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L''''ehrlichiose canine''', ou '''[[ehrlichiose]] à ''[[Ehrlichia canis]]''''', est l'une des nombreuses formes d'[[Ehrlichiose animale|ehrlichioses animales]].
{{Infobox Maladie |
Nme = Babésiose |
Image = Babiesa spp.jpg |
Caption = Hématies contaminées par des babésias |
ICD10 = {{ICD10|B|60|0|b|50}} |
MeshID = D001404 |
}}
 
Elle a une distribution mondiale et est surtout connue par ses manifestations hémorragiques chez les canidés (saignements de nez souvent).
La '''babésiose''', ou '''babésiellose''' ou '''piroplasmose''' ou '''fièvre de Nantucket''', est une maladie qui affecte les mammifères sauvages (et potentiellement le [[bétail]]), et plus rarement l'Homme.
 
C'est l'une des dizaines de [[maladies vectorielles]] transmises par la morsure de [[tique]]s à l'homme et/ou à l'animal ([[maladies à tiques]]).
C'est une maladie parente de la [[Paludisme|malaria]], provoquée par un babesia (''B. divergens'', ''B. microti''), c'est-à-dire un [[Parasitisme|parasite]] [[protozoaire]] intra-érythrocytaire affectant plusieurs espèces. Les babesias semblent toujours ou presque toujours transmis par piqûre de [[tique]].
 
La tique en cause semble presque toujours être la tique brune ''[[Rhipicephalus sanguineus]]'' qui est la seconde espèce de tique la plus souvent trouvée sur les chiens, et qui est aussi la plus répandue au monde ; elle est présente presque partout entre le 50° de latitude Nord et le 35° de latitude Sud (sauf peut-être en [[Australie]]). C'est une tique qui, au stade adulte, semble avoir un très fort tropisme pour le chien. On la trouve introduite par le chien jusque dans les habitations, où elle peut parfois se nourrir sur les chats. Des études sérologiques ont montré qu'elle était très fréquente dans les chenils de la zone méditerranéenne notamment.
Chez les bovins, l'espèce impliquée semble généralement être ''[[Babesia divergens]]''
<ref>Hoch, Goebel, Agoulon, Malandrin . (2011). ''Modélisation de la propagation de ''Babesia divergens'' en troupeau bovin laitier'' ; communication à la Réunion annuelle du groupe « Tiques et Maladies à Tiques » (TMT) du Réseau écologie des interactions durables (REID) ; Strasbourg (France) - (2011-11-17 - 2011-11-18 ; [http://prodinra.inra.fr/#ConsultNotice:167233 Lien]</ref> qui peut affecter des troupeaux bovins laitiers entiers.
== Conséquences ==
 
Il n'est pas certain que la bactérie ''Ehrlichia canis'' n'infecte que les [[canidé]]s. Expérimentalement, l'infection interespèces (par inoculation artificielle ou par culture sur tissus) est possible pour plusieurs des ''ehrlichia'', mais on ignore si la barrière des espèces est franchie dans la nature. On connait également mal la capacité de ces bactéries à échanger des gènes entre souches ou genres différents.
L'infection cause généralement une [[anémie hémolytique]] par destruction des [[globule rouge|globules rouges]].
<br />Le parasite se reproduit en se multipliant de deux en deux agressant le globule qui en se [[Lyse|lysant]], relâchent les parasites dans le [[sang]].
 
==Description et histoire==
== Historique ==
 
C'est une [[maladie infectieuse]] (bactérienne) [[Maladie vectorielle|vectorielle]] du chien, dont le « germe (bactérie) » est (comme pour toutes les ehrlichioses) intracellulaire obligatoire (c'est-à-dire qu'il ne peut se développer qu'à l'intérieur de certaines cellules de son hôte) La bactérie en cause ciblant les [[monocyte]]s et, elle est donc dite « à développement intramonocytaire ».
Son nom vient de celui de [[Victor Babes]] qui a le premier publié (en [[1888]]) un article constatant la présence de micro-organismes dans les hématies du bétail atteint d'une maladie fatale se caractérisant par du sang dans les urines et une fièvre<ref>Babes V, ''Sur l'hémoglobinurie bactérienne du bœuf'', C. r. Acad. sci., 1888;107:692-694</ref>. Le parasite responsable est identifié en 1893<ref>Smith T, Kilborne FL, ''Investigations into the nature, causation, and prevention of Texas or southern cattle fever'', Department of Agriculture Bureau of Animal Industry bulletin no. 1. Washington, DC: Government Printing Office, 1893:177-304</ref>. Le premier cas humain est décrit en 1957<ref>Z. Skrabalo, Z. Deanovic, ''Piroplasmosis in man : report of a case'', Doc. méd. geogr. trop, 1957, 9:11-16</ref>.
 
