« Théorie quantique de l'observation » : différence entre les versions
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Si un être est dans l'état <math>|0\rangle</math> il n'est pas dans l'état <math>|1\rangle</math> et inversement. Lorsqu'il est dans l'état <math>\frac{1}{\sqrt 2}(|0\rangle + |1\rangle)</math>, il n'est ni dans l'état <math>|0\rangle</math> ni dans l'état <math>|1\rangle</math>, mais dans un troisième état, différent des deux précédents (Griffiths 2004).
Si un être est préparé dans l'état <math>|0\rangle</math> il ne peut pas être détecté, immédiatement après la préparation, dans l'état <math>|1\rangle</math>, parce que <math>|0\rangle</math> et <math>|1\rangle</math> sont orthogonaux, c'est à dire que leur produit scalaire <math>\langle 1|0\rangle</math> est nul. En revanche si un être est préparé dans l'état <math>\frac{1}{\sqrt 2}(|0\rangle + |1\rangle)</math>, il y a une chance sur deux de le détecter dans l'état <math>|0\rangle</math> et de même une chance sur deux de le détecter dans l'état <math>|1\rangle</math>, parce que <math>|\langle 0|\frac{1}{\sqrt 2}(|0\rangle + |1\rangle)|^2= |\langle 1|\frac{1}{\sqrt 2}(|0\rangle + |1\rangle)|^2 = \frac{1}{2}</math>. Lorsque deux états sont orthogonaux, ils sont très nettement différents. Ils sont complètement discernables, parce qu'ils peuvent être tous les deux des états propres du même instrument de mesure. Lorsqu'ils ne sont pas orthogonaux, leur différence s'est partiellement estompée, d'autant plus que leur produit scalaire est proche de 1. Ils ne sont pas complètement discernables, au sens où il n'est pas possible de faire une mesure qui permettrait de les distinguer, parce qu'ils ne peuvent pas être
On dit parfois que <math>|\langle \phi|\psi\rangle|^2</math> est la probabilité qu'un être dans l'état <math>|\psi\rangle</math> soit dans l'état <math>|\phi\rangle</math>. Cela sonne comme une absurdité, puisque si <math>|\psi\rangle</math> et <math>|\phi\rangle</math> sont différents, un être ne peut pas être dans les deux états en même temps. Mais si on l'entend charitablement, on comprend que cela veut seulement dire qu'un être préparé dans l'état <math>|\psi\rangle</math> a une probabilité <math>|\langle \phi|\psi\rangle|^2</math> d'être détecté dans l'état <math>|\phi\rangle</math>. C'est pourquoi on est tenté de dire que si <math>|\phi\rangle</math> n'est pas orthogonal à <math>|\psi\rangle</math>, un être dans l'état <math>|\psi\rangle</math> est partiellement dans l'état <math>|\phi\rangle</math>.
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Comme <math>|0\rangle = \frac{1}{\sqrt 2}(|x^+\rangle + |x^-\rangle)</math> le système est dans une superposition de <math>x^+</math> et <math>x^-</math>. Ni l'un, ni l'autre n'est réel. Il n'y a que leur superposition qui est réelle.
