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La Psaltérion, instrument à cordes frappées est toutefois considéré comme le prédécesseur plausible d'un instrument à clavier.
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{{Palette|Instruments de la musique classique|Instruments de percussion}}
 
== La clavecin==
{{portail musique classique}}
 
Un '''clavecin''' est un [[instrument de musique]] [[instrument à cordes|à cordes]] muni d'un ou plusieurs<ref group="note">deux ou exceptionnellement trois</ref> [[clavier (musique)|claviers]] dont chacune des cordes est « pincée » par un dispositif nommé [[Sautereau (clavecin)|sautereau]].
{{en}} [http://rs2007.limsi.fr/index.php/PS:Page_3 On the acoustics of the clavichord]
 
Terme générique, il désigne différents instruments d'une même famille, distincts par leur structure, leur forme, leurs dimensions ou leur timbre, chacun d'entre eux ayant souvent un nom spécifique. Le mot « clavecin », au sens restrictif, désigne alors le plus grand, le plus complet et le plus techniquement développé d'entre eux, généralement appelé « grand clavecin ».
 
Instruments spécifiques de la musique européenne, les clavecins ont connu leur apogée et suscité un très large répertoire au cours des {{s2-|XVII|e|XVIII|e}} avant de connaître une longue éclipse pendant tout le {{s|XIX}}. Ils ont retrouvé la faveur des musiciens et du public depuis le début du {{s|XX}}.
 
Comme pour l'[[orgue]], la puissance des sons émis ne dépend pas de la force avec laquelle le claveciniste frappe les touches, c'est la présence de registres affectés à chacun des claviers qui permet de varier les timbres. Pendant toute la période « [[baroque]] », le clavecin a été un des instruments privilégiés de l'écriture en [[contrepoint]] et de la réalisation de la [[basse continue]]. Mais ses possibilités expressives se sont révélées moins appropriées au style du classicisme naissant, et surtout, par la suite, à la sensibilité du romantisme : les compositeurs lui ont préféré le [[piano-forte]], puis le [[piano]], nouvellement inventés. C'est à l'occasion de la redécouverte de la musique ancienne que le clavecin a connu son actuel renouveau.
 
Cet article traite par priorité le grand clavecin. Tous les instruments de la famille partagent une histoire et des techniques de facture communes, ainsi qu'un répertoire en grande partie commun ; les points qui leur sont propres sont traités dans des articles séparés.
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Le clavecin était le seul instrument à clavier civil du {{sp|XVI|e|au|XVIII|e}}, il a donc suscité l'intérêt de nombreux compositeurs. Plus tard lorsque l'évolution de la musique au cours du {{s-|XVIII|e}} a permis l’invention du piano-forte, les compositeurs et les musiciens ont négligé le clavecin au profit du nouvel instrument, le clavecin fut alors considéré au milieu du {{s-|XIX|e}} comme un instrument du passé. Sa remise à l'honneur au tout début du {{s-|XX|e}} s'inscrit dans le mouvement général de redécouverte de la [[musique ancienne]]. Mais d'un point de vue musical, la musique de piano s'inscrit directement dans la lignée de celle du clavecin : Haydn, Mozart et bien d'autres ont composé pour le clavecin avant de passer insensiblement au piano-forte <ref>d'après Pierre Vidal</ref>.
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[[Fichier:Couperin Cinquieme Prelude Ordinaire.ogg|thumb|right|La musique très ornée de François Couperin est inséparable du clavecin<br>(''L'art de toucher le clavecin'', {{5e}} prélude<br>par Robert Schröter).]]
 
