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<br />Une étude de l'évolution de la maladie a ensuite mis en évidence la fréquence d'un érythème migrant (EM), de symptômes neurologiques et d’autres complications, dont cardiaques. Ce caractère multisystémique a fait renommer la maladie « maladie de Lyme ». Mais on ne savait toujours pas comment soulager les jeunes victimes, et l’agent infectieux de cette maladie restait inconnu (virus ? bactérie ? parasite ?).
En réalité, deux des symptômes de cette maladie (dont l'un ne se manifeste jamais aux États-Unis) avait été décrits antérieurement en Europe du nordNord ;
* En [[1883]], un médecin allemand, [[Alfred Buchwald]], avait décrit (à [[Breslau]]) une autre anomalie de [[peau]], qui semble être ce qu'on nomme aujourd'hui l'[[acrodermatite chronique atrophiante]], mais Buchwald ne l'a pas relié à une piqure de tique, et ce symptôme n'était pas présent à Lyme.
* En [[1910]], Arvid Afzelius (dermatologue suédois) avait noté l'apparition d'une lésion [[dermatologie|dermatologique]] en forme d'anneau, suivant parfois une piqure de tique ''Ixodes''.
* En [[1922]], ce sont ensuite les médecins français Garin et Bujadoux qui ont décrit la maladie, à partir d'un symptôme de [[paralysie]] « ''plus ou moins grave, parfois mortelle, consécutive à la piqûre de tiques'' » (''[[Ixodes hexagonus]]'')<ref>MM. Ch. Garin et Bujadoux, ''Paralysie par les Tiques.'' in Le journal de médecine de Lyon [[1922]], 71, 765</ref>. Ces deux médecins pensaient qu'il s'agissait d'une maladie proche de celle décrite en Australie, en Colombie britannique, en Afrique du Sud, par Nuttal<ref>Nuttal, ''« Tick paralysis »'' ; in Man and animals Parasitology, vol. VII, n° 1, may 14, 1914, {{p.}}95</ref>, Hawden<ref>Hawden, ''« Tick paralysis » in Sheep and man following bites of Dermaceutor venustus''. Parasitology, vol. VI, 1913, {{p.}}283-297., avec bibliographie d'auteurs antérieurs à la page 297.</ref>, Strickland <ref>C. Strickland , ''Note on a case of Tick Paralysis in Australia''. Parasitology, vol. VII, {{p.}}379, 1915</ref>.. Les deux français l'attribuent alors à un « ''virus ''» qu'il faudrait rechercher non dans le sang mais dans les tissus nerveux.
 
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=== Les vecteurs ===
Les borrélies peuvent infecter de très nombreux hôtes animaux, mais comme pour toutes les zoonoses on suspecte l'existence d'[[espèces-réservoir]] prédominantes (par exemple la [[souris à pattes blanches]] pour ''B . burdorgferi'' en Amérique du nordNord). Ces espèces-réservoir peuvent être localement favorisées dans certaines conditions (nourriture abondante, disparition de leurs prédateurs naturels).
 
On a d'abord cru que les petits rongeurs et les cervidés étaient toujours les principaux vecteurs des tiques elles-mêmes vectrices de borrélies pathogènes. Cependant des analyses récentes<ref>Pichon B, Rogers M, Egan D, Gray J. (Université de Dublin) ''Blood-meal analysis for the identification of reservoir hosts of tick-borne pathogens in Ireland''; Vector Borne Zoonotic Dis. 2005 Summer;5(2):172-80 (PMID: 16011434) [http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16011434?dopt=Abstract Résumé (en Anglais)]</ref> (2004/2005) de restes de repas sanguin prélevés chez des nymphes de tiques en quête d'un nouveau repas ont montré - malgré les niveaux relativement bas de détection (49,4%, n = 322) - que les petits rongeurs ne sont pas toujours en cause. Cette étude a confirmé les résultats d'un précédent travail. Sur le territoire considéré (en Irlande), les rongeurs étaient peu importants en tant qu'hôtes de ''B. burgdorferi sl'' ; C'étaient dans ce cas des [[passereaux]] qui étaient les hôtes largement prédominants de la tiques ''Ixodes ricinus'' (Cet ordre regroupe environ la moitié des espèces d'oiseaux). Cette dernière était plus abondante que dans l'étude précédente, mais la prévalence de l'infection des nymphes de tiques par l'ensemble des souches de Borrélies (''Borrelia burgdorferi sl'') était la même (12,2 % des nymphes étaient infectées par au moins une espèces de borrélie), et la part relative des diverses espèces de borrélies (genospecies) était également similaire (''[[B. Garinii]]'' et ''[[B. valaisiana]]'' ont été les fréquemment trouvées, ''[[B. burgdorferi]] ss'' étant la moins fréquente, alors que ''[[B. afzelii]]'' était trouvée à une fréquence intermédiaire).
