« Philosophie/Nietzsche » : différence entre les versions

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== Introduction ==
 
Ce livre propose un exposé critique des thèses de Nietzsche. Dans cette idée, nous éviterons les approches historiques qui prétendent restituer ce que Nietzsche ''a vraiment dit'' sans proposer aucune discussion visant à savoir ce que Nietzsche ''a dit de vrai.'' Le défaut de ce genre d'approches est que les commentateurs ont tendance à n'exposer une pensée que dans la perspective même de l'auteur qu'ils étudient. Or, cela conduit à défendre un philosophe, parfois envers et contre tout. Par exemple, on s'efforcera de montrer que, ''de son point de vue'', Nietzsche est cohérent et qu'il n'a pas tout à fait tort, car c'est son intuition, sa vision du monde, etc.<ref>Cette approche serait justifiée par le fait que Nietzsche affirme que l'expérience subjective est irréfutable. Nous soutiendrons dans ce livre qu'une telle utilisation de cette affirmation repose sur une confusion.</ref>. Une autre défense très appréciée consiste à dire que Nietzsche est un auteur plus fondamental que les autres qui ne se comprennent vraiment que par rapport à l'entreprise généalogique nietzschéenne. Le résultat général de ce genre de commentaires est soit de considérer que finalement tous les philosophes ont raison, en un sens, soit de ne plus voir la philosophie qu'à travers les lunettes supposés de ced'un philosophe. La première démarche est celle de l'historien, non du philosophe ; la seconde est celle du disciple. Elles sont toutes deux, à un degré ou un autre, contradictoires et peu représentatives de l'activité philosophique.
 
Elles sont contradictoires, car Nietzsche affirme lui-même la nécessité d'être conséquent et il adopte la forme de l'aphorisme pour forcer son lecteur à réfléchir et l'amener à le contredire. Par conséquent, exposer la pensée de Nietzsche sans en produire une évaluation est une attitude servile par rapport aux textes, nécessaire et utile pour comprendre un auteur, mais ce n'est en rien une attitude philosophique fidèle à Nietzsche. Peu représentatives de l'activité philosophique, car de nombreuses thèses de Nietzsche ne sont tout simplement pas considérées à la lumière de débats philosophiques importants que, pourtant, elles soulèvent, et c'est au contraire Nietzsche qui semble avoir toujours le dernier mot, soit parce que l'on n'étudie que sa pensée, soit par ce qu'on le tient pour un philosophe « fondamental ». Par exemple, l'opposition entre la connaissance par intuition et la connaissance conceptuelle est une opposition classique ; or, Nietzsche soutient que la connaissance est une réduction au déjà connu et il présente en même temps la Volonté de puissance, qui est selon lui la notion fondamentale de tout « interpréter », comme quelque chose qui semble bien être une intuition du devenir. Comment donc ces deux hypothèses pourraient-elles se concilier ?