« Photographie/Personnalités/C/Robert Capa » : différence entre les versions

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{{voir homonymie|CAPA}}
{{confusion|Frank Capra}}
{{Infobox Biographie
| nom = Robert Capa
| image = RobertCapabyGerdaTaro.jpg
| légende = Photo de Robert Capa prise par sa compagne [[Gerda Taro]] en {{date||mai|1937}}, durant la [[Guerre d'Espagne|Guerre d’Espagne]].
| nom de naissance = Friedmann Endre
| surnom =
| date de naissance = {{Date de naissance|22|octobre|1913}}
| lieu de naissance = [[Budapest]] ([[Autriche-Hongrie]])
| date de décès = {{Date de décès|25|mai|1954|22|octobre|1913|en photographie}}
| lieu de décès = [[Province de Thái Bình|Thai Binh]] ([[État du Viêt Nam]])
| âge au décès =
| nationalité =
| pays de résidence = [[Allemagne]], [[France]], [[États-Unis]]
| diplôme =
| profession = [[Photojournalisme|Photojournaliste]]
| activité principale =
| activités autres =
| formation =
| hommage =
| ascendants =
| conjoint = [[Gerda Taro]], [[Ingrid Bergman]]
| descendant =
| famille = [[Cornell Capa]]
| notes =
}}
'''Robert Capa''', né '''Endre Ernő Friedmann''' le {{date de naissance|22|octobre|1913}} à [[Budapest]] et mort le {{date de décès|25|mai|1954| | | |en photographie}} en [[Indochine française|Indochine]], est un [[photographe]] et [[correspondant de guerre]] [[États-Unis|américain]] d’origine [[Hongrie|hongroise]].
 
Il a couvert les plus grands conflits de son époque et est un des fondateurs de la [[Magnum Photos|coopérative photographique Magnum]], première de ce genre à voir le jour.
 
== Biographie ==
Il naît dans une famille juive hongroise aisée et non pratiquante ; ses parents Pédro et Sophie Friedmann<ref name="Whelan569">{{harvsp|Richard Whelan|2004|p=569}}</ref> sont propriétaires d'une maison de couture à [[Pest (ville)|Pest]]<ref name="Capa">Laure Beaumont-Maillet, Françoise Denoyelle, exposition « Capa, connu et inconnu » à la [[Bibliothèque nationale de France]], 2004</ref>.
 
À l’âge de {{unité|17|ans}}, il est arrêté pour avoir participé aux activités politiques d’étudiants de gauche. Le régime politique autoritaire de l’amiral [[Horthy]] le libère à la condition de quitter sa contrée natale. Il part en juillet [[1931]] pour [[Berlin]]. Il a alors pour maître à penser l'écrivain [[Lajos Kassák]] et se donne pour objectif de faire carrière dans le [[journalisme]]. Grâce à son amie d’enfance exilée [[Eva Besnyö]], il trouve un premier travail comme apprenti développeur dans une agence photographique berlinoise. Parallèlement il suit des études de [[Science politique|sciences politiques]] à la {{lang|de|''{{Lien|fr=Deutsche Hochschule für Politik|lang=en|trad=Deutsche Hochschule für Politik|texte=Deutsche Hochschule für Politik}}''}}<ref name="Capa"/>.
 
Il fait la connaissance de [[Simon Gutman]], fondateur de l’agence photos [[Dephot]] (''{{Lang|de|texte=Deutscher Photodienst}}''), qui lui donne l’occasion de couvrir son premier sujet, [[Léon Trotski]]. Il part en novembre [[1932]] pour [[Copenhague]] afin de photographier le responsable [[communisme|communiste]], alors pourchassé par des assassins aux ordres de [[Joseph Staline|Staline]]<ref name="Lebrun">[[Jean Lebrun]], « Robert Capa », émission ''[[La Marche de l'Histoire]]'' sur [[France Inter]], 15 mars 2013</ref>.
 
