« Histoire de France/Les Carolingiens » : différence entre les versions

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;Introduction
Cette dynastie donne quatorze rois, et occupe le trône de 752 à 987, soit 235 ans<ref>Y compris les règnes intercalés des Capétiens, Eudes et Raoul.</ref>.
 
== Arbre généalogique ==
{{Boîte déroulante|titre=Dérouler l'arbre généalogique|contenu=
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== Pépin le Bref ==
[[Fichier:Pippin the younger.jpg|thumb|Pépin le Bref par Louis Félix Amiel, peinture commandée par Louis Philippe pour le musée historique de Versailles en 1837]]
;Pépin, maire du palais
À la mort de Charles Martel, ses deux fils, Pépin et Carloman, se partagèrent le pouvoir et gouvernèrent quelque temps de concert. Ils firent une première expédition contre le duc d'Aquitaine, Hunald, qu'ils forcèrent à la soumission ; ensuite ils restituèrent, aux abbayes et aux évêchés, les biens que Charles Martel avait donnés en fiefs à ses officiers pendants les dernières guerres. Mais Carloman se retira bientôt au monastère du Mont-Cassin, et Pépin resta seul à la tête du royaume.
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== Charlemagne, guerre d'Italie, guerre d'Espagne ==
;Avènement de Charlemagne
Pépin avant de mourir avait partagé ses États entre ses deux fils, Charles (dit Charlemagne) et Carloman (768) ; mais ce dernier mourut trois ans après, et Charles fut alors seul roi. Ce dernier allait porter au plus haut degré la gloire de sa famille et donner son nom à la dynastie nouvelle, celle des Carlovingiens.
;Portrait de Charlemagne
Charlemagne, comme Alexandre et César, a laissé un souvenir impérissable. Il était robuste, d'une taille élevée, passionné pour la chasse et la guerre.
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== Guerre contre la Saxe, la Bavière, Charlemagne empereur ==
[[Image:Empire carolingien 768-811.jpg|thumb|Carte rétrospective de l'empire carolingien sous Charlemagne]]
[[Image:Sacre de Charlemagne.jpg|thumb|Couronnement de Charlemagne, chroniques de Jean Fouquet]]
[[Image:Einhard vita-karoli 13th-cent.jpg|thumb|La guerre entre Charlemagne et les Saxons. Éginhard, Vita Karoli magni, XIII{{e}} siècle]]
;Guerre contre la Saxe
Depuis longtemps les Saxons<ref>Saxons : peuples païens du nord de la Germanie. La Saxe était comprise entre le Rhin et l'Elbe ; le Wéser la divisait en deux parties : la Westphalie à l'ouest et l'Ostphalie à l'est.</ref> inquiétaient les Francs ; souvent ils lançaient leurs flèches sur la rive gauche du Rhin, en s'écriant : « Ce territoire est à nous ! ». Charlemagne résolut de les vaincre pour les amener au christianisme. Il entreprit donc contre eux une guerre qui dura plus de trente ans (772-805) ; elle se divise en trois périodes :
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== Gouvernement de Charlemagne ==
;Son administration
L'autorité était exercée au nom de Charlemagne, dans les provinces, par deux sortes d'agents, les uns permanents, les autres temporaires. Les premiers, ducs, comtes, vicomtes<ref>Victomte : vicaire du comte.</ref>, centeniers<ref>Centenier : magistrat subordonné au comte, qui avait juridiction sur une centaine de familles.</ref>, résidaient dans les provinces où ils commandaient les troupes, rendaient la justice et percevaient les impôts. Les autres, appelés ''missi dominici'', ou envoyés du maître, visitaient chaque province pour en surveiller l'administration et rendre compte de tout à l'empereur. C'étaient de véritables inspecteurs.
;Assemblées nationales
