« Histoire de France/La monarchie absolue » : différence entre les versions

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Au troisième acte du '''Bourgeois Gentilhomme''' (1669), Monsieur Jourdain s’est revêtu de l’habit à la dernière mode que vient de lui apporter son tailleur. En le voyant, sa servante Nicole est prise d’un tel fou-rire qu’elle est incapable de reprendre son calme, malgré les menaces de son maître. C’est la plus belle scène du fou-rire du théâtre français.
== '''Molière et les costumes de son époque''' ==
 
C’est dans le théâtre de Molière que l’on trouve, sous forme de railleries, la description du costume masculin des « personnes de qualité ».
 
Au début de '''L’école des Maris''' (1661), Ariste conseille à son frère Sganarelle de s’habiller selon la mode. Celui-ci lui répond :
"'''':Il est vrai qu’à la mode il faut m’assujettir,
:Et ce n’est pas pour moi que je dois me vêtir...
:Ne voudriez-vous point, dis-je, sur ces matières,
:De vos jeunes muguets m’inspirer les manières ?
:M’obliger à porter de ces petits chapeaux
:Qui laissent éventer leurs débiles cerveaux ;
:Et de ces blonds cheveux, de qui la vaste enflure
:Des visages humains offusque la figure ?
:De ces petits pourpoints sous les bras se perdant ?
:Et de ces grands collets jusqu’au nombril pendant ?
:De ces manches qu’à table on voit tâter les sauces ?
:Et de ces cotillons appelés hauts-de-chausses ?
:De ces souliers mignons de rubans revêtus,
:Qui vous font ressembler à des pigeons pattus ?
:Et de ces grands canons où, comme des entraves,
:On met tous les matins ses deux jambes esclaves,
:Et par qui nous voyons ces messieurs les galants
:Marcher écarquillés ainsi que des volants ?
:Je vous plairais, sans doute, équipé de la sorte ?
:Et je vous vois porter les sottises qu’on porte.''"''
 
Au second acte de '''Don Juan''' (1665), le paysan Pierrot raconte à son amie Charlotte qu’il a sauvé de la noyade deux hommes dont la barque avait chaviré. Ils se sont déshabillés pour se sécher et faire sécher leurs vêtements. Pierrot décrit son ébahissement en voyant se rhabiller le plus riche (Don Juan, en personne). Il raconte cela dans son patois (qui se comprend mieux si on le lit à haute voix):
''“ '':Mon guieu, je n’en avais jamais vu s’habiller. Que d’histoires et d’engingorniaux boutont ces messieux-là les courtisans ! Je me pardrais là-dedans, pour moi ; et j’étais tout ébobi de voir ça. Quien, Charlotte, ils avont des cheveux qui ne tenont point à leu tête ; et ils boutont ça après tout, comme un gros bonnet de filasse. Ils ant des chemises qui ant des manches où j’entrerions tout brandis, toi et moi. En glieu d’haut-de-chausses, ils portont une garde-robe aussi large que d’ici à Pâques ; en glieu de pourpoint, de petites brassières qui ne leu venont pas jusqu’au brichet ; et en glieu de rabat, un grand mouchoir de cou à réziau, aveuc quatre grosses houpes de linge qui leu pendont sur l’estomaque. Ils avont itou d’autres petits rabats au bout des bras, et de grands entonnois de passement aux jambes, et, parmi tout ça, tant de rubans, tant de rubans, que c’est une vraie piquié. Ignia pas jusqu’aux souliers qui n’en soyont farcis tout depis un bout jusqu'à l’autre ; et ils sont faits d’eune façon que je me romperais le cou aveuc.'' ”''
 
{{Boîte déroulante|titre=Traduction|contenu=Mon dieu, je n’en avais jamais vu s’habiller. Que d’histoires et de complications font ces messieurs-là, les courtisans ! Je me perdrais là-dedans, pour moi ; et j’étais tout ébahi de voir ça. Tiens, Charlotte, ils ont des cheveux qui ne tiennent point à leur tête ; et ils mettent ça à la fin, comme un gros bonnet de filasse. Ils ont des chemises qui ont des manches où nous entrerions tout debout, toi et moi. En guise de haut-de-chausses, ils portent une garde-robe aussi large que d’ici à Pâques ; en guise de pourpoint, de petites brassières qui ne leur viennent pas jusqu’au bréchet ; et au lieu de rabat, un grand mouchoir de cou à passements, avec quatre grosses houppes de linge qui leur pendent sur l’estomac. Ils ont aussi d’autres petits rabats au bout des bras, et de grands entonnoirs de passement aux jambes, et, parmi tout ça, tant de rubans, tant de rubans, que c’est une vraie pitié. Il n’y a pas jusqu’aux souliers qui n’en soient farcis depuis un bout jusqu'à l’autre ; et ils sont faits d’une telle façon que je me romprais le cou avec.}}
Traduction en français moderne:
“ Mon dieu, je n’en avais jamais vu s’habiller. Que d’histoires et de complications font ces messieurs-là, les courtisans ! Je me perdrais là-dedans, pour moi ; et j’étais tout ébahi de voir ça. Tiens, Charlotte, ils ont des cheveux qui ne tiennent point à leur tête ; et ils mettent ça à la fin, comme un gros bonnet de filasse. Ils ont des chemises qui ont des manches où nous entrerions tout debout, toi et moi. En guise de haut-de-chausses, ils portent une garde-robe aussi large que d’ici à Pâques ; en guise de pourpoint, de petites brassières qui ne leur viennent pas jusqu’au bréchet ; et au lieu de rabat, un grand mouchoir de cou à passements, avec quatre grosses houppes de linge qui leur pendent sur l’estomac. Ils ont aussi d’autres petits rabats au bout des bras, et de grands entonnoirs de passement aux jambes, et, parmi tout ça, tant de rubans, tant de rubans, que c’est une vraie pitié. Il n’y a pas jusqu’aux souliers qui n’en soient farcis depuis un bout jusqu'à l’autre ; et ils sont faits d’une telle façon que je me romprais le cou avec. ”
 
Au troisième acte du '''Bourgeois Gentilhomme''' (1669), Monsieur Jourdain s’est revêtu de l’habit à la dernière mode que vient de lui apporter son tailleur. En le voyant, sa servante Nicole est prise d’un tel fou-rire qu’elle est incapable de reprendre son calme, malgré les menaces de son maître. C’est la plus belle scène du fou-rire du théâtre français.
 
== Question de récapitulation ==