 
=== Le(s) clavier(s) du clavecin ===
[[Fichier:EtendueClavecin.JPG|thumb|center|upright 4|Clavier à étendue de 5 octaves Fa0 à Fa5 : correspondance des touches et des notes]]
Le clavecin possède un ou deux [[clavier (musique)|claviers]] voire trois de manière très exceptionnelle<ref>[[Hieronymus Albrecht Hass]] en a construit un en 1740 cf Mercier-Ythier, ''op.cit.'' pages 103, 110 ; un instrument de [[Bartolomeo Cristofori]] possède aussi 3 claviers après transformation cf Mercier-Ythier, ''op.cit.'' page 38</ref>. Leur étendue n'est pas normalisée, elle est inférieure à celle du piano et varie généralement entre 4,5 et 5 octaves, soit de 56<ref group="note">dans ce cas, souvent de Sol0 à Ré5</ref> à 61 notes<ref group="note">cette étendue réduite correspond aux exigences effectives du répertoire, jusqu'à [[Johann Sebastian Bach|Bach]] et [[Domenico Scarlatti|Scarlatti]]</ref> : souvent de Fa0 à Fa5 (anglais/allemand : FF à f<nowiki>'''</nowiki>, américain : F1 à F6). ''N.B. le la3 correspond au diapason, 440 Hz (classique) ou 415 Hz voire 392 Hz (baroque) ; le do4 définit le module des cordes''.
 
Le clavier supérieur, s'il existe, est en retrait par rapport au clavier principal et peut, selon la disposition, s'accoupler comme dans l'orgue, au clavier inférieur (ou clavier principal).
[[Image:Clavier de clavecin 2.JPG|left|thumb|Détail de clavier unique]]
[[Image:ClavecinDoubleClavier.jpg|right|thumb|Détail de clavier double]]
 
L'image classique du clavier de clavecin est celle de couleurs inversées par rapport à celui du piano. Ceci est surtout vrai pour les clavecins de tradition française, et l'est beaucoup moins pour les autres traditions de facture. En revanche, les touches sont moins longues que celles d'un piano et leur partie frontale est généralement ornée d'arcades plus ou moins travaillées (voir photo).
 
La présence de plusieurs claviers rend le clavecin particulièrement adapté à la musique ancienne où le contrepoint est important : chaque main peut jouer sur un clavier différent sa propre ligne mélodique indépendante. Elle permet aussi de jouer sur les oppositions de timbre entre les différentes sections d'une même pièce.
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Les touches diatoniques ou naturelles s'appellent les [[marche]]s. Les touches chromatiques ([[dièse]]s ou [[bémol]]s) s'appellent [[feinte]]s.
 
Le clavecin français possède en principe des [[clavier (musique)|clavier]]s dont les marches sont noires et les feintes blanches ([[école]]s parisienne et lyonnaise) à l'inverse des clavecins flamands. Pour augmenter l'étendue des claviers, beaucoup de clavecins [[comté de Flandre|flamand]]s ont été ensuite agrandis (''ravalés''), les claviers refaits et la transposition unifiée par les [[facteur (organologie)|facteurs]] parisiens, cette caractéristique apparaît assez souvent dans ces instruments.
 
Dans les autres pays, et notamment l'[[Italie]] et le sud de la France actuelle, il n’y avait guère de règles et toutes les possibilités ont été exploitées : avec des touches de bois plus ou moins clair et des matières précieuses telles que la [[nacre]] ou l'[[écaille]] ont aussi été utilisées. C'est l'usage de l'[[os]] (pratiquement jamais de l'[[ivoire]]) qui permet de réaliser des plaquages blancs.
 
Lorsque les touches chromatiques sont blanches, c’est seulement la partie supérieure qui reçoit un plaquage en os. Les touches massives en os ne se trouvent que très rarement, dans les feintes d'épinette anglaise par exemple.
 
Les marches plaquées d'os, d'ébène ou de poirier noirci, sont ornées en bout de touche (faisant face à l’instrumentiste) de diverses façons : soit de frontons trilobés sculptés dans la masse de la touche, ou de parchemin sur fond d'étoffe, d'arcades tournées en buis, d'une moulure, voire d'arcades en cuir gaufré…
 
