« Apprendre la guitare/Travail du médiator » : différence entre les versions

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== Le jeu au médiator : enjeux, problèmes et solutions ==
Le jeu au médiator est praticable sur guitare folk, et pratiqué par la presque totalité des guitaristes jouant sur [[w:Guitare_électrique|guitare électrique]]. L'usage du médiator permet d'atteindre sur ces instruments une vitesse de jeu non pas impossible, mais difficile à égaler avec le jeu aux doigts. Le jeu à grande vitesse n'est que l'un des aspects de cette technique, mais est aujourd’hui partie intégrante de nombreux styles dérivés du [[w:Hard_rock|Hard-Rock]] et du [[w:Heavy_metal_%28musique%29|Heavy-Metal]] dans lesquels certains guitaristes ont atteint des vitesses de jeu spectaculaires. Les fondements du jeu au médiator sont pourtant souvent négligés dans les méthodes sur papier ou en ligne, à l'exception de quelques indications réduites au mieux à des exemples couplés à quelques consignes (utilisez un métronome, détendez-vous, accélerezaccélérez très progressivement), immédiatement suivis d'exercices techniques. Le web fournit bien sûr une masse d'information considérable permettant d'améliorer son jeu en solo (exercices en jeu alterné, directionnel, en balayage, etc), mais paradoxalement très peu d'information véritablement consistante sur la simple manière de tenir un médiator et de s'en servir{{#tag:ref| Deux exceptions notables, méritant d'être consultées, sont d'une part un article (déjà relativement ancien) de Tuck Andress <ref>[http://www.tuckandpatti.com/pick-finger_tech.html]</ref> sur les variantes du jeu au médiator, d'autre part l'analyse de Troy Grady<ref>[http://www.troygrady.com/code.php]</ref> du jeu de grands guitaristes (Steve Morse, Mike Stern, Frank Gambale...) à l'aide d'enregistrements vidéos à très haute vitesse. Le travail de Troy Grady devrait aboutir à un film, encore en cours de production.|group=Note}}.
 
Contrairement au jeu aux doigts pour lequel, dans le cas de la guitare classique, il existe une position académique de la main droite, on compte en fait presque autant de techniques de jeu au médiator que de guitaristes, et si la notion de « position correcte » est parfois mentionnée par certaines méthodes ou certains auteurs de cours en ligne, la diversité des techniques des guitaristes les plus brillants dans cette forme de jeu montre que la réalité du jeu au médiator est plus complexe. Ces divergences de méthodes sont sans doute dues en partie au simple fait que la guitare est un instrument initialement conçu pour être joué avec les doigts. Sans doute sont-elles aussi dues en partie au fait que l'expérience individuelle du jeu du médiator est par nature incommunicable, et, chez certains guitaristes, non accompagnée d'un quelconque désir ou même d'une nécessité d'introspection - à la question "pouvez-vous nous parler de votre technique de main droite ?", Yngwie Malmsteen se contente de répondre: "j'essaie de ne pas trop y penser".
 
L'apprentissage du jeu au médiator pose un certain nombre de difficultés immediatesimmédiates, le choix d'une prise confortable et efficace n'étant pas la moindre de celles-ci. Dans la position classique, la main droite tombe naturellement sur les cordes en donnant immédiatement aux doigts le maximum de liberté de mouvement. L'artificialité de l'usage du médiator est en revanche flagrante : même la prise dite "standard", dans laquelle le médiator et tenu entre le pouce et le bord de l'index replié, ne correspond pas à la manière dont la main tient naturellement un objet de petite taille. La rupture de la continutécontinuité entre la main et les cordes, tout en autorisant une plus grande vitesse de jeu sur une seule corde, pose d'autres part de nouveaux problèmes, qui ne peuvent être résolus qu'au prix d'une certaine persévérance : celui de la synchronisation des deux mains, alors que la sensation de contact avec les cordes n'est plus qu'indirecte, voire presque absente ; celui des changements de cordes, nécessitant à la fois de compenser la distance entre deux cordes par une accélération ponctuelle du mouvement, tout en évitant le contact de la pointe du médiator avec d'autres cordes que celle ciblée ; celui de l'uniformité du mouvement entre les cordes les plus graves et les plus aiguës, le placement et/ou l'inclinaison de la main devant nécessairement varier d'une corde extrême à l'autre.