[[Juifs|Juif]], il quitte en [[1933]] l’Allemagne lorsqu'[[Adolf Hitler]] accède au pouvoir, gagne [[Vienne (Autriche)|Vienne]] mais le chancelier chrétien-social [[Engelbert Dollfuss]] y établit une dictature cléricalo-fasciste, aussi émigre-t-il finalement à [[Paris]] à l’automne [[1934]]. Il rencontre dans les cafés de [[Quartier du Montparnasse|Montparnasse]] [[Henri Cartier-Bresson]] et d'autres juifs émigrés, tels que [[David Seymour]] et [[André Kertész]]. Il décide de franciser son prénom et se fait désormais appeler « André Friedmann ». Épais sourcils, yeux et cheveux noirs, lèvres charnues, son charme est immense<ref name="Lebrun"/>.
 
Au café ''la Capoulade'' à Paris, il fait en septembre 1934 la connaissance de [[Gerda Taro]], une étudiante allemande [[Antifascisme|antifasciste]] d'origine polonaise, qui d’assistante, devient photographe. Il vit avec elle une histoire d'amour. Il fréquente l'[[Association des écrivains et artistes révolutionnaires]] où elle est inscrite, comme ses principaux amis ou collègues photographes<ref name="Barbancey">{{Lien web|url=http://www.humanite.fr/medias/robert-capa-l%E2%80%99homme-qui-aimait-%E2%80%A8les-exces-de-la-vie-502201|titre=Robert Capa. L’homme qui aimait les excès de la vie|auteur=Pierre Barbancey|date=10 août 2012|site=L'Humanité}}</ref>.
 
En [[1935]], il échafaude un subterfuge en sa compagnie en se forgeant la légende d’un photographe américain. Ses photos se vendant très mal, il décide de prendre un [[pseudonyme]] : « Robert Capa », qui sonne plus américain et est plus facile à prononcer<ref>{{Article|prénom1=Brigitte|nom1=Ollier|titre=Robert Capa prend la parole|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=22|mois=octobre|année=2013|url texte=http://www.liberation.fr/culture/2013/10/22/robert-capa-prend-la-parole_941171|consulté le=22 octobre 2013}}</ref>. Il invente tout un personnage autour de ce pseudonyme. Capa est américain, Capa est chic, Capa est riche, Capa est mondain<ref name="Capa"/>.
 
Le nom « Capa » peut avoir été choisi pour sa ressemblance avec celui du réalisateur américain [[Frank Capra]]. Mais ''{{lang|hu|cápa}}'' signifie aussi « requin » en hongrois, et ce surnom semble avoir été donné au jeune Friedmann<ref>Notice de l'exposition Capa à la Bibliothèque Nationale de France.|[http://expositions.bnf.fr/capa/arret/1/]consultée le 31 octobre 2014</ref>.
 
La même année, il participe à la création de l’agence [[Alliance-Photo]] aux côtés de [[Pierre Boucher (photographe)|Pierre Boucher]] et de [[Maria Eisner]]. Il immortalise notamment le [[Front populaire (France)|Front populaire]] par sa photo du 14  juillet 1936<ref>[Le 14 juillet 1936 Trois jours de fêtes, le peuple, l'armée, la France]</ref>.
 
=== La guerre d’Espagne : Capa faussaire ? ===
En août [[1936]], il part avec Gerda Taro pour couvrir la [[Guerre d'Espagne|Guerre civile espagnole]] aux côtés de troupes républicaines, pour les magazines ''Vu'' et ''Regard''<ref name="Lebrun"/>.
 
En [[Espagne]], il devient un fervent [[antifascisme|antifasciste]] mais sa seule arme reste son appareil photo. Il va même jusqu’à monter certaines photos de toutes pièces, notamment une improbable victoire des forces républicaines<ref>{{fr}} [http://www.voir.ca/livres/livres.aspx?iIDArticle=25718 ''Robert Capa - Guerre et amour''].</ref>.
 