En 1971, l'agent causal en a été isolé (rebaptisé ''Ehrlichia canis'' ( E. canis) et une technique de culture en a été mise au point<ref>Nyindo Mba. Ristic M. Huxsoll D.L. et al. ''Tropical canine pancytopenia : in vitro cultivation of the causative agent- Ehrlichia canis''. Am. J. Vet. Res. 1971. 32 : 1651-1658.</ref>.
== Taxonomie, phylogénétique ==
L'année suivante, un test sérologique par immunofluorescence indirecte était validé, permettant une mise en évidence spécifique<ref>Ristic M. Huxsoll DL. Weisiger r.m. et al. ''Serological diagnosis of tropical canine pancytopenia by indirect immunofluorescence''. Infect. Immun. 1972. 6 : 226-231.</ref>.
De nombreuses espèces et variants de ''Babesia'' ont été découverts depuis un siècle.
 
L'ehrlichiose canine pourrait peut-être aussi, comme d'autres [[maladies à tiques]] aussi être une [[maladie émergente]]<ref>Parola (P.) et Raoult (D.) : Ticks and tickborne bacterial diseases in humans: an emerging infectious threat. Clin. Infect. Dis., 2001, 32, 897-928.</ref> qui touche des animaux proches de l'homme dont notamment le [[chien]]<ref>Dawson (J.E.) et Ewing (S.A.) : Susceptibility of dogs to infection with Ehrlichia chaffeensis, causative agent of human ehrlichiosis. Am. J. Vet. Res., 1992, 53, 1322-1327</ref>{{,}}<ref>Shaw (S.E.), Day (M.J.), Birtles (R.J.) et Breitschwerdt (E.B.) : Tick-borne infectious diseases of dogs. Trends in Parasitology, 2001, 17, 74-80</ref> et la chèvre<ref>Dugan(V.G.), Little (S.E.), Stallknecht (D.E.) et Beall (A.D.) : Natural infection of domestic goats with Ehrlichia chaffeensis. J. Clin. Microbiol., 2000, 38, 448-449</ref>{{,}}<ref>Maeda (K.M.), Markowitz (N.), Hawley (R.C.), Ristic (M.), Cox (D.) et McDade (J.E.) : Human infection with Ehrlichia canis, a leukocytic rickettsia. New England J. Med., 1987, 316, 853-856. </ref>.
Les progrès de la [[biologie moléculaire]] et de la phylogénie de l'espèce ont montré que la [[taxonomie|classification]] de certains taxons de ''Babesia'' devaient être revue<ref>Allsopp MT, Allsopp BA. ''Molecular sequence evidence for the reclassification of some Babesia species''. ; Ann N Y Acad Sci. 2006 Oct; 1081:509-17 ([http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17135560 résumé])</ref>.
 
==Agent pathogène==
== Épidémiologie ==
 
Il a été découvert en [[1935]] en [[Algérie]], par A. Donatien et F. Lestoquard dans le sang de chiens de l'[[Institut Pasteur d'Alger]]. Il a d'abord été baptisé [[Rickettsia canis]]<ref>DAY M.J. Mechanisms of immunomodulation by ticks and tick-borne infectious agents. Proceeding Colloque Mérial Amsterdam Mars 2001. Maladies transmises par les tiques aux animaux</ref>. Ces deux auteurs ont deux ans plus tard (en 1937) <ref>Donatien A. et Lestoquard F. ; ''État actuel des connaissances sur les Rickettsioses animales''. Arch. Inst. Pasteur d’Algérie. [[1937]]. 15 : 142-187.</ref>démontré que cet agent été inoculé aux chiens par la tique ''Rhipicephalus sanguineus'' et que la bactérie infectait également des tiques et des chiens en France (à Montpellier et Marseille, mais on montrera ensuite que la bactérie est présente tout autour de la Méditerranée et dans le monde entier, en Afrique, Inde, Moyen-Orient, Etats-Unis, Antilles dès 1938).
[[Image:Babesia LifeCycle(French version).GIF|thumb|550px|center|Cycle biologique de ''Babesia'',<br />protozoaire responsable de la babésiose]]
La rickettsiose canine comme d'autres rickettsioses ont ensuite été rebaptisées en [[ehrlichioses]] (nom rendant hommage au savant allemand [[Ehrlich]]).
 