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[[Fichier:LymeDeseaseWisonsin.jpg|thumb|250px|Cas déclarés dans le Wisconsin, État frontalier et particulièrement giboyeux, comptant parmi les plus touchés aux États-Unis)]]
[[Fichier:LymeDeseaseUSA Age.jpg|thumb|250px|Nombre de cas par classe d'âge (États-Unis, moyenne pour 1992-2006) ; Les jeunes enfants sont sur-représentés, probablement en raison de leur comportement et de leurs habits]]
[[Fichier:LymeIllnessOnsetByMonth Cas par moisFL.jpg|thumb|250px|Le nombre de cas déclarés (ici aux USA, de 1992 à 2006 est bien plus élevé en été, et selon le CDC, durant la même période, plus de 65 % des patients avec érythème migrant ont vu leur maladie se déclarer en Juinjuin et Juilletjuillet, contre seulement 37 % des patients souffrant d'arthrite]]
 
'''Une transmission directe ''mère - enfant'' ''in utéro''''' est possible (mais non ''via'' l'[[allaitement]]) <ref>[http://www.lymeinfo.net/francais/Lyme_congenital.pdf Transmission des maladies vectorielles à tiques à l'enfant lors de la grossesse] sur http://www.lymeinfo.net</ref>.
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* du début du printemps à la fin de l'automne.
 
Le risque de contracter la maladie de Lyme doit être pris au sérieux pour toute promenade en forêt ou zone boisée en Amérique du nordNord-est ou de l'ouest, en Europe centrale et de l'Ouest (dont en [[Suisse]] en [[Belgique]] et en France ; tout particulièrement en [[Alsace]] ; région qui totaliserait selon l'[[INVS]] la moitié des cas français à elle seule) ; En France, la tique ''I. ricinus'', vectrice des borrélies est présente presque partout, hors littoral méditerranéen et au-dessus de {{formatnum:1000}}/{{unité|1200|mètres}}<ref>B. Gilot, B. Degeilh, J. Pichot, B. Doche et C. Guiguen. (1996). Prevalence of Borrelia burgdorferi (''sensu lato'') in ''Ixodes ricinus'' (L.) populations in France, according to a phytoecological zoning of the territory. In Eur. J. Epidemiol. 395-401, {{p.}}395-401.</ref>.
 
Il existe des activités à risque (une étude sérologique laisse penser que 15 % des chasseurs ont été en contact avec des borrélies. Les activités naturalistes et les promenades dans le sous-bois exposent à un risque plus élevé. La maladie de Lyme est, en tant que l'une des [[Spirochétoses (maladie professionnelle)]] considérée comme une [[maladie professionnelle]] pour certains métiers à risques tels que « forestier », [[bûcheron]], ...).
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* Des [[immunodépresseur]]s sont également injectés lors de la piqure, empêchant ou limitant, à ce stade, le phénomène inflammatoire<ref Name="pmid16698304"/>. Ainsi l'hôte ne ressentant pas de douleur (sauf s'il est devenu allergique à la salive de tique, suite à une sensibilisation permise par des piqures récurrentes) ne cherche pas à se débarrasser de la tique.
Ceci convient parfaitement aux borrélies qui déjouent ainsi plus facilement la réponse du système immunitaire ([[globules blancs]], [[anticorps]]...). Les borrélies ont en effet un mode de locomotion bien plus performant que celui de nos cellules immunitaires, à condition d'être dans un milieu ayant la consistance d'un gel et non de l'eau, consistance qui est celle du liquide synovial, des humeurs vitreuses (yeux) ou qu'on trouve dans les [[fibroblaste]]s, [[cellules adipeuses]], [[cellules gliales]], [[cartilage]]s que les borrélies infectent le plus facilement (elles sont peut-être aussi présentes dans les cellules osseuses). Des indices d’[[immunodépression]] induite par les borrélies à d'autres stades de développement de la maladie existent<ref Name="pmid16698304"/>, mais restent à confirmer ou à mieux expliquer.