C'est pendant ce séjour en Espagne qu'il prend la photographie qui lui vaudra sa grande renommée et qui sera à l’origine du mythe Capa. Intitulée ''[[Mort d'un soldat républicain]]'', elle représente un soldat des forces républicaines, en chemise blanche, s’effondrant après avoir été touché par une balle<ref>[http://rencontrephotographique.com/2010/10/26/mort-dun-milicien-de-robert-capa/ Mort d’un milicien de Robert Capa]</ref>. Cette photo symbolise la [[guerre d’Espagne]] et reste gravée dans la mémoire collective. Néanmoins, une polémique sur l’authenticité de la photo naît à partir de [[1970]]. Une enquête a toutefois permis de découvrir l’identité du soldat : le militant anarchiste [[Federico Borrell García|Federico Borrell Garcia]] qui a bien été tué le {{date|5|septembre|1936}}, le jour où Capa a pris la photo<ref>Présentation de la treizième photo de ''Robert Capa'', collection Photo Poche aux édition [[Nathan (maison d'édition)|Nathan]] (2001), {{ISBN|2097541275}}.</ref> ; la polémique s'arrête un temps mais elle reprend quelques décennies plus tard quand le journal catalan {{lang|ca|''El Periodico''}}<ref>{{ca}}{{lang|ca|''Famosos pillados''}}, de José Manuel Susperregui, {{lang|ca|Espejo de Tinta}}, 2006 {{ISBN|8496280829}}.</ref> affirme en juillet 2009, clichés comparatifs à l’appui, que la photo n’a pas été prise près de Cerro Muriano, mais près de la localité d’Espejo à {{nombre|50|kilomètres}}, endroit où il n’y avait pas de combats à la date de la prise de vue<ref name="NouveObs">[http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/culture/20090717.OBS4518/la_celebre_photo_de_robert_capa_serait_un_montage.html La célèbre photo de Robert Capa serait un montage], Le Nouvel Observateur, 17 juillet 2009, qui fait écho au quotidien catalan ''El Periodico'' du même jour.</ref>. Un argument supplémentaire à l'appui de la thèse de la fraude vient du fait que Capa a pris deux photos de soldats républicains différents à cet endroit (une des deux photos étant devenue plus célèbre que l'autre) : aux yeux de {{qui|certains}}, la chute de deux soldats exactement au même point devant un appareil se trouvant dans la même position constituerait un hasard difficilement crédible<ref name="NouveObs"/>.
 
Alors que Robert Capa est de retour à [[Paris]], Gerda Taro est écrasée accidentellement par un char républicain en [[Espagne]] lors des combats de la [[bataille de Brunete]]. Elle meurt le {{date|26|juin|1937|}}<ref>Laure Beaumont-Maillet, « Robert Capa », [http://expositions.bnf.fr/capa/arret/1/index.htm site de la Bibliothèque de France].</ref> et, jusqu’à la fin de sa vie, Capa aimera à dire que Gerda et lui étaient unis par le mariage.
 
=== La Seconde Guerre sino-japonaise ===
En [[1938]], il est envoyé par le magazine {{lang|en|''[[Life]]''}} pour suivre la [[Guerre sino-japonaise (1937-1945)|Seconde Guerre sino-japonaise]] ([[1937]]-[[1945]]). Avec le documentariste néerlandais [[Joris Ivens]], il couvre notamment les raids aériens japonais contre [[Hankou]] et la [[bataille de Taierzhuang]]<ref name="Capa"/>.
 
Il prend une photo qui fait la couverture de {{lang|en|''Life''}}, celle d’un enfant chinois, habillé en militaire. {{lang|en|''Life''}} apposa alors la légende : ''[[Un défenseur de la Chine]]''<ref>[http://www.flickr.com/photos/pentax10d/4933409084/ Couverture de ''Life''.]</ref>. Le 3 décembre 1938, la revue de photographie anglaise [[Picture Post]] le proclame {{Citation|le plus grand photographe de guerre du monde}}<ref name="Capa"/>.
 
