« Philosophie/Perception » : différence entre les versions

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==== Que percevons-nous ? ====
 
Si, comme le suggère la définition de Lalande, nous percevons des objets qui sont le résultat d'une interprétation, il y a encore une autre question portant sur les rapports de la perception à la connaissance que nous pourrions poser (et, à certains égards, cette question est liée au précédent problème) : percevons-nous des ''représentations'' des choses, ou les choses elles-mêmes ?

La sensation est un certain effet des objets sur nous ; nous organisons ces sensations et nous nous donnons des objets dans la perception. Dans ce cas, nous percevons, non les choses mêmes à l'origine de nos sensations, mais les représentations de ces choses, c'est-à-dire le résultat des effets de la réalité sur nous, résultat qui est une organisation de sensations et qui se présente comme une expérience perçue comme distincte et réelle. Dans ce cas, la sensation directe de la réalité, ce que nous pourrions appeler l'intuition immédiate, si elle est une expérience subjective réelle (''ma'' sensation de ce rouge), demeure un matériau premier flou et insaisissable, un contenu d'expérience peu élaboré qui présente moins de réalité que la perception.

Ce sont cesdonc les représentations qui sont les objets réels, distincts (ou les plus réels et les plus distincts), de nos perceptions. En sens contraire, nous pouvons penser qu'il est absurde de supposer des objets causes de nos sensations et qui seraient ensuite représentés dans nos perceptions : il y a là une sorte de cercle, puisque nous posons les objets de nos perceptions comme causes des sensations à partir desquels nous percevons ces mêmes objets. Donc les seuls objets sont ceux de nos perceptions, et nous percevons directement les objets réels.
 
Cette dernière thèse est assez intuitive (dans la vie quotidienne, nous prenons en effet pour directement réels les objets que nous percevons), mais sans doute pas celle que les objets ne sont pas causes de nos sensations : elle a contre elle le sens commun (par exemple, le feu est cause de la sensation de la brulure) ; mais c'est seulement une preuve supplémentaire du fait que le sens commun n'est pas un très bon guide en philosophie. En effet, il paraît de bon sens d'affirmer que des objets causent nos sensations. Seulement nous venons de voir qu'il y a là un cercle : ces objets ne peuvent être à la fois causes et résultats. Tout ce que nous pouvons en déduire, c'est que nous n'avons pas la moindre idée de ce qui fait que nous avons des sensations (et nous n'avons donc pas non plus d'idée d'une causalité qui expliquerait ce processus). Une telle conception est simplement dépourvue de sens. Il reste alors les objets de la perception, objets distincts et déterminés qui sont pour nous simplement le monde réel. Par conséquent, nous prenons directement connaissance des objets réels dans la perception. Au final, on voit que cette thèse s'accorde avec le sens commun, mais que sa justification théorique en est éloignée.