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Hegel
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<big><sup>L'aliénation a ainsi des liens avec la maladie</sup>.</big>
'''en latin''' : alienus : qui appartient à un autre.
 
== Détour par la poésie : l'aliénation, un moment négatif de négation de soi ==
* Henri Michaux relate dans Connaissance par les Gouffres<ref>http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Le-Point-du-Jour/Connaissance-par-les-gouffres</ref>, l'expérience de l'aliénation dans l'usage des stupéfiants :
<blockquote>«''Les drogues nous ennuient avec leur paradis.''</blockquote><blockquote>''Qu'elles nous donnent plutôt un peu de savoir.''</blockquote><blockquote>''Nous ne sommes pas un siècle à paradis.''</blockquote><blockquote>Toute drogue modifie vos appuis. L'appui que vous preniez sur vos sens, l'appui que vos sens prenaient sur le monde, l'appui que vous preniez sur votre impression générale d'être.</blockquote><blockquote>Ils cèdent. Une vaste redistribution de la sensibilité se fait, qui rend tout bizarre, une complexe, continuelle redistribution de la sensibilité. Vous sentez moins ici, et davantage là. Où "ici" ? Où "là" ? Dans des dizaines d'"ici", dans des dizaines de "là", que vous ne connaissiez pas, que vous ne reconnaissez pas. Zones obscures qui étaient claires. Zones légères qui étaient lourdes. Ce n'est plus à vous que vous aboutissez, et la réalité, les objets même, perdant leur masse et leur raideur, cessent d'opposer une résistance sérieuse à l'omniprésente mobilité transformatrice.</blockquote><blockquote>Des abandons paraissent, de petits (la drogue vous chatouille d'abandons), de grands aussi. Certaines s'y plaisent. Paradis, c'est-à-dire abandon. Vous subissez de multiples, de différentes invitations à lâcher... Voilà ce que les drogues fortes ont en commun et aussi que c'est toujours le cerveau qui prend les coups, qui observe ses coulisses, ses ficelles, qui joue petit et grand jeu, et qui, ensuite, prend du recul, un singulier recul.</blockquote>L'aliénation c'est l'abandon, la perte de soi Ce terme désigne le fait de se séparer de soi, de devenir étranger à soi, de s'extérioriser dans l'autre (latin ''alias)''. Il y a perte au profit de quelqu'un d'autre. L'aliénation exprime une chute dans l'altérité. Elle implique l'impossibilité de se reconnaître soi-même dans une chose ou une réalité extérieures.
 
== Kant : “La translation de sa propriété à un autre est l’aliénation” (Métaphysique des Mœurs) ==
<blockquote>Le seul caractère général de l'aliénation est la perte du sens commun et l'apparition d'une singularité logique; par exemple, un homme voit en plein jour sur sa table une lumière qui brûle, alors qu'un autre à côté de lui ne la voit pas ; ou il entend une voix qu'aucun autre ne perçoit. Pour l'exactitude de nos jugements en général et par conséquent pour l'état de santé de notre entendement, c'est une pierre de touche subjectivement nécessaire que d'appuyer notre entendement sur celui d'autrui sans nous isoler avec le nôtre ; et de ne pas faire servir nos représentations privées à un jugement en quelque sorte public. C'est pourquoi l'interdiction des livres qui ne visent que des opinions théoriques (surtout s'ils n'ont pas d'influence sur les formes légales de l'action et de la permission) fait tort à l'humanité. Car on nous enlève par là sinon le seul moyen, du moins le plus important et le plus utilisable qui puisse justifier nos propres pensées ; c'est ce que nous faisons en les exposant publiquement pour voir si elles s'accordent avec l'entendement d'autrui ; autrement, on prendrait facilement pour objectif ce qui n'est que subjectif (par exemple, une habitude ou une inclination)... Celui qui, sans avoir recours à ce critère, s'entête à faire valoir son opinion personnelle en dehors ou même en dépit du sens commun s'abandonne à un jeu de la pensée, où il voit, se conduit et juge non pas dans un monde éprouvé en commun avec les autres mais dans un monde qui lui est propre (comme dans le rêve). Emmanuel KANT.</blockquote>
 
== Hegel ==
Hegel, ''Realphilosophie'' I, p. 237 : « Quand l’homme gagne sur la nature, quand il accroît sa domination sur elle, dans la même mesure il s’amoindrit lui-même. Quand il laisse la nature sous l’action de toutes sortes de machines, il ne supprime pas la nécessité de son propre travail, mais il ne fait que (...) l’éloigner de la nature ; il ne se tourne pas de manière vivante vers celle-ci en tant qu’elle est une nature vivante ; au contraire, le travail perd cette vitalité négative et le travail qui reste encore à l’homme devient même plus mécanique (...) ; plus le travail devient mécanique, moins il a de valeur et plus l’homme doit travailler de cette façon. »