L'ehrlichiose canine suscite un regain d'intérêt [[écoépidémiologique]] et de la part des militaires après qu'en [[1968]], une [[épidémie]] ait décimé les [[chenil]]s et chiens de l'[[US Army]] durant la [[Guerre du Viêt Nam|guerre de Vietnam]] (106). La forme clinique fulgurante observée au Vietnam fut nommée « [[pancytopénie tropicale canine]] »<ref>Nims RM. Ferguson JA. ; ''Epizootiology of Tropical Canine Pancytopenia in Southeast Asia''. J. Am. Vet. Med. Assoc. [[1971]]. 158 : 53-63.</ref>.
=== Maladie émergente ===
 
Il s'agit d'une petite bactérie [[Gram négatif]], intracellulaire obligatoire : ''([[Ehrlichia canis]])'', qui infecte préférentiellement ([[tropisme]] préférentiel), ''in vivo'', les [[monocyte]]s et les [[macrophage]]s des chiens qui l'ont acquises (par inoculations par une tique).
La babésiose est une maladie transmise par un « vecteur » : habituellement il s'agit d'un [[arthropode]] acarien ; une [[tique]] (remarque : Il existe de nombreuses espèces de tiques et toutes ne semblent pas susceptibles de transporter ce parasite. L'espèce porteuse peut changer selon la région).
<br />Les progrès de la [[Biologie Cellulaire]] et [[Biologie moléculaire|Moléculaire]] ont récemment mis en évidences de multiples souches de cette bactérie dont la pathogénie devrait être bientôt mieux explorée et comprise.
<br />Cette [[ehrlichiose]] est dite ''« monocytique »'', car les [[monocyte]]s (et les [[macrophage]]s) des malades sont sa cible, et présentent en vue au microscope des ''[[morulae]]'' (sortes de minuscules kystes contenant jusqu'à plusieurs dizaines de bactéries agglomérées et ainsi protégées du système immunitaire)
 
Suite à une révision récente de la classification, la tribu des Ehrlichieae a quitté la famille des Rickettsiaceae mais en reste très proche.
Comme la [[maladie de Lyme]], en raison probablement de [[déséquilibres écologiques]], [[équilibre sylvocynégétique|sylvo-cynégétiques]] et [[climatique]]s ayant favorisé des pullulations de [[tique]]s (avec remontée en altitude et vers le nord de l'aire de répartition de ces parasites, en partie grâce au [[réchauffement climatique]], cette maladie est considérée comme [[maladie émergente]]<ref>Genchi C., ''Human babesiosis, an emerging zoonosis'' ; Parassitologia. 2007 May; 49 Suppl 1:29-31 ([http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15787198 résumé])</ref>, notamment en [[Europe]]<ref>Gray JS, ''Babesia sp.: emerging intracellular parasites in Europe''. Pol J Microbiol. 2004; 53 Suppl:55-60 ([http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15787198 résumé])</ref>, dont en zone de [[montagne]] ([[Suisse]] par exemple<ref name=Suisse2006>Casati S, Sager H, Gern L, Piffaretti JC., ''Presence of potentially pathogenic Babesia sp. for human in Ixodes ricinus in Switzerland.'' Ann Agric Environ Med. 2006; 13(1):65-70 ([http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16841874 résumé])</ref>, où de plus, des [[coinfection]]s sont détectées (publication 2006<ref name=Suisse2006/>) avec ''[[Borrelia|B. sp. EU1-Borrelia burgdorferi sensu stricto]]''<ref name=Suisse2006/> et d'autres [[Babesia|Babesia sp. EU1-B. afzelii]]<ref name=Suisse2006/>), ou encore avec des ''[[Ehrlichia]]s'' (responsable de l'[[ehrlichiose]]<ref>Hunfeld KP, Hildebrandt A, Gray JS (2008). "Babesiosis: Recent insights into an ancient disease". Int J Parasitol 38 (11): 1219–37. DOI:10.1016/j.ijpara.2008.03.001. PMID 18440005</ref>).
(Les Ehrlichia sont encore souvent nommées « rickettsies » au sens large du terme).
La tribu est maintenant partagée en 4 groupes génomiques et les Ehrlichia ont été rapprochées (suites aux études génomiques) des [[Wolbachia]] (seules bactéries connues comme capables de modifier le [[génome]] de cellules [[eucaryote]]s) et des [[Anaplasma]].
 