* Au stade suivant, l'inflammation apparait (manifestée par l'érythème), mais les globules blancs ne semblent toujours pas capables de capturer les borrélies, ce qui facilite l'infection (inversement, accroître le recrutement des neutrophiles vers le point d'infection diminue cette dernière <ref name="pmid17404293"> Xu Q, Seemanapalli SV, Reif KE, Brown CR, Liang FT ; ''Increasing the recruitment of neutrophils to the site of infection dramatically attenuates ''Borrelia burgdorferi'' infectivity'' ; journal: J. Immunol. ; volume=178 ; issue=8 ; pages=5109–15 ; Avril 2007 ; pmid:17404293 ; [http://www.jimmunol.org/cgi/pmidlookup?view=long&pmid=17404293 Voir]</ref>.
* On a montré chez la souris de laboratoire, que ''B. burgdorferi'' alors qu'il est encore dans la tique, et que cette dernière commence à se nourrir du sang de son hôte, est capable de fixer sur sa propre enveloppe des protéases ([[plasmine]]) de son futur hôte <ref name="pmid9215633"> Coleman JL, Gebbia JA, Piesman J, Degen JL, Bugge TH, Benach JL ; ''Plasminogen is required for efficient dissemination of ''B. burgdorferi'' in ticks and for enhancement of spirochetemia in mice '' Cell (journal) ; volume = 89 ; issue = 7 ; pages 1111-9 ; Juinjuin 1997 ; PMID:9215633 [http://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0092-8674(00)80298-6) DOI)</ref> Le rôle de l'[[activateur tissulaire du plasminogène]] de l'hôte a été étudiée grâce à une souche de souris ne produisant pas de plasminogène (Plg). Le Plg n'a pas été détecté sur les borrélies provenant de tiques non nourries, mais est présent sur les tiques qui se sont nourries du sang de leur hôte. L'activateur du plasminogène provient du sang aspiré par la tique dans l'hôte. Sans Plg, '' B. Burdorgferi'' semble incapable de diffuser efficacement dans la tique (et secondairement d'augmenter le nombre de spirochètes pouvant infectant l'hôte, une souris ici), mais ce Plg ne semble pas critique pour la transmission et l'infection à l'hôte. Ces borrélies sont donc capables d'utiliser une [[protéase]] empruntée à un vertébré pour diffuser dans un vecteur invertébré (la tique), ce qui souligne une [[Interactions durables|interaction complexe]] et ancienne entre vecteur, agent pathogène et hôte dans le cycle de vie du pathogène.
 
En testant un vaccin ciblant la protéine de surface de ''B. burgdorferi'' OSP A (OSP signifiant « ''Outer Surface Protein'' » et A désignant cette protéine spécifique, étudiée par ailleurs<ref>D. Roessler, V. Vasiliu et B. Wilske ; [http://www.sciencedirect.com/science?_ob=ArticleURL&_udi=B6T30-3W25BXD-12&_user=10&_coverDate=09%2F30%2F1996&_rdoc=1&_fmt=high&_orig=article&_cdi=4932&_sort=v&_docanchor=&view=c&_ct=109&_acct=C000050221&_version=1&_urlVersion=0&_userid=10&md5=f8aa7333dfad384b66bc3d0fe0bcba3a Development of OSPA type specific PCR for characterization of Borrelia burgdorferi sensu lato] ; Journal of Microbiological Methods ; Volume 27, Issue 1, Septembre 1996, Page 102 ; doi:10.1016/0167-7012(96)83751-1</ref>), on a remarqué que le vaccin ne protégeait les souris de l'infection que dans une courte fenêtre temporelle. La protéine OSP A était bien reconnue par les [[anticorps]] lorsque présentée par la surface externe de spirochètes présent dans l'intestin de nymphes de tiques non nourries. Mais inversement la majeure partie des borrélies présentes dans l'intestin et les glandes salivaires d'une tique alimentée n'attiraient pas ces mêmes anticorps. Ainsi, OSPA n'est pas immunologiquement exprimée (cachée ou non exprimée ?) sur l'enveloppe de la plupart des Spirochètes quand la tique commence à se nourrir, et donc lors de la transmission du vecteur à l'hôte vertébré. Des souris ont été immunisées par des anticorps ciblant l'OSPA à des moments différents par rapport à la piqure de tique. Lorsque l'anticorps anti-OSPA a été administré aux souris, avant ou au moment du repas de la tique, les anticorps présents dans le sang aspiré par la tique ont bloqué le développement des borrélies et l'invasion des glandes salivaires de la tique par ces dernières, et les souris ont été effectivement protégées de l'infection par B. burgdorferi. Mais quand l'anticorps anti-OSPA a été administré à des souris 48 heures après la morsure par la tique, les borrélies ont persisté et se sont développés dans les nymphes et les souris ont été infectées malgré les anticorps circulant dans leur sang, et présents dans le sang aspiré par la tique.
