« Cynologie/Insuffisance cardiaque canine » : différence entre les versions

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De nombreuses molécules sont utilisables en cardiologie canine, même si relativement peu sont enregistrées dans cette espèce. On ne s’intéressera par la suite qu’aux classes thérapeutiques d’usage courant en cardiologie canine. On peut les classer en fonction de leur action sur les 6 déterminants de la performance cardiaque (fréquence cardiaque, contractilité, relaxation, synergie de contraction, précharge, postcharge).
 
====Les inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion de l’Angiotensine (IECA)====
 
Les [[Inhibiteur de l'enzyme de conversion|IECA]]<ref>The IMPROVE Study Group. Acute and short-term hemodynamic, echocardiographic, and clinical effects of enalapril maleate in dogs with naturally acquired heart failure: results of the Invasive Multicenter PROspective Veterinary Evaluation of Enalapril study. J Vet Intern Med. 1995 Jul-Aug;9(4):234-42.</ref>{{,}}<ref>The COVE Study Group. Controlled clinical evaluation of enalapril in dogs with heart failure: results of the Cooperative Veterinary Enalapril Study Group. J Vet Intern Med. 1995 Jul-Aug;9(4):243-52.</ref>{{,}}<ref>Ettinger SJ, Benitz AM, Ericsson GF, Cifelli S, Jernigan AD, Longhofer SL, Trimboli W, Hanson PD. Effects of enalapril maleate on survival of dogs with naturally acquired heart failure. The Long-Term Investigation of Veterinary Enalapril (LIVE) Study Group. J Am Vet Med Assoc. 1998 Dec 1;213(11):1573-7.</ref>{{,}}<ref>The BENCH (BENazepril in Canine Heart disease) Study Group. The effect of benazepril on survival times and clinical signs of dogs with congestive heart failure: results of a multicenter, prospective, randomized, double-blinded, placebo-controlled, long-term clinical trial. Journal of Veterinary Cardiology 1999;1 (1), 7-18</ref>{{,}}<ref>Amberger C, Chetboul V, Bomassi E, Rougier S, Woehrlé F, Thoulon F, on behalf of the FIRST (First Imidapril Randomized Study) group. Comparison of the effects of imidapril and enalapril in a prospective, multicentric randomized trial in dogs with naturally acquired heart failure. Journal of Veterinary Cardiology 2004; 6 (2), 9-16</ref>{{,}}<ref name="note20">Kvart C, Haggstrom J, Pedersen HD, Hansson K, Eriksson A, Jarvinen AK, Tidholm A, Bsenko K, Ahlgren E, Ilves M, Ablad B, Falk T, Bjerkfas E, Gundler S, Lord P, Wegeland G, Adolfsson E, Corfitzen J. Efficacy of enalapril for prevention of congestive heart failure in dogs with myxomatous valve disease and asymptomatic mitral regurgitation. J Vet Intern Med. 2002 Jan-Feb;16(1):80-8.</ref>{{,}}<ref name="note21">Atkins C. et al. Results of the veterinary enalapril trial to prove reduction in onset of heart failure in dogs chronically treated with enalapril alone for compensated, naturally occurring mitral valve insufficiency. J Am Vet Med Assoc. 2007 Oct 1;231(7):1061-9.</ref> ont permis un progrès considérable dans le traitement de l’hypertension et de l’insuffisance cardiaque chez l’homme dans les années 80. Leur enregistrement en médecine vétérinaire dans les années 90 a également permis une avancée très importante en termes de qualité de vie et de survie.
Les IECA, comme leur nom l’indique, inhibent l’enzyme de conversion de l’angiotensine, bloquant ainsi la formation d’angiotensine II ; ils entraînent donc indirectement un effet vasodilatateur artériel et veineux et diminuent la précharge et la postcharge.
Leur action indirecte (dépendant de la saturation progressive de l’ECA et de la disparition de l’angiotensine II) et leur absence d’effets cardiaques fait que leur action est relativement lente à s’installer (de l’ordre de1 à 3 semaines).
Quatre molécules sont actuellement enregistrées en médecine vétérinaire en Europe : l’[[:en:Enalapril|Enalapril]] (''Enacard''®, Mérial ; ''Prilenal''®, CEVA), le [[:en:Benazepril|Benazepril]] (''Fortekor''®, Novartis), le [[Ramipril]] (''Vasotop''®, Intervet) et l’imidapril (''Prilium''®, Vétoquinol).
L’efficacité des IECA a été bien démontrée lors d’insuffisance cardiaque congestive liée à une MVD mais n’est pas aussi clairement prouvée dans les cas de CMD.
Différents essais menés en insuffisance cardiaque asymptomatique ont par contre tous conclu à l’inefficacité des IECA à prolonger le temps avant décompensation où la durée de survie.
 
