« États généraux du multilinguisme dans les outre-mer/Thématiques/Langues et création artistique » : différence entre les versions

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Il s’agissait ici de réfléchir à la coexistence harmonieuse des langues, à la circulation des idées, au passage d’une langue à l’autre, et de penser le commun comme désir de vivre ensemble, de partager et de transmettre la diversité des richesses d’un territoire.
 
==Table-ronde==
==Propos introductif : [[w:Hector Poullet|Hector Poullet]] (Auteur guadeloupéen) prononcé par Frédéric Anciaux==
 
===Propos introductif : [[w:Hector Poullet|Hector Poullet]] (Auteur guadeloupéen) prononcé par Frédéric Anciaux===
[[File:Frédéric Anciaux.png|thumb|Frédéric Anciaux]]
:''Introduction en créole.''
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En conclusion, les langues créoles n’ont, à part leur histoire particulière, rien de plus ni rien de moins que les autres langues. Et plutôt que de chercher un lien entre les langues, d’une part, et la création artistique, d’autre part, nous grouperons toutes les langues en une seule et à la manière de Jacques Lacan, jouant sur les mots, au lieu de parler de langue et création artistique, nous dirons : « la langue est création artistique ». Merci.
 
===Expert 1 : [http://www.jobybernabe.com/ Joby Bernabé] (EIA Productions en Guadeloupe)===
[[File:Joby Bernabé.png|thumb|Joby Bernabé]]
 
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Je vais conclure en disant qu’une fois ce rituel, qui est un rituel d’investissement de la parole mère, établi, tout le reste c’est beaucoup de travail sur des sonorités, sur des voyelles, sur des rythmes, sur la pulsion des consonnes, il y a tout un travail qui fait que l’on peut avoir différents types de poésie comme en Afrique où il y a des paroles poétiques pour les semailles, d’autres pour la moisson, d’autres pour la lune et tout ce qu’on veut. Et tout ce champ est un champ énorme que l’on appelle le champ artistique et rituel de la parole. On va travailler en créole sur certaines sonorités propres au créole, en français, ce sont d’autres sonorités et au-delà de toutes ces sonorités, il y a les plans sémantiques de la langue. Il y a les sens, les sous-sens, l’arrière-pays des mots, etc. et c’est tout cela qui est passionnant, je ne peux pas vous en parler davantage, je crois que vous en savez beaucoup là-dessus. Je vous remercie.
 
===Expert 2 : [http://www.africultures.com/php/index.php?nav=personne&no=11621 Ewlyne Guillaume] ([http://www.compagnie-ksandco.org/article_genese-presentation_75.html Scène conventionnée Kokolampoe] de Saint-Laurent du Maroni en Guyane)===
[[File:Ewlyne Guillaume.png|thumb|Ewlyne Guillaume]]
 
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Voilà. Alors après, on a des problèmes de traduction, parce que nous traduisons systématiquement toutes les œuvres, tout ce que nous faisons, en saramaka.
 
===Représentant de l'institution : Marc Nouschi ([[w:Direction des affaires culturelles océan Indien|Direction des affaires culturelles océan Indien]])===
[[File:Marc Nouschi.png|thumb|Marc Nouschi]]
 
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Deux points en conclusion. D’abord, nous savons, et nous somme très heureux de ces états généraux, cher Xavier North, pour imaginer des relations entre les directions des affaires culturelles qui ne passent pas nécessairement par la centrale. Ça, je dois le dire, parce qu’il y a des problématiques et nous avons pris l’engagement, nous qui sommes ici représentant le ministère, à nous réunir dans nos départements d'outre-mer pour, justement, essayer de fournir des réponses concrètes aux attentes concrètes des consommateurs, créateurs de culture. Et la deuxième remarque, c’est que — et ça, tout le monde l’a dit, j’en suis fort aise — ces états généraux des outre-mer, cette année, ne sauraient être une fin, c’est une étape, c’est un début dans un processus qui implique la prise en compte de la longue durée.
 