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* plus de {{formatnum:50000}} cas/an '''en Europe''', où il semble exister un gradient positif d’Ouest en Est. Le taux d'incidence y varie de moins de 5 pour {{formatnum:100000}} habitants (en Irlande) à 300 à 350 en Autriche (pays qui semble le plus touché). L'incidence est globalement croissante d'ouest en est, avec néanmoins des taches de forte endémie dans des régions par ailleurs épargnées.
* '''En [[France]]''', l'incidence moyenne était à la fin des années 1980 estimée à 16,5 cas pour {{formatnum:100000}} (Source : réseau de médecins sentinelles Dournon et coll.1989), avec des chiffres cités de 20 à 50 cas pour {{formatnum:100000}} habitants (ex. : en France, 40 cas pour {{formatnum:100000}} hbts ont été relevés vers 1990 dans le [[Berry]]-Sud<ref>F. CHRISTIANN, P. RAYET, 0. PATEY AND C. LAFAIX. (1996) Epidemiology of Lyme Disease in France - Lyme Borreliosis in the region of Berry Sud - A six year retrospective. In Europ. J. Epidemiol., {{p.}}479-483.</ref>). L'[[Institut Pasteur]] estime qu'il y a vers 2005 environ {{formatnum:10000}} nouveaux cas par an. L’Est et le centre sont les plus touchés, avec jusqu'à plus de 200 cas/{{formatnum:100000}} habitants en Alsace. Des études montrent que les tiques infectées sont largement répandues en Europe, sauf sur une petite bande de territoire en zone méditerranéenne et à partir d'une certaine altitude<ref name="Burri">Caroline Burri, Francisca Moran Cadenas, Veronique Douet, Jacqueline Moret, Lise Gern. ''Ixodes ricinus Density And Infection Prevalence of Borrelia burgdorferi Sensu Lato Along A North-Facing Altitudinal Gradient in The Rhône Valley (Switzerland)'' Vector-Borne and Zoonotic Diseases. Spring 2007, 7(1): 50-58. doi:10.1089/vbz.2006.0569 ([http://www.liebertonline.com/doi/abs/10.1089/vbz.2006.0569 Article OnLine])</ref>.
* '''En [[Belgique]], ''' on décrit plus de 500 nouveaux cas de borréliose caractérisée chaque année (Godfroid et al., 1995).
* '''En [[Suisse]]''' francophone, de 1996 à 1997, on estimait que neuf personnes étaient malades pour {{formatnum:100000}} personnes dans le canton du Valais, et de 95 personnes sur {{formatnum:100000}} pour le canton de Neuchâtel.<ref>Nahimana I, Gern L, Peter O, Praz G, Moosmann Y, Francioli P. Epidemiology of Lyme borreliosis in Frenchspeaking Switzerland. Schweiz Med Wochenschr 2000; 130:1456-61</ref> En 1991 la séroprévalence était de 3,9 à 6% de la population suisse (pour les IgG)<ref>Fahrer H, van der Linden SM, Sauvain MJ, Gern L, Zhioua E,Aeschlimann A.The prevalence and incidence of clinical and asymptomatic Lyme borreliosis in a population at risk. J Infect Dis 1991 ;163:305-10.</ref>. <br />Au début des années 1990, 10,7% des donneurs de sang présentaient des anticorps de type IgG et 4,1% présentaient des anticorps de type IgA.5 et chez les forestiers cette séroprévalence peut s’élever à 35% (avec seulement 3,5% présentant des symptômes cliniques dans les 10 ans suivants)<ref>Zhioua E, Gern L, Aeschlimann A, Sauvain MJ,Van der LS, Fahrer H. Longitudinal study of Lyme borreliosis in a high risk population in Switzerland. Parasite 1998;5:383-6.</ref>. <br /> En Suisse toujours, à la fin du XXème siècle{{s-|XX|e}}, 209 à 285 cas d’érythème migrant étaient annuellement signalés à l’[[Office fédéral de la santé publique]] (OFSP), mais la déclaration obligatoire a été à cette époque supprimée.