=== La Seconde Guerre mondiale ===
Confronté aux lois françaises contre les «  étrangers indésirables  », il quitte Paris en octobre 1939 et émigre à [[New York]] où il rejoint sa mère et son frère. Là, il est chargé par le magazine ''Colliers'' de couvrir le front d’[[Afrique du Nord]] en [[1942]]. Il continue ensuite en [[Sicile]], afin de suivre le débarquement des troupes alliées, pour le magazine {{lang|en|''Life''}}. Ses photos sont empreintes de souffrance et montrent le courage de la population sicilienne dans le conflit. En accompagnant les soldats américains, il prend des clichés partout, même dans les plus petits villages. En effet, la photo symbole du débarquement en Sicile, où l'on voit un soldat américain accroupi et un berger sicilien qui lui indique la route, a été prise près de [[Sperlinga]]<ref>[http://www.castellodisperlinga.it/subpagina.php?idmenu=1&&idsubmenu=43 Sperlinga]</ref>. En février 1943, il rencontre Elaine Justin, alors mariée à l'[[acteur]] [[John Justin]] et avec qui il a une relation qui se rompt en 1945.
Le {{date|6|juin|1944}}, toujours pour {{lang|en|''Life''}}, il est le seul photographe présent lors du [[Bataille de Normandie|débarquement allié en Normandie]], sur la plage d’{{lang|en|[[Omaha Beach]]}}, dans le secteur désigné « ''Easy Red'' » face à [[Colleville-sur-Mer]]. Pendant plus de {{nombre|6|heures}}, sous les obus et entre les balles, il photographie la guerre d'au plus près, avec ses deux [[Contax]] [[24x36]] et un [[Rolleiflex]] [[Moyen format|6x6]]<ref>Album "Robert Capa D Day"|[http://statics2.pointdevues.com/download/PDF/livre/capa/DP_Capa.pdf]consulté le 31 octobre 2014</ref>. Aux côtés des soldats, il prend {{nombre|119|photos}}. Cependant, un laborantin de {{lang|en|''Life''}}, pressé par le temps (les photos sont arrivées juste avant le bouclage), ferme dans sa hâte la porte de l’appareil de séchage. L’émulsion des pellicules fond. Finalement, il ne reste que {{nombre|11|photos}} à peu près acceptables, mais plutôt floues. Cette série de photographies est connue sous le titre de « [[Jour J (photo)|Magnificent Eleven]] ».
 
Cette version est cependant remise en cause en 2014 par A. D. Coleman et {{qui|plusieurs photographes}} qui relèvent plusieurs incohérences. Selon eux, les onze photos connues aujourd'hui sont les seules que Capa a prises durant le débarquement et l'histoire du laborantin maladroit est une invention destinée à construire la légende d'un Capa héroïque auteur d'une centaine de clichés durant les six heures de la bataille<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Robert Capa on D-Day|url = http://www.nearbycafe.com/artandphoto/photocritic/tag/robert-capa//|site = http://www.nearbycafe.com/|date = 06/06/2014|consulté le = 27/10/2014}}</ref>.
 
L’une des photos les plus marquantes prises par Capa, le jour J, est celle d’un soldat allié qui, à peine sorti de sa barge de débarquement, tente par tous les moyens de rester hors de l’eau alors que le poids de son arme le gêne, à moins, ce qui est plus plausible, que le [[GI (soldat)|GI]] n'ait choisi de rester au ras de l'eau pour s'exposer le moins possible aux tirs ennemis, la plage d'Omaha, la plus meurtrière du jour J, ayant ensuite été surnommée « Omaha la sanglante » (« ''Bloody Omaha'' »). La photo, assez floue pour les raisons évoquées précédemment, mais bien cadrée, est légendée par {{lang|en|''Life, Slightly out of focus''}}, (« Un peu floue »), titre que Capa reprendra en 1947 pour son autobiographie.
 
À la [[Libération de la France|Libération]], Capa prend des clichés de [[femmes tondues]] à [[Chartres]] et offre ainsi un témoignage sur l’[[Épuration à la Libération en France|épuration]]<ref>{{Ouvrage|auteur=Marc Nouschi |titre=La démocratie aux États-Unis et en Europe (1918-1989) |éditeur=Armand Colin |lieu=Paris |année=1999 |isbn=2200250290 |passage=216 }}.</ref>.
 