Heisenberg a montré que les mesures de position et d'impulsion d'une particule quantique sont incompatibles. Elles ne peuvent que se perturber mutuellement. C'est pourquoi on ne peut jamais attribuer simultanément une position et une impulsion exactement définies à une même particule. Cette incompatibilité se traduit mathématiquement par la relation <math>\Delta x \Delta p \ge \hbar</math> où <math>\Delta x</math> est l'indétermination
Il faut l'appeler la relation d'indétermination de Heisenberg, plutôt que relation d'incertitude, parce que cette dernière expression suggère que nous ne connaissons pas simultanément la position et l'impulsion d'une particule, mais qu'elles pourraient être connues. Pour qu'il y ait incertitude, il faut qu'il y ait quelque chose à connaître que nous ne connaissons pas. Mais l'incompatibilité des mesures quantiques ne dit pas qu'il y a plus à connaître que ce que nous observons
=== L'incertitude et les opérateurs densité ===
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=== Pourquoi les paires intriquées ne permettent-elles pas de communiquer ? ===
Soient A et B deux parties d'un système AB. On suppose qu'elles ont interagi dans le passé
En toute généralité, qu'il s'agisse d'action instantanée ou avec retard, les paires intriquées ne permettent jamais de communiquer de la façon suggérée par la réduction du vecteur d'état. De ce point de vue la physique quantique ne se distingue pas de la physique classique. Pour qu'il y ait communication, ou transport d'information, il faut qu'il y ait une action ou une interaction qui se propage à la vitesse de la lumière ou à une vitesse inférieure. Lorsqu'on observe une partie éloignée d'une paire intriquée, il n'y a pas d'interaction avec la partie inobservée. Aucun effet mesurable de celle-la sur celle-ci ne peut être détecté.
Formellement, cette absence de communication entre les parties se traduit par l'invariance de l'opérateur densité réduit de la partie inobservée à l'issue de l'observation. La partie inobservée ne change pas d'état, elle n'est pas perturbée par l'
=== La décohérence par l'intrication ===
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Schrödinger a inventé une expérience de pensée, hélas un peu sinistre, pour illustrer le caractère très contre-intuitif du principe de superposition quantique, qu'il a contribué à découvrir, puisque ce principe accompagne nécessairement sa célèbre équation. Un chat est enfermé dans une boîte équipé d'un dispositif diabolique : un atome radioactif est couplé à une fiole de poison qui se répandra seulement si l'atome se désintègre. On suppose que la demi-vie de l'atome est de une heure et qu'au début de l'expérience on a vérifié qu'il ne s'est pas désintégré. L'expérience consiste à laisser le chat enfermé pendant une heure puis à ouvrir la boîte (Schrödinger 1935).
Si on la boîte est complètement isolée de son environnement, on peut décrire cette expérience avec un opérateur unitaire sur un système à un qubit et un qutrit. Le qubit représente l'atome, qui peut être dans
<math>U|1, vivant_0\rangle = \frac{1}{\sqrt 2}(|1, vivant\rangle + |0, mort\rangle)</math>
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L'état du système à l'issue de l'expérience est donc un état intriqué entre l'atome, le chat et le reste de la boîte, où le chat est simultanément mort et vivant.
On appelle expérience du type "chat de Schrödinger", toute expérience qui
L'expérience originale de Schrödinger ne prépare pas l'état
L'expérience de pensée de Schrödinger montre qu'en principe rien n'empêche d'appliquer le principe de superposition quantique à un système macroscopique, pourvu qu'il puisse être parfaitement isolé.
Une expérience du type "chat de Schrödinger" n'a à ce jour jamais été réalisée avec un système vraiment macroscopique, parce qu'on ne sait pas les isoler suffisamment de leur environnement. En revanche on peut la réaliser de diverses façons avec des objets mésoscopiques, des petits systèmes de particules, d'atomes ou de molécules.
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Certains états quantiques du champ électromagnétique ressemblent beaucoup à des états classiques, surtout s'ils contiennent en moyenne de nombreux photons. On les appelle des états de Glauber.
