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== Utilisations ==
=== Thérapeutique ===
[[Fichier:2poppies.jpg|thumb|left|[[Opium]] s'écoulant des capsules de pavot préalablement incisées]]
L'usage de [[décoction]]sdécoctions de pavot est un [[remède]] traditionnel dans les régions où la plante peut être cultivée, notamment du fait de ses vertus [[sédatif|sédatives]].
 
Les variétés traditionnelles en Europe du pavot noir à ''œillette'', qui étaient utilisées dans les sirops diacodes et les décoctions domestiques, forment des capsules sèches grosses comme des noix, d'à peu près un gramme une fois débarrassées de leurs graines, et plus du triple en volume et en poids (taille d'un œuf de poule), ou même huit à dix fois plus pour les variétés à grandes capsules grosses comme une balle de tennis (nigrum et album). Ces deux dernières forment les catégories théoriques des ''pavots officinaux''. Indifféremment des variétés, elles peuvent renfermer 1 à 4 % d'[[opium]] sec (5 % pour le pavot officinal sélectionné) contenant des taux communs de 3 à 12 % de [[morphine]] et une grande variabilité d'autres alcaloïdes. L'opium très abondant des pavots à graines blanches (album) est réputé supérieur dans la qualité de ses effets narcotiques sans être nécessairement plus fort que celui des variétés noires (nigrum = bleues et parfois pourpres ou marron à maturité). Les variétés stupéfiantes des pavots blancs de sélection afghane utilisées exclusivement par les narco-trafiquants, donnent un opium exceptionnellement riche de 20 % de morphine ; l'opium moins bien toléré des œillettes bleues peut atteindre un taux lui aussi très fort de 16 % malgré une faible présence de ce suc dans la plante. L'[[encyclopédie de Diderot]] fait part de l'usage d'une moyenne capsule ou de deux petites en intention thérapeutique pour les souches européennes<ref>[[s:Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/204|Encyclopédie de Diderot : Pavot]]</ref>.
 
L'opium très abondant des pavots à graines blanches est réputé supérieur dans la qualité de ses effets narcotiques sans être nécessairement plus fort que celui des variétés noires (nigrum = bleues et parfois pourpres ou marron à maturité). Les variétés stupéfiantes des pavots blancs de sélection afghane utilisées exclusivement par les narco-trafiquants, donnent un opium exceptionnellement riche de 20 % de morphine ; l'opium moins bien toléré des œillettes bleues peut atteindre un taux lui aussi très fort de 16 % malgré une faible présence de ce suc dans la plante.
L'opium fut l'objet d'une large littérature médicale, universitaire et encyclopédique qui s'avéra cohérente, exhaustive et concordante malgré son approche empirique et la grande variété des cultivars observés<ref>[http://books.google.fr/books?id=Us8m4289udYC&pg=PA239&lpg=PA239&dq=sirop+diacode+d%C3%A9coction&source=bl&ots=UTyO0Iklo5&sig=JRChOvCVYuofESqHKHtZPGGLMLc&hl=fr&ei=ZJQvS82HMMSH4Qbr6qiqCA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=13&ved=0CCoQ6AEwDA#v=onepage&q=opium&f=false Desbois de Rochefort, Cours élémentaire de matière médicale: Suivi d'un Précis de l'art de formuler, Volume 2]</ref>. Les variétés à petites capsules (grosseur de noix), les plus communes, peuvent laisser exsuder {{unité|25|mg}} d'opium de qualité variable par fruit et ont été très utilisées avant tout pour la production de graines comestibles mais aussi de manière domestique pour leurs vertus curatives satisfaisantes chez l'adulte et considérées, non sans risque, administrables aux enfants. Elles ont cependant été à l'origine d'intoxications mortelles chez les nourrissons (assimilées primordialement et à tort à des [[Mort subite du nourrisson|morts subites]]) et les enfants quand il était d'usage de les faire infuser dans leur lait pour soulager leurs maux ou les garder endormis le temps où les parents travaillaient (Nord de la France, régions minières, surtout au {{s-|XIX|e}}). Les médecins avaient par ailleurs alerté sur des observations de retard musculaire et cognitif chez les enfants régulièrement intoxiqués au pavot.
 