==Espèces touchées==
=== Maladie mal connue ===
De nombreuses espèces de canidés semblent accidentellement infectées, d'autres l'étant plus souvent et/ou jouant de manière plus ou moins asymptomatique un d'hôte-réservoir.
 
==Distribution==
Il existe plus d'une centaine de ''Babesias''. Seules quelques unes sont connues comme pouvant infecter l'être humain<ref name="Vannier 2012">Vannier E, Krause PJ, [http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMra1202018 ''Human babesiosis''], N Engl J Med, 2012;366:2397-2407</ref>. ''Babesia microti'' est la forme prédominante aux États-Unis et en Extrême-orient.
Cette maladie a été diagnostiquée dans de nombreuses régions du monde, dont aux [[États-Unis]], en [[Afrique]], en [[Asie du Sud]], en [[Inde]] et en [[Europe]], notamment en [[France]] où elle sévit dans le pourtour [[Méditerranée]]n
<br />Les cas européens sont essentiellement dus à ''Babesia divergens'' <ref> Gray JS., ''Identity of the causal agents of human babesiosis in Europ'' ; Int J Med Microbiol. 2006 May; 296 Suppl 40:131-6. Epub 2006 Mar 9 ([http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16524772 Résumé])</ref> et moindrement à ''Babesia duncani'' et ''Babesia venatorum'' ; formes plus rares, mais qui semblent en développement. Les [[épidémiologiste]]s connaissent encore mal l’[[incidence]] et la répartition mondiale des espèces de ''Babésia'', et les effets de la parasitose sur tous les hôtes victimes de ce protozoaire. De plus, dans les zones d’[[endémie]] de la [[malaria]], les ''Babesias'' peuvent être facilement confondus avec des ''[[Plasmodium]]s ''.
 
==Symptômes==
=== Difficulté du diagnostic ===
Les animaux peuvent paraître cliniquement sains ou présenter des signes cliniques d'autres ehrlichiose dont celle causée par ''[[Ehrlichia chaffeensis]]'' <ref>RIKIHISA (Y.) : ''Clinical and biological aspects of infection caused by Ehrlichia chaffeensis''. Microbes and Infection, 1999, 1, 367-376.</ref>.
 