[[File:Guitare position standard.jpg|right|thumb|250px|Position "standard"]]
Toutes ces difficultés sont diversement résolues (ou non résolues) par chaque guitariste. La position dite « standard » - prise fermée, pas d’ancrage, mouvement par oscillation du poignet - n’est de fait qu’une position praticable parmi d’autres, et nombre de variantes sont effectivement pratiquées, y compris par de grands guitaristes, parmi un large éventail de choix possibles : prise fermée ou ouverte, ancrage de la main droite au dessus du mi aigu à l’aide d’un ou plusieurs doigts, paume de la main flottante, paume en appui sur le chevalet, paume en appui sur les cordes dans le jeu sur les cordes aiguës, paume en appui sur la table au dessus du mi grave dans le jeu sur les cordes graves, auriculaire et/ou annulaire repliés en appui sur les cordes ou frôlant les cordes dans le jeu sur les cordes graves, poignet en appui sur le chevalet, mouvement basé sur un déplacement du couple index et pouce, sur l’oscillation ou la flexion du poignet, sur la rotation ou l’oscillation de l’avant-bras, sur une combinaison de ces mouvements élémentaires… Toutes ces variantes ne présentent pas les mêmes avantages et inconvénients, toutes ne conviennent pas à tous les guitaristes, ni à toutes les formes de guitares, ni même à tous les contextes de jeu : jeu rythmique lent et ample, jeu rythmique sec et rapide, jeu solo à vitesse moyenne, jeu solo en son saturé à vitesse extrême… Le choix d’une variante implique inévitablement un compromis entre d’une part, la précision de l’attaque et la variété des nuances, c’est-à-dire les facteurs contribuant à la qualité et l’expressivité du son, d’autre part l’économie de mouvement et l’évitement des tensions, c’est-à-dire tous ceux contribuant à la virtuosité du jeu - l’évitement de toute tension musculaire doit impérativement être pris en compte si l‘on souhaite éviter les blessures physiques à moyen ou long terme, telles que [[w:Tendinite|tendinite]] ou [[w:Syndrome_du_canal_carpien|syndrome du canal carpien]].
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Chaque type de prise n’offre ni exactement le même son, ni exactement la même forme de contrôle du médiator. Les prises fermées permettent une grande puissance de jeu, et un bon contrôle des nuances et du volume. Elles conviennent bien au jeu en rythmique ou au jeu en solo très articulé à vitesse moyenne (harmoniques artificielles, coloration du son par variations de l’attaque, étouffements, etc.). En contrepartie, en rendant l’index et le pouce solidaires de l’ensemble de la main droite, une prise très fermée obligera celle-ci à se déplacer en un seul bloc, limitant la précision de la trajectoire du médiator. La technique de l’ancrage peut compenser partiellement ce manque, mais dans tous les cas, une prise fermée rendra plus délicat le jeu à grande vitesse. D’autre part, la fermeture des doigts a tendance à crisper l’ensemble de la main, voire à bloquer le poignet, ce qui peut générer des tensions dans l’ensemble de l’avant-bras. En désolidarisant le pouce et l’index du reste de la main, les prises ouvertes permettent au couple formé par ces deux doigts de contrôler d’avantage ou même d’initier partiellement le mouvement du médiator, autorisant un jeu précis à grande vitesse, tout en autorisant une grande souplesse de mouvement à la main droite. En contrepartie, une position très ouverte aura tendance à produire un son plus fin et plus uniforme. Le recours à un son saturé et à un médiator épais peuvent limiter partiellement cette perte de puissance, mais ce type de position est plutôt pratiqué par les guitaristes privilégiant la vitesse de jeu au détriment de la variété des nuances.