L'opium fut l'objet d'une large littérature médicale, universitaire et encyclopédique qui s'avéra cohérente, exhaustive et concordante malgré son approche empirique et la grande variété des cultivars observés<ref>[http://books.google.fr/books?id=Us8m4289udYC&pg=PA239&lpg=PA239&dq=sirop+diacode+d%C3%A9coction&source=bl&ots=UTyO0Iklo5&sig=JRChOvCVYuofESqHKHtZPGGLMLc&hl=fr&ei=ZJQvS82HMMSH4Qbr6qiqCA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=13&ved=0CCoQ6AEwDA#v=onepage&q=opium&f=false Desbois de Rochefort, Cours élémentaire de matière médicale: Suivi d'un Précis de l'art de formuler, Volume 2]</ref>. Les variétés à petites capsules (grosseur de noix), les plus communes, peuvent laisser exsuder {{unité|25|mg}} d'opium de qualité variable par fruit et ont été très utilisées avant tout pour la production de graines comestibles mais aussi de manière domestique pour leurs vertus curatives satisfaisantes chez l'adulte et considérées, non sans risque, administrables aux enfants. Elles ont cependant été à l'origine d'intoxications mortelles chez les nourrissons (assimilées primordialement et à tort à des [[Mort subite du nourrisson|morts subites]]) et les enfants quand il était d'usage de les faire infuser dans leur lait pour soulager leurs maux ou les garder endormis le temps où les parents travaillaient (Nord de la France, régions minières, surtout au {{s-|XIX|e}}). Les médecins avaient par ailleurs alerté sur des observations de retard musculaire et cognitif chez les enfants régulièrement intoxiqués au pavot.
Les dosages de base que présentent les pavots communs à petites capsules ne diffèrent pas de l'usage équivalant que la médecine a aujourd'hui de la [[codéine]] ({{unité|10|mg}} équivalant d'''opium officinal'' pour 10mg de codéine base, bien qu'elle s'avère développer certains effets paradoxaux plus importants et des effets principaux plus faibles, avec des doses standards de 8 à 60mg chez l'adulte, correspondant en effet à l'amplitude constatée selon les variétés d'une consommation d'une à deux petites capsules. Pour des dosages plus forts dépassant le cadre des affections courantes comme l'analgésie de puissantes douleurs telles les douleurs cancéreuses ou post-opératoires, la morphine ou ses équivalents majeurs lui sont aujourd'hui préférés). Suivant l'usage connu qu'avaient les Grecs des ''codions'' (ou kodion, les têtes de pavot<ref>[[s:Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/187|Encyclopédie de Diderot : Origine du mot Codion (voir coqueluche)]]</ref>) les doses des médicaments opiacés n'ont cessé de les garder comme repère réel ou estimé<ref>[http://www.geopium.org/AG_pavot_homme.html Géopium.org : l'Opium]</ref> pour fixer les unités de prise. L'adoption du protocole d'augmentation et de sevrage de la morphine détacha l'usage traditionnel de l'usage moderne dans les années 1990 et permit de comprendre les mécanismes de cette dernière pour son usage efficace, sécurisé et facile au sevrage même s'il doit passer par de fortes doses lors du traitement. En France, il n'est fait état que d'une complication sur {{formatnum:10000}} liée au sevrage de la morphine. La distinction entre morphiniques majeurs et mineurs laissa la possibilité de garder la codéine et la codéthyline jusque dans le domaine de l'automédication, puisqu'elles ne répondent qu'aux effets mineurs et de manière partielle de l'opium en n'induisant qu'une sensation de soulagement en cas d'existence rigoureuse d'un maux. À défaut, leur usage à forte dose n'apporte que congestion et nausée et c'est ce qui représente leur particularité de sécurité sur l'opium.
 
