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Je voudrais juste terminer en disant que les langues c’est aussi une merveilleuse musique, une merveilleuse poétique, une merveilleuse rythmique du corps et de l’esprit, et c’est cela qu’il faut arriver à partager : l’amour des langues et c’est comme cela que l’on arrivera, pour ce qui me concerne, dans l’institution, à faire partager, au-delà des textes, une passion pour une cause qui est essentielle.
 
==RestitutionsRestitution des ateliers==
====Inscription des langues dans les territoires, histoire(s) et actualité====
 
*Modérateur : Georges-Daniel Véronique ([[w:Université de Provence Aix-Marseille I|Université de Provence Aix-Marseille I]])
 
En premier lieu, je dirais que l’atelier a, effectivement, évoqué une question qui est venue de la salle tout à l’heure sur la reconnaissance des textes, donc je suis obligé de dire que notre atelier s’est posé la question de la ratification par l’État français d’un certain nombre de textes comme cela a été dit dans la salle. Cette question est prépondérante.
Ensuite, dans les préconisations plus concrètes, je n’en retiendrais que deux qui m’ont beaucoup frappées. L’une, concerne la valorisation des patrimoines linguistiques à plusieurs niveaux. D’une part, il a été dit, et je trouve que c’est une très bonne idée par rapport à l’école, qu’à l’école, dans le cadre de l’[[w:Éducation civique|éducation civique]] ou dans le cadre du socle commun, une place soit faite à l’histoire des langues, alors ces langues sont évidemment tissées différemment dans les territoires, mais qu’une place soit faite à cette information sur les langues, que les élèves soient initiés aux grandes lignes de l’histoire de leur langue et à la place que cette langue peut occuper. Quand on dit langue, cela veut dire évidemment langue et culture.
Dans le même temps, il est apparu, c’est lié à la même question, qu’une information était nécessaire auprès des parents. Il apparaît très nettement que les parents ne sont pas informés de la totalité des textes qui, dès maintenant, permettent, par exemple, d’organiser des enseignements bilingues. C’est apparu très souvent dans l’atelier. Il y a donc un désir d’information.
Le deuxième trait qui m’a frappé, pour notre atelier, donc il y a la territorialité, c’est un désir de savoir savant, nous l’avons dit à plusieurs reprises. A plusieurs niveaux là encore, à la fois qu’il y ait un travail de collectage qui est en cours, qui soit plus systématique, qu’il y ait un travail de mise en forme et donc de transmission et que, par ailleurs, il y ait un recensement, parce que des initiatives en matière de transmission des langues, parce qu’on voit bien que la situation est variée selon les territoires et que nous n’en avons pas une connaissance très précise. Donc, c’est à la fois une demande en tant que connaissance et une demande en terme de diffusion.
Voilà, c’est ce que je retiendrais essentiellement.
 
====Légitimité, rapports de forces entre les langues et "marchés" linguistiques : statuts et valeurs symboliques====
 
*Modérateur : Lambert Félix Prudent ([[w:Université de la Réunion|Université de La Réunion]])
 
