« Apprendre la guitare/Travail du médiator » : différence entre les versions

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L'apprentissage du jeu au médiator pose un certain nombre de difficultés immédiates, le choix d'une prise confortable et efficace n'étant pas la moindre de celles-ci. Dans la position classique, la main droite tombe naturellement sur les cordes en donnant immédiatement aux doigts le maximum de liberté de mouvement. L'artificialité de l'usage du médiator est en revanche flagrante : même la prise dite "standard", dans laquelle le médiator est tenu entre le pouce et le bord de l'index replié, ne correspond pas à la manière dont la main tient naturellement un objet de petite taille. La rupture de la continuité entre la main et les cordes, tout en autorisant une plus grande vitesse de jeu sur une seule corde, pose d'autre part de nouveaux problèmes, qui ne peuvent être résolus qu'au prix d'une certaine persévérance : celui de la synchronisation des deux mains, alors que la sensation de contact avec les cordes n'est plus qu'indirecte, voire presque absente ; celui des changements de cordes, nécessitant à la fois de compenser la distance entre deux cordes par une accélération ponctuelle du mouvement, tout en évitant le contact de la pointe du médiator avec d'autres cordes que celle ciblée ; celui de l'uniformité du mouvement entre les cordes les plus graves et les plus aiguës, le placement et/ou l'inclinaison de la main devant nécessairement varier d'une corde extrême à l'autre.
[[File:Guitare position standard.jpg|right|thumb|250px|Position "standard"]]
Toutes ces difficultés sont diversement résolues (ou non résolues) par chaque guitariste. La position dite « standard » - prise fermée, pas d’ancrage, mouvement par oscillation du poignet - n’est de fait qu’une position praticable parmi d’autres, et nombre de variantes sont effectivement pratiquées, y compris par de grands guitaristes, parmi un large éventail de choix possibles : prise fermée ou ouverte, ancrage de la main droite au -dessus du mi aigu à l’aide d’un ou plusieurs doigts, paume de la main flottante, paume en appui sur le chevalet, paume en appui sur les cordes dans le jeu sur les cordes aiguës, paume en appui sur la table au dessus du mi grave dans le jeu sur les cordes graves, auriculaire et/ou annulaire repliés en appui sur les cordes ou frôlant les cordes dans le jeu sur les cordes graves, poignet en appui sur le chevalet, mouvement basé sur un déplacement du couple index et pouce, sur l’oscillation ou la flexion du poignet, sur la rotation ou l’oscillation de l’avant-bras, sur une combinaison de ces mouvements élémentaires… Toutes ces variantes ne présentent pas les mêmes avantages et inconvénients, toutes ne conviennent pas à tous les guitaristes, ni à toutes les formes de guitares, ni même à tous les contextes de jeu : jeu rythmique lent et ample, jeu rythmique sec et rapide, jeu solo à vitesse moyenne, jeu solo en son saturé à vitesse extrême… Le choix d’une variante implique inévitablement un compromis entre d’une part, la précision de l’attaque et la variété des nuances, c’est-à-dire les facteurs contribuant à la qualité et l’expressivité du son, d’autre part l’économie de mouvement et l’évitement des tensions, c’est-à-dire tous ceux contribuant à la virtuosité du jeu - l’évitement de toute tension musculaire doit impérativement être pris en compte si l‘on souhaite éviter les blessures physiques à moyen ou long terme, telles que [[w:Tendinite|tendinite]] ou [[w:Syndrome_du_canal_carpien|syndrome du canal carpien]].
 
Le but de ce chapitre n'est pas de donner un ensemble de consignes précises pour apprendre ou améliorer son jeu au médiator, mais plutôt de fournir un inventaire de possibilités, le plus large possible, destiné à vous faire trouver par vous-même la technique de jeu qui vous conviendra le mieux sans vous enfermer dans une idée préconçue de ce qu'elle devrait être. Gardez en tête le fait que ce travail n'est qu'un point de départ, une étape nécessaire, mais non une fin en soi : le seul travail du jeu au médiator, même obsessionnel, ne suffira pas à faire de vous un grand guitariste - pas plus que le seul travail de la graphie des lettres ne suffira à faire de vous un grand écrivain. Une écoute trop superficielle de guitaristes virtuoses peut occulter le fait que les plus grands d’entre eux sont aussi (ou peut-être même avant tout) de grands musiciens, dont la qualité de jeu ne saurait se réduire à leur seule capacité à jouer à une vitesse hors du commun. Au-delà de l’effet de fascination légitime produit par cet aspect du jeu au médiator, le travail du médiator n’est en fait qu’un simple outil, une simple éducation de la mémoire musculaire, dont le but est de parvenir à un automatisme complet du mouvement dans son aspect le plus mécanique. Une fois cet outil maîtrisé, le véritable travail de la main droite peut commencer, à savoir, apprendre à se servir de cet outil pour s’exprimer musicalement. Dans cette phase préparatoire, certains guitaristes parviennent spontanément à trouver un mouvement à la fois efficace, sans tension, sonnant bien et facile à accélérer. D’autres n’ont pas les mêmes chances, et doivent lutter plusieurs mois ou plusieurs années avant de trouver un mouvement comparable, parfois au prix du long et pénible travail de désapprentissage d’un mouvement initial inefficace, mais devenu totalement intégré à leur jeu. Si vous débutez la guitare, le mieux est probablement de faire appel à un professeur pour éviter d’aboutir à cette dernière situation. Si vous jouez de la guitare depuis déjà plusieurs années mais restez obstinément bloqué à une vitesse insuffisante selon vos propres exigences, n’hésitez pas à recourir à l’aide d’un professionnel pour tenter de cerner et résoudre votre problème.