Les dosages de base que présentent les pavots communs à petites capsules ne diffèrent pas de l'usage équivalant que la médecine a aujourd'hui de la [[codéine]] ({{unité|10|mg}} équivalant d'''opium officinal'' pour 10mg de codéine base, bien qu'elle s'avère développer certains effets paradoxaux plus importants et des effets principaux plus faibles, avec des doses standards de 8 à 60mg chez l'adulte, correspondant en effet à l'amplitude constatée selon les variétés d'une consommation d'une à deux petites capsules. Pour des dosages plus forts dépassant le cadre des affections courantes comme l'analgésie de puissantes douleurs telles les douleurs cancéreuses ou post-opératoires, la morphine ou ses équivalents majeurs lui sont aujourd'hui préférés). Suivant l'usage connu qu'avaient les Grecs des ''codions'' (ou kodion, les têtes de pavot<ref>[[s:Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/187|Encyclopédie de Diderot : Origine du mot Codion (voir coqueluche)]]</ref>) lesLes doses des médicaments opiacés n'ont cessé de les garder comme repère réel ou estimé<ref>[http://www.geopium.org/AG_pavot_homme.html Géopium.org : l'Opium]</ref> pour fixer les unités de prise. L'adoption du protocole d'augmentation et de sevrage de la morphine détacha l'usage traditionnel de l'usage moderne dans les années 1990 et permit de comprendre les mécanismes de cette dernière pour son usage efficace, sécurisé et facile au sevrage même s'il doit passer par de fortes doses lors du traitement. En France, il n'est fait état que d'une complication sur {{formatnum:10000}} liée au sevrage de la morphine. La distinction entre morphiniques majeurs et mineurs laissa la possibilité de garder la codéine et la codéthyline jusque dans le domaine de l'automédication, puisqu'elles ne répondent qu'aux effets mineurs et de manière partielle de l'opium en n'induisant qu'une sensation de soulagement en cas d'existence rigoureuse d'un maux. À défaut, leur usage à forte dose n'apporte que congestion et nausée et c'est ce qui représente leur particularité de sécurité sur l'opium.
 
L'adoption du protocole d'augmentation et de sevrage de la morphine détacha l'usage traditionnel de l'usage moderne dans les années 1990 et permit de comprendre les mécanismes de cette dernière pour son usage efficace, sécurisé et facile au sevrage même s'il doit passer par de fortes doses lors du traitement. La distinction entre morphiniques majeurs et mineurs laissa la possibilité de garder la codéine et la codéthyline jusque dans le domaine de l'automédication, puisqu'elles ne répondent qu'aux effets mineurs et de manière partielle de l'opium en n'induisant qu'une sensation de soulagement en cas d'existence rigoureuse d'un maux. À défaut, leur usage à forte dose n'apporte que congestion et nausée et c'est ce qui représente leur particularité de sécurité sur l'opium.
 
==== Le pavot ====
Toutes les variétés de pavot somnifère ont été utilisées, parfois indifféremment, en officine dans la confection d'extraits (teinture, laudanum<ref>[http://www.asud.org/produits/article-159-opium-laudanum.html ASSUD : Laudanium]</ref>, sirop, extrait sec, opium...), depuis le simple pavot des jardins jusqu'à des formes gigantesques de pavots blancs et noirs développés dans un but médical, narcotique ou ornemental.
 
[[Fichier:Differentpapaver.JPG|thumb|left|Différents pavots, sélection des beaux spécimens : Rhoeas, Dubium, Setigerum et Somniferum de toutes tailles]]
Seul le pavot dit sauvage (''Papaver setigerum'') dont les capsules sont de la taille d'une olive n'est toujours pas utilisé en médecine moderne et n'en présente pas le potentiel ni la productivité. Ses plants produisent dix à vingt fois moins d'opium, lui-même deux à quatre fois moins riche en morphine mais il contient un taux très supérieur de [[papavérine]] qui lui confère un potentiel [[antispasmodique]] théoriquement beaucoup plus significatif que l'opium du pavot somnifère. Son descendant, le pavot oriental se montre beaucoup plus productif tout en gardant une composition assez semblable à celui du pavot setigerum. Cette composition les rapproche de celle de la tige de pavot (sans capsule).
 