La maladie se déclare le plus souvent en [[été]], période où les tiques [[vecteur (biologie)|vectrices]] sont les plus actives.
Notamment en raison de [[co-infection]]s possibles avec des [[borrélie]]s ou d'autres pathogènes, le diagnostic peut être compliqué et erroné ; <br />Ainsi, si on sait que la babésiose humaine est causée principalement par ''B. microti'' et ''B. divergens'', ces deux parasites protozoaires des globules rouges peuvent être transmis par la tique en même temps que des borrélies responsables de la maladie de Lyme. Dans une partie de l'aire de répartition de ces parasites, la tique [[Ixodes ricinus]] (aussi principal vecteur de la maladie de Lyme) peut être infectée par ces deux parasites, et les transmettre conjointement à l'Homme.
<br />De [[1991]] à [[2005]] la bactérie a été trouvée dans 75 [[département]]s français, sur 58 bovins, 2 hommes, 12 chevaux, 2 ongulés sauvages. Les symptômes étant peu spécifiques, la maladie est difficile à identifier.
* '''[[Canidé]]s''' : Les chiens victimes de l'[[ehrlichiose canine]] sont [[asthénie|fatigué]]s, fiévreux et montrent des signes de douleurs articulaires ou parfois [[vomissement|vomissent]]. ''[[Ehrlichia canis]]'' était supposée toujours être la bactérie responsable et on la pensait vectorisée par la tique ''[[Rhipicephalus sanguineus]]'', mais quelques études ont montré (par PCR ou immunofluorescence) qu' ''Ehrlichia chaffeensis'' infectait des chiots ou chiens aux USA comme en Afrique du Sud. <br />Les canidés sauvages y sont également sensibles (71 % des Coyotes en [[Oklahoma]] selon les test PCR hébergent ou ont hébergé ''Ehrlichia chaffeensis'' !). <br />Après inoculation expérimentale d'un chiot, le germe est visible (et peut être isolé) entre le 7ème et le 26ème jour suivant l’inoculation. <br />Une infection du chien par ''Ehrlichia chaffeensis'' ne protège pas contre une infection (expérimentale, 28 jours après) par ''[[Ehrlichia canis]]''. <br />Les tiques étant souvent porteurs de plusieurs souches ou espèces différentes de pathogènes, il n'est pas étonnant que des chiens soient souvent co-ïnfectés par ''Ehrlichia chaffeensis'' et par'' Ehrlichia canis ''ou'' Ehrlichia ewingii ''ou '' Anaplasma phagocytophilum'' et/ou par d'autres maladies à tiques (dont [[bartonellose]]s). L'enlèvement des tiques au retour de chaque promenade est recommandé, ainsi qu'un [[acaricide|traitement anti-parasitaire]] préventif (mais au risque de sélectionner des tiques résistantes). Certains chiens après guérison apparente ou une période asymptomatique restent porteur de la bactérie dans leur sang, ne présentant des symptômes qu'après plusieurs mois ou années. La forme chronique de cette maladie est généralement mortelle. Les symptômes habituels sont accompagnés d'un ammaigrissement, d'une grande fatigue, de douleurs articulaires et plus rarement de saignements de nez. Une [[analyse sanguine]] montre alors diverses anomalies : [[anémie aregénérative]] (dans 80 % des cas environ), thrombocytopénie (80 % des cas environ), Leucopénie (30 % environ des cas), [[Lymphocytose]] évoluant en [[leucémie lymphocytaire]] ; la chute du taux de [[cellules sanguines]] ([[pancytopénie]]) signe une progressive destruction de la [[moelle osseuse]]. Des [[antibiotique]]s appropriés sont efficaces, sauf quand la maladie est devenue chronique. Un suivi [[épidémiologique]] se dessine en France ([http://www.bvt.fr/francais/speedehrli.htm|Voir exemple de carte pour le chien]).
 
Quelques cas d'ehrlichiose féline ont été observés, supposés en Europe transmis par les mêmes tiques que pour le chien (''Rhipicephalus sanguineus'' ou ''Ixodes ricinus'').
Les manifestations cliniques varient beaucoup, allant d'une infection [[asymptomatique]] à une maladie se développant rapidement et mortelle. Le diagnostic de la babésiose devrait toujours inclure l'examen de [[Frottis sanguin]], des [[tests sérologiques]] et [[immunologique]]s. Le développement de la [[PCR]] a amélioré la sensibilité et la fiabilité de la détection, mais ces tests ne sont pas toujours pratiqués, et le sont rarement dans les régions pauvres du monde. <br />Une co-infection est également possible avec plusieurs espèces de ''babesia''<ref>Cichocka A, Skotarczak B., Babesosis difficulty of diagnosis ; Wiad Parazytol. 2001; 47(3):527-33 ([http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16894770 résumé]) </ref>. Une sous-estimation du nombre de cas est donc possible. De plus, des variants nouveaux ont encore été récemment découverts et d'autres sont encore susceptibles de l'être.
 
=== Vecteurs =Diagnostic==
L’isolement via des cultures cellulaires est réservé à la recherche et non utilisé par le diagnostic de routine.
 
