« Histoire de France/Les Mérovingiens » : différence entre les versions

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== Clovis, conquête de la Gaule ==
;Avènement de Clovis
[[w:Clovis|Clovis]], fils de [[w:Childéric|Childéric]] et de la reine Basine, n'avait que 15 ans lorsqu'il fut élevé sur le pavois (481). Il ne régna d'abord que sur un petit territoire ; mais, jeune et intrépide, il entraîna bientôt ses compagnons d'armes à entreprendre la conquête des autres parties de la Gaule.
 
Le pavois était un grand bouclier sur lequel se plaçait debout le roi franc nouvellement élu. On le promenait ainsi trois fois autour du camp aux acclamations des guerriers. Ces rois étaient choisis dans la famille de [[w:Mérovée|Mérovée]] dont les membres avaient le privilège de porter de longs cheveux, d'où le nom de rois chevelus.
;Bataille de Soissons
Clovis attaqua d'abord [[w:Syagrius|Syagrius]], dernier chef romain, le défit à [[w:Soissons|Soissons]] (486) et s'empara du territoire que les Romains possédaient encore en Gaule. Aussi habile que vaillant, le jeune roi cherchait à se concilier les peuples en ménageant les évêques et en respectant la religion des Gaulois, comme en témoigne le fait du vase de Reims.
;Vase de Reims
Après la bataille de Soissons, l'évêque de [[w:Reims|Reims]], saint Rémi, fit demander à Clovis un vase sacré pris dans une église : « Suis-nous jusqu'à Soissons, dit le roi au messager, c'est là que le partage doit se faire ». À Soissons, Clovis demanda le vase en sus de sa part ; tous accédèrent au désir de leur jeune chef, à l'exception d'un soldat qui frappa le vase d'un coup de hache, en disant : « Tu l'aurais si le sort te le donne ». Le roi supporta cette injure en silence, prit le vase à demi brisé et le renvoya à l'évêque. Mais un an aprsaprès, faisant la revue de ses troupes, il trouva les armes de l'insolent en mauvais état : « Personne, lui dit-il, n'a des armes aussi mal tenues que les tiennes », et lui arrachant sa hache, il la jeta à terre. Comme le soldat se baissait pour la ramasser, Clovis leva sa francisque et lui fendit la tête en s'écriant : « Ainsi tu as fait au vase de Soissons ! ». Cette action inspira une grande crainte à tous ses soldats.
;Bataille de [[w:Tolbiac|Tolbiac]]
[[Image:Ary Scheffer - Bataille de Tolbiac 496 .jpg|thumb|left|''Bataille de Tolbiac en 496'', peint par [[w:Ary Scheffer|Ary Scheffer]]]]
Quelques années après, Clovis épousa une princesse chrétienne, Clotilde , nièce de Gondebaud, roi des Burgondes (493). Ce mariage préparait et devait amener bientôt la conversion de Clovis.
 
