indices à quelqu'un l'aide à se souvenir d'une information oubliée. Pour vérifier cette intuition, les scientifiques ont comparé des groupes soumis soit une tâche de rappel libre, soit une tâche de '''rappel indicé''', où chaque item à rappeler était précédé d'un indice. Certaines tâches de rappel indicé demandent aux sujets d'apprendre des paires d'items, le premier servant d'indice au second. De ces expériences, il ressort que donner des indices proches améliore le rappel. Dit simplement, le rappel indicé est largement plus facile que le rappel libre, parce que le nombre d'indices de récupération est plus important. Les scientifiques ont depuis longtemps étudié comment fonctionne le processus de rappel indicé. De ces études, il ressort que la présentation d'un indice permet de faciliter le rappel ultérieur d'une cible. Ce phénomène est appelé l’'''amorçage sémantique/conceptuel'''. On l'étudie le plus souvent avec divers paradigmes. Le plus connu consiste à présenter, durant un temps très faible, d'abord le mot-indice, puis le mot-cible. On demande au sujet de dire si le mot cible est un mot ou un pseudo-mot, s'il appartient à une catégorie précise, ou toute autre demande qui demande un traitement sémantique/conceptuel par le sujet. On observe alors quelques différences en terme d’amorçage, selon le temps entre la présentation de la cible et de l'indice.
Ligne 70 :
Il faut noter que ce mécanisme d'activation diffusante explique parfaitement bien le rappel spontané, mais a besoin d'être complété pur rendre compte du rappel d'une information suite à un effort mental. Ce dernier cas est aussi appelé rappel intentionnel. Dans le rappel intentionnel, le sujet recherche une information particulière dans sa mémoire, ce qui lui demande de vérifier si l'information rappelée est la bonne. Cela demande au sujet d'avoir suffisamment d'informations pour identifier l'information à rappeler. Le sujet va créer une stratégie pour récupérer l'information voulue, cette stratégie indiquant les indices à partir desquels démarrer la recherche, mais aussi comment la poursuivre à partir des indices intermédiaires : comment gérer l'activation et son parcours. Il faut aussi maintenir les indices dans la mémoire de travail, lors du parcours de la mémoire à long-terme.
 
===Indices de récupérations et activation diffusante===
 
Il est rapidement apparu que tout rappel fonctionne sur les mêmes principes que le rappel indicé. Lors d'un rappel quelconque, indicé ou non, le sujet cherche à localiser une information précise dans sa mémoire. Mais le sujet ne va pas parcourir l'ensemble de sa mémoire pour trouver l'information qu'il recherche. Si c'était le cas, le sujet mettrait des années avant de se rappeler des faits les plus triviaux. Le sujet ne part pas de nulle part : le sujet a naturellement une petite idée de ce qu'il doit se rappeler, il a quelques indices qui lui permettent de guider sa recherche.
Ligne 85 :
* la congruence entre contexte d'encodage et contexte de rappel.
 
====Influence de l'attention====
 
Il va de soi que plus les indices sont activés, plus le rappel sera efficace et/ou rapide. Il est supposé dans de nombreuses théories que plus on porte attention à un indice, plus celui-ci sera activé. On peut facilement en déduire que l'attention portée aux indices influence fortement le rappel. Une manière de vérifier cette prédiction est de réduire l'attention portée aux indices lors d'une tâche de rappel. Un bon moyen pour faire cela est de demander aux sujets de faire plusieurs choses à la fois. En plus de la tâche de rappel, on donne une autre tâche cognitive aux sujets, qui leur coute de l'attention. L’attention des sujets sera alors partagée en les deux tâches, limitant ainsi l'attention allouée à la tâche de rappel, aux indices. On observe alors une nette baisse de performance dans la tâche de rappel. Par contre, il ressort que l'effet est supérieur sur le rappel et moindre dans les tâches de reconnaissance.
Ligne 93 :
Pour donner un exemple, on peut citer les études de Myra Fernandes et Morris Moscovitch, datées des années 2000 et 2003. Dans cette étude, les sujets devaient rappeler à voix haute une liste de mots appris par cœur. Le premier groupe n'avait pas de tâche concurrente à la tâche de rappel. Un second groupe devaient répondre à quelques questions sur des items présentés sur un écran d'ordinateur. Il se trouve que le rappel des sujets subissant une tâche concurrente avaient des performances diminuées de moitié comparé au groupe contrôle.
 
====Influence de la pertinence des indices====
 
Il va de soit qu'un indice doit être relié à la cible, pour déclencher un effet d’amorçage. Si on présente un indice qui n'a aucun lien avec la cible, on n'observe pas le moindre gain en terme de rappel de la cible. Mais pour qu'un lien se forme entre deux informations, il faut qu'elles soient toutes deux présentes en même temps lors de l'encodage. Un indice n'est associé à une cible que si l'association entre ces deux informations a été encodée, mémorisée. Indice et cible ont donc du être présents dans la mémoire de travail en même temps, pour une raison X ou Y. C'est ce que l'on appelle le principe d''''encodage spécifique'''.
Ligne 99 :
[[File:Encodage spécifique.png|centre|Influence de l'encodage spécifique sur l'amorçage.]]
 
====Influence de la force associative====
 
Si la présence d'une association entre cible et indice est nécessaire pour que l'effet d'amorçage se manifeste, toutes les associations ne sont pas égales. Certaines associations sont relativement faibles, à savoir qu'elles laissent peu passer l'activation diffusante. Ces associations faibles sont naturellement à opposer aux associations fortes, qui laissent mieux passer l'activation. L'activation de l'indice a donc peu de chance de déclencher le rappel de la cible si l'association est faible, alors que le rappel sera quasi-systématique avec une association forte. Évidement, cette distinction être associations faibles et fortes est assez schématique, la force d'une association étant une grandeur continue.
Ligne 107 :
Pour se rendre compte de ce concept de '''force associative''', le mieux est de prendre un exemple qui devrait vous parler. Lors de votre scolarité, vous avez certainement eu du mal à apprendre le vocabulaire d'une langue étrangère. Vous connaissiez certainement les mots étrangers, mais vous aviez du mal à vous rappeler de leur signification (la cible). Pourtant, signification et mot étranger étaient présent dans votre mémoire, et certainement l'association entre ces deux informations. Mais l'association étant relativement faible sans une bonne dose d'apprentissage par cœur, vous avez certainement eu du mal à obtenir de bonnes performances au début de votre apprentissage. Ce n'est qu'après d’âpres répétitions que l'association est devenue suffisamment forte pour que vous puissez vous rappeler de la signification de mots étrangers par cœur.
 
====Influence du nombre d'indices====
 
Dans certaines expériences, les scientifiques ont cherché à vérifier si augmenter le nombre d'indices de récupération permettait de faciliter le rappel. Et c'est bien le cas : plus d'indice implique souvent une meilleure récupération. Cela s'explique facilement : la somme des activation provenant de plusieurs indices s'additionne, donnant un effet synergique. Plus un concept est accessible, à savoir relié à un grand nombre d'indices de récupération, plus il sera facile à rappeler. Dans cette optique, la structure du réseau sémantique a une influence sur la propagation de l'activation diffusante : elle détermine la disponibilité d'un concept. Cette théorie permet d'expliquer la différence entre rappel libre et indicé : les indices de récupération sont plus nombreux en tâche de rappel indicé.