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Il existe des appellations sous forme de numéros. Celles-ci sont relativement anciennes et désuètes à présent. Elles correspondaient à l'origine aux différentes étapes de fabrication et de purification.
 
==== Héroïne {{Numéro}}3 ====
Aussi désignée sous les termes héroïne brune, {{lang|en|''brown-sugar''}}, {{lang|en|''brown''}}, {{lang|en|''golden brown''}}, {{lang|en|''brownstone''}}, cassonade ;
il s’agit (à l'origine) d’héroïne-base, contrairement aux [[sel (chimie)|sels]] ([[chlorhydrate]]s et [[sulfate]]s) celle-ci est traditionnellement produite — afin d’être fumée — et consommée en [[Asie du sud-est]] car elle n’est pas soluble dans l’eau bien que certains consommateurs ajoutent du vinaigre ou du citron pour la transformer en sels (acétates et citrates) afin de la rendre soluble et injectable. Celle-ci est occasionnellement mélangée à des produits de coupe (caféine) présentant un point de fusion plus bas facilitant son inhalation lorsqu’elle est fumée.
Elle se présente comme une poudre granuleuse de couleur brune à grise. Cette héroïne ne peut être pure en raison d'une étape de raffinement manquante. Ainsi, dans les annales des saisies d'héroïne brune, 25 % correspondant à une héroïne marron puissante, 40 % au maximum.
 
==== Héroïne {{Numéro}}4 ====
Aussi désignée sous le terme d’« héroïne blanche », il s’agit du produit sous forme de sel soluble dans l’eau, en général du chlorhydrate d’héroïne. Elle se présente comme une poudre blanche à beige très fine et légère. Elle est obtenue en poussant plus loin le raffinage de la morphine. Elle est traditionnellement produite dans le [[Triangle d'or (Asie)|Triangle d’or]] mais aussi au [[Liban]], en [[Syrie]] et au [[Pakistan]].
 
==== Héroïne {{Numéro}}1 et {{Numéro}}2 ====
Ces appellations ne sont pas couramment utilisées. Elles correspondent théoriquement aux produits intermédiaires de la fabrication, l’héroïne {{Numéro}}2 correspondant à la morphine-base.
[[Fichier:Heroin black tar.jpg|thumb|Héroïne « {{lang|en|''Black tar''}}Blacktar ».]]
 
==== Héroïne « {{lang|en|''black tarblacktar''}} » ====
Une troisième sorte d’héroïne produite existe : le ''blacktar'' C’est une héroïne impure se présentant sous la forme d’une pâte, plus ou moins solide de couleur noire ou brunâtre, à l’aspect plus proche de l’opium que d’une poudre ; ses caractéristiques en font une substance particulièrement utilisée par les fumeurs d’héroïne.
 
C’est une forme impure de la drogue, celle-ci est produite par les paysans mexicains qui n’ont qu’une faible expérience dans la culture du pavot et la production d’héroïne. Ceux-ci omettent nombre d’étapes dans le procédé de fabrication en transformant directement la morphine contenue dans l’opium en héroïne, sans passer par les étapes intermédiaires<ref name="blacktar"/>.
Une troisième sorte d’héroïne produite au [[Mexique]] existe bien que celle-ci soit principalement exportée aux [[États-Unis]] : le {{lang|en|''black tar''}} (''goudron noir'')<ref name="blacktar">[http://www.interpol.int/Public/Drugs/heroin/default.asp {{en}}{{lang|en|''Interpol "Drug Sub-Directorate - Heroin"''}}].</ref>
C’est une héroïne impure se présentant sous la forme d’une pâte, plus ou moins solide de couleur noire ou brunâtre, à l’aspect plus proche de l’opium que d’une poudre ; ses caractéristiques en font une substance particulièrement utilisée par les fumeurs d’héroïne.
 