=== Force de prise du médiator ===
La force de prise du médiator peut être réduite au minimum nécessaire pour attaquer les cordes sans que celui-ci s'échappe des doigts, ou au contraire, être augmentée ponctuellement afin d'accentuer une ou plusieurs notes. Là encore, une force de prise accrue améliorera la netteté du son, mais augmentera la resistancerésistance des cordes à l'attaque du médiator, en diminuant d'autant la précision de son mouvement - en particulier sur les cordes graves, plus épaisses, donc offrant une resistancerésistance naturellement plus grande que celle des cordes les plus fines. Une force de prise excessive peut d'autre part être source de tensions, éventuellement difficiles à déceler car concentrées au niveau des doigts, mais se diffusant dans l'ensemble de la main et de l'avant-bras. Dans le travail technique pur - gammes ou arpèges travaillées au métronome, accélération progressive d'un passage appris à vitesse lente, etc. - rien ne vous empêche de jouer dans un premier temps en réduisant votre force de prise à son strict minimum, en négligeant provisoirement le problème de la qualité du son, et en ne vous concentrant que sur celui de la précision du jeu et sur la synchronisation des mains gauche et droite. Le passage à une prise plus ferme - donc, à une meilleure qualité de son - peut se faire une fois reglésréglés les problèmes de vitesse, de régularité et de précision, en se concentrant cette fois sur le problème de l'évitement de toute tension.
=== Choix de l'angle d'attaque de la corde ===
Le médiator forme avec les cordes un angle plus ou moins aigu, dépendant de la prise choisie, de la position de la main droite et de son mouvement. Là encore, un compromis est à trouver entre confort de jeu et qualité du son. En gardant le médiator strictement parallèle aux cordes, on obtient une attaque plus nette, plus brillante, mais on augmente la résistance des cordes au mouvement, éventuellement jusqu'à contrarier les mouvements amples (jeu en rythmique), continus (jeu directionnel, "sweeping"), ou demandant une bonne régularité de jeu (changement de corde en jeu alterné). L'accroissement de l'angle d'attaque réduit beaucoup cette resistancerésistance, mais a tendance à diminuer le volume du son, tout en accroissant les bruits de surface dus aux frottements du bord du médiator sur la corde. Cet effet est particulièrement audible sur les cordes de plus gros filetage, avec un médiator assez fin. Il peut être voulu (rythmique percussive en son très saturé, accentuation de une ou plusieurs notes) et même dans une certaine mesure contribuer à la qualité du son, mais peut aussi être compensé par une attaque plus rapide ou plus puissante. Dans tous les cas, fiez-vous à votre main et à votre oreille pour trouver l'angle d'attaque idéal, en fonction du contexte et la vitesse de jeu courante.
=== Mouvements de la main droite ===
Le mouvement de la main droite résulte d’une combinaison à parts inégales de plusieurs sortes de mouvements élémentaires : l’oscillation du couple pouce et index, une oscillation de la main droite de point central situé au niveau du poignet, une rotation de l’avant-bras, et une oscillation de l’avant-bras de point central situé au niveau du coude. Ces mouvements ne sont bien sûr pas tous indépendants, mais pour un type de prise et un placement donné de la main droite, l’un d’eux est en général majoritaire. Le choix d’un mouvement de base est bien sûr étroitement corrélé au type de prise choisi et au placement de la main droite. En prise fermée, le mouvement du médiator peut par exemple être basé sur l’oscillation du poignet lorsque la main droite est proche des cordes, ou bien sur la rotation de l’avant-bras lorsque celle-ci est plus éloignée. En prise ouverte, la base du mouvement peut être l’oscillation du couple pouce et index, le reste de la main et du bras accompagnant naturellement ce mouvement initial par une légère oscillation du poignet et /ou une rotation de l’avant-bras. Dans la variante de George Benson, le mouvement est basé sur la flexion et l’extension du poignet.