Il arrive que les graines de pavot soient utilisées en [[phytothérapie]] dans une optique antispasmodique pour leur action très légère (relative principalement à la [[papavérine]] qu'elles contiennent) ; aucune autre partie du pavot n'est du ressort de la phytothérapie, étant considéré comme un poison connu et problématique. Les graines de pavot présenteraient en outre des vertus aphrodisiaques (fonction érectile, afflux sanguin vers les parties génitales) quand elles sont patiemment mâchées à hauteur de 3 à 4 cuillères à café ({{unité|15|grammes}}), en reproduisant le principe de l'[[apomorphine]] selon les propriétés présentées à très faible dose par divers alcaloïdes du même groupe. Cependant, les mêmes alcaloïdes administrés à des doses plus significatives (plus de {{unité|2|mg}} de morphine) développent au contraire un effet sédatif sur la libido qui pouvait être recherché pour calmer les ardeurs chez les personnes en recherche de chasteté, contre la spermatorrhée, ou même pour aider à prolonger l'acte masculin (comme l'[[Nénuphar blanc|herbe aux moines]] ou encore la [[laitue vireuse]]).
 
L'utilisation de pavots à très grandes coques ne s'est répandu que tardivement avec la découverte des pavots exotiques (turcs, persans...) et d'homologues européens aux {{S2-|XVI|e|XVII|e}} notamment. Selon l'encyclopédie de Diderot, pourPour une même taille, les fruits de souches exotiques se montreraient couramment deux fois plus forts que ceux des souches européennes (opium plus abondant mais pas forcément plus concentré). La sélection de pavots à vocation médicinale permit cependant de révéler des souches de pavots aussi forts dans les régions occidentales (0,5 % de morphine dans le fruit sec).
 
Le pavot à ''opium officinal'' (dont l'opium sec doit posséder selon le critère actuel le plus précisément 10 % de morphine) est devenu un repère pharmaceutique pour mesurer l'opium et quantifier la capacité thérapeutique des pavots dès le {{s-|XVI|e}} et plus scientifiquement au {{s-|XIX|e}}. C'est un pavot blanc, parfois noir, à moyenne ou grande coque, sélectionné pour sa rentabilité, son adaptation constante aux climats sous lesquels il est cultivé et qui produit au moins {{unité|30|mg}} d'opium extractible manuellement par capsule pour en permettre la récolte. Il contient généralement le taux maximum de morphine dans sa paille, soit 0,5 %, ce qui est son unité de mesure la plus stable. Les formes les plus volumineuses, notamment asiatiques et japonaises<ref>[http://www.poppies.org/news/9950200651486.shtml Haruyo Asahina, 1er janvier 1957, pages 20 à 33, Analasys of Morphine Yield in Various Poppies]</ref> peuvent produire plus de {{unité|200|mg}} d'opium à 15 % par fruit et jusqu'à {{unité|40|mg}} de morphine au totale (fruit sec de {{unité|8|grammes}} en moyenne, certains peuvent atteindre plus de {{unité|12|grammes}}). Les variétés les plus utilisées pour leur rendement produisent autour de 80 à {{unité|100|mg}} d'opium par fruit de 3 à {{unité|4|grammes}}.
 
