« Philosophie/Sujet » : différence entre les versions

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Parvenus à ce point de la réflexion, nous sommes dans la plus grande difficulté. La pensée du sujet et sa négation ne nous conduisent à rien de satisfaisant :
*la notion de sujet a des lacunes telles que nous ne savons sur quoi faire reposer notre pensée ;
*la négation du sujet a des conséquences extrêmes qui ne sont généralement pas acceptées.
 
En ce qui concerne le premier point, nous pourrions nous demander si l'argument queselon lequel le sujet est une notion peu intelligible ou creuse n'est pas d'une fausse évidence ; et, en ce qui concerne le second,on peut se demander si les conséquences que l'on déduit de la négation du sujet sont-elles véritablement nécessaires ?
 
Commençons par le second point. En admettant que l'être humain n'est pas un sujet et qu'il n'a pas, en conséquence, de valeur morale en soi, nous avons alors fait comme si toute dignité et toute valeur devaient se comprendre d'après la notion de sujet. Mais c'est à l'évidence un sophisme, car le sujet étant supprimé, il n'en reste pas moins que l'homme, en tant qu'être naturel, fuit la douleur, et recherche le plaisir, et qu'il attribue aussi des valeurs à ses semblables et aux choses qui l'entourent. Ainsi, dans une communauté, des hommes peuvent-ils faire preuve d'un respect mutuel sans avoir la moindre idée de ce que peut-être un sujet au sens "métaphysique" que nous avons tenté de développer jusqu'à présent. Nier le sujet ne revient donc pas nécessairement à affirmer que "tout est permis", ou que "tout être humain est sans valeur".
On peut à partir de là se demander s'il est possible, quel que soit la forme d'anti-humanisme que l'on soutient (avec le relativisme moral qui lui est souvent attaché), de sacrifier intégralement les valeurs qui s'attachent à notre idée de l'homme. Il pourrait donc y auraitavoir donc un abus à lier de manière essentielle la notion de sujet et ces notions morales que sont la liberté, la dignité, etc.
 
Cependant, il ne suit pas de là que la négation du sujet exclutimplique par principe les violences que nous avons citées plus haut. Bien au contraire, et l'histoire en fournit de nombreux exemples : il peut regnerbien régner dans une communauté dominantedonnée des valeurs d'une grande humanité, cela ne veut pas absolument pas dire que cette communauté s'interdira de réduire en esclavage des classes entières, ou de tenir les femmes pour des biens dont on dispose pour le plaisir et la reproduction, ainsi que de faire souffrir pour le seul plaisir d'undu spectacle.
 
Mais, malgré tout, nous avons là une possiblité de concevoir le sujet qui peut nous aider pour résoudre le problème soulevé par le premier point. En effet, nous parlions de communauté, ce qui implique la relation à l'[[Philosophie/Autrui|autre]]. Et nous pouvons nous rendre compte maintenant que nous avons surtout traité le sujet comme une abstraction métaphysique, comme une essence sans existence. Or, l'existence brutalesociale et historique nous fait voir qu'il n'y a pas de sujet réel sans la reconnaissance d'un autre que soi. C'est cet entrelacement des individus que nous allons maintenant tenter d'éclaircir, entrelacement dont l'intérêt pourrait être de supprimer les faux problèmes de l'humanisme et de l'anti-humanisme.
 
== Le sujet et autrui ==