« Philosophie/Perception » : différence entre les versions

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Cette conception de la perception est une conception classique, et classiquement, elle soulève deux problèmes.
 
Tout d'abord, c'est une conception manifestement [[Philosophie de l'esprit/Dualisme|dualiste]]. Si le processus physique ne paraît pas poser problème (un objet a certains effets sur nos sens), en revanche l'interprétation de ces effets pour le sujet est un processus mental qui fait soudainement passer l'explication de la perception dans un autre domaine : on passe du physique à l'esprit, et on ne voit pas comment cela se produit. De ce fait, on a ici deux problèmes intimement liés. D'une part, l'explication scientifique de la sensation ne paraît pas pouvoir être simplement transposée à l'esprit pour fournir une explication de la perception ; d'autre part, la nature du lien entre le processus physique et le processus mental demeure mystérieux.
 
Ensuite, dans la description du processus de perception, l'activité du sujet est définie de manière contradictoire. Quand la définition de Lalande nous dit « [...] un individu [...] s'oppose un objet qu'il juge spontanément distinct de lui », elle rend bien compte du fait qu'il y a une activité d'un sujet (par les verbes ''s'opposer'' et ''juger''), mais lui retire aussitôt cette activité par la qualité ''spontanée'' de l'extériorisation de la perception. Cette conception de la perception fait ainsi du monde extérieur à la fois un donné ''pour'' le sujet (le monde m'apparaît spontanément) et une projection ''du'' sujet (le monde extérieur est, au moins en partie, le fruit de mon activité). Il y a là une contradiction : si le monde extérieur des perceptions est une projection spontanée, comment pourrait-il entrer dans un processus d'interprétation du sujet ? l'activité du sujet devrait être dans ce cas considérée comme une illusion.