« Climat et écocitoyens/Présentation des circuits courts alimentaires » : différence entre les versions

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Nous allons nous intéresser plus particulièrement à première AMAP créée à Villeneuve d’Ascq, « Vascq’AMAP ». Elle a vu le jour grâce à l’initiative d’un petit groupe de citoyens qui s’est réuni en association en septembre 2010. Cependant, si la demande était bien réelle (une soixantaine de foyers), l’offre faisait défaut : les Amapiens ont recherché un maraîcher pendant une période assez longue, ce qui illustre le problème du déséquilibre entre l’offre et la demande pour les AMAP. D’après ces consommateurs, les maraîchers déjà présents sur le territoire n’étaient pas prêts à franchir le pas car le cahier des charges d’une AMAP est contraignant en termes de respect de l’environnement (abandon des produits chimiques). Et l’arrivée de nouveaux maraîchers était limitée par le manque de terres disponibles, c’est pourquoi les Amapiens ont fait pression sur la Communauté urbaine qui est propriétaire de la majorité des terres cultivées. Comme solution transitoire, les Amapiens ont décidé de créer un partenariat avec l’AMAP du Beau Pays afin de se procurer un panier de viande produite par un éleveur situé à Borre près d’Hazebrouck. Ils se sont ensuite posé la question de la possibilité de faire venir des légumes d’un peu plus loin : certains ont mis en avant les limites de cette solution. Une fois le contrat passé avec le maraîcher, il est presque impossible de revenir en arrière. Et cela ne semblait pas très écologique en raison du transport induit par les déplacements plus au loin. Mais c’est finalement cette orientation qui a été prise : les Amapiens ont passé un contrat en 2011 avec un couple de maraîchers, Mr et Mme Fichaux installés à Richebourg (maraîchage et poules pondeuses bio), entre Armentières et Béthune. Cela nécessite une organisation logistique solide puisqu’il y a presque 40 kilomètres entre Richebourg et Villeneuve d’Ascq. Les paniers sont entreposés le jeudi au LCR des Chaumières à Villeneuve d’Ascq et les adhérents doivent venir les récupérer à horaires et jour fixes, comme dans toutes les AMAP (ici, en l’occurrence : le jeudi de 18h à 19h30). Si le démarrage a été certes un peu difficile, les demandes d’adhésion à l’AMAP sont de plus en plus nombreuses. Le dialogue est bien établi entre le producteur et les consommateurs. En effet, les maraîchers ont pris en compte les remarques des consommateurs : pour la deuxième saison en 2012, ils ont décidé de diversifier davantage leurs paniers. Comme le rappelle le responsable de l’association, Adrien Poteaux, le prix versé par les adhérents (6€75/semaine) ne correspond pas vraiment à un prix au kilo mais à un prix juste, qui permet de faire vivre le producteur. Certes, on peut se poser des questions en termes de soutenabilité de ce système dans le sens où le producteur travaille intensivement mais ne gagne pas beaucoup plus de 1000€ par mois : son choix doit donc être motivé par le sens qu’il lui donne (travail respectueux de la nature, lien social direct avec les consommateurs) et être compensé par certains biais comme l’aide ponctuelle des Amapiens, le fait de consommer ses propres produits ou encore le soulagement de ne plus dépendre des exigences des grandes surfaces en termes d’esthétique des produits notamment. En outre, se pose la question de la mécanisation agricole : l’équilibre hommes/machines n’est pas toujours évident à trouver en AMAP car si le travail manuel permet souvent d’être plus respectueux de la nature, certaines tâches comme le désherbage sont très fastidieuses. Un travail collaboratif entre AMAP peut alors être envisagé comme la mise en commun de machines.
 
==Les jardins de Cocagne==
 
Si les AMAP constituent un mode de circuit court assez récent en pleine expansion, il existe d’autres moyens de commercialiser des produits en circuit court et notamment en vente directe. Tel est le cas des jardins de Cocagne, dont le premier a vu le jour à Chalezeule, près de Besançon, en 1991 grâce à son fondateur, Jean-Guy Henckel. Il s’agit d’une structure d’aide à l’insertion professionnelle qui s’inspire du triptyque du développement durable : elle vise à la fois un objectif social qui est la réinsertion d’un public éloigné de l’emploi par l’activité économique et éducative, un objectif économique via la mise en place d’un commerce de proximité, et un objectif environnemental par le choix d’un maraîchage biologique. Il existe aujourd’hui plus de 120 jardins (d’autres sont en cours de création) qui regroupent environ 4000 personnes en cours de réinsertion et nourrit un réseau d’environ 20 000 familles. Ces jardins constituent un mode de circuit court alimentaire car les produits cultivés sont vendus directement auprès d’adhérents, appelés également consom’acteurs, du fait de la mise en adéquation entre leurs idées et leur action. En effet, ils font le choix de soutenir une structure d’aide à l’insertion professionnelle et sociale, de privilégier l’agriculture biologique, de favoriser un circuit court… Nous observons ici des similitudes avec les motivations des adhérents d’AMAP mais la différence tient au soutien à un projet d’insertion dans le cadre des jardins de Cocagne.
 
Ainsi, les formes de circuits courts sont très variées mais ils ont en commun la volonté de recréer un lien qui existait historiquement entre le producteur et le consommateur. Les avantages sont nombreux pour chacune des parties que ce soit en termes de traçabilité, de fraîcheur des produits, de lien social, de revalorisation du travail.... Si les circuits courts se développent de plus en plus, leur création et leur maintien font face à de nombreux obstacles, notamment financiers, qui explique la nécessité assez fréquente d’un soutien public.