 
====La spironolactone====
 
La [[:en:Spironolactone|Spironolactone]]<ref>Pitt B, Zannad F, Remme WJ, Cody R, Castaigne A, Perez A, Palensky J, Wittes J. The effect of spironolactone on morbidity and mortality in patients with severe heart failure. Randomized Aldactone Evaluation Study Investigators. N. Engl. J. Med. 1999 Sep 2;341(10):709-17.</ref>{{,}}<ref>EMEA. [http://www.emea.europa.eu/vetdocs/vets/Epar/prilactone/prilactone.htm EPAR Prilactone-V-C-105, 20/06/2007]</ref> est un antagoniste des récepteurs de l’aldostérone. Longtemps considérée à tort comme un diurétique, elle est maintenant utilisée pour ses propriétés anti-aldostérone (limitation de la fibrose cardiaque et rénale).
En 1999, une étude chez l’homme a démontré son efficacité à réduire la mortalité des patients cardiaques de 31% et que cette réduction de mortalité était liée à ses propriétés antifibrotiques. En 2010, un étude chez 217 chiens cardiaques<sup>39</sup> a démontré l'efficacité de la spironolactone à réduire de façon très importante la mortalité (divisée par 3) ainsi que les symptômes (réduction d'un facteur 2). Un médicament contenant de la spironolactone (''Prilactone''®, CEVA) a été enregistré auprès de l'agence européenne du médicament en 2007. La spironolactone est recommandée chez les chiens cardiaques atteints d'insuffisance cardiaque congestive due à une maladie valvulaire, en association au traitement standard.
 
 
====Le pimobendane====
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Sa rapidité d’action en fait également un médicament de choix dans les décompensations aiguës.
 
====Les inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion de l’Angiotensine (IECA)====
 