==== Héroïne {{Numéro}}3 ====
C’est une forme impure de la drogue, celle-ci est produite par les paysans mexicains qui n’ont qu’une faible expérience dans la culture du pavot et la production d’héroïne. Ceux-ci omettent nombre d’étapes dans le procédé de fabrication en transformant directement la morphine contenue dans l’opium en héroïne, sans passer par les étapes intermédiaires<ref name="blacktar"/>.
Aussi désignée sous les termes héroïne brune ; il s’agit (à l'origine) d’héroïne-base, contrairement aux [[sel (chimie)|sels]] ([[chlorhydrate]]s et [[sulfate]]s) celle-ci est traditionnellement produite — afin d’être fumée — et consommée en [[Asie du sud-est]] car elle n’est pas soluble dans l’eau bien que certains consommateurs ajoutent du vinaigre ou du citron pour la transformer en sels (acétates et citrates) afin de la rendre soluble et injectable. Celle-ci est occasionnellement mélangée à des produits de coupe (caféine) présentant un point de fusion plus bas facilitant son inhalation lorsqu’elle est fumée.
Elle se présente comme une poudre granuleuse de couleur brune à grise. Cette héroïne ne peut être pure en raison d'une étape de raffinement manquante. Ainsi, dans les annales des saisies d'héroïne brune, 25 % correspondant à une héroïne marron puissante, 40 % au maximum.
 
==== Héroïne {{Numéro}}4 ====
Aussi désignée sous le terme d’« héroïne blanche », il s’agit du produit sous forme de sel soluble dans l’eau, en général du chlorhydrate d’héroïne. Elle se présente comme une poudre blanche à beige très fine et légère. Elle est obtenue en poussant plus loin le raffinage de la morphine. Elle est traditionnellement produite dans le [[Triangle d'or (Asie)|Triangle d’or]] mais aussi au [[Liban]], en [[Syrie]] et au [[Pakistan]].
 
=== Habitudes de consommation ===
L’héroïne se présente sous forme de [[poudre]] brune, rarement blanche. Elle est coupée de manière variable (souvent 90 % à 95 %<ref name="larousse"/>) parfois avec d’autres produits psychoactifs ou non, voire toxiques ([[caféine]] pour 86 % des échantillons, [[paracétamol]] pour 79 %<ref>[http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/publi/rapports/rap04/epfxpbka.html Cinquième rapport national du dispositif TREND, Phénomènes émergents liés aux drogues depuis 2003] ({{pdf}} téléchargeable).</ref>). La composition comme le degré de pureté sont très variables.
 
L’héroïne peut se consommer par :
* insufflation (sniff)
* injection [[intraveineuse]], l’effet apparaît en moins d’une minute et s’estompe au bout de 3 à {{Unité|5|heures}}<ref name="solar">{{Ouvrage| éditeur =Solar| titre =Le cannabis et les autres drogues| auteurs =Amine Benyamina| année =2005| isbn =2-263-03904-X}}.</ref> ;
* inhalation (fumée ou prisée), l’effet [[analgésique]] est alors dominant<ref name="solar"/> lors des premières prises. Rapidement l’effet psychoactif « apaisant » reste seul recherché.
On parle de « chasser le dragon » ou « faire un alu » : méthode consistant à inhaler les vapeurs d’héroïne, chauffée la plupart du temps sur une feuille d’aluminium par le dessous.
 
L’injection présente des risques accrus de [[surdose]] ou d’infections locales ou systémiques graves.
 
L’héroïne a longtemps été associée à l’injection intraveineuse du fait des ravages sanitaires qu’avait provoqué ce mode de consommation dans les [[années 1970]]. L'utilisation des traitements de substitutions commeet le Subutex ([[buprénorphine]]) etde la méthadone etavec les campagnes de prévention et d’information sur cet usage qui permettait la transmission d’un certain nombre d’infections via les échanges de seringues ([[Syndrome d'immunodéficience acquise|sida]], [[hépatite]]s A, B et C), ont fait considérablement baisser ce mode de consommation, au point qu’il est considéré comme minoritaire dans les pays occidentaux<ref name="mildt">{{Ouvrage | éditeur =comité français d’éducation pour la santé et de la [[Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie|mildt]]| titre =Drogues, savoir plus risquer moins| année =2000| mois =juillet| isbn =2-908444-65-8}}.</ref>.
 
Si les risques de transmission infectieuse sont considérablement réduits par la consommation en inhalation prisée, ils restent présents du fait de l’échange des pailles qui transportent le même type d’infections, la [[tuberculose]] en plus.
 