Un mode du champ électromagnétique est semblable, de façon mathématique, à un oscillateur harmonique, parce que le champ oscille périodiquement comme n'importe quel oscillateur. En physique quantique les énergies accessibles d'un oscillateur harmonique sont quantifiées. Elles correspondent au nombre de photons excités dans un mode d'une cavité électromagnétique. Lorsque l'énergie d'un oscillateur est très grande par rapport à la différence d'énergie entre deux états successifs, on peut construire des états quantiques qui ressemblent beaucoup aux états classiques d'un oscillateur. Ils peuvent avoir une position et une impulsion très précisément définie. Ce sont les états de Glauber. Ce ne sont pas des états
On peut préparer un état de Glauber simplement en couplant brièvement la cavité initialement vide à une source classique de rayonnement électromagnétique. On peut s'arranger pour que l'atome géant perturbe le champ dans la cavité en provoquant un décalage de phase de l'état de Glauber, comme si on avait déplacé un oscillateur sans changer son énergie, un peu comme si l'atome avait donné un coup sur le champ. Selon son état initial <math>|g\rangle</math> ou <math>|e\rangle</math>, l'atome provoque un décalage de phase dans des directions opposées (Haroche & Raimond 2006, pp.377-378). L'interaction entre l'atome et la cavité est décrite par :
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<math>U|e\rangle|G_0\rangle= e^{-i\phi}|e\rangle|G_{-\phi}\rangle</math>
où <math>|G_0\rangle</math> est l'état de Glauber initial et <math>|G_\phi\rangle</math> l'état de Glauber obtenu par un décalage de phase de <math>\phi</math>.
Si on prépare l'atome dans l'état <math>\frac{1}{\sqrt 2}(|g\rangle+|e\rangle)</math> on obtient donc :
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== La
=== L'arborescence des destinées d'un observateur idéal ===
Un observateur idéal est défini comme un système physique capable de réaliser une succession de mesures idéales (cf. 2.2) et de
Les <math>t_i</math> sont les instants des observations. A chaque instant <math>t_i</math>, l'observateur idéal effectue la mesure associée à l'observable (cf. 5.2) <math>O_i</math>. Un observateur idéal est ainsi défini par la suite des <math>(O_i,t_i)</math>. Les <math>O_i</math> opèrent sur l'espace des états de l'environnement de l'observateur, c'est à dire de tout l'Univers sauf l'observateur lui-même.
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Un observateur idéal ne peut pas oublier. Bien sûr les observateurs réels (vivants ou mécaniques) oublient souvent ce qu'ils ont d'abord mémorisé. Mais en général l'information n'a pas été complètement perdue, elle leur est seulement devenue inaccessible. Si on complète l'observateur réel par une mémoire physique qui conserve toutes les informations qu'il oublie, on obtient un système qui ressemble davantage à un observateur idéal.
Aux hypothèses précédentes on ajoute un principe de communication idéale entre observateurs idéaux. Lorsqu'un observateur A observe directement un autre observateur B, les états pointeurs de B sont toujours des états propres de l'observation par A. De cette façon,
Une destinée complète d'un observateur idéal, est définie par la succession des résultats d'observation <math>x_i</math> aux instants <math>t_i</math>. Elle détermine une succesion d'états quantiques de l'observateur. Le premier état, à l'instant initial, juste avant la première mesure, est le produit <math>\prod_{i=1}^N |ready_i\rangle</math> des états initiaux de tous les instruments de mesure. Le second état est <math>|x_1\rangle \prod_{i=2}^N |ready_i\rangle</math> où <math>|x_1\rangle</math> est l'état pointeur du résultat <math>x_1</math>. Le <math>j</math><sup>ème</sup> état juste avant la <math>j</math><sup>ème</sup> mesure est :
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<math>|x_1\rangle ... |x_{j-1} \rangle \prod_{i=j}^N |ready_i\rangle</math>
Les destinées d'un observateur idéal forment une arborescence. Le pied de l'arbre est l'état initial de l'observateur idéal. Entre deux observations, l'arbre grandit sans diviser ses branches. Lorsqu'une observation a lieu, une branche se divise en autant de branches qu'il y a de résultats de mesure dont la probabilité est non-nulle.
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Dans le modèle de l'observateur idéal, deux branches qui se sont séparées ne peuvent pas se rejoindre à nouveau, parce que les observateurs idéaux gardent la mémoire. Ils ne peuvent pas avoir plusieurs passés parce qu'ils ne peuvent pas mémoriser plusieurs passés qui se contredisent.
