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'''William Eugene Smith''', connu sous le diminutif familier de « Gene Smith » ou encore comme « '''W. Eugene Smith''' » (né le {{Date de naissance|30|décembre|1918}} à [[Wichita]], [[Kansas]] - mort le {{Date de décès|15|octobre|1978}} à [[Tucson]], [[Arizona]]), est un [[photojournalisme|photojournaliste]] [[États-Unis|américain]], dont la rigueur et l'exigence en ont fait un modèle pour des générations de photographes, attachés à la valeur du témoignage que permet la photographie.
 
W. Eugene Smith était, au sens littéral du terme, ce que les Américains appellent un « ''concerned photographer'' », un photographe engagé, qui utilisait son appareil photographique comme une arme pour défendre ses idées.
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== Biographie ==
 
Adolescent, il est fortement intéressé par l’aviation, ce qui est assez naturel à Wichita qui compte plusieurs usines d’aviation ([[Cessna]], [[Boeing]]) et débute en photographie. En 1933, il rencontre le photographe de presse Frank Noel, qui le conseille, et commence rapidement à publier des photos dans les journaux locaux (le ''Wichita Eagle'', et le ''Wichita Beacon''). En 1935-1936, il fait des reportages sur les événements sportifs, l’aviation, les catastrophes naturelles. C’est l’époque du ''[[Dust Bowl]]'' et de la grande misère des fermiers du [[Mid-Ouest|Middle West]].
 
En 1936, il étudie la photo pendant un semestre à l’[[université Notre-Dame]] du Lac de [[South Bend (Indiana)]] puis à l’Institut de photographie de New York. Il détruira le travail de ces premières années par la suite, le jugeant techniquement insuffisant et manquant de profondeur.
 
Dès 1938, il travaille pour ''Newsweek'' mais est licencié parce qu’il a utilisé un appareil de petit format (± 6 x 6) contrairement aux règles du magazine (à cette époque les reporters utilisent en général un Speed Graphic 4 x 5 inches, alors que Smith défend le petit format qui donne « une plus grande liberté de vision ») puis il intègre l’agence Black Star et publie des photos dans ''[[Life|Life Magazine]], Collier’s, The New York Times'' et ''Harpers Bazaar''.
 
Smith est rapidement intégré au staff de ''Life'' qui l’engage pour réaliser deux reportages par mois. Il quitte le magazine en 1941, insatisfait de la routine qu’impose une publication régulière et devient photographe indépendant. Il jugera par la suite qu’il a mal utilisé sa liberté, produisant des photos montrant « une grande profondeur de champ mais une très faible sensibilité<ref>« ''A great depth of field, a very little depth of feeling''. »</ref>. » Il travaille notamment pour le magazine ''Parade'', reconnu pour la qualité de ses documents photographiques. Il est blessé par une explosion de dynamite lors d’une séance de photos de conditions de combats simulées.
 
En 1942, Smith est invité à rejoindre l’unité photographique de la Navy (Naval Photographic Institute) dirigée par [[Edward Steichen]], mais sera refusé par la commission de sélection pour « insuffisance physique et académique » : il souffre en effet d’une audition déficiente, conséquence de l’accident avec la dynamite, et ne possède pas de diplôme universitaire<ref>Le comité de trois amiraux qui statue sur son cas dira que « quoiqu’il apparaisse comme un génie dans son domaine, il ne se montre pas à la hauteur des standards de l’US Navy. »</ref>. Il est néanmoins engagé par la [[Ziff Davis|Ziff Davis Publishing Company]] comme correspondant de guerre dans le Pacifique sud et embarque sur un porte-avions. Il réalise des prises de vue aériennes, en mer et sur terre de la campagne des [[îles Marshall]], revient brièvement à [[San Francisco|San-Francisco]] en 1944, puis repart pour le Pacifique comme correspondant pour ''Life''. Il quitte Ziff Davis parce qu’il s’aperçoit que près de la moitié de ses photos sont censurées. Il semble qu’il ait trop montré les souffrances des populations civiles. Il photographie aussi bien les combats que leurs conséquences sur la population japonaise ; c’est alors qu’il développe dans son travail le thème de la responsabilité sociale du reporter qui restera présent durant toute sa vie. Il a toujours voulu être au plus près de son sujet (selon son expression « ''sink into the heart of the picture'' » : plonger au cœur de l’image), et c’est ainsi qu’il est gravement blessé lors des combats à [[Okinawa]] le 22 mai 1945 et qu'il est rapatrié.
 
Smith a été touché par un éclat d’obus qui lui a traversé la main gauche et la joue. Il subit une trentaine d’opérations et sa rééducation dure deux ans. Il a cru perdre la possibilité de tenir encore un jour une caméra en main. Durant sa convalescence, il publie des articles et des interviews et insiste sur son attachement à une éthique du photojournalisme. La première photo qu’il réalise au terme de cette période difficile est ''The Walk to Paradise Garden'', une photo de ses enfants devenue ultra-célèbre mais qui est refusée par ''Life'' car les personnages tournent le dos à l’objectif<ref>C’est cette photo qui clôturera l’exposition « [[The Family of Man]] », 503 photos choisies dans un ensemble de {{formatnum:4000000}} venues du monde entier, qu’[[Edward Steichen]] monte à partir de 1951 (présentée pour la première fois au [[Museum of Modern Art|MOMA]] en 1955) et qu’on peut encore voir actuellement au château de [[Clervaux]].</ref>.
 