L’héroïne peut être consommée en « descente » de la [[cocaïne]] (c’est-à-dire après) pour atténuer les effets angoissants de la diminution de ce produit dans l’organisme ; et parfois en « [[:w:speedball (drogue)|{{lang|en|''speed-ball''}}]] » (cocaïne avec héroïne) afin de compenser les effets [[dépresseur]]sdépresseurs de l’héroïne par les effets [[stimulant]]sstimulants de la [[cocaïne]]<ref name="synthse">{{Ouvrage| éditeur =Presses Universitaires de France| collection = Que sais-je ? |titre =Les drogues de synthèse| auteurs =Michel Hautefeuille, Dan Véléa| année =2002| isbn =2-13-052059-6}}.</ref>.
 
=== Effets et conséquences ===
[[File:2011 Drug Harms Rankings fr.svg|thumb|400px|Dans une enquête de 2011 auprès de 292 experts cliniques en Écosse, l'héroïne a été classée 1{{ère}} à la fois pour le préjudice personnel et pour le préjudice causé à la société, sur 19 drogues récréatives courantes<ref name="Taylor 2011">{{article|langue=en|nom1=Taylor|prénom1=M.|nom2=Mackay|prénom2=K.|nom3=Murphy|prénom3=J.|nom4=McIntosh|prénom4=A.|nom5=McIntosh|prénom5=C.|nom6=Anderson|prénom6=S.|nom7=Welch|prénom7=K.|titre=Quantifying the RR of harm to self and others from substance misuse: results from a survey of clinical experts across Scotland|journal=BMJ Open|date=24 juillet 2012|volume=2|numéro=4|pages=e000774–e000774|doi=10.1136/bmjopen-2011-000774|url=http://bmjopen.bmj.com/content/2/4/e000774.full.html#T1|consulté le=8 octobre 2015}}</ref>.]]
 
Du fait de leur structure moléculaire relativement proche des [[endorphine]]sendorphines produites par l’organisme, les [[métabolite]]smétabolites de la substance vont se lier au [[récepteur opiacé]]-µ. Par ressemblance, les opiacés vont donc se substituer aux [[endorphine]]sendorphines dans les récepteurs, entraînant une [[euphorie]], une analgésie et des effets anxiolytiques. L’utilisation répétée de la diacétylmorphine aboutit à un certain nombre de changements physiologiques, y compris une diminution des récepteurs opiacés disponibles.
 
L’utilisation répétée de la diacétylmorphine aboutit à un certain nombre de changements physiologiques, y compris une diminution des récepteurs opiacés disponibles.
 
4 à {{Unité|24|h}} après la dernière prise de diacétylmorphine les récepteurs sont toujours occupés par les opiacés, mais les effets de la substance perdent en intensité. Les récepteurs ne sont alors plus disponibles pour lier les endorphines, ce qui entraîne des conséquences graves et des effets inverses de ceux recherchés.
C’est ce processus qui est responsable de l’[[accoutumance]]l’accoutumance et de la [[Addiction|dépendance]] physique, où le corps ayant réduit sa production d’endorphines présente des symptômes physiques de manque de cette substance, appelé le syndrome de [[Sevrage (toxicologie)|sevrage]] aux opiacés. Ce syndrome entraîne des symptômes extrêmement inconfortables, comme la douleur, l’anxiété, l’insomnie et des spasmes musculaires.
 
Du fait de son fort caractère [[analgésique]], elle peut masquer les douleurs dues aux infections.
 
Du fait de son fort caractère analgésique, elle peut masquer les douleurs dues aux infections. En cas de [[surdose]], l’héroïne peut entraîner la mort par dépression respiratoire. Le surdosage étant généralement accidentel et imputé à une dose trop concentrée<ref name="eyrolles"/>.
 
==== Effets psychiques ====
* flash, relaxation, apaisement<ref name="solar"/>;
* euphorie<ref name="solar"/>;
* extase;
* sensation d'éloignement et d'évasion face au monde réel{{refnec}} ;
* apaisement de l'angoisse ([[anxiolytique]]).
 
==== Effets somatiques ====
* réchauffement ;
* [[analgésie]] ;
* [[myosis]] ;
* [[bradycardie]] ;
* [[Hypotension artérielle]] ;
* diminution de la [[libido]].
 
Ces effets sont suivis d’un état de somnolence.
 
==== Effets à court terme ====
* problèmes gastro-intestinaux<ref name="solar"/> ;
* ralentissement du rythme cardiaque ;
* baisse de l’amplitude respiratoire<ref name="solar"/> ;
* contractions importantes de la pupille ([[myosis]])<ref name="eyrolles"/> ;
* action antitussive<ref name="eyrolles"/> ;
* [[hypothermie]] ;
* démangeaisons.
 