On pourrait définir un modèle plus général d'un observateur à l'aide de la théorie générale de la mesure (cf. chapitre 5). Il faut alors raisonner non sur des vecteurs d'état mais sur des opérateurs densité. C'est un peu plus compliqué et cela conduit essentiellement aux mêmes conclusions.
=== Destinée absolue de l'observateur et destinée relative de son environnement ===
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La règle de Born permet d'attribuer des probabilités aux diverses destinées d'un observateur.
La probabilité d'un résultat de mesure <math>x_i</math> ne dépend que de l'état <math>|\psi\rangle</math> de l'environnement
<math>Pr(x_i)= | P(x_i) |\psi\rangle |^2</math>
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Deux destinées sont incomposables lorsqu'elles ne sont pas composables. Des destinées incomposables sont définitivement séparées. Elles ne pourront jamais se rencontrer. Ce livre introduit le néologisme d'incomposabilité parce que incompatibilité a déjà un autre sens en physique quantique (cf. 2.7). Si les destinées de deux observateurs idéaux contiennent des résultats d'observation mutuellement contradictoires alors elles sont incomposables. La probabilité d'une rencontre entre deux destinées incomposables est toujours nulle.
On peut définir l'incomposabilité d'une façon plus formelle, moins intuitive et mathématiquement plus
La superposition (cf. 1.1) et la discernabilité incomplète (cf. 2.6) des états, l'incompatibilité des mesures (cf. 2.7), l'intrication des parties (cf. 4.1), la relativité des états (cf. 4.3), la décohérence par l'intrication (cf. 4.17), la sélection des états pointeurs (cf. 5.4) et l'incomposabilité des destinées sont les principaux concepts, spécifiquement quantiques, sans analogues classiques, qui permettent de comprendre la signification physique de l'équation de Schrödinger, ou de façon équivalente, du formalisme des opérateurs unitaires.
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Supposons que A observe un système C qui est ensuite observé par B.
Si A et B font la même mesure sur C et si celui-ci est dans un
Si les observables des mesures de A et B sont incompatibles (cf. 2.7), les résultats obtenus par A ne peuvent pas être identifiés à ceux obtenus par B. Dans ce cas, l'enchevêtrement entre les branches ne peut donc pas être déterminé par l'appariement des résultats. Si par exemple, C n'est pas un état propre de la mesure par A tout en étant un état propre de la mesure par B, les branches de A d'abord, puis celles de B, se multiplient après la mesure sur C, mais
Il y a donc essentiellement deux façons pour deux arbres d'enchevêtrer leurs branches lorsque deux observateurs idéaux interagissent. S'ils s'observent mutuellement ou s'ils mesurent la même observable d'un troisième système alors ils enchevêtrent leurs branches par l'appariement des résultats. Si l'interaction ne conduit pas au partage d'une même information alors ils enchevêtrent leurs branches sans discrimination.
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Les états initiaux et les états pointeurs des instruments de mesure qui définissent un observateur idéal déterminent, par produit tensoriel, les états pointeurs de l'observateur lui-même. La sélection des états pointeurs des instruments de mesure (cf. 5.4) sélectionne du même coup la base des états pointeurs de l'observateur idéal.
Lorsqu'un système quantique n'est pas un instrument de mesure macroscopique ou un observateur idéal, aucune base d'états pointeurs n'est a priori privilégiée (cf. 5.5). On peut quand même définir des destinées multiples en choisissant arbitrairement une de ses bases d'états. Mais il n'y a aucune raison de penser que ces destinées sont réelles, parce que les états qui les définissent ne sont pas en général des états par lequel le système passe réellement. Dans la réalité il est dans une superposition de ces états ou dans un état intriqué avec
Lorsque les <math>t_i</math> sont des instants du temps et les <math>|\phi_i\rangle</math>, des états d'un système S, indexés par le même indice <math>i</math>, la suite des <math>(|\phi_i\rangle, t_i)</math> est un chemin de Feynman.