Après cette guerre, il a une liaison de deux années avec [[Ingrid Bergman]], ce qui fut connu, des années plus tard, lorsqu’elle publia son autobiographie. En décembre 1945, il la suit à [[Hollywood]], où il travaille comme photographe de mode et photographe de plateau pour l'[[American International Pictures]], notamment pour le film d’[[Alfred Hitchcock]] ''[[Les Enchaînés]]'', le cinéaste britannique s'inspirant de l’idylle du couple pour écrire le scénario de [[Fenêtre sur cour]]. Leur relation prend fin l'été 1946, Capa dans son refus de se fixer (il n'aura jamais de maison et vivra toujours à l'hôtel) s'étant rendu en Turquie<ref name="Lebrun"/>.
 
=== Magnum ===
En [[1947]], il fonde avec [[David Seymour]], [[Henri Cartier-Bresson]], [[William Vandivert]] et [[George Rodger]] la [[Magnum Photos|coopérative photographique Magnum]]. Magnum regroupe certainement les plus célèbres photographes et [[Liste de photojournalistes|photojournalistes du monde]]<ref name="Capa"/>.
 
Capa et ses amis ont décidé de créer une coopérative et non une agence pour permettre aux photographes de garder l’intégralité des droits sur leurs photos, ce qui jusque là n’était pas le cas dans les agences photos traditionnelles<ref name="Barbancey"/>.
 
La collection de Magnum comprend une large variétés de sujets comme : la [[famille]], la [[drogue]], la [[religion]], la [[guerre]], la [[pauvreté]], la [[famine]], le [[crime]], le [[gouvernement]] et les [[Vedette (personnalité)|célébrités]]. {{Référence souhaitée}}
 
Il entretient à cette époque une grande amitié avec l’écrivain [[États-Unis|américain]] [[John Steinbeck]]. Ils partent ensemble en [[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] durant l’année [[1947]]. De ce voyage naît le livre {{lang|en|''A Russian Journal''}}, illustré par Capa. Ces mêmes années, il maintient en parallèle ses activités de [[photographe de mode]].
 
=== Israël ===
En [[1948]], il assiste à la naissance de l’État d’[[Israël]]. Il développe un lien étroit avec le jeune État, où il se rend à plusieurs reprises entre [[1948]] et [[1950]]. Les photos prises au cours de ces séjours font l’objet d’un livre, {{lang|en|''Report on Israel''}}, publié en 1950 (avec un texte d’Irwin Shaw).
 
=== La guerre d'Indochine ===
En [[1954]], afin de couvrir la [[Guerre d'Indochine|guerre d’Indochine]], le magazine {{lang|en|''Life''}} a besoin d’un photographe. Se trouvant alors au [[Japon]] pour une exposition de Magnum, Robert Capa se porte volontaire. Ainsi, c’est aux côtés des troupes françaises qu’il parcourt le [[État du Viêt Nam|Viêt Nam]], une partie de l'[[Indochine française]] de l'époque.
 
Le {{date|25|mai|1954}}, au [[Tonkin]], à Thai Binh (Nord du [[Viêt-Nam]] actuel, où se trouve la capitale [[Hanoï]]), voulant prendre une photo d'ensemble de soldats français, il s’écarte du chemin où progresse la troupe et met le pied sur une [[mine terrestre|mine]]. Il est tué sur le coup par l'explosion. À titre posthume, la [[France]] lui décerna la [[Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs|Croix de guerre]]<ref>{{en}}[http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP=XSpecific_MAG.Biography_VPage&AID=2K7O3R14TSPQ Biographie de Robert Capa sur le site de Magnum]</ref>{{,}}<ref>[http://expositions.bnf.fr/capa/arret/1/index3.htm Capa, repères chronologiques]</ref>.
 