En phase aiguë :
L'espèce de tique vectrice peut différer selon les régions. Mais localement, elle semble être relativement spécifique (au sein du groupe des tiques) ; Par exemple au [[Japon]], parmi d'autres espèces, ''[[Ixodes ovatus]]'' semble être la principale espèces de tiques porteuses de [[babesia]] (l'autre étant ''[[Ixodes persulcatus|I. persulcatus]]'')<ref>Zamoto-Niikura A, Tsuji M, Qiang W, Nakao M, Hirata H, Ishihara C., ''Detection of two zoonotic Babesia microti lineages, the Hobetsu and U.S. lineages, in two sympatric tick species, ixodes ovatus and Ixodes persulcatus, respectively, in Japan''. ; Appl Environ Microbiol. 2012 May;78(9):3424-30. Epub 2012 Mar 2 ([http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22389378 résumé])</ref>. <br />Comme dans le cas des [[borrélie]]s responsables de la [[maladie de Lyme]], les ''[[Babesia]]'' sont retrouvées dans la [[salive]] et les [[glandes salivaires]] de la tique vectrice ''I ovatus''<ref>Yano Y, Saito-Ito A, Anchalee D, Takada N., ''Japanese Babesia microti cytologically detected in salivary glands of naturally infected tick Ixodes ovatus'' ; Microbiol Immunol. 2005; 49(10):891-7 ([résumé])</ref>, ce qui explique aussi les co-infections, ces deux parasites pouvant peut-être dans ce cas profiter l'un de l'autre (par exemple en affaiblissant l'[[système immunitaire|immunité]] de l'hôte au moment de l'infection.
* Détection au [[microscope (instrument)|microscope]] de ''morulae'' dans les monocytes (après coconcentration et coloration au May-Grümwald-Giemsa)<ref>Elias E. ''Diagnosis of ehrlichiosis from the presence of inclusion bodies or morulae of E. canis''. J. Small Anim. Pract. [[1991]]. 33 : 540-543.</ref>. Des ''« faux-négatifs »'' sont possibles car les ''morulae'' ne sont que temporairement présentes, et toujours en faible nombre.
* recherche d'anticorps anti-''Ehrlichia canis'' par [[immunofluorescence]].
* Des techniques immuno-enzymatiques,où les [[antigène]]s sont des [[protéine]]s de surface obtenues par [[recombinaison]], sont en développement, pour mieux différencier les infections.
* Le modèle animal montre aussi qu'inversement, un organisme infecté de longue date peut être séropositif mais induire un résultat de [[Réaction en chaîne par polymérase|PCR]] négatif. La PCR peut être faite en deux temps (PCR emboîtée ou nested PCR). La RT-PCR (reverse transcription PCR), qui amplifie l'ARN des échantillons, est plus sensible que la PCR emboîtée et présente un autre avantage : ne détectant que l'ARN, bien plus labile que l'ADN, elle ne réagit probablement qu'aux bactéries viables ce qui peut apporter des informations utiles au vétérinaire après un traitement.
 
==Classification==
=== Transmission et contamination ===
Différentes souches de cette bactérie ont été identifiées depuis les années [[1990]]
Deux modes de contamination sont connus :
 
En [[2001]], une réorganisation de l'ordre des [[Rickettsiales]]<ref>Dumler (J.S.), Barbet (A.F.), Bekker (C.P.J.), Dasch (G.A.), Palmer (G.H.), RAY (S.C.), Rikihisa (Y.) et Rurangirwa (F.R.) : Reorganization of genera in the families Rickettsiaceae and Anaplasmataceae in the order Rickettsiales: unification of some species of Ehrlichia with Anaplasma, Cowdria with Ehrlichia and Ehrlichia with Neorickettsia, description of six new species combinations and designation of Ehrlichia equi and 'HGE agent' as subjective synonyms of Ehrlichia phagocytophila. Int. J. Syst. Evol. Microbiol. 2001, 51, 2145-2165. ; article de Dumler et al. à propos de la réorganisation de l'ordre des Rickettsiales par analyse de leurs ARNr 16S, et opérons groESL et l'analyse des gènes codant des protéines de surface</ref> a conduit Dumler et son équipe à supprimer la tribu des [[Ehrlichieae]], à reclasser le genre ''[[Ehrlichia]]'' dans la famille des ''[[Anaplasmataceae]]'' et à modifier la description du genre ''Ehrlichia'' (maintenant réduit aux seules espèces du groupe [[génomique]] I).
# La babesiose semble toujours (ou très majoritairement ?) transmise par une [[tique]]. (''Babesia microti'' peut utiliser la même tique vectrice, que la [[Borréliose|maladie de Lyme]] ''[[Ixodes scapularis]]'', avec co-infections possibles, qui peuvent compliquer le diagnostic. Dans les zones d’endémie de babésiose, le parasite peut aussi être transmis par [[transfusion sanguine]]. On l'observe surtout en milieu rural pendant l'été.
# Une contamination par [[transfusion sanguine]] est également possible<ref>Gubernot DM, Nakhasi HL, Mied PA, Asher DM, Epstein JS, Kumar S, [http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1537-2995.2009.02429.x/abstract ''Transfusion-transmitted babesiosis in the United States: summary of a workshop''], Transfusion, 2009;49:2759-2771</ref>.
 
