« Philosophie/Vérité » : différence entre les versions

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*la conception de la vérité comme adéquation semble être une conception inspirée de la comparaison directe, que nous pratiquons quotidiennement, entre les sens et une certaine image que nous avons à l'esprit, et elle semble en ce sens assez naïve ; elle échoue ainsi à rendre compte de la vérité des jugements que nous formulons par des propositions dans la mesure où ceux-ci se sont pas réductibles aux seuls témoignages des sens ;
*la vérité d'une proposition ne peut dépendre de sa seule adéquation aux faits, puisque nous ajoutons par la pensée des relations (ou jugements) que nous ne trouvons pas directement dans l'expérience.
 
NB.: Correspondance et ressemblance. Les critiques qui sont ici exprimées dénoncent une naïveté qu'elles commettent peut-être elles-mêmes, en confondant correspondance et ressemblance (suivant en cela d'illustres philosophes). Mais si la ressemblance peut être conçue comme un certain type de correspondance, l'inverse n'est nullement vrai - le rapport de correspondance est évidemment bien plus large. De plus, si le terme de "correspondance" est habituellement retenu dans le cadre de l'enquête sur la vérité, on pourrait sans dommage faire appel à d'autres concepts, qui eux aussi débordent largement l'idée de ressemblance: conformité, adéquation, accord, convenance etc.
 
La correspondance qui pourrait définir la vérité ne saurait évidemment être de l'ordre de la ressemblance, et ne demande même pas à être une forme d'analogie. Par exemple, si le contenu de mon panier de courses correspond bien à la liste que l'on ma fournie, je n'ai aucun besoin de supposer de ressemblance ni d'analogie entre la liste, ou ce qu'elle indique, et le contenu du panier (on peut comparer la situation à celle où l'on me fournirait une photo du panier de course rempli et où l'on me dirait que mon panier devra ressembler à celui de la photo).
 
De manière générale, et comme Bergson le notait déjà, un rapport de ressemblance stricto sensu paraît difficile à établir entre la proposition (ou l'énoncé, selon le porteur de vérité que l'on choisit) et la réalité sur laquelle porte la proposition. La plupart des philosophes ayant essayé d'établir un tel rapport ont plutôt tenté de penser une forme d'analogie structurelle (par exemple, l'isomorphisme, chez Wittgenstein, qui n'est pas un rapport de ressemblance au sens normal, mais plutôt une analogie de structure).
A partir de cette remarque, il faut fortement nuancer les remarques concluant cette section.
Sur la première remarque : la vérité comme correspondance ne se limite nullement à une "comparaison" entre propositions et perceptions sensorielles ; seule une lecture naïve de la correspondance en terme de ressemblance motive une telle exigence. Je peux dire que la réputation d'Alexandre de Macédoine est parvenue jusqu'à nous, et ce jugement correspond à la réalité sans ressembler à aucune perception (le fait de ne pouvoir montrer une perception de la réputation d'Alexandre ne pose évidemment aucun problème). Il n'y a là aucun fondement pour critiquer la théorie de la correspondance.
Deuxième remarque, on ne peut dire que nous "ajoutons" aux faits des rapports ou des jugements - à moins là encore d'accepter des présupposés bien trop forts sur ce qu'est un fait. Par exemple: si je dis que Médor est un Saint-Bernard, je "lie" certes Médor à d'autres individus qui tombent sous le même concept. Mais je n'ai pour autant rien "ajouté" : c'est un fait que Médor est bien un Saint-Bernard, et je n'ai pas besoin pour le dire d'évoquer une expérience sensorielle à laquelle cette proposition devrait ressembler. Dire que l'on ne trouve pas ce type de rapports dans l'expérience repose bien entendu sur une conception très limitative de l'expérience.
 
=== La vérité formelle ===