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où <math>U = \prod_{i=1}^N U_i</math>
Les <math>|a_j\rangle</math> sont une base orthonormée d'états de S. Avec les <math>t_i</math> elle détermine un ensemble <math>F</math> de chemins de Feynman de <math>|\psi_0\rangle</math> à <math>|\psi\rangle</math>. <math>F</math> contient tous les chemins <math>(|\psi_0\rangle, t_0)...(|\phi_i\rangle, t_i)...(|\psi\rangle, t_N)</math> où les <math>|\phi_i\rangle</math> sont toujours
On a :
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<math>\langle \psi | U |\psi_0\rangle= \sum_{f \in F} \prod_{i=1}^N \langle \phi_i^f | U_i|\phi_{i-1}^f \rangle</math>
où
Autrement dit, l'amplitude de probabilité d'une évolution entre un état initial et un état final est la somme de toutes les amplitudes de probabilité de "tous les chemins" qui relient ces deux états. C'est la version finie des intégrales sur tous les chemins de Feynman (Feynman & Hibbs 1965).
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=== Le parallélisme du calcul quantique et la multiplicité des passés virtuels ===
Soit un système à deux qubits
<math>U_f |00\rangle = |0f(0)\rangle</math>
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<math>U_f |11\rangle = |1f(1)^c\rangle</math>
où <math>f</math> est une fonction a priori quelconque qui décrit l'effet du premier qubit sur le second
Si le système est préparé initialement dans l'état <math>\frac{1}{2}(|0\rangle + |1\rangle)(|0\rangle - |1\rangle)</math>, on obtient :
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<math>U_f \frac{1}{2}(|0\rangle + |1\rangle)(|0\rangle - |1\rangle) = \frac{1}{2}(|0\rangle - |1\rangle)(|f(0)\rangle - |f(0)^c\rangle)</math>
L'état final <math>|x^+\rangle</math> ou <math>|x^-\rangle</math> du premier qubit révèle donc s'il fait toujours ou non le même effet sur son partenaire
On peut analyser ce calcul quantique en distinguant deux destinées virtuelles du premier qubit, celle où il passe dans l'état <math>|0\rangle</math> juste après la préparation initiale, l'autre où il passe dans l'état <math>|1\rangle</math>. L'opérateur <math>U_f</math>
Cet exemple a valeur générale (Deutsch 1985). Le calcul quantique permet toujours de calculer en une seule étape toutes les valeurs d'une fonction. Si par exemple, il dispose de 100 qubits de mémoire pour le registre de données, un ordinateur quantique peut calculer en parallèle et en une seule étape <math>2^{100} \approx 10^{30}</math> (mille milliards de millards de milliards environ) valeurs d'une fonction a priori quelconque. Mais la difficulté est de récolter les fruits de ce parallélisme. Il faut observer un état qui résulte de toutes les destinées virtuelles qui se produisent en parallèle, donc un état qui a de très nombreux passés virtuels.
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Pour qu'un calcul quantique parallèle puisse fournir un résultat il est nécessaire que le calculateur soit protégé contre la décohérence par intrication avec son environnement. Si une telle décohérence se produit, tout se passe comme si les destinées virtuelles parallèles étaient observées par l'environnement. Dans ce cas il ne faut plus sommer des amplitudes mais des probabilités pour calculer la probabilité du résultat final (cf. 4.18). Les états
<math>|x^+\rangle</math> et <math>|x^-\rangle</math> se produiraient avec la même probabilité quelle que soit
Comme nous sommes en permanence soumis à la décohérence par intrication avec notre environnement, tout se passe comme si nous étions observés en permanence par l'environnement. Quand nous oublions, les informations perdues ne le sont pas complètement. L'environnement en conserve toujours une trace. C'est pourquoi deux destinées réellement vécues ne peuvent pas converger sur un même état où elles se superposeraient, même si dans cet état nous avons oublié ce qui pourrait les distinguer.