==Restitution des ateliers==
*Modérateur : [http://www.concerts.fr/Biographie/serge-hureau Serge Hureau] ([[w:Hall de la chanson|Hall de la chanson]])
 
Mais il paraît, c’est [[w:Carlo Goldoni|Goldoni]] qui l’a dit de la France, et vous savez que Goldoni est un homme qui a écrit des pièces qui relevaient de la [[w:Commedia dell'arte|commedia dell’arte]], c’était un art populaire qu’il a transformé et vous savez que dans la commedia dell’arte, chaque personnage joue dans sa langue. C’est à dire que [[w:Brighella|Brighella]] joue en moschetto, [[w:Pantalon (commedia dell'arte)|Pantalone]] joue en [[w:Vénitien|vénitien]], donc on a dix personnages à peu près dans une même pièce et chaque personnage parle dans sa langue. Et ce serait un rêve que de voir ça ici, par exemple et de monter un grand spectacle avec les langues d’outre-mer, mais des fabrications de personnages, évidemment, qui correspondraient à tout ça.
Tout à l’heure, à côté de notre synthèse sur la chanson et sur la danse, il y avait aussi celle qui est sur le conte et il y avait beaucoup de points communs entre ces disciplines.
Tout d’abord, quand j’ai préparé cet atelier, on a bien fait de rajouter danse. C’est un petit peu au dernier moment, tout d’un coup on s’est dit « chanter c’est très bien, mais ça se range comment les chansons ? ça se range et ça se classe en danse ». On a bien fait d’appeler ça « chanter et danser ses langues » parce qu’en fait, la majeure partie du temps, on a parlé de la danse. Et déjà ce matin, on nous l’a vraiment annoncée cette question de la danse. Comment tout à coup il n’y a plus de langues ou il y a au contraire des langues qui favorisent le corps. Et ça a été une chose unanime pour tout le monde qui était que si on bouge son corps, tout à coup, on se met à accepter de parler sa langue familière ou intime, on se met à s’intéresser à écouter d’autres langues, on a même le plaisir de pouvoir danser sur des langues qu’on ne comprend pas, donc il y a eu là une chose vraiment importante qui a été unanime et qui nous a montré qu’il y a déjà une pratique très grande et qu’on n’allait pas inventer à la suite de ces deux jours quelque chose là-dessus et, qu’au contraire, c’était fait, mais que c’était très peu reconnu.
Ça c’est vraiment exprimé d’une manière très concrète, c’est-à-dire qu’en un mot on a reparlé de choses très précises qui sont les dispositifs culturels, au ministère de l’éducation nationale. Ce qui veut dire : quid des classes apac ? Pourquoi, d’une certaine manière, ont-elles disparu ? Pourquoi n’ont-elles plus assez de moyens ? Quid des artistes intervenants à côté d’un professeur, à côté d’un professeur de langue, par exemple ? Pourquoi n’y en a t-il plus ? Donc c’était d’une précision incomparable.
Et ensuite, évidemment, d’autres questions qui se sont posées ici qui sont : fabriquer un répertoire, fabriquer un répertoire diffusable par exemple sur internet et qui puisse mêler le premier degré et l’université. Tout d’un coup, les chercheurs utiles aussi sur le plan de l’école. C’était donc vraiment nous rappeler pourquoi y a t-il des choses qui existent et qui ne fonctionnent pas en fin de compte et qu’on réclame simplement ?
Ça c’était une chose essentielle et ensuite, on a parlé évidemment du coût de l’éducation. C’est une chose. Mais à un moment donné on avait des représentants des institutions culturelles, c’est-à-dire des outils culturels, ce sont par exemple nos scènes nationales, et la question qui se posait était : comment cela se transmet ? Comment la dimension populaire peut se transmettre ? à travers un conservatoire, par exemple, ou à travers d’autres pratiques ? Et comment, aussi, peut-elle être diffusée et être montrée ?