Les [[w:Alamans|Alamans]], qui voulaient leur part des dépouilles de la Gaule firent irruption sur les terres des Francs. Clovis accourut, rencontra l'ennemi à Tolbiac, près de [[w:Cologne|Cologne]], et le tailla en pièces ; puis il embrassa le [[w:christianisme|christianisme]] (496).
;Conversion de Clovis
[[Image:Chlodwigs taufe.jpg|thumb|''Le baptême de Clovis'', toile du XV{{e}} siècle du [[w:Maître de Saint Gilles|Maître de Saint Gilles]]]]
La reine Clotilde exhortait souvent Clovis à se faire chrétien, mais celui-ci ne pouvait se résoudre à laisser ses idoles. Lorsque les soldats de Clovis se rencontrèrent à Tolbiac avec les bandes germaines, le choc fut terrible ; malgré leur courage, les Francs commençaient à plier et Clovis allait être vaincu. Face à un tel péril, il lève les yeux et les mains au ciel, et s'écrie : « Dieu de Clotilde, si tu me donnes la victoire, je me ferai chrétien ! ». Après la victoire, Clovis tint sa promesse ; il fut baptisé le jour de Noël.
;Nouvelles victoires
La nouvelle de la conversion de Clovis fut accompagnée des félicitations du pape [[w:Anastase|Anastase]], qui lui témoigna le désir qu'il avait de trouver en lui un puissant protecteur de l'Église. Clovis obligea [[w:Gondebaud|Gondebaud]]<ref>Clovis, en attaquant les Burgondes prétendait venger les parents de Clotilde que Gondebaud avait fait périr pour s'emparer du trône.</ref>, roi des Burgondes, à lui payer tribut (500), et [[w:Alaric|Alaric]], roi des [[w:Wisigoths|Wisigoths]], fut vaincu et tué à [[w:Vouillé|Vouillé]], près de [[w:Poitiers|Poitiers]] (507).
;Mort de Clovis
Clovis mourut à [[w:Paris|Paris]], en 511, à l'âge de 45 ans.
=== Questionnaire ===
#Quel âge avait Clovis à son avènement ? Comment se faisait chez les Francs l'inauguration d'un nouveau roi ?
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[[Image:Clotilde partageant le royaume entre ses fils.jpg|thumb|''Partage du royaume franc entre les quatre fils de Clovis'', ''Grandes Chroniques de saint-Denis'']]
;Les fils de Clovis
Clovis laissait quatre fils, qui se partagèrent le royaume : [[w:Childebert|Childebert]] devint roi de Paris, [[w:Clotaire|Clotaire]] de Soissons, [[w:Clodomir|Clodomir]] d'Orléans, et [[w:Thierry|Thierry]] de Metz. Chacun d'eux avait en même temps des provinces dans le midi de la Gaule.
;Guerre contre les Burgondes
Les fils de Clovis attaquèrent le roi des Burgondes, [[w:Sigismond|Sigismond]], fils de Gondebaud et le firent périr ; mais Clodomir d'Orléans fut tué à [[w:Vézeronce|Vézeronce]], en 524, et ses enfants, recueillis par Clotilde leur aïeule, furent bientôt massacrés par leurs oncles, Clotaire et Childebert.
;Meurtre des enfants de Clodomir
Clodomir étant mort, Clothaire et Childebert résolurent de faire mourir ses enfants, afin de s'emparer des États de leur frère. Ils envoyèrent donc à la reine mère un message conçu en ces termes : « Envoie-nous les enfants de notre frère, afin que nous les élevions au trône ». Clotilde, remplie de joie, envoya ses petit-fils à leurs oncles. Alors un messager fut envoyé à la reine pour lui présenter une épée nue et des ciseaux. C'était la mort ou le cloître : « Plutôt morts que tondus », s'écria la malheureuse reine égarée par la douleur. Le messager rapporta aux deux rois ce qu'il avait entendu ; aussitôt Clotaire se jeta sur les enfants et en massacra deux impitoyablement ; le troisième, Clodoald, fut sauvé par des seigneurs francs (532). Il se consacra à Dieu et mourut au monastère de Saint-Cloud.
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En 534, Childebert et Clotaire envahirent de nouveau la Bourgogne, battirent Gondemar frère de Sigismond et conquirent définitivement ce pays. Pendant ce temps, Thierry de Metz s'emparait de la Thuringe, puis faisait en Auvergne une guerre d'extermination.
 
Quelques années après, Childebert et Clotaire dirigeaient une expédition infructueuse contre les Wisigoths d'Espagne. Au retour, le roi Childebert et la reine [[w:Ultrogothe|Ultrogothe]] fondaient, en passant, l'[[w:Hôtel-Dieu|Hôtel-Dieu]] de Lyon.
;Clotaire I{{er}}, seul roi
Après la mort de Thierry et de Childebert, Clotaire fut seul maître du royaume (558). Son fils [[w:Chramme|Chramme]] s'étant révolté fut vaincu, et Clotaire eut la barbarie de faire brûler ce fils coupable, ainsi que sa femme et ses enfants, dans une chaumière de Bretagne où ce malheureux prince s'était réfugié avec sa famille.
 