[[Fichier:Papaver somniferum field Tasmania.JPG|thumb|Champ de pavot médical en Tasmanie, Australie]]
L'usage pharmaceutique industriel de l'œillette à graines bleues, typiquement européenne et méditerranéenne, ne s'est démarqué qu'au {{s-|XIX|e}} pour remplacer l'opium exotique<ref>[http://books.google.fr/books?id=TdBBAAAAIAAJ&dq=MEMOIRE+SUR+L%27OPIUM+INDIG%C3%88NE&printsec=frontcover&source=bl&ots=Fjqz6tFQAC&sig=jX4tItRkC9iAR17476xoYhhLhMA&hl=fr&ei=buNAS6HXAtOD4QazwMGqCA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CAwQ6AEwAA#v=onepage&q=&f=false Mémoire sur l'opium indigène par J. Constantin Decharme, 1855]</ref> et finalement ne produire que les alcaloïdes au {{s-|XX|e}}. Elle possède un opium inférieur (effets secondaires à forte dose), moins abondant, issu de petites et moyennes capsules, mais qui peut s'avérer concentré en morphine. Certaines variétés qui ont fait l'objet de sélections passées parmi les cultivars traditionnels en Europe atteignent {{unité|5|mg}} et plus de morphine par gramme de fruit sec égrainé, tout comme les variétés orientales, et ont demandé une vigilance accrue dans leur utilisation pour prévenir les surdosages accidentels (la morphine montre des effets sédatifs toxiques chez l'adulte dès 10 à {{unité|20|mg}}). L'opium de l'œillette bleue possède aussi un fort pourcentage de codéine et de divers agents histaminiques qui limitent les mésusages par leurs effets indésirables, notamment en fumée et en transformation injectable qui font apparaître d'importantes démangeaisons et des bouffissures du visage, même transformé en héroïne (cas de l'héroïne artisanale russe, ou kompot, demandant une adjonction quasi systématique d'antihistaminiques). Mais l'industrie pharmaceutique y trouve aujourd'hui la famille spécifique de molécules qu'elle a appris à purifier et transformer, à travers une variété de pavot qui a bénéficié dès le Moyen Âge d'une bonne estime en usage thérapeutique oral, notamment par sa sécurité : taille limitée des capsules, présence d'agents antagonistes agissant en cas de surdosage, dosage connu et identifiable par les usages traditionnels, pas de faveur chez les opiomanes usant de fortes doses ou de voies directes, capacité thérapeutique fiable.
 
La ''paille de pavot'' désigne la tête sèche et tout ou partie de la tige. C'est à l'état naturel la plante séchée sur pied. La tige, contenant à poids égal quatre fois moins de principes morphiniques majeurs que le fruit égrainé, a été utilisée pour la production de remèdes et de médicaments variés. Traditionnellement, la tige de pavot est considérée comme agissant plus spécifiquement que les autres parties de la plante sur l'écoulement nasal, les spasmes et se montre calmante dans les toux sèches et d'irritation. Elle contient beaucoup plus de papavérine que le fruit, jusqu'à 5 fois la valeur de la morphine. La feuille s'utilisait elle aussi comme composant de potions, mais sa faible concentration en agents actifs n'en faisait pas un remède comparable à l'opium ni au fruit du pavot. Cependant, la tige put être mise en valeur par le mode de production industriel qui facilite l'extraction et le raffinage pour n'en retirer aujourd'hui que les [[alcaloïde]]salcaloïdes transformés. La présence d'agents narcotique dans la tige fut mise accidentellement en évidence au {{s-|XIX|e}} après avoir tenté de la donner comme nourriture fourragère au bétail sous l'impulsion de travaux universitaires, notamment aux cochons qui ont alors montré des signes inattendus d'intoxication.
 
