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Or il est évident pour Nietzsche que ce ne sont pas les sens qui nous trompent, mais l'usage que nous en faisons : c'est notre conception de la ''raison'' qui fait que nous faussons le témoignage des sens. Les sens ne mentent pas, car ils nous montrent le changement et l'impermanence, et c'est ce monde apparent qui est vrai ; le monde vrai des philosophes est un [[w:mensonge|mensonge]] qu'on y ajoute.
 
Nietzsche passe alors à l'examen de l'autre idiosyncrasie des philosophes : confondre ce qui vient en premier et ce qui vient en dernier, i.e. le renversement de la causalité. Cette erreur consiste à placer les [[w:concept|concept]]s de la raison au commencement de tout, car ces concepts étant considérés comme supérieur au monde des sens, ils ne sauraient en provenir. Il faut au contraire que ces concepts soient sans naissance, ''causa sui'', car aucun d'eux n'a pu devenir. Mais toutes ces idées sont équivalentes en valeur et il ne doit pas y avoir de contradiction entre elles ; il faut donc encore qu'elles se trouvent réunies dans un être ultime, « [[w:Dieu|Dieu]] », placé à l'origine comme en soi, comme réalité la plus réelle.
 
Mais d'où viennent ces abstractions ? Ce sont des préjugés de la raison qui nous conduisent à utiliser l'[[w:unité|unité]], l'[[w:identité|identité]], la [[w:substance|substance]], la [[w:causalité|causalité]], l'[[w:être|être]], etc. Ces préjugés s'expliquent par la [[w:métaphysique|métaphysique]] du [[Philosophie/Langage|langage]] qui constitue la raison. Le [[Philosophie/Langage|langage]] remonte en effet à des temps très anciens et reflète une mentalité fétichiste quant à la causalité des agents naturels. L'erreur originelle que véhicule le langage est donc l'erreur de la [[w:causalité|causalité]] de la [[w:volonté|volonté]] : cette idée est celle d'un agent qui agit, donc d'un moi, d'une substance, enfin : d'un être.