== Le ''style Capa'' ==
{{section à sourcer}}
Pour qu’une photographie ait le ''style Capa'', il faut qu’elle soit prise au plus près de « l’homme » et de l’action. Il s’intéresse à l’éphémère de la vie, aux instants fragiles de l'existence.
 
Dans toutes ses photographies, Robert Capa tenta de prendre l’instant où l’homme est face au danger, parfois à la mort, à la vérité. Pour cela il faut que le photographe soit le plus près possible du danger, également. Robert Capa disait même : {{citation|Si ta photo n’est pas assez bonne, c’est que tu n’étais pas assez près}}. {{Référence souhaitée|Certaines personnes attribuent cette phrase à [[Gerda Taro]].}} C’est pour cette raison que ses plus célèbres photographies sont mal cadrées et bien souvent floues. Il les a prises la plupart du temps debout ou allongé, la stabilisation de la prise étant bien souvent impossible.
 
Par exemple, il photographie un coureur du [[Tour de France]] dans sa chambre de repos avec sa femme et ses enfants ; il photographie aussi le visage ravagé d’une femme espagnole réfugiée. Son regard est celui d’un humaniste, non pas réellement celui d'un artiste. Il est le simple témoin du bonheur et de la douleur des hommes.
 
Depuis [[1955]], le [[Prix Robert Capa Gold Medal|Prix {{lang|en|Robert Capa Gold Medal}}]] (Médaille d’or Robert Capa) est remis par l’{{lang|en|''[[Oversea Press Club of America]]''}} (OPC) pour {{citation|le meilleur grand reportage photographique publié ayant requis un courage et une initiative exceptionnels}} ({{lang|en|''Best published photographic reporting from abroad requiring exceptional courage and enterprise''}}).
 
== Anecdotes ==
{{Anecdotes}}
Il entretint une longue amitié avec [[Ernest Hemingway]], qui s’est inspiré des photos de Capa pour écrire le livre « ''[[Pour qui sonne le glas]]'' ».
 
Robert Capa a donné son nom à la promotion [[2004]] de l’[[Institut d'études politiques de Strasbourg|Institut d’études politiques de Strasbourg]].
 
En {{date||janvier|2008}}, trois valises (nommées « la valise mexicaine ») contenant {{formatnum:4500}} négatifs de Robert Capa, [[Gerda Taro]] et [[David Seymour]] pris pendant la guerre civile espagnole, supposés détruits et dont la présence était soupçonnée à [[Mexico]] depuis [[1995]], ont été remis au ''Centre international de la Photographie'' de [[New York]] fondé par [[Cornell Capa]] ([[1918]]-[[2008]]), frère de Robert<ref>{{fr}} {{Lien web
|url=http://www.lemonde.fr/culture/article/2008/01/28/belle-decouverte-de-negatifs-de-capa_1004559_3246.html
|titre=Belle découverte de négatifs de Capa
|id=Belle découverte de négatifs de Capa
|auteur=Michel Lefebvre
|date={{date|28|janvier|2008}}
|éditeur=''[[Le Monde]]''
|en ligne le={{date|28|janvier|2008}}
|consulté le={{date|28|janvier|2008}}
}}.</ref>.
 
Lors de la [[Libération de Paris]], les reporters de guerre n'avaient en général pas la permission de suivre les troupes lors des engagements… sauf Robert Capa ; il a pu rester proche des combats grâce aux hommes de "la Nueve", la neuvième compagnie composée en majorité d'espagnols anti-franquistes intégrés aux troupes alliées, lesquels ont facilité la levée d'interdiction le concernant (réf. : ''Slightly out of focus'' de Robert Capa).
 
== Inspirations ==
La série de romans feuilletons écrite par [[Dan Franck]] et [[Jean Vautrin]], intitulée ''[[Les Aventures de Boro, reporter photographe]]'', s’inspire de la vie et l’œuvre de Capa. Blèmia Borowicz est un jeune hongrois juif par son père, émigrant à Paris pour devenir photographe et choisissant Boro comme pseudonyme. Il est en Allemagne lors de la montée du [[Nazisme]], suit de près le [[Front populaire (France)|Front populaire]] en France, puis part en Espagne au moment de la guerre civile… Il connaît aussi une liaison avec une grande actrice fictive.
 