* Aux [[États-Unis]], selon les [[CDC]], sur 14 ans (de [[1992]] à [[2006]]), {{formatnum:248074}} cas de maladie de Lyme ont fait l'objet d'un signalement volontaire, rapporté à la CDC par les services de santé des 50 États du pays. L'augmentation annuelle pour ces 14 années a été de 101% (de {{formatnum:9908}} cas en 1992 à {{formatnum:19931}} cas en 2006). La maladie de Lyme est ainsi devenue la maladie infectieuse transmise par un vecteur la plus fréquemment rapportés aux États-Unis.<br />93% des cas viennent de 10 EtatsÉtats ([[Connecticut]], [[Delaware]], [[Massachusetts]], [[Maryland]], [[Minnesota]], [[New Jersey]], [[New York]], [[Pennsylvanie]], [[Rhode Island]] et le [[Wisconsin]]). L'incidence était plus élevée dans le nord-est et centre-nord du pays, et chez les enfants de 5 ans à 14 ans. 53% de tous les cas ont concerné des hommes. Seulement un peu plus de 65% des patients atteints de la maladie ont eu un érythème migrant, généralement apparu entre juin et juillet, et 37% des patients repérés ont déclaré une Arthrite de Lyme. Le nombre d'enfants et de jeunes hommes atteint par la maladie augmente proportionnellement plus vite que le nombre de malades des autres groupes. Pour cette période (1992→2006), le [[CDC]] dispose d'information sur l'origine ethnique de 70.0% des cas rapportés ({{formatnum:166194}} patients) : 94,1% d'entre eux (soit {{formatnum:156346}} personnes) étaient identifiés comme blancs, contre seulement 1,7% ({{formatnum:2765}} personnes) comme noirs et 0,8 %({{formatnum:1299}} personnes ) comme asiatiques ou habitant des îles du Pacifique et 0,3% (452 personnes) comme amérindiens natifs (en Alaska) ; les populations blanches semblent largement plus touchées que les autres, peut-être pour partie en raison d'un accès plus fréquent aux forêts giboyeuses riches en tiques, et en raison d'une probable meilleur accès au soin et à la détection. <br />Quelques erreurs de diagnostic sont possibles dans le sud-est du pays où des morsures de tiques sont souvent suivi d'un rash qui évoque l'érythème de la maladie de Lyme, mais qui n'est pas causé par ''B. burgdorferi''<ref>Steere AC, Taylor E, McHugh GL, Logigian EL. ''The overdiagnosis of Lyme disease''. JAMA 1993;269:1812--6.</ref>. <br /> Durant ces 14 ans d'observation, les symptômes rapportés chez les moins de 20 ans variaient fortement selon l'âge ; Aux États-Unis, les de 10-14 ans représentaient le plus faible pourcentage d'érythème migrant (58,2% seulement en déclarent), mais le pourcentage le plus élevé d'arthrite (38,7%).
* Facteur d'[[altitude]] et de [[latitude]] : Dans les zones polaires les tiques disparaissent, ou si elles y sont provisoirement apportées par des oiseaux, elles y meurent sans pouvoir se reproduire. Dans les zones arides, certaines espèces survivent autour de points d'eau ou surtout dans les [[terrier]]s. <br />Le facteur d'altitude est plus complexe<ref name="Burri"/> : La limite d’altitude au-delà de laquelle la tique n’est plus présente varie fortement selon les caractéristiques [[biogéographique]]s du territoire considéré : par exemple ''[[I. ricinus]]'' ne se rencontre plus au-dessus de {{unité|600 |m}} en Écosse <ref>Elston, D.A., Moss, R., Boulinier, T., Arrowsmith, C. et Lambin, X. (2001). ''Analysis of aggregation, a worked example: numbers of ticks on red grouse chicks''. Parasitology 122, 563-569.</ref>, mais est trouvée en France au-delà de 1300-1500 m dans des zones bien plus hautes et froides, mais aussi plus densément boisées (et semble -t-il jusqu'à au moins {{unité|1700 |m}} dans les Pyrénées <ref>Pérez-Eid, C. (2007). Les tiques. Identification, biologie, importance médicale et vétérinaire, Paris: Lavoisier, 314 p.</ref>), et en Italie, au-delà de {{unité|1300 |m}} (Rizzoli et al., 2002). Le réchauffement climatique semble permettre aux tiques et aux micropathogènes qu'elles véhiculent de remonter vers les pôles et en montagne en altitude.