Clotaire mourut bientôt après (561) en s'écriant : « Quelle est donc la puissance du Roi des cieux qui fait mourir ainsi les plus grands rois de la Terre ? ». Il avait eu pour épouse [[w:Radegonde|Radegonde]] qui donna à une cour demi-barbare l'exemple de touestoutes les vertus.
;Les quatre fils de Clotaire
À la mort de Clotaire, ses fils se partagèrent de nouveau la monarchie franque : [[w:Caribert|Caribert]] eut Paris, [[w:Gontran|Gontran]] la Bourgogne, [[w:Chilpéric|Chilpéric]] la Neustrie et [[w:Sigibert|Sigibert]] l'Austrasie. Les deux premiers moururent sans laisser d'héritiers<ref>Le traité d'[[w:Andelot|]] (587) stipulait qu'à la mort de Gontran, la Bourgogne serait réunie au royaume d'Austrasie. Le même traité établissait la possession viagère des fiefs.</ref>, et alors la Gaule ne forma plus que deux royaumes : la Neustrie à l'ouest et l'Austrasie à l'est.
;Lutte entre la [[w:Neustrie|Neustrie]] et l'[[w:Austrasie|Austrasie]]
La Neustrie était peuplée de Gallo-Romains dont les mœurs s'étaient adoucies au contact de la société romaine ; l'Austrasie, où les Francs dominaient, avaient mieux conservé les mœurs barbares et les coutumes de la [[w:Germanie|Germanie]]. Cette diversité amena entre les deux peuples une rivalité sanglante qui dura plus d'un siècle et finit par le triomphe de l'Austrasie. Deux femmes célèbres par leurs crimes, commencèrent cette lute et l'excitèrent longtemps : [[w:Frédégonde|Frédégonde]], femme de Chilpéric, et Brunehaut, femme de Sigebert.
 
Frédégonde, après avoir remporté plusieurs victoires<ref>Victoires de Frédégonde : Droissy, Latofao.</ref> sur les Austrasiens, mourut en 597, laissant une mémoire chargée de crimes.
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Dagobert, fils de Clotaire II, lui succéda, en 628, et régna avec gloire : il fit refleurir l'ordre et la justice dans son royaume ; les Alamans et les Saxons furent vaincus, et il força le duc de Bretagne à reconnaître son autorité.
 
Dagobert eut d'habiles ministres : Pépin de Landen, souche des CarlovingiensCarolingiens, qui gouvernait l'Austrasie ; [[w:saint Éloi|saint Éloi]], d'abord orfèvre, puis évêque de Noyon, et saint Ouen, évêque de Rouen. Il avait fait construire la basilique de Saint-Denis où il fut inhumé.
=== Questionnaire ===
#Comment finit le royaume des Burgondes ? Qui est-ce qui s'empara de la Thuringe ?
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== Rois fainéants, maires du palais ==
;Décadence des Mérovingiens
Après la mort de Dagobert (638), la décadence de la monarchie fut rapide. Les royaumes de Neustrie et d'Austrasie continuèrent, à la vérité, de subsister, mais les princes mérovingiens qui y régnèrent n'eurent bientôt plus de roi que le nom. Ils arrivèrent généralement au trône encore enfants, et moururent fort jeunes, sans avoir gouverné par eux-mêmes. On les appelle les [[w:rois fainéants|rois fainéants]].
;Rois fainéants
Les rois fainéants furent de véritables esclaves couronnés. Relégués au fond de leur palais, ils durent se contenter de porter le titre de roi, d'avoir des cheveux flottants et de paraître en public, assis sur le trône et le sceptre à la main, dans les assemblées nationales. On ne les voyait plus comme leurs ancêtres, à cheval à la tête de leurs guerriers ; s'ils régnaient encore, ils ne gouvernaient plus : l'autorité tout entière était passée aux maires du palais.
;Maires du palais
À l'origine, les maires du palais, furent de simples intendants de la maison du roi. Peu à peu leur autorité s'accrut : ils présidèrent les assemblées des grands, commandèrent les armées, déclarèrent la guerre, devinrent, en un mot de véritables vices-rois<ref>Celui qui gouverne un royaume au nom du roi.</ref>.
;Pépin d'Héristal (ou [[w:Pépin de Herstal|Pépin de Herstal]])
En Austrasie, les maires du palais vécurent en bonne intelligence avec les leudes et avec l'Église ; aussi leur charge devint-elle bientôt héréditaire dans la famille de Pépin de Landen. Elle ne le fut jamais en Neustrie, où Ebroin se fit, par ses violences détester des grands et des peuples. Berthaire, son successeur, gouverna aussi par la violence ; les grands et les évêques demandèrent protection à Pépin d'Héristal, petit-fils et successeur de Pépin de Landen, et l'armée de Berthaire fut vaincue à Testry (687). Cette victoire assura la domination de Pépin sur tout l'empire des Francs.
;Charles Martel
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Mais le principal exploit de Charles Martel, celui qui lui mérite la reconnaissance de la chrétienté tout entière, fut la grande victoire de Poitiers qu'il remporta, en 732, sur les Arabes d'Espagne qui avaient franchi les Pyrénées. Cette victoire rétablit l'autorité des Francs sur une grande partie de la Gaule méridionale. Le duc d'Aquitaine qui avait appelé Charles à son secours, dut reconnaître son autorité.
;Bataille de Poitiers
L'armée chrétienne rencontra celle de l'islamisme entre Tours et Poitiers. Pendant sept jours, on s'observa sans se décider à combattre. Au lever du huitième jour, [[w:Abdérame|Abdérame]] se mit à la tête de sa cavalerie et chargea avec impétuosité, au cri de « Allah Akbar ! »<ref>Dieu est grand.</ref>. Les Francs ne fléchirent point. Abdérame revint à la charge, et vingt fois son élan alla se briser contre les lances des hommes du Nord.
 