Le [[20 janvier]] [[2011]], paraît aux Éditions Héloïse d'Ormesson, le roman de [[Susana Fortes]], ''En attendant Robert Capa'' (paru en 2009 en Espagne et récompensé par le prix [[Fernando Lara]]). Ce roman retrace l'histoire d'amour entre Capa et [[Gerda Taro|Taro]] : débutant en [[1935]], année de leur rencontre. Traduit en douze langues, il sera adapté au cinéma par Michael Mann avec [[Eva Green]] dans le rôle de Gerda Taro.
 
En [[2012]], le groupe anglais [[Alt-J (∆)]] transcrit en musique le récit de la mort de Robert Capa en 1954 au [[Viêt Nam]] sur la chanson intitulée ''Taro'', tirée de l'album ''[[An Awesome Wave]]''.
 
== Principaux clichés et reportages ==
* [[1932]] : il réalise son premier reportage publié pour photographier [[Léon Trotski|Léon Trotsky]] à [[Copenhague]]. Il en tire ''[[Copenhague (photo)|Copenhague]]''<ref name="Fluctuat">Fluctuat, « Robert Capa » et ''œuvres majeures'' du photographe, [http://arts.fluctuat.net/robert-capa.html], consulté le 4 août 2009.</ref>.
* [[1936]] : il suit l’arrivée au pouvoir du [[Front populaire (France)|Front populaire]] et les grèves qui suivent à [[Paris]]. Œuvres principales : ''[[Manifestants du front populaire]]'', ''[[Léon Blum (photo)|Léon Blum]]'', ''[[Maurice Thorez (photo)|Maurice Thorez]]''<ref name="Fluctuat" />.
* [[1936]]-[[1939]] : il se rend plusieurs fois en [[Espagne]] pour suivre la [[guerre d'Espagne|guerre civile]] sur de nombreux fronts. La photo ''[[Mort d'un soldat républicain|Mort d’un soldat républicain]]''<ref name="Fluctuat" /> lui assure la célébrité.
* [[1938]] : reportage en [[Chine]] lors de la [[Guerre sino-japonaise (1937-1945)|guerre contre le Japon]]. Publication de ''[[Défenseur de la Chine]]'', ''[[Entraînement des soldats chinois]]''<ref name="Fluctuat" /> et de ''[[Après un raid japonais]]''<ref name="Fluctuat" />.
* [[1939]] : il suit le [[Tour de France]] et photographie les ''[[Réfugiés espagnols conduits vers un camp entre Argelès-sur-Mer et Le Barcarès]]''<ref name="Fluctuat" />.
* [[1943]] : il suit la remontée des alliés d’[[Afrique du Nord]] jusqu’en [[Italie]].
* [[1944]] : il débarque avec la première vague de soldats américains sur la plage de [[Omaha Beach]] en [[Normandie]] : il prend le cliché ''[[Jour J (photo)|Jour J]]''<ref name="Fluctuat" />.
* [[1945]] : reportages sur la libération de l’[[Allemagne]].
* [[1947]] : visite de l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] avec [[John Steinbeck]].
* [[1948]] : il suit la proclamation de l’État d’[[Israël]] et la [[guerre de Palestine de 1948|guerre qui lui a succédé]].
* [[1954]] : reportage au [[Japon]].
* [[1954]] : reportage en [[Indochine]] où il est tué par une [[Mine terrestre|mine antipersonnel]].
 