Smith travaille à plein temps pour ''Life'' jusqu’à sa démission en 1954 suite à un désaccord de plus en plus profond sur la façon dont la revue modifie les légendes de ses photos et l’usage qui en est parfois fait. Le sujet de rupture sera la publication du reportage sur [[Albert Schweitzer]], alors considéré par ''Life'' comme le plus grand homme de son époque. Smith, tout en reconnaissant son travail humanitaire, le trouve autoritaire et raciste et veut montrer par un reportage en deux parties la complexité du personnage. ''Life'' publiera une version abrégée conforme au sentiment de l’époque sur le médecin, [[prix Nobel de la paix]] en 1952.
 
Smith rejoint l’[[Magnum Photos|agence Magnum]] en 1955 et va à Pittsburgh pour un reportage, qui devrait durer trois semaines, et pour lequel il doit fournir une centaine de photos à l’occasion du bicentenaire de la ville. Il va y travailler durant trois ans et en ramener plus de {{formatnum:10000}} images, sans l’accord ni le soutien de l’agence ; cela entraînera sa ruine malgré deux bourses reçues de la [[fondation Guggenheim]], en 1956 et 1958, car aucune revue ou agence n’accepte de financer un tel projet. Il refuse une proposition de {{Unité|21000|$}} pour une publication partielle car on ne lui accorde pas le contrôle du choix des images, de leurs légendes et de la mise en page. Il y aura une publication de 88 photos dans la revue ''Photography Annual'' de 1959, pour laquelle il ne touchera que {{Unité|1900|$}} mais dont il aura le contrôle total.
 
En 1956, Smith réalise sa première commande en couleurs pour l’American Institute of Architects lors d’un travail sur l’architecture moderne. Des tirages géants de {{Unité|3.50|m}} seront réalisés à cette occasion.
 
En 1957, il quitte sa famille et s’installe seul dans un loft de la Sixième avenue à New York où il commence un travail de longue haleine sur des images de rue prises depuis sa fenêtre et des photos de musiciens lors de jam sessions ou de séances d’enregistrement. Il enseigne à la [[The New School|New School for Social Research]], et quitte Magnum en 1958.
 
En 1961-1962, il fait un reportage de deux ans sur la firme [[Hitachi]] au Japon et, en 1971, il s’installe avec sa seconde épouse Eileen Mioko, également photographe, à [[Minamata]], une petite ville du Japon, afin de suivre les effets de la pollution industrielle. Il y passe quatre ans dans le dénuement le plus complet. Victime de violences de la part d’employés de la firme Chisso, responsable de la pollution, il perd presque la vue et doit être rapatrié d’urgence aux États-Unis. La publication de 11 photos dans ''Life'' puis d’un livre sur le sujet ont un retentissement mondial. C'est au cours de ce reportage qu'il réalise la très célèbre photo ''Le Bain de Tomoko'', devenue une icône du photojournalisme.
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En [[1976]], Smith dépose ses archives ({{Unité|11|tonnes}} !) à l'[[université d'Arizona]], à [[Tucson]], où il enseigne.
 
Il meurt d’un infarctus deux ans plus tard, avec {{Unité|18|$}} sur son compte en banque...banque…
 
=== Postérité ===
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=== Publications dans ''Life Magazine'' ===
 
* ''Saïpan''. 28.08.44, 11 photos sur la bataille de [[Saipan|Saïpan]] en juin 1944
* ''Hospital on Leyte''. 5.12.44, 9 photos sur un hôpital installé dans la cathédrale de [[Leyte (homonymie)|Leyte]] (Philippines)
* ''Marines win bloody'', 12.03.45, 4 photos sur la bataille d’[[Iwo Jima]]
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* ''Life without germs''. 26.09.49, 18 photos sur un programme expérimental de bactériologie de l’[[université Notre-Dame]] ([[Indiana]])
* ''Recording artists''. 26.03.51, 22 photos sur des musiciens dans les studios d’enregistrement de RKO-Victor et de [[Columbia Records|Columbia]]
* ''Spanish village''. 09.04.51, 17 photos sur [[Deleitosa]], un village d’[[Estrémadure|Estramadure]]
* ''Nurse Midwife''. 03.12.51, 30 photos sur la vie de Maud Callen, sage-femme en [[Caroline du Sud]]
* ''Chaplin at work''. 17.03.52, 31 photos de [[Charlie Chaplin]] pendant le tournage de ''[[Les Feux de la rampe|Limelight]]''
* ''The Reign of Chemistry''. 05.01.53, 18 photos sur les activités de [[Monsanto]]
* ''My Daughter Juanita'', 21.09.53, 17 photos dont celle de couverture, sur sa fille