« Philosophie/Vérité » : différence entre les versions

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*la vérité d'une proposition ne peut dépendre de sa seule adéquation aux faits, puisque nous ajoutons par la pensée des relations (ou jugements) que nous ne trouvons pas directement dans l'expérience.
 
'''NB.: Correspondance, ressemblance, analogie et faits.''' Les critiques qui sont ici exprimées attribuent aux tenants de la correspondance des naïvetés qu'elles commettent peut-être elles-mêmes.
NB.: Correspondance et ressemblance. Les critiques qui sont ici exprimées dénoncent une naïveté qu'elles commettent peut-être elles-mêmes, en confondant correspondance et ressemblance (suivant en cela d'illustres philosophes). Mais si la ressemblance peut être conçue comme un certain type de correspondance, l'inverse n'est nullement vrai - le rapport de correspondance est évidemment bien plus large. De plus, si le terme de "correspondance" est habituellement retenu dans le cadre de l'enquête sur la vérité, on pourrait sans dommage faire appel à d'autres concepts, qui eux aussi débordent largement l'idée de ressemblance: conformité, adéquation, accord, convenance etc.
LaPremière correspondancenaïveté qui: pourrait définirsi la véritéressemblance, neou sauraitl'analogie évidemmentpeuvent être deconçue l'ordrecomme deun lacertain ressemblancetype de correspondance, etl'inverse nen'est demandenullement mêmevrai pas- àle êtrerapport unede formecorrespondance d'analogieest plus large. Par exemple, si le contenu de mon panier de courses ''correspond'' bien à la liste que l'on ma fournie, je n'ai aucun besoin de supposer de ''ressemblance ni d'analogie' entre la liste, ou ce qu'elle indique, et le contenu du panier (on peut comparer la situation à celle où l'on me fournirait une photo du panier de course rempli et où l'on me dirait que mon panier devra vraiment ''ressembler'' à celui de la photo). Il n'est nul besoin non plus d'affirmer une analogie structurelle entre le contenu de mon panier et la liste - c'est une théorie possible, mais peut-être pas la plus simple ni a plus efficace.
 
Deuxième naïveté : un fait n'est pas réductible à une perception ou a un ensemble de perceptions (cette exigence de type Humien ou positiviste logique est fondée sur des présupposés injustifiés, qui, comme cela est maintenant bien documenté, disqualifieraient certains faits scientifiques solidement établis). Ainsi, pour reprendre un exemple donné plus haut, la proposition selon laquelle, dans des conditions normales, l'eau boue à cent degré renvoie non seulement de perceptions effectives, mais encore à des perceptions possibles, ainsi qu'à des lois, des régularités, des actions possibles, des conditions contrefactuelles, des connaissance sur la structure moléculaire de l'eau etc., bref, il n'est pas réductible à des énoncés d'observation, mais cela n'empêche pas de soutenir que c'est un fait (que la proposition "l'eau bout à cent degrés" correspond à une fait naturel). Soutenir le contraire revient à endosser une ontologie nominaliste très problématique. Ainsi, on ne peut dire que nous "ajoutons" aux faits des rapports ou des jugements : lier différentes situations où l'eau chauffée bout consiste-t-il à imposer aux données sensorielles (pensées comme "faits"), un ordre externe ? Ou bien cela consiste-t-il à reconnaitre une fait, que ces événements sont des occurrences d'un même phénomène: l'ébullition de l'eau. ? Autre exemple : si je dis que Médor est un Saint-Bernard, je "lie" certes Médor à d'autres individus qui tombent sous le même concept. Mais ai-je pour ainsi "ajouté" quelque chose à un fait? N'est-ce pas un fait que Médor est bien un Saint-Bernard (bien que j'aie besoin d'un certain concept pou le savoir) ?
La correspondance qui pourrait définir la vérité ne saurait évidemment être de l'ordre de la ressemblance, et ne demande même pas à être une forme d'analogie. Par exemple, si le contenu de mon panier de courses correspond bien à la liste que l'on ma fournie, je n'ai aucun besoin de supposer de ressemblance ni d'analogie entre la liste, ou ce qu'elle indique, et le contenu du panier (on peut comparer la situation à celle où l'on me fournirait une photo du panier de course rempli et où l'on me dirait que mon panier devra ressembler à celui de la photo).
 
L'idée de la vérité comme correspondance ou adéquation n'est nullement naïve. Elle est certes en bute à des difficultés considérables, mais celles qui sont ici mentionnées sont plutôt le fruit d'une double mésinteprétation.
De manière générale, et comme Bergson le notait déjà, un rapport de ressemblance stricto sensu paraît difficile à établir entre la proposition (ou l'énoncé, selon le porteur de vérité que l'on choisit) et la réalité sur laquelle porte la proposition. La plupart des philosophes ayant essayé d'établir un tel rapport ont plutôt tenté de penser une forme d'analogie structurelle (par exemple, l'isomorphisme, chez Wittgenstein, qui n'est pas un rapport de ressemblance au sens normal, mais plutôt une analogie de structure).
A partir de cette remarque, il faut fortement nuancer les remarques concluant cette section.
Sur la première remarque : la vérité comme correspondance ne se limite nullement à une "comparaison" entre propositions et perceptions sensorielles ; seule une lecture naïve de la correspondance en terme de ressemblance motive une telle exigence. Je peux dire que la réputation d'Alexandre de Macédoine est parvenue jusqu'à nous, et ce jugement correspond à la réalité sans ressembler à aucune perception (le fait de ne pouvoir montrer une perception de la réputation d'Alexandre ne pose évidemment aucun problème). Il n'y a là aucun fondement pour critiquer la théorie de la correspondance.
Deuxième remarque, on ne peut dire que nous "ajoutons" aux faits des rapports ou des jugements - à moins là encore d'accepter des présupposés bien trop forts sur ce qu'est un fait. Par exemple: si je dis que Médor est un Saint-Bernard, je "lie" certes Médor à d'autres individus qui tombent sous le même concept. Mais je n'ai pour autant rien "ajouté" : c'est un fait que Médor est bien un Saint-Bernard, et je n'ai pas besoin pour le dire d'évoquer une expérience sensorielle à laquelle cette proposition devrait ressembler. Dire que l'on ne trouve pas ce type de rapports dans l'expérience repose bien entendu sur une conception très limitative de l'expérience.
 
=== La vérité formelle ===