== Citations ==
* {{Citation étrangère|langue=en|If your pictures aren’t good enough, you aren’t close enough.}} : ''Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près.''
* {{Citation étrangère|langue=en|War is like an aging actress : more and more dangerous and less and less photogenic.}} : ''La guerre c’est comme une actrice qui vieillit : de plus en plus dangereuse et de moins en moins photogénique.''
* {{Citation étrangère|langue=en|For a war correspondent to miss an invasion is like refusing a date with Lana Turner.}} : ''Pour un correspondant de guerre, louper un débarquement, c’est comme refuser un rendez-vous avec [[Lana Turner]].''
* {{Citation étrangère|langue=en|Like people and let them know it.}} : ''Aime les gens et fais leur savoir.''
* {{Citation étrangère|langue=en|It’s not always easy to stand aside and be unable to do anything except record the sufferings around one.}} : ''Ce n’est pas toujours facile de se tenir à l'écart de l'action et d’être incapable de faire la moindre chose sauf d’enregistrer la souffrance autour de soi.''
* {{Citation étrangère|langue=en|The pictures are there, and you just take them.}} : ''Les photos sont là, et tu n'as qu’à les prendre.''
* {{Citation étrangère|langue=en|I hope to stay unemployed as a war photographer till the end of my life.}} : ''J’espère rester au chômage en tant que photographe de guerre jusqu’à la fin de ma vie.'' (Citation à la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]])
 
== Bibliographie ==
Voici une liste non exhaustive de livres contenant des photos de Robert Capa :
* {{Ouvrage | titre=Images de guerre |éditeur=Hachette |lien éditeur=|collection= |auteur=Robert Capa |langue= français |format=broché |année=1966 |lieu=Paris |isbn= |pages=175|passage= |commentaire=}}
* {{Ouvrage | titre=Robert Capa |éditeur=Centre national de la photographie |lien éditeur=Centre national de la photographie|collection=Photo poche |auteur=Robert Capa |langue= français |format=broché |année=1988 |lieu=Paris |isbn=2867540488 |pages=|passage= |commentaire=}}
* {{lang|en|''Death in the Making''}}, de Robert Capa et Gerda Taro
* {{lang|en|''A Russian Journal''}}, texte de [[John Steinbeck]], photographies de Robert Capa
* {{lang|en|''Robert Capa : War and Peace''}}
* {{Ouvrage | titre=Robert Capa : La Collection|éditeur=Phaidon Press Ltd |auteur= Richard Whelan|langue=fr |format=|année=2004 |lieu= |isbn=0-7148-9420-6}}
* {{Ouvrage | titre=Robert Capa, {{lang|en|D-Day}} |éditeur=Point de vues |collection= |auteur=Benoît Eliot et Stéphane Rioland |préface= [[John G. Morris]] |langue= |format=|année=2004 |lieu= |isbn=978-2-915548-09-9 |pages=72 |passage= |commentaire=}}
 
== Notes et références ==
<references />
 
== Liens externes ==
* {{en}} [http://www.magnumphotos.com/robertcapa/ Photos de Robert Capa], sur le site de Magnum
* {{fr}} [http://www.photophiles.com/index.php?option=com_content&task=view&id=26&Itemid=368 Sa biographie], par Michel Lecocq
* {{fr}} [http://expositions.bnf.fr/capa/ ''Capa connu et inconnu''], une ancienne exposition de la [[Bibliothèque nationale de France]]
 
{{Portail|photographie|Seconde Guerre mondiale|Autriche-Hongrie|Hongrie|États-Unis|judaïsme}}
 
{{DEFAULTSORT:Capa, Robert}}
[[Catégorie:Naissance à Budapest]]
[[Catégorie:Naissance en Autriche-Hongrie]]
[[Catégorie:Photographe américain]]
[[Catégorie:Photographe hongrois]]
[[Catégorie:Photojournaliste]]
[[Catégorie:Photographe de guerre]]
[[Catégorie:Photographe du XXe siècle]]
[[Catégorie:Personnalité de la bataille de Normandie]]
[[Catégorie:Correspondant de guerre]]
[[Catégorie:Titulaire de la croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs]]
[[Catégorie:Personnalité américaine d'origine hongroise]]
[[Catégorie:Journaliste mort en reportage]]
[[Catégorie:Naissance en octobre 1913]]
[[Catégorie:Décès en mai 1954]]
[[Catégorie:Décès au Viêt Nam]]
[[Catégorie:Décès à 40 ans]]