On a vu que tout ça relevait d’une pratique amateur, peu soutenue, avec un investissement des professeurs eux-mêmes incroyable, il y a même un professeur qui était là, qui paye les intervenants elle-même, parce qu’elle veut aller jusqu’au bout de quelque chose de très fort et de très convivial qui, souvent, met en scène pas seulement les enfants mais leurs parents. Le trans générationnel est évident comme dans tous les bals depuis des siècles dans de nombreux pays du monde, c’est la rencontre des générations qui vaut. Et donc toute la question était là : comment transmettre cela ou comment le légitimer sinon qu’en proposant de le montrer ? C’est-à-dire, comment des opérations qui sont montées autour de la danse, on connaît le renouveau aujourd’hui très fort, outre-mer, des danses contemporaines liées comme par hasard aux danses [[w:hip-hop|hip-hop]], par exemple, les danses urbaines qui vont rencontrer ces danses-là. Vivifier un répertoire, parce que tout ça c’est un répertoire fait de danses qu’on a même quelquefois oubliées et qui sont des danses de la métropole ou des danses de l’[[w:Europe|Europe]] quand on nous parlait de la [[w:Valse|valse]], quand on nous parlait de la [[w:Mazurka|mazurka]], comment des choses qui sont pratiquées dans le [[w:Carnaval|carnaval]], par exemple, peuvent être vivifiées, revisitées par des artistes et, du coup, signées.
Et on a rappelé une chose qui est essentielle qui est la grande part des artistes d’outre-mer qui sont connus sur le terrain de ce qu’on appelle la [[w:Musiques du monde|world music]] pour rester français, ou les musiques du monde et de voir que l’on a vraiment de très grands représentants nationaux des musiques du monde en outre-mer, qui viennent essentiellement tous de là. Alors toute la question était : comment l’équipement culturel va permettre, par la signature, la singularité d’un artiste, que quelque chose soit reconnu et que, par exemple, une tentative collective plutôt amateur ou dans le monde du scolaire puisse accéder à un autre statut qui sera celui même qui sera connu dans des grands festivals, etc.
Voilà, ça c’était en gros ce qu’on disait, tout cela on le mettra en ligne. Chose qui a été importante pour nous aussi c’est de se dire qu’ici c’est un début, évidemment ce n’est pas une fin et la première chose qui nous a intéressée a été de demander le nom de chacun et la chanson préférée de chacun dans sa langue. Et je pense que c’est à travers tout ça qu’on dit une chose forte qui est : « la culture intime est « l’histoire des sentiments ». Parce que n’oublions pas que les chansons nous accompagnent de la naissance jusqu’à la mort et parlent de choses essentielles comme la politique, de désir amoureux, la déception amoureuse, le deuil, etc.
Je pense que c’est tout ça qui donnait beaucoup de passion aux gens, mais en même temps, cette passion n’était pas démagogique et pas simplement « Allez, on va passer un bon petit moment parce qu’on va parler de chant et de danse, mais on va rappeler que ce sont vraiment des disciplines populaires qui doivent trouver leur accès, leur reconnaissance par un effort institutionnel, par exemple les faire rentrer dans le programme. Les gens ont été pris par cette idée que l’on peut bosser si ça rentre au programme et si, tout à coup, les instances supérieures permettent quelquefois de résoudre de petits problèmes intermédiaires qui empêchent, en fait, de travailler.
Et la question de l’argent est aussi essentielle. Pourquoi les gens ne sont-ils pas payés pour le faire et il faut vraiment des professionnels comme de bons traducteurs, et un bon traducteur est souvent un traducteur payé.
 