[[Fichier:HEICo steamer Nemesis.jpg|thumb|Le paquebot HEIC Nemesis détruisant les jonques de guerre chinoises sur le fleuve de Canton pendant la première guerre de l'Opium, 1842]]
C'est à la fin du {{s-|XIX|e}} que le pavot européen utilisé en agriculture pour ses graines alimentaires sera estimé à nouveau pour produire la morphine puis la codéine qui ont dès lors pu remplacer jusqu'à sa quasi-totalité l'opium officinal importé des pays producteurs. L'enjeu était économique et permettait aussi de s'affranchir des enjeux politiques des guerres de l'opium puis de mieux appréhender les conventions sur les stupéfiants et leur maîtrise. Il ne s'agissait cependant que d'une redécouverte du potentiel pharmaceutique des pavots indigènes qui avaient en effet servi tout au long du Moyen Âge et de la renaissance, notamment pour produire de l'huile alimentaire à bas prix. L'usage exclusif d'opium importé avait supplanté l'usage médical du pavot entre le {{S mini-|XVII|e}} et le {{s-|XIX|e}} en faisant oublier son potentiel médical. L'utilisation dans l'industrie pharmaceutique de la ''paille de pavot'' jusqu'à sa tige, s'est finalement redéployée sur la production déjà existante des graines alimentaires avant de se spécialiser aujourd'hui par secteur économique (morphine et dérivés produis majoritairement en zone européenne, "fleurs séchées" d'ornement traitées en aspect naturel ou colorées produites, graines alimentaires de pavot bleu de Turquie, production médicinale à grande échelle).
 
L'utilisation dans l'industrie pharmaceutique de la ''paille de pavot'' jusqu'à sa tige, s'est finalement redéployée sur la production déjà existante des graines alimentaires avant de se spécialiser aujourd'hui par secteur économique (morphine et dérivés produis majoritairement en zone européenne, "fleurs séchées" d'ornement traitées en aspect naturel ou colorées produites, graines alimentaires de pavot bleu de Turquie, production médicinale à grande échelle).
La paille était considérée jusqu'alors comme un déchet peu maniable ou non viable de l'agriculture mais la chimie et l'industrie lui ouvrirent des perspectives nouvelles, allant de la médecine jusqu'à des formules de pesticides (qui ne sont plus employées, telles des mort-aux-rats, dont le nom était même devenu dans le langage populaire synonyme de morphine en tant que poison mortel). La décoction des têtes de pavot vendues comme produit de droguerie, notamment en Angleterre, pouvait être la base de préparations domestiques à vocation pesticide, tout comme le tabac. Industriellement, l'usage de la tige (généralement les 2/3 supérieurs de la plante) compense la petite taille des fruits et incrémente à plus du double la production des alcaloïdes totaux. Ces derniers sont aujourd'hui extraits de la paille, isomérisés en thébaïne puis transformés à nouveau en alcaloïdes désirés atteignant alors un degré pur avec une rentabilisation maximale de la plante.
 
La paille était considérée jusqu'alors comme un déchet peu maniable ou non viable de l'agriculture mais la chimie et l'industrie lui ouvrirent des perspectives nouvelles, allant de la médecine jusqu'à des formules de pesticides (qui ne sont plus employées, telles des mort-aux-rats, dont le nom était même devenu dans le langage populaire synonyme de morphine en tant que poison mortel). La décoction des têtes de pavot vendues comme produit de droguerie, notamment en Angleterre, pouvait être la base de préparations domestiques à vocation pesticide, tout comme le tabac. Industriellement, l'usage de la tige (généralement les 2/3 supérieurs de la plante) compense la petite taille des fruits et incrémente à plus du double la production des alcaloïdes totaux. Ces derniers sont aujourd'hui extraits de la paille, isomérisés en thébaïne puis transformés à nouveau en alcaloïdes désirés atteignant alors un degré pur avec une rentabilisation maximale de la plante.
 