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=== Les apparences classiques ne sont-elles pas des preuves que la physique quantique est incomplète ? ===
La théorie quantique telle qu'elle est présentée dans ce livre, à la façon d'Everett, c'est à dire sans postulat de la réduction du vecteur d'état, semble contredite par la simple observation que le monde nous apparaît toujours d'une façon qui semble en contradiction avec les enseignements de la théorie. Quand nous parlons de ce monde tel qu'il nous apparaît naturellement, des êtres qui l'habitent et de leurs états, nous ne faisons jamais usage du principe de superposition quantique
Il est bien sûr possible que les principes quantiques n'aient qu'une validité limitée, qu'à notre échelle macroscopique de nouveaux effets entrent en jeu, qu'ils sont ignorés par la théorie et qu'ils dérogent à ses principes. C'est possible, mais ce n'est pas nécessaire pour expliquer les apparences classiques, quotidiennement renouvelées, de notre monde, parce qu'en suivant Everett on peut donner une explication quantique des apparences classiques.
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=== L'espace et la masse ===
Le formalisme des opérateurs unitaires se sert implicitement du concept de temps, puisqu'un opérateur unitaire décrit un changement d'état, mais il ne dit rien a priori sur l'espace et sur la masse. Il semble faussement que l'espace et la masse sont des concepts essentiellement classiques, que la physique quantique n'explique pas leur existence, et que donc elle ne peut pas expliquer à elle seule les apparences classiques du monde. La plupart des équations quantiques ont des équivalents classiques et nous avons besoin des secondes pour comprendre les premières. Ainsi présentée la physique quantique n'est pas autonome par rapport à la physique classique, elle n'est qu'une façon très particulière de se servir de concepts empruntés à la physique classique.
Les concepts fondamentaux de la physique classique, espace, temps, masse, et les concepts dérivés, vitesse, impulsion, force, moment cinétique, énergie... reposent tous sur le principe que les points matériels ont des trajectoires. Elles sont définies comme des lignes dans l'espace-temps. Même la dynamique des mileux continus, solides ou fluides, décrit les trajectoires des points matériels qui constituent les corps en mouvement. Mais la relation d'indétermination de Heisenberg (cf. 2.7) interdit aux particules quantiques d'avoir de telles trajectoires classiques, puisque leur position et leur vitesse ne peuvent pas être exactement définies en même temps. Comment alors pourrait-elle expliquer toutes les apparences qui légitiment les concepts fondamentaux de la physique classique ?
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Le formalisme des opérateurs unitaires est la physique quantique sous sa forme la plus générale et la plus abstraite. Il ne fait pas d'hypothèses particulières sur l'espace et sur son contenu. Il peut être appliqué à toutes sortes d'espaces et de contenus. Il n'impose pas des concepts d'espace et de masse semblables à ceux de la physique classique mais il ne les interdit pas non plus. Schrödinger a montré comment calculer les fonctions d'onde des particules massives dans l'espace ordinaire (cf. 1.2). C'est une façon quantique de donner du sens aux concepts d'espace et de masse.
Les concepts fondamentaux de la physique, espace, temps, matière, et les concepts dérivés, ne sont pas exclusivement classiques. Toutes les constructions théoriques classiques (mouvements inertiels,
Même les mesures de longueur et de durée peuvent être expliquées d'une façon quantique (Peres 1995). On peut ainsi justifier les postulats sur la structure de l'espace-temps à partir des mesures spatio-temporelles aussi bien en physique quantique qu'en physique classique. C'est pourquoi on peut considérer que la physique quantique est autonome. On n'a pas besoin de justifier les équations quantiques à partir des équations classiques correspondantes. On trouve cette correspondance parce que la physique classique et la physique quantique sont toutes les deux des théories du même espace-temps.
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