==Recommandations==
[[Catégorie:États généraux du multilinguisme dans les outre-mer]]
 
* Valoriser les acteurs patrimoniaux locaux dans leur rôle pour constituer des collections de valeur nationale et universelle à partir d’un ancrage local.
* Former les fonctionnaires territoriaux œuvrant dans les institutions patrimoniales aux langues locales et aux processus de traduction.
* Adapter les modes de classement et de catégorisation des savoirs aux langues et cultures d’outre-mer.
* Favoriser et appuyer la mise en réseau des institutions patrimoniales qui souhaitent travailler aux niveaux local et régional (coopérations sud-sud, transfrontalières, etc.).
* Former les personnels détachés en outre-mer pour une meilleure approche et connaissance des territoires.
* Orienter les politiques patrimoniales des collectivités territoriales vers la prise en compte de la diversité des langues et des patrimoines d’outre-mer, non pas seulement pour sauvegarder les langues, mais pour faire société, pour construire le commun.
* Favoriser la circulation des savoirs, des œuvres, des imaginaires, sur le territoire national, dans les langues d’outre-mer par l’intermédiaire de l’Agence nationale de promotion des cultures ultramarines.
* Inviter les collectivités d’outre-mer, en partenariat avec l’État, à encourager et soutenir la création culturelle et artistique contemporaine, quelle que soit la langue de création, dans les domaines du spectacle vivant, de la chanson, du cinéma, de l’audiovisuel, de l’édition et des arts numériques…, et favoriser tous les moyens d’accès aux œuvres produites dans ces langues. L’usage d’une langue régionale ne saurait servir de base à une discrimination.
* Intégrer une dimension plurilingue dans les dispositifs contractuels de médiation culturelle et d’éducation artistique : éducation à l’image, éducation populaire, culture et handicap, justice, santé, multimédia, politique de la ville, lutte contre les exclusions, services des publics des établissements patrimoniaux, villes et pays d’art et d’histoire…
* Introduire les langues et cultures régionales dans les dispositifs de formation et de professionnalisation des acteurs culturels, y compris pour les agents de l’État et des collectivités.
* Réaliser un état des lieux à l’échelle des différents territoires d’outre-mer sur ce qui se fait dans le domaine de la chanson et de la danse en langues d’outre-mer, pour mieux prendre en compte la multitude d’initiatives isolées et insuffisamment valorisées.
* Préciser de manière beaucoup plus détaillée une entrée de la chanson et des danses en langues d’outre-mer dans les programmes officiels de l’Éducation nationale.
* Accompagner au niveau pédagogique, par des dispositifs de formation adaptés, l’exploitation optimale des chansons et danses en langues d’outre-mer, en particulier dans le cadre du programme d’histoire des arts.
* Redynamiser les classes APAC ([[w:Éducation artistique et culturelle en France|classes à projets artistiques et culturels]]).
* Développer des infrastructures pour la collecte et la conservation des langues, des chants, des danses et des cultures des pays d’outre-mer, pour contribuer à développer des passerelles entre le 1er degré et l’université autour de ces outils.
* Ouvrir l’école aux intervenants extérieurs porteurs de savoirs et de savoir-faire dans leurs formes traditionnelles ou contemporaines, mettre en œuvre des actions pédagogiques, et dans ce but, adapter les procédures administratives et la définition du statut des intervenants.
* Veiller au respect de la propriété intellectuelle des sources collectées et protéger les savoirs et savoir-faire traditionnels.
* Accompagner le développement des résidences croisées, dans des lieux labellisés de diffusion et de création artistique, avec des porteurs de savoirs et de savoir-faire dans leurs formes traditionnelles ou contemporaines et des artistes présents sur la scène contemporaine.
* Favoriser la diffusion de productions artistiques inscrites dans les pratiques sociaux-culturelles des ultramarins, dans les lieux de diffusion labellisés.
* Créer une manifestation d’envergure nationale autour des danses et des chants d’outre-mer.
* Favoriser des passerelles entre les différents pays d’outre-mer pour accompagner le développement culturel et artistique, et favoriser des espaces de rencontre et de dialogue entre les différents pays d’outre-mer et les pays voisins.
* Utiliser les médias audiovisuels et créer des fonds patrimoniaux pour permettre la transmission intergénérationnelle de l’art du conte dans sa forme originelle.
* Créer des espaces de parole et de transmission dédiés aux littératures orales.
* Créer une manifestation d’envergure nationale autour du [[w:Conte|conte]] et des littératures orales.
* Favoriser la publication bilingue des contes, particulièrement dans les manuels scolaires.
* Créer un dispositif d’aide à l’animation dans les bibliothèques et les médiathèques.
* Développer le soutien aux artistes et aux associations de promotion des littératures orales.
 
[[Catégorie:États généraux du multilinguisme dans les outre-mer]]
==Vos compléments d'informations et commentaires==
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
[[Catégorie:états généraux du multilinguisme dans les outre-mer]]