« Commentaire philosophique/Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 1 :
[[Catégorie:Commentaire philosophique]]
{{nouveau livre}}
 
Ce livre s'adresse aux élèves de terminales, mais il peut étendre son public.
On y trouve des exemples d'explications de textes.
Ligne 45 :
 
Il est très difficile de conjecturer comment les hommes sont parvenus à connaître et employer le fer : car il n'est pas croyable qu'ils aient imaginé d'eux-mêmes de tirer la matière de la mine et de lui donner les préparations nécessaires pour la mettre en fusion avant que de savoir ce qui en résulterait. D'un autre côté on peut d'autant moins attribuer cette découverte à quelque incendie accidentel que les mines ne se forment que dans des lieux arides et dénués d'arbres et de plantes, de sorte qu'on dirait que la nature avait pris des précautions pour nous dérober ce fatal secret. Il ne reste donc que la circonstance extraordinaire de quelque volcan qui, vomissant des matières métalliques en fusion, aura donné aux observateurs l'idée d'imiter cette opération de la nature ; encore faut-il leur supposer bien du courage et de la prévoyance pour entreprendre un travail aussi pénible et envisager d'aussi loin les avantages qu'ils en pouvaient retirer ; ce qui ne convient guère à des esprits déjà plus exercés que ceux-ci ne le devaient être.
 
Quant à l'agriculture, le principe en fut connu longtemps avant que la pratique en fût établie, et il n'est guère possible que les hommes sans cesse occupés à tirer leur subsistance des arbres et des plantes n'eussent assez promptement l'idée des voies que la nature emploie pour la génération des végétaux ; mais leur industrie ne se tourna probablement que fort tard de ce côté-là, soit parce que les arbres, qui avec la chasse et la pêche fournissaient à leur nourriture, n'avaient pas besoin de leurs soins, soit faute de connaître l'usage du blé, soit faute d'instruments pour le cultiver, soit faute de prévoyance pour le besoin à venir, soit enfin faute de moyens pour empêcher les autres de s'approprier le fruit de leur travail. Devenus plus industrieux, on peut croire qu'avec des pierres aiguës et des bâtons pointus ils commencèrent par cultiver quelques légumes ou racines autour de leurs cabanes, longtemps avant de savoir préparer le blé, et d'avoir les instruments nécessaires pour la culture en grand, sans compter que, pour se livrer à cette occupation et ensemencer des terres, il faut se résoudre à perdre d'abord quelque chose pour gagner beaucoup dans la suite ; précaution fort éloignée du tour d'esprit de l'homme sauvage qui, comme je l'ai dit, a bien de la peine à songer le matin à ses besoins du soir.
 
'''Jean-Jacques Rousseau''', « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes », 1755.
Ligne 66 ⟶ 64 :
Cette présentation est aussitôt suivie de ces effets, tous néfastes, et qui symboliquement se manifestent par la disparition des forêts - on retrouve là la critique de la technique présente depuis le début du texte. On a perdu l'origine : apparition de la propriété et du travail, disparition de l’égalité. Il n'y a plus de rapport immédiat à la nature et aux hommes. Les obstacles se multiplient dans les relations humaines.
 
== II.La Le rôlequestion du derniertemps dans le paragraphetexte ==
Le premier paragraphe ayant été consacré à une transformation importante dans la vie de l’homme, il parait logique que cette transformation soit explicitée et que les sources en soient données.
 
Ce qui a modifié la manière de vivre selon Rousseau est la découverte du feu et du blé, repris par la double métonymie « du fer et du blé ». Cette métallurgie, cette agriculture, ont fait entrer l’homme dans la civilisation et « fait perdre le genre humain ».
 
Le deuxième paragraphe met donc en relation deux avancées qui sont en général considérés comme un progrès : la maîtrise de la terre et celle des ressources minérales, sans réel argumentation.
 
Le raisonnement s’appuie d’abord sur un exemple, celui de l’ignorance de l’agriculture et de la métallurgie chez « les sauvages de l’Amérique ». Puis sur un autre exemple qui sert de preuves : les progrès de l’Europe dans le domaine de la civilisation, grâce à sa double richesse en blé et en fer.
 
Par rapport au premier paragraphe, le deuxième précise deux éléments considérés par Rousseau comme corrupteurs et générateur d’inégalité.
 
En fait, Rousseau explique que la corruption ne naît pas d’un excès se richesse, mais elle est présente dès le début, dès le passage à la métallurgie et à l’agriculture.
 
== III. Le rôle des paragraphes trois et quatre ==
Les paragraphes trois et quatre se succèdent mais ils pourraient être mis sur le même plan car ils ont le même rôle, celui de chercher comment se sont mis en place les deux découvertes révolutionnaires : tout d’abord la métallurgie, puis l’agriculture.
De manière très raisonnée, Rousseau cherche les sources d’une découverte fondamentale, que les anciens expliquaient par le mythe de Prométhée.
 
Le paragraphe commence par des démentis : « il n’est pas croyable, on peut d’autant moins attribuer » qui permettent de rejeter des hypothèses ; comme la capacité humaine d’associer les minerais et le feu, ou encore l’éventualité d’un incendie révélateur.
 
La seule hypothèse qui semble avoir quelque fiabilité — et encore avec beaucoup de précaution — est celle d’une éruption volcanique qui aurait donné une sorte de modèle à suivre (...).
 
La formulation : « il reste donc que » souligne la manière de procéder de Rousseau, consistant à rejeter certaines hypothèses non recevables pour en conserver une plausible. Cette ultime hypothèse qu’il garde implique une certaine évolution qu’il croit peu plausible : « qu’à des esprits déjà plus exercés que ceux-ci ne le devaient être ».
 
L’agriculture est présentée comme une découverte naturelle des hommes. Une découverte pour laquelle ils n’auraient eu besoin que de regarder les fonctionnements du monde qui les entouraient.
 
Ce que cherche plutôt à expliquer Rousseau est la raison pour laquelle les hommes ne sont venus qu’assez tard à l’agriculture. Il donne pour ce faire cinq explications introduites par « soit » :
*1<sup>ère</sup> explication : l’environnement naturel n’avait pas besoin d’intervention de l’homme (...) ;
*2<sup>ème</sup> explication : l’ignorance du blé (...) ;
*3<sup>ème</sup> explication : le manque d’outils pour cultiver la terre (...) ;
*4<sup>ème</sup> explication : l'absence de capacité de prévision des besoins (...) ;
*5<sup>ème</sup> explication : l'absence de moyens d’empêcher de se faire voler ses provisions (...).
 
Là encore il fallut que les hommes eurent atteints un certains degré d’évolution. Et c’est cette évolution préalable qui a permis les découvertes.
 
Rousseau insiste de manière précise et méthodique sur les qualités nécessaires aux hommes pour découvrir, correspondre et maîtriser ces deux sources de développement.
 
Selon lui, aucune de ses deux techniques ne peut être associée à des groupes humaines primitifs, ceux qu’il désigne par « sauvages, barbares ».
 
Ces différentes remarques sur l’état de progrès de l’être humain se trouvent constamment associées à des notions de temps.
 
== IV. La question du temps dans le texte ==
L’extrait ne compte aucune date et ne mentionne pas les différents états de civilisation ; mais la notion de temps, dans son aspect d’évolution, est omniprésente dans le texte.