 
== Les borrélies peuvent déjouer le système immunitaire ==
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Souvent, la piqûre est ancienne et oubliée, ou n'a même pas été consciemment perçue par le patient. Le diagnostic est alors compliqué par différents facteurs :
* les tests sont d'interprétation parfois difficile (faux négatifs au début et/ou faux positifs en cas d'infection par d'autres spirochètes).
* la maladie peut se déclarer ou réapparaître longtemps (parfois plusieurs semaines, mois ou années<ref name="Kufko">Kufko IT; et al. ; 1999 Comparative study of results of serological diagnosis of Lyme borreliosis by indirect immunofluorescence and immunoenzyme analysis ; Klin Lab Diagn, 3:34-7</ref> après la morsure par une tique) et beaucoup de malades ont oublié ou ne se sont pas aperçu qu'ils avaient été piqués <ref>Steere AC. Lyme disease. N Engl J Med 1989;321: 586-96.</ref>. Par exemple : sur 43 personnes vivant dans 12 communes contiguës du Connecticut ayant présenté un érythème migrant ou une arthrite de Lyme, ou les deux, en été ou automne [[1977]], 9 seulement (21%) se souvenaient d'avoir été mordues par une tique au point de lésion initial de la peau (3 à 20 jours avant les symptômes, 12 en moyenne), et un seul patient avait pu identifier la tique (qui était ''Ixodes scapularis''). Par rapport à 64 de leurs voisins, ces patients étaient néanmoins plus nombreux à posséder des chats et animaux de ferme, et à signaler des morsures de tiques sur eux-mêmes ou sur les animaux proches d'eux. L'incidence de la maladie cette année-là (1977) était de 2,8 cas pour 1 000{{formatnum:1000}} habitants dans 3 communes situées à l'est de la rivière Connecticut, soit 30 fois plus que les 0,1 cas pour 1 000{{formatnum:1000}} habitants observés dans les 9 communes de la rive ouest, où les tiques étaient moins présentes <ref>Steere AC, Broderick TF, Malawista SE. ''Erythema chronicum migrans and Lyme arthritis: epidemiologic evidence for a tick vector''. Am J Epidemiol. 1978 Oct; 108 (4): 312-321 ([http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/727200?dopt=Abstract Résumé])</ref>. Dans un cas, 60 % des malades ne se souvenaient pas avoir été piqués <ref>Dournon E, Assous M, Candalot B. ''La maladie de Lyme'', In : Encycl Med Chir. (Paris, France), C.P. Hématologie-Infections, 2682, 4.11.12, 4p</ref>. En Suisse, seuls 50 à 70% des patients atteints avaient le souvenir d'avoir été piqués<ref>Hengge UR, Tannapfel A, Tyring SK, Erbel R, Arendt G, Ruzicka T. Lyme borreliosis. Lancet Infect Dis 2003;3:489-500.</ref>.
* les symptômes peuvent être très atténués (il existe des cas de premier stade asymptomatique, que le consensus médical a d'abord recommandé de ne pas traiter).
* la maladie évolue différemment selon les individus, en stades qui peuvent se chevaucher et affecter en même temps, ou de manière successive, des organes différents <ref name="GuidelineSuisse2006">[http://www.sginf.ch/ssi-home/guidelines/documents/lymepaper-1f.pdf Guide "Borréliose de Lyme 1ère partie : épidémiologie et diagnostic"] Rev Med Suisse 2006 ; 2 : 919-24, partie 1 (voir page 1/6)</ref>.
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=== Diagnostic différentiel ===
'''Risques d'erreurs de diagnostic :''' Vu la grande diversité des symptômes, la maladie de Lyme peut conduire à de nombreux diagnostics erronés, comme : [[sclérose en plaques]] (une encéphalomyélite ou une myélite peuvent être confondues avec une sclérose en plaques ou bien une compression médullaire), [[lupus]], [[polyarthrite rhumatoïde]], [[fibromyalgie]], [[fatigue chronique]], [[dépression (médecine)|dépression]], [[maladie d'Alzheimer]], [[maladie de Parkinson]], [[autisme]] et bien d'autres. La différence étant souvent que les symptômes cèdent ici à l'antibiothérapie. De plus, il est arrivé que les tests classiques, faits à plusieurs reprises, ne détectent pas la bactérie chez certains patients.