==== L'opium ====
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[[Fichier:Laudanum.jpeg|thumb|Teinture d'opium pharmaceutique ou laudanum standardisé]]
Sa teinture la plus célèbre est le laudanum, notamment le ''laudanum de Sydenham'' mis au point par [[Thomas Sydenham]] au {{s-|XVII|e}} mais qui ne sera pas populaire de son vivant. Avant lui, [[Paracelse]] avait mis en évidence au début du {{s-|XVI|e}} dans la médecine occidentale les propriétés sédatives puissantes de la teinture (hydro-alcoolique) d'opium auquel il donna le nom latin de "louange". Concentré en principes actifs, généralement {{unité|100|grammes}} d'opium pour un litre de teinture obtenue (le double pour le ''laudanum de Rousseau''), le laudanum visait surtout un usage [[analgésique]] mais pouvait se prescrire dans diverses affections comme la diarrhée aiguë (élixir parégorique) dont il était aussi un remède spécifique et efficace à de faibles doses, ou encore les états de fièvre ou les inflammations douloureuses dans lesquels il montrait des effets bénéfiques mais avec plus ou moins de succès à défaut de connaître des traitements plus adaptés et mieux ciblés.

La liste des affections dans lesquelles l'opium pouvait être prescrit dépasse la longueur de celle de tout autre principe et malgré sa contre-indication ou son absence d'efficacité dans certains maux, il est avec la [[nigelle]] comestible ([[nigelle cultivée]]) l'une des plantes solennelles à avoir été assimilée à une [[panacée]]. Le laudanum avait l'avantage de posséder une composition et un dosage relativement fiables et référentiels, d'avoir une longue conservation, mais il suscita de nombreux usages détournés comme chez [[Charles Baudelaire]] ou [[Jean Cocteau]] et pouvait se consommer en société ou comme drogue légalement accessible à bas prix.
 
[[Fichier:Papaver somniferum 02 by-dpc.jpg|thumb|Pavot somnifère commun à l'état sauvage, Espagne]]
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[[Fichier:Papaver somniferum 'Opium poppy' (Papaveraceae) plant.JPG|thumb|Spécimens au jardin botanique de l'Université de Cambridge]]
Rappelons enfin que si l'usage interne du pavot existe toujours de manière traditionnelle à travers le monde, que ce soit dans l'usage alimentaire des graines ou l'extrait de coque sèche ou même d'opium brut par des bergers et des paysans dans le seul cadre de leur consommation médicamenteuse et en l'absence de tout autre produit stupéfiant, le mésusage et la dégradation des sites et des spécimens est sanctionné chez les personnes ne sachant généralement pas quelle variété elles utilisent ni à quelle fin médicale exacte elle peut être destinée (absence de relation traditionnelle avec le cultivar).

Certaines variétés sont protégées pour leur rareté, d'autres sont réglementées par communes (pavot blanc ou variétés horticoles) et d'autres poussent de manière parasite sur des terrains privés (champs, tout comme le coquelicot) et leur prélèvement relève alors de l'effraction et du vol qualifié qui aggrave la hauteur des sanctions ainsi que les mesures de veille et de prévention (décrets d'arrachage, mise en place d'observatoires et d'action policière...).

C'est finalement le comportement individuel qui façonne et alourdit la réglementation effective sur les pavots depuis les conventions uniques de 1961 et 1971 sur les stupéfiants. Chaque nouveau décret limitant les usages ou les accès au pavot depuis les années 1970 est la conséquence d'une déviance ou encore d'une infraction grave constatée au niveau médical ou judiciaire (effraction, revente, addiction, prosélytisme et indiscrétion, consommation en groupe festif perturbateur (phénomène resté discret et méconnu du public tant dans le mouvement hippie que dans les milieux toxicomanes de la fin du {{s-|XX|e}} manipulant le ''rachacha'' ou méconium en tant que produit, succédané et substitution d'arrêt ; il a connu un engouement plus candidement tapageur avec les [[:w:Free party|free parties]] du début du {{s-|XXI|e}}, entraînant sa médiatisation), polytoxicomanie (certaines utilisateurs de drogues de synthèse comme l'ecstasy emploient des opiacé pour calmer la ''descente'' et pouvoir se reposer ou dormir plus vite), intoxications (dangers par overdose des produits opiacés, toxicomanie)...)
 
== Production ==