Les [[Inhibiteur de l'enzyme de conversion|IECA]]<ref>The IMPROVE Study Group. Acute and short-term hemodynamic, echocardiographic, and clinical effects of enalapril maleate in dogs with naturally acquired heart failure: results of the Invasive Multicenter PROspective Veterinary Evaluation of Enalapril study. J Vet Intern Med. 1995 Jul-Aug;9(4):234-42.</ref>{{,}}<ref>The COVE Study Group. Controlled clinical evaluation of enalapril in dogs with heart failure: results of the Cooperative Veterinary Enalapril Study Group. J Vet Intern Med. 1995 Jul-Aug;9(4):243-52.</ref>{{,}}<ref>Ettinger SJ, Benitz AM, Ericsson GF, Cifelli S, Jernigan AD, Longhofer SL, Trimboli W, Hanson PD. Effects of enalapril maleate on survival of dogs with naturally acquired heart failure. The Long-Term Investigation of Veterinary Enalapril (LIVE) Study Group. J Am Vet Med Assoc. 1998 Dec 1;213(11):1573-7.</ref>{{,}}<ref>The BENCH (BENazepril in Canine Heart disease) Study Group. The effect of benazepril on survival times and clinical signs of dogs with congestive heart failure: results of a multicenter, prospective, randomized, double-blinded, placebo-controlled, long-term clinical trial. Journal of Veterinary Cardiology 1999;1 (1), 7-18</ref>{{,}}<ref>Amberger C, Chetboul V, Bomassi E, Rougier S, Woehrlé F, Thoulon F, on behalf of the FIRST (First Imidapril Randomized Study) group. Comparison of the effects of imidapril and enalapril in a prospective, multicentric randomized trial in dogs with naturally acquired heart failure. Journal of Veterinary Cardiology 2004; 6 (2), 9-16</ref>{{,}}<ref name="note20">Kvart C, Haggstrom J, Pedersen HD, Hansson K, Eriksson A, Jarvinen AK, Tidholm A, Bsenko K, Ahlgren E, Ilves M, Ablad B, Falk T, Bjerkfas E, Gundler S, Lord P, Wegeland G, Adolfsson E, Corfitzen J. Efficacy of enalapril for prevention of congestive heart failure in dogs with myxomatous valve disease and asymptomatic mitral regurgitation. J Vet Intern Med. 2002 Jan-Feb;16(1):80-8.</ref>{{,}}<ref name="note21">Atkins C. et al. Results of the veterinary enalapril trial to prove reduction in onset of heart failure in dogs chronically treated with enalapril alone for compensated, naturally occurring mitral valve insufficiency. J Am Vet Med Assoc. 2007 Oct 1;231(7):1061-9.</ref> ont permis un progrès considérable dans le traitement de l’hypertension et de l’insuffisance cardiaque chez l’homme dans les années 80. Leur enregistrement en médecine vétérinaire dans les années 90 a également permis une avancée très importante en termes de qualité de vie et de survie.
Les IECA, comme leur nom l’indique, inhibent l’enzyme de conversion de l’angiotensine, bloquant ainsi la formation d’angiotensine II ; ils entraînent donc indirectement un effet vasodilatateur artériel et veineux et diminuent la précharge et la postcharge.
Leur action indirecte (dépendant de la saturation progressive de l’ECA et de la disparition de l’angiotensine II) et leur absence d’effets cardiaques fait que leur action est relativement lente à s’installer (de l’ordre de1 à 3 semaines).
Quatre molécules sont actuellement enregistrées en médecine vétérinaire en Europe : l’[[:en:Enalapril|Enalapril]] (''Enacard''®, Mérial ; ''Prilenal''®, CEVA), le [[:en:Benazepril|Benazepril]] (''Fortekor''®, Novartis), le [[Ramipril]] (''Vasotop''®, Intervet) et l’imidapril (''Prilium''®, Vétoquinol).
L’efficacité des IECA a été bien démontrée lors d’insuffisance cardiaque congestive liée à une MVD mais n’est pas aussi clairement prouvée dans les cas de CMD.
Différents essais menés en insuffisance cardiaque asymptomatique ont par contre tous conclu à l’inefficacité des IECA à prolonger le temps avant décompensation où la durée de survie.
 
====Les diurétiques====
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Le chef de file des diurétiques utilisés en cardiologie est le [[:en:Furosemide|Furosemide]], diurétique de l’anse, commercialisé en médecine vétérinaire par de nombreux laboratoires. Quelques autres molécules sont plus rarement utilisées, diurétiques de l’anse (bumétanide, torasémide) ou thiazidiques.
Les diurétiques sont utilisés en cas de signes congestifs marqués (œdème pulmonaire, ascite…), à la dose la plus faible nécessaire. Ils représentent une véritable « variable d’ajustement » du traitement de l’insuffisance cardiaque, toujours utilisée en complément d’une thérapeutique de fond, pimobendane ou IECA.
 