 
'''Aide logicielle informatique :''' Depuis peu, un logiciel de [[diagnostic différentiel]] existe <ref>[http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16160260 Decision support for diagnosis of lyme disease], consulté 2008-10-03 (NIH , en Anglais)</ref>. Il aide à éviter de mauvais diagnostics tels que urticaire, Sclérose en plaques, Maladie de Parkinson, Sclérose latérale amyotrophique, Démence, dépression, crise de panique, psychose, désordres obsessionnels, épilepsie, attaque, anévrismes, lymphome (cutané bénin et malin) et d'autres confusions possibles sur de nombreux organes quand ils sont infectés par les borrélies.
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=== Infections asymptomatiques ===
Elles existent et sont quantitativement encore mal évaluées dans le monde<ref>Steere AC, Sikand VK, Schoen RT, Nowakowski J. ;''[http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12905137 Asymptomatic infection with Borrelia burgdorferi].'' ; Clin Infect Dis. 2003 Aug 15;37(4):528-32. Epub 2003 Jul 30 ; PMID:12905137</ref>. Elles semblent présenter des taux variant selon les types de borrélies et les zones biogéographiques considérées. Elles ont par exemple au début des années 2000 été détectées chez presque 7% des personnes apparemment non malades, mais sérologiquement démontrées infectées par ''[[B. burgdorgferi ss]]'' aux États-Unis<ref> Steere AC, Sikand VK, Schoen RT, Nowakowski J ''Infections asymptomatiques par Borrelia burgdorferi'' ; Journal = Clin. Infect. Dis. Vol 37, N° 4, pages 528-532 , 2003 ; PMID:12905137, DOI:10.1086/376914</ref>, mais le taux d'infection sans symptômes pourrait être bien plus élevé en Europe <ref>Fahrer H, Sauvain MJ, Zhioua E, Van Hoecke C, le Gern ''Longterm survey (7 years) in a population at risk for Lyme borreliosis: what happens to the seropositive individuals? '' (Étude à long terme, sur la séropositivité, conduite sur 7 ans, dans une population à risque de la borréliose de Lyme) ; Journal = Eur. J. Epidemiol ; volume 14, Issue 2, Pages 117-123 ; 1998 ; PMID:9556169 </ref>. On ne semble pas disposer d'évaluation précise pour les autres souches (européennes ou asiatiques) de borrélies, mais quelques indices montrent que le nombre de cas asymptomatiques pourrait être plus élevé qu'en Amérique du Nord. Par exemple, lors de l'étude (publiée en 2007) d'une récente épidémie de maladie de Lyme chez des ouvriers forestiers de [[Silésie]], 1/3 des cas sérologiquement prouvés étaient asymptomatiques (au moment de l'étude, des symptômes pouvant peut-être apparaître plus tardivement chez ces « ''malades ''»)<ref>Dobracki W, Dobracka B, Paczosa W, Zieba J, Bereś P. ; ''Epidemiology of borreliosis in workers of the district forestry offices in Lower Silesia'' ; Przegl Epidemiol. 2007;61(2):385-91. (article en polonais, avec [http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17956058?ordinalpos=2&itool=EntrezSystem2.PEntrez.Pubmed.Pubmed_ResultsPanel.Pubmed_DefaultReportPanel.Pubmed_RVDocSum résumé en anglais], consulté 2009 05 21)</ref>.
 
=== Stade 1 (ou ''« primaire »'') <br />- Infection initiale cutanée, localisée autour du point de morsure, avec possible stade primo-secondaire de début de diffusion systémique ===
Quand l'infection n'est pas totalement [[asymptomatique]], le signe le plus classique et précoce d'un début d'infection est une éruption inflammatoire cutanée (érythème), qui apparaît de 3 à 32 jours après la morsure d'une tique, et qui prend la forme d'une tache circulaire à ovale, rougeâtre de 1 ou {{unité|2 |cm}} (grandissant parfois ensuite jusqu'à plus de {{unité|10 |cm}} de diamètre). Cette tache est parfois chaude (Cf. [[inflammation]]), mais souvent indolore et non prurigineuse (pas de démangeaisons). Elle s'étend de façon [[wikt:centrifuge|centrifuge]], en pouvant parfois migrer pour former un anneau, qui entoure la tache centrale qui reste centrée sur le point de la piqûre de la tique (''érythème migrant'' ou ''EM'') <ref>Fauci, Anthony S. (2008). Harrison's Principles of Internal Medicine: Editors, Anthony S. Fauci ... [Et Al.]. McGraw-Hill Medical Publishing. chapitre 166 {{ISBN|0-07-159991-6}}.</ref>. Souvent, la partie centrale reste rouge ou foncée et devient plus indurée. Son bord externe reste également rouge, mais plus rarement, la portion de peau située entre le centre et le bord retrouve une couleur normale (dans 9% des cas). Parfois (notamment chez des personnes qui se font souvent piquer, et qui semblent développer des réactions allergiques), une nécrose centrale, ou une vésicule<ref>Smith RP, Schoen RT, Rahn DW, Sikand VK, Nowakowski J, Parenti DL, Holman MS, Persing DH, Steere AC (March 2002) ; ''[http://www.annals.org/cgi/reprint/136/6/421.pdf Clinical characteristics and treatment outcome of early Lyme disease in patients with microbiologically confirmed erythema migrans]''; Ann. Intern. Med. 136 (6): 421–428. PMID:11900494 (voir notamment la Fig 3)</ref> apparaît à l'emplacement de la morsure, éventuellement accompagnée d'un prurit intense pouvant persister plusieurs semaines à plusieurs mois, voire plusieurs années si la maladie n'a pas été soignée précocement. La piqûre est plus souvent, chez l'adulte notamment, située sur la moitié basse du corps.