Deux fois l'année, en automne et en mai, Charlemagne convoquait les assemblées générales de la nation. Dans l'assemblée du printemps, où étaient convoqués les hommes libres, il publiait solennellement les lois ou capitulaires<ref>Capitulaire (de ''capitula'', chapitres) : recueil de lois divisées en chapitres.</ref> qu'il avait fait préparer par l'assemblée d'automne composée des évêques, des comtes et des grands officiers<ref>Grands officiers : c'étaient principalement le hancelierchancelier chargé de rédiger les actes royaux, le référendaire qui présentait les actes à signer et les scellait ensuite de l'anneau royal, le comte du palais chargé d'instruire les causes que le roi devait juger.</ref> de la couronne.
;Charles protecteur des lettres
Charlemagne s'appliqua surtout à instruire ses peuples. Pour cela, il s'entoura des hommes les plus savants de l'époque.
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== Louis le Débonnaire, décadence de l'empire ==
[[Fichier:Ludwik I Pobożny.jpg|thumb|Louis I{{er}} le Débonnaire, miniature contemporaine de l'école de Fulda datant de 826]]
;Partage de l'empire
Louis, surnommé le Débonnaire à cause de la faiblesse de son caractère, succéda à son père Charlemagne, en 814. Bientôt après (817), il partagea ses États entre ses trois fils, Lothaire, Louis et Pépin ; son neveu Bernard conservait l'Italie, qu'il possédait depuis la mort de Pépin, son père.
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Les vainqueurs resserrèrent leur alliance par le serment de Strasbourg<ref>Serment de Strasbourg : par ce serment, les deux rois promettaient de se soutenir et de se défendre réciproquement.</ref>. Charles le prononça en langue tudesque<ref>Langue tudesque : langue allemande.</ref>, et Louis en langue romaine ou franque<ref>Langue romane : idiome mêlé de latin altéré, de celtique et de germain, qui est devenu la langue française.</ref>. Ce serment solennel, prononcé sur les bords du Rhin, est le plus ancien monumentde la langue française et de la langue allemande.
[[Image:Verdun_Treaty_843.svg|thumb|Les Royaumes francs après le partage de Verdun en [[843]].]]
;Traité de Verdun
Les trois frères finirent par où ils auraient dû commencer : ils s'entendirent et signèrent, en 843, le traité de Verdun. L'empire de Charlemagne fut partagé : Charles le Chauve eut la France, c'est-à-dire les pays situés à l'ouest de la Meuse, de la Saône et du Rhône ; Louis le Germanique eut l'Allemane, et Lothaire, l'Italie et la Lotharingie<ref>Lotharingie : bande de territoire à l'est de la Meuse, de la Saône et du Rhône, jusqu'au Rhin et aux Alpes. Une partie conserve encore le nom de Lorraine qui vient de Lotharingie ou royaume de Lothaire.</ref> avec le titre d'empereur. Ce démembrement de l'empire eut pour causes :
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Le fils préféré de Louis le Débonnaire, Charles, ne sut ni gouverner ni défendre un royaume dont l'acquisition avait coûté tant de guerres : les seigneurs se rendirent de plus en plus indépendants<ref>L'Édit de Mersen, rendu en 847, déclarait que tous les hommes libres pouvaient se choisir un maître ou seigneur et lui promettre fidélité.</ref> et les Normands multiplièrent leurs ravages.
;Les Normands
Les Normands étaient de redoutables pirates venant de la Scandinavie<ref>Scandinavie : pays occupé actuellement par la Suède, la Norvège et le Danemark.</ref>, qui pendant près d'un siècle ravagèrent la France et les autres pays d'Occident. Portés par de frêles barques, ils remontaient le cours des fleuves, pénétraient dans l'intérieur du pays, massacraient les poplationspopulations, pillaient tout ce qui leur tombait sous la main, puis se retiraient pour mettre leur butin en sûreté.
 