Nous avons fait un tour sur les différences des situations. Il est clair qu’il n’y a pas un outre-mer français, que même quand on dit des outre-mer, il faut faire attention, parce qu’évidemment, il y a des pays où le nombre de langues est incalculable, en tout cas il est difficilement calculable, on a des difficultés à donner un chiffre global, et il y a des situations où le nombre de langues est plus restreint, je pense à Mayotte, et il y a des pays créoles, pour la plupart, en tout cas pour la [[w:Guadeloupe|Guadeloupe]], la [[w:Martinique|Martinique]], [[w:La Réunion|la Réunion]] et peut-être une partie de la [[w:Guyane|Guyane]] où le face à face est entre une langue créole et le français.
À partir de ces différences de situations, de l’atelier débouche une question qui est celle de l’aménagement. Et aménagement à deux niveaux, des demandes qui ont été perçues y compris lors de la restitution comme étant essentiellement tournées vers l’État, mais je ne crois pas qu’il faille comprendre qu’on demande à l’État de donner, on demande à l’État de garantir un certain nombre de choses. Il y a une demande essentielle d’organisation dans les différents pays et il y a des pays où ça a déjà commencé d’ailleurs. Un conseil de la langue, une institution de la langue, une institution des langues, une institution du plurilinguisme qui veille au respect des choses qui ont déjà été dites. Autrement dit, puisqu’on parle de légitimité et de rapport de force, notamment dans les pays créoles, que l’on ne se sente pas minoré dans sa langue, que l’on ne sente pas toujours le poids d’une autorité, notamment, autour de l’école, c’est le lieu de fixation, où des chefs d’établissements, des inspecteurs, des recteurs, des maîtres, des parents d’élèves ont des attitudes un peu dérogatoires vis à vis de la langue et de la culture créole. Donc, que l’État garantisse et protège. Ce ne sont pas des demandes de sous, ce sont des demandes de droit. Et ça n’est pas moins important.
D’autre part, il y a, d’une certaine manière, la question de la définition qui a ressurgi autour de cette légitimité qui est transversale : comment appelle-t-on ces langues de l’outre-mer ?
A certains moments on a dit langues locales, à d’autres moments on a dit langues vernaculaires, à d’autres moments on a dit des langues d’origine, vis à vis de ça, on met le français. Peut-être qu’il faudra, là aussi, solliciter des aménageurs et des réflexions de tout le monde, sur la manière d’appeler les langues et de les aider à accéder à une certaine dignité, à une certaine égalité dans leur dénomination et dans leurs usages.
D’une certaine manière, on pourrait dire que le principe était, pour analyser les marchés, analyser les rapports de force et travailler à une certaine estime de soi, c’était une demande de méta communication, qu’on puisse parler des langues. Et en ce sens, cette manifestation est déjà, à mon avis, essentielle.
 
====Langue, savoirs scientifiques et savoirs traditionnels====
 
*Modérateure : Valelia Muni Toke (Délégation générale à la langue française et aux langues de France)
 
L’atelier qui s’appelait « Langues, savoirs traditionnels et savoirs scientifiques » est parti d’un double constat.
La première chose était que les savoirs qui sont attachés aux langues des outre-mer sont d’une très grande richesse. Savoirs qui sont liés principalement à l’[[w:Environnement|environnement]], à la [[w:Faune (biologie)|faune]], la [[w:Flore|flore]], la [[w:Pharmacopée|pharmacopée]], mais d’autres domaines ont été évoqués. Et la très grande richesse de ces savoirs est, malheureusement, liée à un déficit de légitimité qui est attaché, et ce déficit de légitimité attaché à ces savoirs est, malheureusement, parfois entretenu par les locuteurs eux-mêmes qui ne sont pas convaincus de détenir des savoirs importants à transmettre et à partager.
Les quelques préconisations qui ont été évoquées mettent l’accent sur l’intérêt de la formation des acteurs qui sont concernés par la transmission des savoirs. Par exemple, les savoirs liés à l’environnement. Il paraît important dans les politiques de préservation de l’environnement, de faire appel au savoir des populations locales pour penser ces choses là. Donc formation à l’interculturel, formation des personnels concernés.
Et ce qui est ressorti aussi, c’est que le déficit de légitimité de ces savoirs ne pourra être renversé que si les projets qui sont construits à partir de ces savoirs s’inscrivent sur un temps long. C’est-à-dire que les communautés concernées ont besoin aussi d’inscrire les projets liés à ces savoirs sur une perspective de long terme et que ces projets s’inscrivent dans un intérêt général bien compris. Il ne s’agit pas d’utiliser ces savoirs uniquement pour remédier à des situations problématiques, par exemple dans le domaine de l’enseignement. Utiliser les langues d’origine ou les savoirs mathématiques, par exemple, qui sont attachés aux langues d’origine uniquement pour entrer ensuite du côté de l’enseignement des mathématiques dites traditionnelles ou justement pas traditionnelles, mais il faut inscrire l’utilisation de ces savoirs sur le temps long pour en permettre la véritable valorisation.
Et donc, ce qui a été évoqué in fine, c’est la possibilité de continuer à faire vivre ces savoirs, c’est-à-dire non pas seulement les considérer comme un patrimoine à collecter puis à conserver dans un musée, mais bien en préserver la transmission et continuer à les faire vivre. Par exemple du côté linguistique en enrichissant aussi la terminologie des langues pour qu’elles puissent dire d’autres domaines de savoirs que les domaines qu’elles ont investis de façon privilégiée jusqu’à présent.
 
==Recommandations==