==Traitements==
== Physiopathologie ==
Pour les souches étudiées in vitro :
Le parasite ''Babesia'' se reproduit dans les [[Hématie|globules rouges]] où on peut le voir avec des inclusions en forme de croix (4[[mérozoïte]]s non différenciés sexuellement mais attachés ensemble et formant une structure semblable à une '' [[croix de Malte]] '' et provoquant une [[anémie hémolytique]] tout à fait semblable à celle de la malaria.
* la [[doxycycline]] est le traitement le plus fréquent chez le chien (comme chez l'homme). Comme la [[rifampicine]] c'est un médicament rapidement actif.
* le [[chloramphénicol]], la [[ciprofloxacine]], l'[[érythromycine]], la [[pénicilline]], la [[gentamicine]] et l'association [[triméthoprime]]-[[sulfaméthoxazole]] ([[co-trimoxazole]]) sont au contraire inactifs.
 
Le chien, après et malgré un traitement à la doxycycline, bien qu'apparemment guéri peut rester porteur de ''Ehrlichia canis'' et donc contaminer des tiques qui pourront véhiculer la maladie.
Au contraire du ''[[Plasmodium]]'', le parasite qui provoque la malaria, les espèces de ''Babesia'' n’ont pas de phase exo-érythrocytaire, aussi le foie n’est-il, habituellement, pas atteint.
 
==Mesures prophylaxiques et de précaution==
== Diagnostic ==
* Il n’existe pas de [[vaccin]] contre ''Ehrlichia chaffeensis''
* Les conseils prophylactiques sont de limiter l'exposition des chiens aux tiques et de ne pas favoriser le développement des tiques dans le milieu forestier ou périforestier, ou dans l'environnement du chien ([[chenil]] en particulier).
 
==Épidémiologie, écoépidémiologie==
[[Image:Babiesa spp.jpg|thumb|250px|right|Vue au microscope de ''Babesia'' à l'intérieur des globules rouges]]
 
==Cultures==
L’infection parasitaire par le Babésia peut être asymptomatique ou se manifester par des symptômes discrets et non spécifiques (fièvre, sueurs, frissons survenant une à quatre semaines après la piqûre du tique) et beaucoup d'infections ne sont pas répertoriées comme babésiose. Beaucoup de cas, parmi ceux qui sont diagnostiqués, surviennent chez les très jeunes enfants, les personnes très âgées ou les patients en mauvais état général (comme les [[immunodépression|immunodéprimés]]). Certains cas sont identifiés chez des patients qui sont atteints d’une autre maladie transmise par les tiques, lorsqu’on recherche la babésiose au cours d'un bilan systématique. L'infection peut se manifester par une fatigue prolongée pendant plusieurs mois<ref name="Vannier 2012"/>. Les symptômes sont habituellement peu sévère chez la personne saine. Les formes graves peuvent se compliquer d'un [[syndrome de détresse respiratoire aiguë]] ou d'une [[Coagulation intravasculaire disséminée]].
la mise en culture est notamment possible sur des lignées de macrophages de chiens (cellules DH82) .
 
La babésiose peut être diagnostiquée à l'examen direct du sang (voir la photo), par la [[sérologie]], ou par les tests basés sur la [[Réaction en chaîne par polymérase|PCR]]. Les examens de laboratoire montrent également une diminution du nombre de [[Érythrocyte|globules rouges]] ([[anémie]]) et de [[Thrombocyte|plaquettes]] à la [[Hémogramme|numération formule sanguine]]. L'anémie est de type [[anémie hémolytique|hémolytique]] avec augmentation du taux des [[réticulocyte]]s et diminution du taux sanguin d'[[haptoglobine]].
==Critères bactériologiques==
 