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=== Le mécanisme du clavecin===
[[Image:Clavecin sautereau.svg|left|thumb|200px|Schéma d’un sautereau (seule la partie supérieure est représentée) : 1- corde ; 2- axe de la languette ; 3- languette ; 4- plectre ou bec ; 5- étouffoir.]]
[[Image:Clavecin sautereau fonctionnement.svg|right|thumb|450px|Fonctionnement du sautereau : 1- chapiteau 2- feutre 3- étouffoir 4- corde 5- plectre ou bec 6-languette 7-axe de la languette 8-ressort en soie de sanglier 9- sautereau 10- escamotage de la languette et du bec - '''A''' : touche au repos, l'étouffoir repose sur la corde et l'empêche de vibrer - '''B''' : enfoncement de la touche : le sautereau s'élève contre la corde et fléchit - '''C''' : le sautereau lâche la corde qui se met à vibrer (émission du son), le sautereau vient en butée contre le chapiteau - '''D''' : la touche relâchée, le sautereau redescend par son poids, la languette s'escamote par rotation vers l'arrière au passage de la corde, l'étouffoir reviendra arrêter la vibration de la corde]]
 
L'élément principal du mécanisme du clavecin est une lamelle de [[bois]] dur<ref group="note">généralement du poirier</ref> appelée [[Sautereau (clavecin)|sautereau]] qui se présente verticalement au-dessus de la partie arrière (cachée) de la touche.
 
Il est maintenu dans cette position par les [[Registre (clavier)|registres]] disposés horizontalement et parallèlement au(x) clavier(s). Les registres sont généralement au nombre de deux par rang de sautereaux : celui du bas est fixe ; celui du haut est mobile et peut se déplacer latéralement de quelques millimètres, permettant de mettre en action ou non le rang de sautereaux correspondant. Dans les instruments les plus simples, ne possédant qu'un rang de sautereaux, il n'y a pas de registre mobile (l'unique jeu de sautereaux étant toujours actif). Les registres sont percés d'orifices rectangulaires, éventuellement garnis d'une basane, au travers desquels le sautereau peut coulisser librement, mais avec un jeu très ajusté, de bas en haut.
 
La touche constitue un [[levier (mécanique)|levier]] : lorsque le claveciniste appuie sur son extrémité, l'autre extrémité se soulève et fait monter le sautereau muni d'un bec qui va « pincer » la [[Corde (musique)|corde]] correspondante.
 
À l’extrémité supérieure du sautereau se trouve une petite languette de bois dur<ref group="note">généralement du houx</ref> articulée de façon [[élastique]] (ressort en [[soie]] de [[sanglier]]) sur le sautereau et munie du « [[bec]] » ou « [[plectre]] » (en [[Plume (oiseaux)|plume]] de [[Corvus|corbeau]], en [[cuir]] ou en [[matière plastique|plastique]]) qui soulève la corde. Lorsque le sautereau continue à s’élever, le bec se [[courbe]] progressivement puis finit par « lâcher » la corde ainsi mise en [[vibration]]. Le ''chapiteau'', barre de bois placée horizontalement au-dessus des rangées de sautereaux, limite leur déplacement vertical.
 
Lorsqu'on cesse d'appuyer sur la touche, la queue de la touche revient sur le châssis du clavier ; le sautereau retombe et le bec repasse sous la corde, mais sans bruit (ou presque) grâce à la conception de l'[[articulation (musique)|articulation]] de la languette et du sautereau : la languette s’escamote vers l’arrière, et revient ensuite à sa place grâce au [[ressort]]. Le sautereau redescend en position basse, l'étouffoir en drap de laine vient reposer sur la corde pour faire cesser le son.
 
[[Image:Clavecin mecanisme.svg|center|thumb|700px|Coupe longitudinale (schéma de principe) d'un clavecin de type flamand à un clavier et deux jeux de huit pieds. 1) touche, 2) couteau, 3) barre de nom, 4) chevilles d'accord, 5) sillet, 6) chapiteau, 7) registres mobiles, 8) corde, 9) chevalet, 10) pointe d'accroche, 11) contre-éclisse, 12) éclisse courbe/pointe, 13) barre d'enfoncement, 14) table d'harmonie, 15) fosse, 16) contre-sommier, 17) sautereaux, 18) masse, 19) fond, 20) peigne, 21) pointe de guidage, 22) registres fixes, 23) sommier, 24) pointe de balancement, 25) cadre du clavier]]