Leur flotte légère obéissait à un chef unique, choisi comme le plus brave. On le saluait du titre de roi, mais il ne l'était que sur mer et dans les combats ; car à l'heure des festins, toute la troupe s'asseyait en cercle, et les cornes de bière passaient de main en main sans qu'il n'y eût ni premier ni dernier.
 
Égaux sous un pareil chef, et n'ayant pour lui qu'une soumission volontaire, très légère et le plus souvent fort peu respectueuse, les pirates danois supportaient facilement le poids de leurs amures, qu'ils se promettaient d'échanger bientôt contre un égal poids d'or ; et ils allaient cheminant sur la route des cygnes, comme disaient leurs poésies nationales. Les violents orages des mers du Nord dispersaient souvent et brisaient leurs frêles navires ; tous ne rejoingaientrejoignaient point le vaisseau du chef au signal du ralliement, mais ceux qui survivaient à leurs compagnons naufragés n'en avaient ni moins de confiance ni plus de soucis : « L'ouragan est à notre service, chantaient-ils, il nous jette où nous voulons aller ». -- Augustin Thierry
 
;Robert le Fort
Un seul homme sut alors résister aux Normands ; ce fut Robert le Fort, duc de France et compte d'Anjou. Il défendit vaillamentvaillamment le pays situé entre la Loire et la Seine, jusqu'au jour où il périt glorieusement à Brissarthe, en 866.
;Combat de Brissarthe
Une bande de pirates normands, sous les ordres d'Hastings, un de leurs chefs les plus redoutés, remonte la Loire, et vient mettre au pillage les environs d'Angers. Robert, qui déjà les a vaincus plusieurs fois, accourt à la tête des siens ; les Normands pris à l'improviste, se réfugient dans l'église de Brissarthe et s'y retranchent. Les Francs dressent leurs tentes à l'entour et remettent l'attaque au lendemain.
 
Mais le soleil était lourd : Robert s'était dépouillé de son casque et de sa cuirasse, lorsque tout à coup les Normands s'élancent en poussant de grands cris. Le vaillant chef, la tête et la poitrine découvertes, saisit son épée et bondit avec ses Francs contre les ennemis qui sont repoussés ; mais il est frappé d'une flèche et meurmeurt au milieu de sa victoire. Cette mort rendit plus populaire encore celui qu'on nommait déjà le Machabée<ref>Machabée : nom d'un chef du peuple juif qui défendit vaillamment son pays contre Antiochus et mourut en héros.</ref> de la France. Ses descendants se signalèrent, eux aussi, par leurs services, et un jour ils monteront sur le trône.
;Charles le Chauve, empereur
Charles combattit le duc de Bretagne qui s'était déclaré indépendant, et les AnquitainsAquitains qui s'étaient donné un roi ; il parvinparvint même à s'emparer de la Lotharingie à la mort de Lothaire II. Ces succès rétablirent sa renommée ; aussi le pape et les grands Dd'italieItalie lui offrirent-ils la couronne impériale qu'il alla recevoir à Rome, en 875.
;Capitulaire de Kiersy
Bientôt après les Italiens appelèrent Charles à leur secours contre les Sarrasins. Pour obtenir le concours des seigneurs, il convoqua à Kiersy-sur-Oise une assemblée générale où il accorda à ceux qui possédaient des bénéfices et des charges, le droit de les transmettre à leurs enfants. Cette possession héréditaire des fiefs constituait définitivement la féodalité (877).
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== Siège de Paris, chute de l'empire ==
[[Fichier:Empire carolingien en 880.svg|thumb|L'empire Carolingien en 880]]
[[Fichier::NorthmenBarques.jpg|thumb|''Les barques des Normands'', gravure pour ''l'Histoire de France'' de François Guizot, par Alphonse-Marie-Adolphe de Neuville, 1883]]
;Charles le Gros
À la mort de Carloman, la couronne devait revenir à Charles le Simple, âgé de cinq ans et fils de Louis le Bègue. Mais, comme le royaume était assailli de toutes parts, on lui préféra Charles le Gros, fils de Louis le Germanique. Ce prince réunit ainsi sous son autorité tout l'empire de Charlemagne.
;Siège de Paris
En 885, les Normands conduits par deux chefs redoutables, vinrent faire le siège de Paris. Le comte Eudes, fils de Robert le Fort, et l'évêque Gozlin défendirent la ville avec intrépidité. Charles le Gros, venu d'Allemagne avec une nombreuse armée, au lieu de combattre les Normands, traita avec eux et leur abandonna la BourgoneBourgogne qu'ils pillèrent.
:Les Normands, conduits par Godefried et Sigefried, remontent la Seine avec plus de sept cents barques et arrivent devant Paris ; mais deux cents seigneurs ont répondu à l'appel du gouverneur Eudes et se sont enfermés dans la place. Avant de commencer le siège, Godefried essaye de négocier ; mais l'évêque Gozlin lui répond : « Si la défense de Paris avait été à ta foi<ref>À ta foi : à ta fidélité.</ref>, ferais-tu pour nous ce que tu demandes pour toi ? ». « Si je le faisais, répond fièrement le barbare, ma tête devrait tomber sous la hache et être jetée aux chiens. ».