Enfin, un corps franc parvint à pénétrer dans le camp ennemi et mit le feu aux tentes. Les Arabes abandonnèrent alors leur poste de bataille pour courir à la défense de leur camp ; les Francs se jetèrent à leur poursuite et en firent un grand carnage. Le lendemain matin, les Francs se préparaient de nouveau au combat, lorsqu'ils s'aperçurent que les Arabes avaient fui, laissant leur chef au nombre des morts. Charles avait frappé des coups si redoublés qu'on l'appela Martel<ref>Ou marteau, parce qu'il avait écrasé les Arabes comme le marteau écrase le fer.</ref>
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== État de la société sous les Mérovingiens ==
;Conditions des personnes
Sous les rois mérovigiensmérovingiens, la société franque était divisée en quatre classes : les leudes ou antrustions, les hommes libres ou ahrimans, les colons et les serfs.
 
Les leudes ou nobles étaient les fidèles du roi, ses compagnons d'armes ; en retour de leurs bons services, ils en avaient reçu de riches domaines appelés bénéfices ou fiefs<ref>Fief (du sacon feod) : terre donnée en récompense. « Féodalité » a la même origine.</ref>. Ces donations royales n'étaient d'abord que temporaires ; mais elles devinrent inamovibles au traité d'Andelot et enfin héréditaires trois cents ans plus tard.
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Les colons tributaires étaient pour la plupart des Gallo-Romains à qui les leudes et les arhimans donnaient la jouissance d'un lot de terrain appelé manse, moyennant certaines redevances. On pourrait les comparer à nos fermiers actuels.
 
Enfin les serfs[[w:serf|serf]]s ou esclaves formaient la quatrième classe de la nation. Ils appartenaient à leurs maîtres à qui ils devaient tout le fruit de leur travail. Cependant, ils ne pouvaient pas être vendus sur les marchés comme les esclaves de l'antiquité, et ils avaient le droit de se créer une famille.
;Institutions
Au-dessus de ces quatre classes était le roi dont la dignité était à la fois élective, parce qu'il était choisi par les hommes libres, et héréditaires, parce qu'il était toujours pris dans la famille chevelue de Mérovée.
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La justice était rendue par des tribunaux composés d'hommes libres sous la présidence d'un comte ; mais les procédés d'information étaient fort imparfaits. Quelquefois on se contentait de faire prêter serment à l'accusé sur les Évangiles ; ou bien on avait recours au duel judiciaire<ref>Duel judiciaire : combat singulier ordonné par la justice quand on manquait de preuves.</ref> ou au jugement de Dieu<ref>Jugement de Dieu : épreuves diverses auxquelles était soumis l'accusé lorsque les preuves matérielles manquaient.</ref> ; parce qu'on prétendait superstitieusement que Dieu devait toujours manifester par un miracle l'ionncence de l'accusé.
;Vie monastique
Dans leurs couvents[[w:couvent|couvent]]s, les moines[[w:moine|moine]]s copiaient des manuscrits, d'autres retournaient la terre avec la bêche ou la charrue et défrichaient les terrains. Les monastères furent ainsi à la fois des écoles et des fermes.
 
== Questions de récapitulation ==