====La spironolactone====
 
La [[:en:Spironolactone|Spironolactone]]<ref>Pitt B, Zannad F, Remme WJ, Cody R, Castaigne A, Perez A, Palensky J, Wittes J. The effect of spironolactone on morbidity and mortality in patients with severe heart failure. Randomized Aldactone Evaluation Study Investigators. N. Engl. J. Med. 1999 Sep 2;341(10):709-17.</ref>{{,}}<ref>EMEA. [http://www.emea.europa.eu/vetdocs/vets/Epar/prilactone/prilactone.htm EPAR Prilactone-V-C-105, 20/06/2007]</ref> est un antagoniste des récepteurs de l’aldostérone. Longtemps considérée à tort comme un diurétique, elle est maintenant utilisée pour ses propriétés anti-aldostérone (limitation de la fibrose cardiaque et rénale).
En 1999, une étude chez l’homme a démontré son efficacité à réduire la mortalité des patients cardiaques de 31% et que cette réduction de mortalité était liée à ses propriétés antifibrotiques. En 2010, un étude chez 217 chiens cardiaques<sup>39</sup> a démontré l'efficacité de la spironolactone à réduire de façon très importante la mortalité (divisée par 3) ainsi que les symptômes (réduction d'un facteur 2). Un médicament contenant de la spironolactone (''Prilactone''®, CEVA) a été enregistré auprès de l'agence européenne du médicament en 2007. La spironolactone est recommandée chez les chiens cardiaques atteints d'insuffisance cardiaque congestive due à une maladie valvulaire, en association au traitement standard.
 
====La digoxine====
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Le principe même du traitement de l’insuffisance cardiaque congestive repose sur une polythérapie raisonnée : un traitement associant des molécules aux propriétés complémentaires assurera un meilleur contrôle de la pathologie. Cependant, la multiplication des médicaments entraîne des contraintes multiples pour le propriétaire, de temps, de facilité d’administration et de coût, qui peuvent avoir tendance à faire baisser l’observance du traitement.
Le mieux étant l’ennemi du bien, il conviendra donc de choisir les traitements utilisés pour essayer de maximiser l’efficacité en minimisant les contraintes, et de ne passer d’une monothérapie à une polythérapie que lorsqu’il n’est plus possible de faire autrement.
 
Dans ces conditions, le traitement de première intention pourra s'appuyer sur le pimobendane, les avantages du pimobendane étant :
* Un mode d’action complet (action cardiaque et vasculaire)
* Une efficacité démontrée dans plusieurs essais cliniques publiés (niveau d’évidence A),
* Une efficacité très rapide est vite perçue par le propriétaire, ce qui favorise l’observance,
* Une plus grande efficacité que les IECA en termes de survie,
* Il a été montré qu’il permet de diminuer les doses de diurétiques nécessaires.
 
On pourra également se tourner vers les IECA, dont l'efficacité a également été démontrée dans plusieurs essais cliniques publiés (niveau d’évidence A). Cependant, depuis la publication de l'étude QUEST<ref name="Quest"/>, le pimobendane apparaît clairement comme une meilleure alternative.
 
En plus du traitement de fond avec le pimobendane, on associera en fonction des signes cliniques observés :
* un diurétique en cas d’œdème pulmonaire marqué, à la dose la plus faible possible et pour la durée la plus courte possible ;
* de la digoxine en cas de troubles du rythme supraventriculaires ;
* éventuellement de la spironolactone ;
* dans les cas avancés, l’association IECA + pimobendane peut être recommandée : cette association est parfaitement tolérée et l'utilisation d'une polythérapie avec molécules ayant des cibles différentes et complémentaires se justifie parfaitement sur un plan théorique. Cependant, les bénéfices cliniques d'une telle association n'ont pas été étudiés à ce jour.
 
Le Collège Américain de Médecine Interne (ACVIM) a publié en septembre 2009 son Consensus sur la prise en charge et le traitement de la Maladie Valvulaire Dégénérative chez le chien<ref name="ACVIM">Atkins C. et al. ACVIM Consensus Statement: Guidelines for the Diagnosis and Treatment of Canine Chronic Valvular Heart Disease. J Vet Intern Med 2009; 23:1142–1150 </ref> et confirme ces principes :