''Ehrlichia canis'' présente des caractères bactériologiques proches de ceux des autres bactéries du genre Ehrlichia<ref>Brouqui (P.) Ehrlichia. In : J. Freney, F. Renaud, W. Hansen et C. Bollet : Précis de Bactériologie Clinique, Editions ESKA, Paris, 2000, pp. 1651-1662.</ref>.
La recherche de l'ADN parasitaire [[réaction en chaîne par polymérase]] est possible<ref>Teal AE, Habura A, Ennis J, Keithly JS, Madison-Antenucci S, [http://jcm.asm.org/content/50/3/903 ''A new real-time PCR assay for improved detection of the parasite Babesia microti''], J Clin Microbiol, 2012;50:903-908</ref>. Le dosage des [[anticorps]] dirigés contre les babésias peut être également fait par technique d'[[immunofluorescence]]<ref>Krause PJ, Ryan R, Telford S III, Persing D, Spielman A, [http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC229174/?tool=pubmed ''Efficacy of immunoglobulin M serodiagnostic test for rapid diagnosis of acute babesiosis''], J Clin Microbiol, 1996;34:2014-2016</ref>.
 
Des co-infections avec d'autres maladies à tiques semblent fréquentes. Elles peuvent compliquer le diagnostic et également compliquer et/ou aggraver les symptômes<ref>Krause PJ, Telford IIISR, Spielman A, Sikand V, Ryan R, Christianson D, et al. Concurrent Lyme disease and babesiosis evidence for increased severity and duration of illness. JAMA. 1996 ; 275 : 1657-60.</ref>.
 
== Traitement ==
 
La plupart des cas de babésiose guérissent sans traitement spécifique sauf certains patients, dont les porteurs d'une [[splénectomie]], chez qui l'affection peut être grave.
 
Pour les patients malades, le traitement comporte habituellement l’association de deux molécules :
 
*le traitement traditionnel par la [[quinine]] et la [[clindamycine]] est souvent mal toléré ;
*une association de [[atovaquone]] et d’[[azithromycine]] peut être également efficace<ref name=Krause>{{cite journal | author = Krause P, Lepore T, Sikand V, Gadbaw J, Burke G, Telford S, Brassard P, Pearl D, Azlanzadeh J, Christianson D, McGrath D, Spielman A | title = Atovaquone and azithromycin for the treatment of babesiosis | journal = N Engl J Med | volume = 343 | issue = 20 | pages = 1454-8 | year = 2000 | id = PMID 11078770}}</ref>.
 
La babésiose est une [[maladie à déclaration obligatoire]] au Québec.
 
== Prévention ==
 
Après une [[splénectomie]], il est indispensable de prévenir le patient des risques encourus en cas de piqûre de tique. Si le patient y était malgré tout exposé, il faut retirer immédiatement la tique pour réduire la circulation des parasites.
 
==Voir aussi==
== Notes et références ==
===Articles connexes===
<div style='-moz-column-count:3; -moz-column-gap:10px;'>
* [[Tique]]
* [[Chien]]
* [[Maladies à tique]]
* [[Maladies émergentes]]
</div>
 
===Liens externes===
{{Références}}
* [http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=288 L’Ehrlichiose monocytaire canine : étude experimentale d’une nouvelle souche d’Ehrlichia canis ; Thèse de Stéphanie Jouret pour le doctorat vétérinaire] ([[École nationale vétérinaire d'Alfort]], présentée devant la faculté de médecine de Créteil, [[2001]]
* [http://www.chu-rouen.fr/ssf/pathol/ehrlichiose.html Base de données sur l'Ehrlichiose] ([[Centre hospitalier universitaire|CHU]] Rouen, consulté 2009 03 15)
* [http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/ee/chaffeensis.html page spécifique d'une site consacré à la bactériologie]
 
===Bibliographie===
* http://www.dpd.cdc.gov/dpdx/HTML/Babesiosis.htm ([[Domaine public en droit de la propriété intellectuelle français|domaine public]]) source d'où provient la première version de cet article.
*breitschwerdt (E.B.), Hegarty (B.C.) et Hancock (S.I.) : Sequential evaluation of dogs naturally infected with Ehrlichia canis, Ehrlichia chaffeensis, Ehrlichia equi, Ehrlichia ewingii, or Bartonella vinsonii. J. Clin. Microbiol., 1998, 36, 2645-2651.
 
 
===Notes et références===
{{Palette Infections à protozoaires}}
<references />
{{Portail|microbiologie|médecine|hématologie}}
 
{{Portail|médecine|chiens}}
[[Catégorie:Infection parasitaire]]
[[Catégorie:Zoonose]]
[[Catégorie:Maladie infectieuse en hématologie]]
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