==== Effets à moyen terme ====
* baisse de l’appétit pouvant entraîner des carences alimentaires voire des problèmes buccodentaires<ref name="solar"/> ;
* [[constipation]]<ref name="solar"/> et difficultés à uriner ;
* [[insomnie]]sinsomnies ;
* interruption des [[menstruation]]smenstruations chez la femme ;
* courbatures.
 
==== Effets à long terme ====
* forte [[Dépendance (toxicologie)|dépendance]] physique et psychique<ref name="solar"/> ;
* [[accoutumance]] acquise aux [[opiacé]]sopiacés ;
* infections opportunistes du fait de l’état d’affaiblissement général<ref name="solar"/> ;
* [[trouble de l'humeur]] ;
* [[troubles anxieux]] ;
* [[apathie]] ;
* problèmes cutanés ;
* problèmes dentaires ;
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=== Dépendance ===
L’héroïne entraîne une [[accoutumance]] et une [[dépendance (toxicologie)|dépendance]] fortes. L’arrêt brutal d’héroïne provoque un syndrome de [[Sevrage (toxicologie)|sevrage]] autrement appelé ''manque''.
 
La [[cure de désintoxication]] à l’héroïne inclut généralement la prise de [[traitement de substitution aux opiacés|médicaments de substitution]], tels que la [[méthadone]] ou la [[buprénorphine]] (Subutex). Ces substituts sont des [[opioïde]]sopioïdes synthétiques. Ils ralentissent l’apparition des symptômes de sevrage, les repoussant sans pour autant les supprimer. Les effets euphoriques de ces substances sont moindres et leur demi-vie (durée d’action) est plus grande que celle de l’héroïne, permettant ainsi une prise quotidienne unique. La substitution permet également de couper les patients [[toxicomanie|toxicomanes]] du milieu de la drogue.
 
La finalité étant le sevrage définitif à court ou long terme en baissant les doses afin d’atténuer graduellement les symptômes de manque.
Ligne 150 ⟶ 143 :
La prise d’héroïne par voie intraveineuse est considérée comme un mode d’administration particulièrement addictogène. Elle induit une alternance cyclique entre un effet euphorisant rapide et intense, et un état de manque.
 
L’addiction à l’héroïne est décrite par un processus en trois étapes<ref name="voyage">{{Ouvrage| éditeur =De La Martinière| collection = Hydrogène |titre =Héroïne, cocaïne… voyage interdit| auteurs =Marie-José Auderset, Jean-Blaise Held, Jean-François Bloch-Lainé| année =2004| isbn =2-7324-2712-8}}.</ref> :
* ''La lune de miel'' : L’usager consomme pour le plaisir. Sa consommation est considérée comme contrôlée. Une [[tolérance (toxicologie)|tolérance]] s’installe ainsi qu’une [[dépendance (toxicologie)|dépendance]] psychique.
* ''La gestion du manque'' : La dépendance physique apparaît. L’usager consomme pour éviter l’état de manque. Il développe souvent une [[polyconsommation]] de gestion du manque (consommation de [[benzodiazépines]], [[Boisson alcoolisée|alcool]], [[cannabis]]{{nobr|, etc.}}).
* ''La galère'' : Le manque est omniprésent. La dépendance est majeure avec des comportements de perte de contrôle.
 
==== Traitements de l’héroïnomanie ====
Le traitement de la dépendance à l’héroïne est long et vise à obtenir l’abstinence. Il nécessite souvent une aide extérieure. La première phase de ce traitement passe par un [[sevrage (toxicologie)|sevrage]] où un traitement médical aide l’usager à supporter les [[symptôme]]ssymptômes du manque. Pour ce faire les usagers passent:
{{Article détaillé|addiction|toxicomanie|sevrage (toxicologie)}}
Le traitement de la [[dépendance (toxicologie)|dépendance]] à l’héroïne est long et vise à obtenir l’[[abstinence]]. Il nécessite souvent une aide extérieure<ref name="voyage"/>.
 