 
En Europe où la maladie est plus souvent due à ''B. afzelii ''ou'' B. garinii'', l'inflammation est à ce stade généralement moins intense qu'en Amérique du Nord, et la croissance (migration) de l'érythème y est souvent plus lente. De même, selon la littérature, les patients ont souvent moins de symptômes systémiques<ref>Strle F, Nadelman RB, Cimperman J, Nowakowski J, Picken RN, Schwartz I, et al. Comparison of culture-confirmed erythema migrans caused by Borrelia burgdorferi sensu stricto in New York State and by Borrelia afzelii in Slovenia. Ann Intern Med. 1999;130:32-6. [PMID: 9890847]</ref>.
 
AÀ ce stade, une période de quelques heures de fièvre (souvent discrète, mais exceptionnellement importante) apparaît parfois, plus rarement accompagnée de maux de tête, d'une raideur de la nuque, d'[[arthralgie]], de [[myalgie]] ou fatigue, voire de symptômes neurologiques. Une arthralgie précoce peut apparaître après la piqûre avec des douleurs qui persistent de quelques heures à quelques jours sur une ou plusieurs articulations (dont souvent le genou).
 
Le diagnostic est facilité par l'[[érythème]] migrant, mais, chez 20 % des malades, cet érythème n'apparaît pas ou est très discret.
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Les causes de l'extension de la maladie ne sont probablement pas toutes connues.
 
Une maladie de Lyme peut aussi se compliquer de co-infections aggravantes et/ou perturbant le diagnostic, également transmises par les tiques, comme les [[rickettsiose]]s<ref>Parola P, Beati L, Cambon M, Raoult D. ''First isolation of Rickettsia helvetica from Ixodes ricinus ticks in France''. Eur J Clin Microbiol Infect Dis. 1998 Feb; 17(2): 95-100([http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=9629973&dopt=Abstract Résumé])</ref>, les [[ehrlichiose]]s <ref>Mazella FM, et al. ''A case of concurrent presentation of human ehrlichiosis and Lyme disease in Connecticut''. Conn Med. 1996 Sep; 60 (9) : 515-9.</ref>, la [[babésiose]] <ref>Krause PJ,Telford IIISR, Spielman A, Sikand V, Ryan R, Christianson D, et al. ''Concurrent Lyme disease and babesiosis evidence for increased severity and duration of illness''. JAMA. 1996 ; 275 : 1657-60.</ref>, la [[bartonellose]], les infections à [[mycoplasme]]s. Ces co-infections doivent alors elles aussi être traitées.
 
Les tests répétés dans le temps montrent que le système immunitaire devient plus précis dans sa réaction au fur et à mesure que le temps passe, mais un malade, même guéri ou apparemment guéri, n'est pas immunisé : la réinfection d'un même patient est possible<ref>Nowakowski J, Schwartz I, Nadelman RB, Liveris D, Aguero-Rosenfeld M,Wormser GP. ''Culture-confirmed infection and reinfection with Borrelia burgdorferi''. Ann Intern Med. 1997;127:130-2. PMID:9230002</ref> <ref>Golde WT, Robinson-Dunn B, Stobierski MG, Dykhuizen D, Wang IN, Carlson V, et al. ''Culture-confirmed reinfection of a person with different strains of Borrelia burgdorferi sensu stricto''. J Clin Microbiol. 1998;36:1015-9. ; PMID:9542928</ref>.