La première phase de ce traitement passe par un [[sevrage (toxicologie)|sevrage]] où un traitement médical aide l’usager à supporter les [[symptôme]]s du manque. Pour ce faire les usagers passent:
* soit par un sevrage médicamenteux (mélange de différents médicaments visant à réduire les symptômes du manque) qui est proposé à ceux qui sont le moins "accros" à la substance et qui, de ce fait, durera moins longtemps,
* soit par un sevrage à la [[buprénorphine]] proposé à ceux qui ont eu un parcours plus long dans le cheminement de la [[toxicomanie]], ce traitement de substitution est prescrit par n'importe quel médecin, ce qui peut entraîner des dérives : trafic, marché noir…
 
Enfin, il y a le traitement à la [[méthadone]], produit de substitution beaucoup plus difficile à se procurer que la buprénorphine, car très contrôlé. Pour suivre un traitement à la méthadone, il faut obligatoirement passer par un centre spécialisé où l'usager devra suivre une procédure stricte passant par différents rendez-vous (en général avec un médecin, un psychologue, et un travailleur social) visant à établir le degré de sa dépendance et à mettre en place son traitement. En général, les sevrages à la méthadone sont les plus longs, cela peut aller de quelques mois à plusieurs années, du fait de la puissante addiction due au produit. Le manque physique de l'héroïne dure environ une semaine, celui de la buprénorphine environ deux semaines, tandis que celui de la méthadone peut durer un à deux mois.
 
Cette aide extérieure peut se manifester de différentes façons : [[injonction thérapeutique|obligation de soins]], début de prise en charge sanitaire via une structure de premier plan type [[Site d'injection supervisée|site d’injection supervisée]], mise en place d’un [[traitement de substitution aux opiacés|traitement de substitution]], hospitalisation en [[cure de désintoxication]] voire [[post-cure]].
 
==== Héroïne et grossesse ====
L'héroïne n'est pas [[tératogène]] mais sa consommation durant la grossesse pose néanmoins de nombreux problèmes, dont une fréquente découverte tardive de la grossesse qui implique un mauvais suivi et des risques accrus de [[prématurité]] et de [[retard de croissance intra-utérin]].
 
Le risque fœtal majeur est l'hypoxie aiguë secondaire aux épisodes de manque, le syndrome de manque chez la femme enceinte est par conséquent une indication à l'instauration d'un [[traitement de substitution aux opiacés]] en urgence (par [[méthadone]] ou [[buprénorphine]]).
 
Le [[syndrome de sevrage]] néonatal survient chez 40 à 60 % des nouveaux-nés de mères ayant consommé des opiacés pendant la grossesse, dans un délai de 24 à 36 heures pour l'héroïne et la buprénorphine, et de 2 à 7 jours pour la méthadone. Il se manifeste par des signes d'irritabilité du système nerveux central, des troubles digestifs, respiratoires et neuro-végétatifs. Il est côté par le score de Lipsitz ou le score de Finnegan, et peut justifier un traitement du nouveau-né par chlorhydrate ou sulfate de [[morphine]], uniquement en cas de syndrome de sevrage très sévère.
 
=== Statistiques ===
En [[France]], en [[2010]], on estime le nombre d’expérimentateurs d’héroïne à environ 500 000<ref>François Beck, Romain Guignard, Jean-Baptiste Richard, Maryline Tovar, Stanislas Spilka, [http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/publi/tend/tend76.html ''Les niveaux d’usage des drogues en France en 2010''], Tendances, 2011 ; 76 :1–6.</ref>.
En [[2005]], on comptait environ {{Unité|160000|héroïnomanes}} dont la moitié suivait un [[traitement de substitution aux opiacés|traitement substitutif]] aux [[opiacé]]s ([[buprénorphine]], [[méthadone]]{{nobr|, etc.}}).
 
Selon {{référence nécessaire|le rapport de l’[[Organe international de contrôle des stupéfiants|OICS]] du {{date|1|mars|2006}}}} :
* L’abus d’héroïne est peu répandu en [[Afrique]] avec un taux annuel de prévalence de l’abus d’[[opiacé]]s de 0,2 % (pour la période 2002-2004, chez les individus âgés de 15 à {{Unité|64|ans}}), chiffre inférieur à la moyenne mondiale de 0,3 %.
* En [[Europe]], la prévalence annuelle de l’abus d’opiacés est de 0,8 % (et atteint même 1,7 % en [[Lettonie]]).
* Aux [[États-Unis]], les héroïnomanes représenteraient 0,1 % de la population{{ref nec}}.
* {{référence nécessaire|L’abus d’héroïne ne pose pas de problème majeur en [[Amérique du Sud]] ou en [[Océanie]].}}
* En Asie de l’est et en [[Asie du sud-est]], les opiacés restent les principales drogues consommées.
* Dans les pays d’[[Asie centrale]], la principale drogue donnant lieu à des abus est désormais l’héroïne.
 
Enfin, il y a le traitement à la [[méthadone]], produit de substitution beaucoup plus difficile à se procurer que la buprénorphine, car très contrôlé. Pour suivre un traitement à la méthadone, il faut obligatoirement passer par un centre spécialisé où l'usager devra suivre une procédure stricte passant par différents rendez-vous (en général avec un médecin, un psychologue, et un travailleur social) visant à établir le degré de sa dépendance et à mettre en place son traitement. En général, les sevrages à la méthadone sont les plus longs, cela peut aller de quelques mois à plusieurs années, du fait de la puissante addiction due au produit. Le manque physique de l'héroïne dure environ une semaine, celui de la buprénorphine environ deux semaines, tandis que celui de la méthadone peut durer un à deux mois.
=== Jargon ===
==== Vocabulaire ====
{{section à sourcer|date=août 2010}}
* ''Accrocher, être accro, être en chien, être mal, être en keukeu'' : le fait d’être dépendant.
* ''Alu, taper un alu'' : voir ''chasser le dragon'' : méthode consistant à inhaler les vapeurs d’héroïne chauffée, la plupart du temps, sur une feuille d’aluminium (d'où le nom) par le dessous, ou aussi appelé tache d'où l'expression ''taper une tache''.
* ''Fixer, shooter, se faire (ou se mettre) un taquet, se faire un trou, caler, (se) tanker'' : synonyme d’injecter.
* ''Flash'' : montée violente de l'effet d'euphorie, consécutive principalement à une prise par voie intraveineuse ou anale.
* ''Héroïnomane, camé, tox'' : usager d’héroïne.
* ''Paille, burette'' : petit tube permettant l’inhalation de la substance généralement fait en aluminium pour pouvoir consommer ce que la fumée a laissé comme dépôt, ce qui donne un bel aperçu de ce que ce mode de consommation peut faire aux voies respiratoire et aux poumons.
* ''Pompe, shooteuse, {{lang|en|fix}}, flute, stylo, sister'' : seringue.
* ''Rails, traces, lignes, pointes, gouttes, {{lang|en|tracks}}, trait, poutre, sentier, poteau'' : disposition en petits tas filiformes en vue d’inhalation à l’aide d’une paille.
* ''Nourrir le singe'' : Expression qui désigne un toxicomane prenant de l'héroïne afin d'éviter ou de combler les symptômes liés au manque.
* ''Kepa, kep’s, bonbonne, meug, bille, cabane, pochon, packs, enveloppe'' : petits paquets dans lesquels sont conditionnées les doses destinées au commerce au détail. Ces termes ne sont pas spécifiques à l’héroïne.
* ''{{lang|en|Shoot}}, {{lang|en|fix}}, flush, caler'' : injection.
* ''Came, Hélène, keuch, cheval - horse, smack, brune, {{lang|en|brown}}, meumeu, rabla, carla, schnouf, poudre, peuf, meux, marron, ronron, bedi, chocolat'' : termes d’argot désignant l’héroïne.
* ''Piquer du blaze, piquer du zen, plonger, bétonner, comater'' : piquer du nez. On somnole, l’héroïne fait piquer du nez, on plane.
* ''se mettre une seut (seutra : trace, ligne)'' : priser (ou plus simplement « sniffer »).
 
Cette aide extérieure peut se manifester de différentes façons : [[injonction thérapeutique|obligation de soins]], début de prise en charge sanitaire via une structure de premier plan type [[Site d'injection supervisée|site d’injection supervisée]], mise en place d’un [[:w:traitement de substitution aux opiacés|traitement de substitution]], hospitalisation en [[cure de désintoxication]] voire [[post-cure]].
==== Termes apparentés ====
* Héroïnomanie : terme composé de héroïne et de manie, du [[Grec ancien|grec]] ''mania'' pour « [[folie]], passion ». Il désigne une [[toxicomanie]] à l’héroïne, une [[consommation]] régulière et non-contrôlée d’héroïne, amenant un état de [[dépendance (toxicologie)|dépendance]].
* Héroïnomane : dérivé du précédent, désigne les personnes atteintes d’héroïnomanie.
 
== Production et trafic ==